PC-MP Maths Analyse III 2019-2020
TD5 - Convergence domin´ ee et int´ egrales ` a param` etres Corrections
Exercice 1.
On d´efinit la fonction fn:R→R par fn(x) = 1
n1[0,n](x).
D´eterminer la limite simple de la suite de fonctions (fn)n≥0. Montrer que la convergence est uniforme.
Que pouvez-vous dire de la suite In =R
Rfn(t)dt?
Correction : Pour x∈R, fn(x) vaut soit 0, soit 1n. Dans tous les cas, on a
∀x∈R, 0≤fn(x)≤ 1 n,
Ce qui prouve que fn tend vers 0 uniform´ement, et donc simplement.
Un calcul direct montre que In=
Z
R
fn(t)dt = 1 n
Z n 0
dt= 1.
Ainsi la suite des int´egrales de fn est constante et vaut 1, en particulier elle ne tend pas vers 0. La convergence uniforme ne suffit pas ici `a permuter limite et int´egrales, puisque l’intervalle d’int´egration est non born´e. Le th´eor`eme de convergence domin´ee n’aurait rien donn´e non plus....
Exercice 2.
Soit la suite d’int´egrales d´efinies pour n≥0 par In=
Z 1 0
ln(1 +tn)dt 1. Justifier que cette suite est bien d´efinie.
2. Calculer la limite de In lorsque n→+∞.
3. En posant u=tn, donner un ´equivalent de In.
Correction
1. On d´efinit la suite de fonctionsfn: [0,1]→R par fn(t) = ln(1 +tn).
Alors pour n fix´e, fn estC∞ sur [0,1]. L’int´egrale In est donc bien d´efinie comme une int´egrale de Riemann sur un intervalle compact.
2. La fonctions fn converge simplement vers la fonction nulle sur [0,1[ (notez que fn(1) = ln 2 ne converge pas vers 0, il a donc fallu ouvrir en 1). De plus, par croissance de la fonction fn, on a
∀t ∈[1,2], 0≤fn(t)≤ln(2).
Ainsi la suite de fonctions (fn)n≥0 est uniform´ement born´ee sur un intervalle com- pact, et le th´eor`eme de convergence domin´ee s’applique puisque la fonction constante ln 2 est int´egrable sur ]0,1[. On d´eduit
n→+∞lim In= 0.
3. Afin de d´egager l’influence den, on effectue le changement de variableu=tn, et on obtient
In= Z 1
0
ln(1 +u) nun−1n du.
On pose maintenant
gn(u) = ln(1 +u) un−1n , de sorte que
nIn = Z +∞
0
gn(u)du.
Cette fonction est clairement continue sur ]0,1]. De plus,
∀u∈]0,1], gn(u) →
n→+∞
ln(1 +u)
u .
On d´efinit donc la fonction g(u) = ln(1+u)u , et ce qui pr´ec`ede montre que la suite de fonctions (gn)n≥0tend simplement versgsur ]0,1]. De plus, on connaˆıt la majoration
∀u≥0, ln(1 +u)≤u,
qui se d´emontre par exemple en ´etudiant la diff´erence des deux fonctions, ou encore par des arguments de concavit´e. On a donc
∀u∈]0,1], 0≤gn(u)≤un1 ≤1.
La fonction constante ´egale `a 1 ´etant bien sˆur int´egrable sur ]0,1[, on peut appliquer le th´eor`eme de convergence domin´ee : la fonction g est int´egrable sur ]0,1[, et on a de plus
n→∞lim Z 1
0
gn(u)du= Z 1
0
g(u)du= Z 1
0
ln(1 +u)
u du.
Notons I l’int´egrale du membre de gauche. Puisque g est positive et continue sur ]0,1[, on d´eduit que I >0. On vient de voir que nIn→I lorsque n →+∞, ce qui prouve que
In ∼
n→+∞
I n.
Remarquons qu’on ne connaˆıt pas la valeur de I, mais il est important d’avoir au moins v´erifi´e queI 6= 0 pour ´ecrire l’´equivalent pr´ec´edent. On peut calculer la valeur de I en d´eveloppant ln(1 +u) en s´eries enti`eres et en int´egrant terme `a terme, ce qui est un exercice (classique) en soi.
