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L’effet Raman et le pivotement des molécules dans les
cristaux : étude des spectres de basses fréquences des
composés dihalogénés du benzène
A. Rousset, R. Lochet
To cite this version:
L’EFFET RAMAN ET LE PIVOTEMENT DES
MOLÉCULES
DANS LES CRISTAUX :ÉTUDE
DES SPECTRES DE BASSESFRÉQUENCES
DESCOMPOSÉS DIHALOGÉNÉS
DUBENZÈNE
Par A. ROUSSET et R. LOCHET,
Faculté des Sciences de Bordeaux, Laboratoire de
Physique générale.
Sommaire. 2014 Les raies de basse
fréquence des spectres Raman des cristaux organiques sont dues à des pivotements cohérents des molécules autour de leurs axes d’inertie. Cette hypothèse, qui nous
avait permis d’interpréter les raies externes du naphtalène cristallisé, s’est montrée féconde dans le cas des dérivés dihalogénés du benzène dont la structure cristalline est assez bien connue grâce
aux rayons X. Nous avons pu classer les fréquences des diiodobenzènes (méta et ortho) d’après la seule énumération des basses fréquences. Après avoir exposé notre étude expérimentale de la
polari-sation des raies externes des dérivés para (dichloro et dibromobenzène), nous montrons que notre
théorie des pivotements rend bien compte encore ici des fréquences et du type de symétrie des oscil-lations. Mais, dans le cas général, sous la forme simplifiée où nous l’avons développée, elle ne peut
’
donner l’intensité de la raie diffusée, qui est liée aux variations de réfractivités de la maille au cours
de l’oscillation. Il est remarquable que, contrairement à ce qui a été observé avec d’autres cristaux
(calcite par exemple), on ne trouve pas, dans les spectres de ces cristaux organiques, de raies dues à des « translations » des molécules, mais que l’on doive attribuer toutes les raies externes à des «
pivo-tements ».
Introduction. -- Dans le
spectre
Raman d’un cristal dequartz
qui
n’estqu’une
énorme molécule dont tous les atomes sont solidementliés,
on nepeut
distinguer
lesfréquences caractéristiques
d’un groupe d’atomes dont les oscillationsseraient,
enpremière
approximation,
indépendantes
de la structurecris-talline. Dans d’autres nombreux
cristaux,
aucon-traire, existent des groupes d’atomes
plus
étroi-tement liés entre euxqu’ils
ne le sont avec le restedu cristal : ions
CO,i --
de lacalcite,
NO;;
~B du nitratede
sodium,
ionsSO t -
et moléculesH2 0
du gypse, molécules dans lenaphtalène
comme dans laplupart
des corpsorganiques.
On retrouve, dans la calciteet le gypse, des
fréquences
très voisines de celles observées dans la solution aqueuse d’un carbonate et d’un sulfatealcalin,
dans lenaphtalène
fondudes
fréquences
très voisines de celles dunaphtalène
cristallisé.Ainsi,
onpeut
facilementdistinguer,
d’une
part,
les déformations internes dugroupement
complexe,
defréquences
relativementélevées,
d’autrepart,
lesdéplacements
d’ensemble de ces groupespar
rapport
aux élémentsvoisins,
defréquences
plus
basses.Il était intéressant d’étudier l’effet Raman dans les cristaux dont la maille contient
plusieurs
molé-cules ouions,
tant aupoint
de vue des déformationsinternes de ces
groupements
que de leursdépla-cements d’ensemble.
Dans son étude sur les bandes Raman internes de
l’eau de cristallisation du gypse, Mlle R.
Aynard
[i]
]
a montré
qu’on
pouvait expliquer
trèssimplement
lapolarisation
et l’intensité de ces bandes :après
avoir dénombré et classé les
fréquences
propres de la moléculeprise
isolément, il suffit decoupler
lesmouvements de toutes les molécules de la maille de
façon
à retrouver les oscillationssymétriques
parrapport
aux centres,qui
sont les seules actives dansla diffusion moléculaire.
Pour les raies externes du
naphtalène
cristallisé,
nous avons donné
[2]
uneinterprétation
analogue :
chacune des deux molécules de la maille exécute autour des axes de son
ellipsoïde
d’inertie despivo-tements de faible
amplitude.
Par leurcouplage
parrapport
à l’axebinaire,
cespivotements
donnentnaissance à deux oscillations
distinctes,
symétrique
et
antisymétrique
parrapport
à cet axe.Après
avoirretrouvé sur nos clichés les six
fréquences prévues
par lathéorie,
nous avons vérifié que, suivant lesorientations du cristal et de la vibration
incidente,
ces raies avaient l’intensité et l’état de
polarisation
prévus
par la théorie despivotements.
