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Oncologie : Article p.271 du Vol.2 n°4 (2008)

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EXTRAIT DE COMMUNICATION

Les repre´sentations du cancer au cine´ma

R. Schembri

Les longs me´trages de fiction consacre´s au the`me du cancer sont plutoˆt rares avant les anne´es 70. A partir de cette pe´riode, les films dont le he´ros est aux prises avec un cancer deviennent de plus en plus nombreux.

Depuis le premier grand me´lodrame holywoodien (1939 =Victoire sur la nuit, avec Bette DAVIS et Ronald REAGAN), jusqu’a` nos jours, des constantes semblent majoritairement se de´gager dans le traitement du cancer au cine´ma :

– le film commence quand le he´ros apprend le diagnostic, et le re´cit va concerner ses re´actions et celles de son entourage a` cette annonce, ainsi que les conse´- quences qui vont en de´couler ;

– le he´ros est la plupart du temps un sujet jeune ou meˆme un enfant ou un adolescent ce qui favorise quelque fois un traitement me´lodramatique ;

– le type de cancer le plus fre´quent au cine´ma est la leuce´mie (qui touche volontiers les jeunes), les tumeurs du cerveau ou du sein, au stade de´butant. Dans la quasi- totalite´ des cas, ce sont des cancers « propres », ou rien de re´pugnant ou de trop inesthe´tique ne viendrait

« de´gouˆter » le spectateur du he´ros, l’empeˆchant de s’identifier a` lui ;

– la re´action au diagnostic la plus fre´quemment montre´e est une sorte de sursaut de l’e´lan vital, qui porte le he´ros a` accomplir de grandes choses, des actions he´roı¨ques, re´aliser un reˆve, conque´rir ou reconque´rir un sentiment de ple´nitude, donner enfin un sens a` sa vie, se re´concilier avec lui-meˆme, trouver sa ve´ritable identite´...

etc... Toutes choses qui ne se voient, he´las, que bien rarement dans la clinique re´elle des cance´reux ;

– la re´action de l’entourage est souvent montre´e comme un e´lan de fraternite´, de ge´ne´rosite´, d’espoir irre´ductible, de de´vouement et de solidarite´ ; toutes ces dimensions latentes se trouvent re´ve´le´es par le cancer, comme le courage ou la laˆchete´ sont re´ve´le´es par la guerre.

Au total, peut-on dire que le cine´ma donne une image fide`le du cancer ? La fre´quence des types de cancers n’est pas la meˆme, la re´action du patient est bien rarement celle des he´ros de film. Les re´actions de l’entourage sont souvent de solidarite´ et de de´vouement, mais pas toujours de la part de ceux qu’on attendait.

Ce qui semble quasi-toujours absent, dans la « clinique cine´matographique » du cancer, c’est l’approche psychopa- thologique, la dimension psychosomatique ; les he´ros apprennent le diagnostic, comme on apprend une catas- trophe, comme si (dans la plupart des films), quelque chose leur tombait dessus, sans aucun lien avec leur histoire, leur personnalite´. Ce qui est montre´, de ce fait, c’est, au mieux le combat d’un individu, et e´ventuellement de son entourage, avec un ennemi « exte´rieur », implacable.

Trois films semblent faire exception a` cette re`gle :Vivre de Kurosawa, Cleo de 5 a` 7 d’Agne`s Varda et Le temps qui reste, de Franc¸ois Ozon. Dans ces trois films, la personnalite´ du he´ros est de´crite avant qu’il apprenne son diagnostic, l’apparition d’un cancer peut, de ce fait, eˆtre l’objet d’une tentative d’e´laboration the´orico-clinique, dans le fil de son histoire.

R. Schembri (*)

Psychiatre, 1, avenue du Ge´ne´ral de Gaulle, F-78600 Maisons Laffitte, France

E-mail : cercys@hotmail.com Psycho-Oncologie (2008) 2: 271

©Springer 2008

DOI 10.1007/s11839-008-0105-x

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-pson.revuesonline.com

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