Exercice 3.
Etudier la convergence de la suite d’int´egrales d´efinies pour n≥1 par In =
Z 1 0
dt (1−tn)1/n, et donner sa limite lorsquen →+∞.
Exercice 4.
Soit
In= Z
√n
0
1−t2
n n
dt 1. On introduit la fonction fn: [0,+∞[→R telle que
fn(t) =
1−t2 n
n
si 0≤t≤√ n 0 sinon
Exprimerfn `a l’aide d’une fonction caract´eristique, et faire le lien avec In. 2. Montrer que
∀t≥0, fn(t)≤e−t2
3. Calculer la limite de In lorsque n→+∞ sous forme d’une int´egrale.
Exercice 5.
Soit
In= Z +∞
0
sin(nt) t(1 +t2)dt
Apr`es avoir justifier son existence, d´eterminer la limite deIn ainsi qu’un ´equivalent simple lorsque n→+∞.
Correction : On pose fn(t) = t(1+tsin(nt2)). cette fonction est bien C∞ sur ]0,+∞[. En utilisant l’´equivalent sinx∼
0 x, on d´eduit fn(t) ∼
t→0
t
nt(1 +t2) = 1
n(1 +t2) ∼
t→0
1 n.
Cela prouve que limt→0fn(t) = 1n, et donc que fn admet un prolongement par continuit´e en 0. Cela prouve que R1
0 fn(t)dt converge.
D’autre part, on a
|fn(t)| ≤ 1 t(1 +t2),
et 1
t(1 +t2) ∼
t→+∞
1 t3 Puisque R+∞
1 dt
t3 converge, on a par les th´eor`emes de comparaison des fonctions positives queR+∞
1 |fn(t)|dt converge, et donc que R+∞
1 fn(t)dt converge. En combinant avec ce qui pr´ec`ede, on a R+∞
0 fn(t)dt qui converge, et donc In est bien d´efinie.
Pour en trouver la limite, on va appliquer le th´eor`eme de convergence domin´ee. On a que
∀t ≥0, lim
n→+∞fn(t) = 0,
ce qui prouve quefntend simplement vers 0 sur [0,+∞[. Il faut maintenant chercher une domination. On rappelle que sinx≤ x pour x≥ 0. Ainsi, si t ∈[0,1], on a 0 ≤sinnt et donc
|fn(t)|=fn(t)≤ 1
n(1 +t2) ≤ 1 1 +t2. Sit ≥1, on peut majorer brutalement le sinus par 1 :
|fn(t)| ≤ 1
nt(1 +t2) ≤ 1
t(1 +t2) ≤ 1 1 +t2. On pose donc ϕ(t) = 1+t12. On a donc montr´e que
∀t≥0, |fn(t)| ≤ϕ(t).
De plus, la fonction ϕ est continue sur [0,+∞[ et v´erifie ϕ(t) ∼
t→+∞
1
t2. On peut donc appliquer le th´eor`eme de convergence domin´ee :
n→∞lim In = Z +∞
0
0dt = 0.
Pour trouver un ´equivalent de In, on cherche `a d´egager l’influence de n. On remarque que, `a t fix´e,
sin t
n ∼
n→+∞
t n,
et donc
n→+∞lim nfn(t) = lim
n→+∞
sin(nt)
t
n(1 +t2) = 1 1 +t2.
De plus, en reprenant les majorations pr´ec´edentes un peu plus finement, on observe qu’on a encore
|nfn(t)| ≤ϕ(t).
On peut donc appliquer le th´eor`eme de convergence domin´ee `a la suite de fonction (nfn)n≥0
:
limn∞
Z +∞
0
nfn(t)dt= Z +∞
0
1
1 +t2dt= π 2. Cela prouve que
In ∼
n→+∞
π 2n. Exercice 6.
(
Un calcul de P∞1 1 k2
)
1. Etant donn´e k ∈N∗, montrer que Z π/2
0
(t−π)tcos(2kt)dt= π 4k2. 2. Montrer que
n
X
k=1
cos(2kt) = sin(2n+ 1)t 2 sint −1
2. 3. Montrer que si f ∈C1([a, b]), alors il existeC > 0 tel que
Z b a
f(t) sin(nt)dt
≤C/n.
4. En d´eduire que
∞
X
1
1 k2 = π2
6 .
Exercice 7.
Soit f(x, t) = √e−xtt+1. On souhaite d´efinir g par la formule g(x) =
Z +∞
0
f(x, t)dt.
1. Donner le domaine de d´efinition deg. 2. Montrer que g est continue sur R.
3. En posant t= ux, cherchez un ´equivalent simple de g(x) lorsquex→0.
4. De mˆeme, cherchez un ´equivalent simple lorsque x→+∞.
Correction :
1. La fonctionf estC∞ surR×]−1,+∞[ comme quotient de compos´ees de fonctions usuelles. En particulier pour tout x > 0, la fonction t 7→ f(x, t) est continue sur [0,+∞[. Ainsi si on fixe x > 0, il suffit d’´etudier l’int´egrabilit´e de t 7→ f(x, t) au voisinage de +∞. On a par croissance compar´ee
t2f(x, t) =t2 e−xt
√t+ 1 →
t→+∞0, ce qui prouve que
∀x >0, f(x, t) =
t→+∞o(1 t2).
Ainsi, puisqueR+∞
1 dt
t2 converge, il en est de mˆeme pourR+∞
1 f(x, t)dt, et donc pour R+∞
0 f(x, t)dt. Ainsi la fonction g est bien d´efinie pour tout x > 0. Si x ≤ 0, la fonction t 7→ f(x, t) n’est par contre pas int´egrable au voisinage de +∞, et on ne peut pas d´efinir g. Ainsi le domaine de d´efinition de g est
Dg =]0,+∞[.
2. On a d´ej`a v´erifi´e la continuit´e de la fonctionf sur ]0,+∞[×]0,+∞[, ce qui implique les hypoth`eses de r´egularit´e du th´eor`eme de continuit´e des int´egrales `a param`etre.
Il reste donc `a chercher une domination. On remarque qu’il va ˆetre dur de trouver une domination valide pour tout x > 0, puisque la fonction t 7→ f(0, t) n’est pas int´egrable sur ]0,+∞[. On “s’´ecarte” donc de 0 dans un premier temps : on fixe a >0, et on a alors
∀(x, t)∈[a,+∞[×]0,+∞[, |f(x, t)| ≤f(a, t) = e−at
√t+ 1.
Cette fonction est bien int´egrable sur ]0,+∞[ et ne d´epend pas de la premi`ere variable. On peut donc appliquer le th´eor`eme : l’int´egrale `a param`etre qui d´efinit la fonctiong est continue sur [a,+∞[. Comme ce raisonnement est valide pour tout a >0, alors la fonction g est continue sur ]0,+∞[.
3. Avec le changement de variable propos´e, on trouve g(x) =
Z +∞
0
e−u pu
x + 1 du
x = 1
√x Z +∞
0
e−u
√u+√ xdu
On introduit une nouvelle fonction de deux variables sur ]0,+∞[×]0,+∞[ en posant h(x, u) = √u+e−u√x, de sorte que
√xg(x) = Z +∞
0
h(x, u)du.
La fonctionh est clairement continue sur [0,+∞[×]0,+∞[, de plus on a la majora- tion
0≤h(x, u)≤ e−u
√u.
On poseφ(u) = e√−uu. Cette fonction est bien int´egrable sur ]0,+∞[, puisque qu’elle y est continue, et que
φ(u) ∼
u→0
√1
u et φ(u) =
u→+∞o( 1 u2).
Le th´eor`eme de continuit´e des int´egrales `a param`etre s’applique : on ax7→√ xg(x) qui est continue sur [0,+∞[, et donc
x→0lim
√xg(x) = Z +∞
0
h(0, u)du= Z +∞
0
eu
√udu.
Notons I cette derni`ere quantit´e, elle est clairement non nulle, et on a donc prouv´e que
g(x) ∼
x→0
√I x.
Au passage, on constate queg(x)→+∞ lorsquex→0, ce qui est coh´erent avec le fait que 0 n’est pas dans le domaine de d´efinition.
4. On reprend l’´ecriture
g(x) = 1 x
Z +∞
0
e−u pu
x + 1du.
On remarque que la quantit´e sous l’int´egrale tend vers e−u lorsque x→+∞. Pour- tant, il n’est pas possible d’utiliser un th´eor`eme de continuit´e “en +∞” comme `a a question pr´ec´edente. A la place, on va utiliser le crit`ere s´equentielle de la limite.
Soit (xn)n≥0 une suite qui tend vers +∞. On note fn(u) = e−u
p u
xn + 1, de sorte que
xng(xn) = Z +∞
0
fn(u)du.
On constate quefnest continue sur ]0,+∞[ et converge simplement versF(u) = e−u lorsque n→+∞. On a de plus la majoration
0≤fn(u)≤F(u),
et la fonctionF est clairement int´egrable sur ]0,+∞[. On peut appliquer le th´eor`eme de convergence domin´ee :
n→∞lim Z +∞
0
fn(u)du= Z +∞
0
F(u)du= 1.
On vient de d´emontrer que pour toute suite (xn)n≥ qui tend vers +∞, on a
n→∞lim xng(xn) = 1.
Ce crit`ere s´equentielle montre que
x→+∞lim xg(x) = 1, et donc que
g(x) ∼
x→+∞
1 x.
Exercice 8. Soit f(x, t) = ln(x+t1+t22). On souhaite d´efinir g par la formule g(x) =
Z +∞
0
f(x, t)dt.
1. Donner le domaine de d´efinition deg.
2. Montrer que g est continue et C1 sur ]0,+∞[.
3. Montrer que
g0(x) = π 2√
x(√
x+ 1). 4. En posant u= 1t, calculer g(0). En d´eduire g.
Correction :
1. Introduisons la fonction
f(x, t) = ln(x+t2) 1 +t2
qui est d´efinie et C∞ sur [0,+∞[×]0,+∞[, comme quotient et compos´ees de fonc- tions C∞. Pour x >0 fix´e, la fonction t 7→f(x, t) est continue sur [0,+∞[, tandis que pour x = 0, on a f(0, t) ∼
t→0 2 ln(t). Dans les deux cas, l’int´egrale R1
0 f(x, t)dt converge (dans le casx= 0, on a utilis´e le fait que R1
0 lntdtconverge et le th´eor`eme de comparaison. De plus, pour x fix´e, la fonction f est de signe constant pr`es de t= 0, donc f est int´egrable sur ]0,1[.
D’un autre cˆot´e, pour tout x≥0, on a
|f(x, t)| =
t→+∞o( 1 t3/2), par croissance compar´ee. Puisque la fonction R+∞
1 dt
t32 converge, cela assure que R+∞
1 |f(x, t)|dt converge. En conclusion, la fonction t 7→ f(t, x) est int´egrable sur ]0,+∞[ pour tout x≥0, et la fonction g est bien d´efinie sur [0,∞[.
Pour x < 0, la fonction t 7→ f(x, t) n’est pas d´efinie lorsque t ∈]0,p
|x|[, donc l’intervalle ]0,+∞[ n’est pas inclus dans le domaine de d´efinition de t7→f(t, x), et l’int´egrale consid´er´ee ne peut ˆetre d´efinie.
2. On a vu que pour x > 0, la fonction t 7→ f(t, x) est int´egrable sur ]0,+∞[. On a aussi vu que f estC∞ sur [0,+∞[×]0,+∞[. Il reste donc `a dominer la fonction ∂f∂x par une fonction int´egrable ne d´ependant pas de x pour appliquer le th´eor`eme de convergence des int´egrales `a param`etre. On calcule cette d´eriv´ee partielle :
∂f
∂x(x, t) = 1
(x+t2)(1 +t2).
On comprend alors pourquoi on nous demande de montrer queg estC1 sur ]0,+∞[
et pas sur [0,+∞[ : lorsquex= 0, la fonction t7→ ∂f∂x(x, t) n’est pas int´egrable pr`es de 0. On fixea >0, et on a
∀(x, t)∈[a,+∞[×]0,+∞[, |∂f
∂x(x, t)| ≤ 1
(a+t2)(1 +t2).
Notonsϕ(t) la fonction du membre de droite. Cette fonction est positive et continue sur [0,+∞[, de plus on a
ϕ(t) ∼
t→+∞
1 t4.
On d´eduit donc que ϕest int´egrable sur ]0,+∞[. On peut appliquer le th´eor`eme de d´erivation des int´egrales `a param`etre : la fonction g est C1 sur [a,+∞[, avec
g0(x) = Z +∞
0
1
(x+t2)(1 +t2)dt.
Puisque ces propri´et´es sont vraies pour touta >0, elles restent valides sur ]0,+∞[.
3. Il s’agit de calculer l’int´egrale donn´ees par g0. On fixe x 6= 1, et on d´ecompose la fraction en ´el´ements simples. On trouve :
∀x6= 1, 1
(x+t2)(1 +t2) = 1 x−1
1
t2+ 1 − 1 t2 +x
.
Ainsi, un calcul d’int´egrale classique fournit
∀x∈]0,+∞[\{1}, g0(x) = 1 x−1
π 2 − π
2√ x
= π
2(√
x+ 1)√ x,
apr`es mise au mˆeme d´enominateur et simplification. On note que puisqueg estC1, la fonction g0 est continue en 1, et la formule ci-dessus est ´egalement valide lorsque x= 1.
4. Des calculs similaires `a l’exo 3 du TD4 montre que g(0) = 0. D’autre part, on remarque que la formule trouv´ee pourg0(x) est de la formeπFF0 avecF(x) = √
x+ 1.
On peut donc effectuer un calcul de primitive g(x) =g(0) +
Z x 0
g0(s)ds =πln(√
x+ 1).
On constate que la fonctiong est en fait continue en 0, ce qui pouvait ˆetre montr´ee en appliquant le th´eor`eme de continuit´e des int´egrales `a param`etre, mais que sa d´eriv´ee tend vers +∞ lorsque x→0.
Correction Bonus : Essayons d’appliquer le th´eor`eme de continuit´e `a param`etre pour mon- trer queg est continue sur [0,+∞[. Les hypoth`eses de r´egularit´e sont clairement v´erifi´ees, alors cherchons une domination. Plutˆot que de vous donnez directement une majoration valide avec quelques lignes de preuve, je vais d´etailler l’analyse `a mener au pr´ealable. Ca vous paraˆıtra long, pour des outils tous ´el´ementaires, mais je vous rassure, ce n’est pas `a
“apprendre” : chaque ´el`eve pourrait donner un majorant et une preuve diff´erente...
D´ej`a, f(x, t) n’est pas de signe constant, puisque son signe est le mˆeme que celui de ln(x+t2). Anisi, il ne faut surtout pas se pr´ecipiter. On va distinguer plusieurs cas, afin d’avoir des majorations utilisant la monotonie du logarithme. Commen¸cons par ´eclaircir la question du signe :
|ln(x+t2)|=
( ln(x+t2) si x+t2 ≥1
−ln(x+t2) sinon
Ainsi, on voit d´ej`a qu’il ne sera pas possible de majorer |ln(x+t2)| pour tout t > 0 et pour tout x >0 par une fonction ne d´ependant pas dex, puisque `at fix´e, on aurait alors limx→+∞|f(x, t)| ≤ϕ(t), ce qui est absurde, le membre de gauche valant +∞. Ceci nous oblige `a imposer une restriction de la formex ≤b avec b >0 fix´e. A l’inverse, puisqu’on veut la continuit´e de g jusqu’en 0, on ne souhaite pas s’´ecarter de x = 0, et on pense que cela ne devrait pas ˆetre un verrou dans la preuve, puisque lorsque x= 0, la fonction t 7→ f(0, t) est bien int´egrable. Ainsi on va d´esormais supposer que x ∈ [0, b], avec b fix´e. En reprenant ce qui pr´ec`ede, on a la majoration naturelle bas´ee sur la croissance du logarithme :
∀x∈[0, b],∀t >0, |ln(x+t2)| ≤
( ln(b+t2) si x+t2 ≥1
−ln(t2) sinon
On apper¸coit un majorant qui ne d´epend pas dex : le maximum des deux majorants. On pose donc
M(t) = max(|ln(b+t2)|,|ln(t2)|)
Supposons que b ≥ 1, de sorte que ln(b+t2) = |ln(b+t2)| pour tout t > 0. Cela ne gˆenera pas lorsque l’on va appliquer le th´eor`eme de contnuit´e : on obtiendra la continuit´e de g sur tous les intervalles de la forme [0, b] avec b ≥ 1, ce qui “couvre” bien [0,+∞[.
Au final, on a donc montr´e
∀x∈[0, b],∀t >0, |f(x, t)| ≤ M(t) 1 +t2.
Ce n’est pas totalement fini, car il faut montrer que ce majorant est int´egrable. Cela ne devrait pas ˆetre difficile, puisque chacune des deux fonctions
|ln(t2)|
1 +t2 et ln(b+t2) 1 +t2 ,
l’est, mais que se passe-t-il quand on prend le max? Il faut ´eclaircir “qui est le max”, en raisonnant selon les valeurs det :
• Si t est proche de 0, le max des deux est |ln(t2)|, puisque cette quantit´e tend vers +∞ lorsque t →0, tandis que l’autre est born´ee (elle tend vers lnb).
• Si t est grand, le max des deux est |ln(b + t2)|, puisque d`es que t ≥ 1, on a 0≤ln(t2)≤ln(t2+b).
• Entre les deux... et bien ¸ca n’a pas d’importance puisque les deux fonctions sont born´ees, et donc int´egrable sur un intervalle born´ee.
En r´esum´e : il existe t0 ∈]0,1[ tel que
• Pour toutt ∈]0, t0[, on aM(t) = |ln(t2)|.
• Il existe une constante C > telle que pour tout t ∈]t0,1[, on aM(t)≤C.
• Pour toutt ∈]1,+∞[, on aM(t) = |ln(b+t2)|.
Ainsi, on pose
ϕ(t) = M(t) 1 +t2.
Cette fonction est continue par morceaux sur ]0,+∞[, de plus, d’apr`es les trois cas dis- tingu´es, on a que
Z t0
0
ϕ(t)dt, Z 1
t0
ϕ(t)dt et
Z +∞
1
ϕ(t)dt
sont trois int´egrales convergentes. Puisque ϕ ≥ 0, on d´eduit qu’elle est int´egrable sur ]0,+∞[, et on peut appliquer le th´eor`eme de continuit´e des int´egrales `a param`etre : la fonction g est continue sur [0, b], et ce pour tout b≥1, et donc sur [0,+∞[.
Exercice 9.
(
Un calcul de R∞ 0sint
t dt
)
Pour x≥0 on pose F(x) =Z ∞ 0
e−txsint t dt.
1. Montrer que F est bien d´efinie et F(x)→0 quand x→ ∞.
2. Montrer que F ∈C1(]0,∞[) et calculerF0. 3. En d´eduire l’expression deF.
4. A l’aide d’une int´egration par parties, montrer que F ∈C0([0,∞[).
5. En d´eduire que
Z ∞ 0
sint
t dt= π 2. Exercice 10.
(
Un calcul de R∞0 e−t2dt
)
Pour tout r´eel x, on pose F(x) =Z 1 0
e−x2(1+t2) 1 +t2 dt.
1. Montrer que F est bien d´efinie et F ∈C1(R).
2. Montrer que F0(x) = −2e−x2Rx
0 e−t2dt.
3. En d´eduire que F(x) + Rx
0 e−t2dt2
ne d´epend pas de x.
4. En d´eduire que
Z ∞ 0
e−t2dt =
√π 2 . Corrig´e :
1. Soit la fonction d´efinie sur R×Rpar f(x, t) = e−x2(1+t2)1+t2 . Elle est de classe C∞ sur R×R, comme quotient et compos´ee de fonctions infiniment d´erivables. Pour un x ∈ R fix´e, la fonction t 7→ f(x, t) est continue sur [0,1], donc son int´egrale y est bien d´efinie, en tant qu’int´egrale de Riemann.
De plus, si on fixe un intervalle [a, b] de R, alors la fonction (x, t) 7→ ∂f∂x(x, t) est continue sur [a, b]×[0,1], et donc elle y est born´ees, c’est-`a-dire qu’il existe une constanteM > 0 telle que
∀x∈[a, b],∀t∈[0,1],
∂f
∂x(x, t)
≤M,
et la fonction constante ´egale `a M ´etant int´egrable sur l’intervalle born´e [0,1], on d´eduit par le th´eor`eme de d´erivation des int´egrales `a param`etre que F est C1 sur [a, b]. Comme ceci est valable pour tout intervalle [a, b], on d´eduit que F estC1 sur R.
Remarque : Certains de vos camarades ont, avec justesse, born´e la fonction pour tout x dans R, par une ´etude de fonction. Ainsi, on a
|∂f
∂x(x, t)|= 2|x|e−x2(1+t2)= 2|x|e−x2e−x2t2 ≤2|x|e−x2
on ´etudie ensuite cette fonction sur R pour trouver son maximum (il s’agit d’une constante), qui bien sur int´egrable sur l’intervalle born´ee [0,1].
Ma m´ethode a l’avantage de ne faire aucun calcul, (elle est assez abstraite) : elle utilise de mani`ere tr`es pouss´ee le fait que la fonction est continue sur R×[0,1], et que [0,1] est `a la fois ferm´e et born´e. Elle n’aurait jamais march´e pour des int´egrales
`
a param`etre comme celle de l’exo 7 ou de l’exo 8. En fait, elle est adapt´ee `a des int´egrales de Riemann (c’est `a dire des fonctions continues sur des intervalles ferm´es born´es) `a param`etre.
2. D’apr`es le th´eor`eme de d´erivation des int´egrales `a param`etre, on peut d´eriver sous le signe somme :
F0(x) = Z 1
0
∂f
∂x(x, t)dt =−2x Z 1
0
e−x2(1+t2)dt=−2xe−x2 Z 1
0
e−x2t2dt.
Si x= 0, la formule pr´ec´edente montre que F0(0) = 0. Sinon, on proc`ede alors au changement de variableu=xt, ce qui permet d’obtenir
F0(x) = −2xe−x2 Z x
0
e−u2du
x =−2e−x2 Z x
0
e−t2dt, la variable muetteu pouvant ˆetre not´ee t `a nouveau.
3. PosonsG(x) = F(x) + Rx
0 e−t2dt 2
. AlorsG0(x) =F0(x) + 2e−x2Rx
0 e−t2dtqui vaut 0 sur Rd’apr`es la question pr´ec´edente. La fonction G est donc constante.
4. On a directement :
F(0) = Z 1
0
dt
1 +t2 = [arctant]10 = π 4. On a donc G(0) =F(0) = π4. Ainsi, pour toutx∈R, on a
F(x) + Z x
0
e−t2dt 2
= π
4. (1)
On obtient la r´eponse `a la question demand´ee si on parvient `a montrer que
x→+∞lim F(x) = 0.
Mon premier r´eflexe est un passage `a la limite sous l’int´egrale, avec la mˆeme m´ethode que l’exo 7.4. Voici cependant une preuve tr`es astucieuse trouv´ee par un(e) de vos camarades, ´evitant l’emploi d’un th´eor`eme aussi lourd. Puisque 1+t12 ≤ 1 et x2(1 +t2)≥x2, on remarque la majoration
∀(x, t)∈R×[0,1], |f(x, t)| ≤e−x2. On int`egre entre 0 et 1 :
∀x∈R, 0≤F(x)≤ Z 1
0
e−x2dt =e−x2. On conlut avec le th´eor`eme des gendarmes que
x→+∞lim F(x) = 0.
Ainsi, en utilisant (1), on en d´eduit que
x→+∞lim Z x
0
e−t2dt 2
= π
4 − lim
x→+∞F(x) = π 4, et la quantit´e entre paranth`eses ´etant positive, que
Z +∞
0
e−t2dt =
√π 2 .