Mais,
dans notre calcul desintensités,
nous avonssimplement
ajouté
les moments induits danschaque
molécule
pivotante
par la vibration lumineuseinci-dente
négligeant
ainsi l’action des doublets induitsdans les molécules voisines. Cette
hypothèse
tombecertainement en défaut avec les cristaux des dérivés
dihalogénés
du benzène : dans les dérivés en para,les deux atomes
d’halogènes
d’une même moléculesont à 6 B l’un de l’autre et seulement à 3 ~ des atomes des molécules
voisines;
à cause de la réfrac-tivité très élevée de ces atomes, on doitprévoir
uneréfractivité moléculaire du cristal très différente de la réfractivité moléculaire du fluide. La forme et la
fréquence
de l’oscillation de la maille restent sensi-blement cellesprévues
par la théorie despivotements,
mais les intensités,qui
dépendent
des variations de réfractivité de lamaille,
peuvent
différer147
drn1ent de celles que nous avons calculées à
partir
des
réfractivités,
supposées
constantes, des moléculesprises
isolément.Les résultats
expérimentaux
rapportés
ici sont,d’une
part,
des mesures defréquences publiées
parVuks
[3]
et par Gross et Korshunowl4],
d’autrepart
nos mesures depolarisation
sur leparadichloro-benzène et le
paradibromobenzène.
Ces mesures nouspermettront
decompléter
la liste desfréquences
et de donner la forme des oscillationscorrespondantes
Les structures cristallines de laplupart
de cescomposés
ont été déterminées auxrayons X
parHendricks et ses collaborateurs
[6].
Voici le tableau des
fréquences
mesurées par les auteurs citésplus
haut et relatives aux dérivésdihalogénés
dubenzène,
à l’état cristallisé(1) :
1. 2013 Cas du diiodobenzène-1.3.
La maille est
orthorhombique et
renfermequatre
molécules dont les axesd’iner-tie sont sensiblement
parallèles
entre eux et
parallèles
auxtrois axes binaires de la maille.
Les cosinus
directeurs
des axesde
pivotement
OU,
OV et OW(voir fig,
),
parrapport
auxtrois axes binaires i, 2,
3,
s’obtiennent
immédiatement :
-.et les tenseurs
qui
relient le vecteurélectrique É
- -+
de l’onde incidente et le moment induit M
qui
émet la raie Raman,rapportés
aux axes 1, 2, 3,prennent
les formes
simplifiées
ci-dessous[7] :
(1) Des niebures de fréquences sur les speetres du dichloro-1 1 -4
est du ont été publiées par S, C, Sirkar er J. Gupti (Indian Journal of 1936, t. 1°, p. 473), mais leur
résultat% sont, en général, moin$ complets que creux de Vuks,
()n doit donc observer
fréquences
rlepivotrnre17l,
chacune d’elles étantsymétrique
parrapport
à unaxe et
antisymétrique
parrapport
aux deux autres.L’attribution des trois
fréquences
trouvéesexpéri-mentalement, par Gross et Korshunov est
immé-diate, les moments d’inertie
principaux
étant très différents(1 (l :
Il :I"-
= 1 0 :4).
Onprendra
donc :On en déduit que les forces de
rappel
F,
qui
varient comme
7~,
sont entre elles commeContrairement à ce
qu’on
observe dans lenaphta-lène,
aupoint
de vue des forces derappel,
le cristaldu diiodobenzène-i.3 est très
anisotrope;
cesforces de
rappel
sont très faibles dans le cas au lepivotement déplace
le noyaubenzéniques
-dansson
plan.
-II. - Cas du diiodobenzène-l. 2.
La maille cristalline est
monoclinique
avec unangle
y voisin de goo.L’arrangement
desquatre
molécules de la maille n’est pas connu avec
précision,
mais on sait que les
plans
des noyauxbenzéniques
ne sont pasparallèles.
L’orientation des axes depivotement
parrapport
auxlignes
neutres étantquelconque,
on doitprévoir,
parcouplage,
undédoublement de chacune des
fréquences
depivotement
desmolécules
supposées
isolées :comme dans le cas du
naphta9
lène,
aupivotement
autour de 0 U(fig. 2)
doiventcor-respondre
deuxoscillations,
symétrique
(U,,)
etantisymé-trique
parrapport
à l’axeFO, )
binaire. De même, pour V Ig...
, et
VI)
et pour W(Wî
et W,).
’-Kraas et Korshunow ont bien trouvé six raie.s
,
- externes dana le
.spectre
Raman dt~ 2,, Pour trois d’entre elles
(a3,
~f~
et ocm-t)
lesfréquences
sont très sensiblement les mêmes que celles obtenues avec le diiodo-1.3(soit
24,
79 et 101 Comme les molécules de ces deuxdérivés ont exactement les mêmes moments d’inertie, l’attribution de ces
fréquences
estimmédiate;
?3 cm-1 est due à un
pivotement
autour de OW;74cm-1
à unpivotement
autour de 0 V et 101 I cm-1 àun
pivotement
autour de 0 U. A chacune de cesfréquences
il faut associer lafréquence
voisine pour constituer trois groupes de deux raies serapportant
~ chacune à un même
pivot.
,~
Mais,
en l’absence de toute mesure depolarisation,
symétrique,
de chacune de ces six oscillations.La
dissymétrie
des forces derappel,
signalée
pour lediiodo-1.3,
se retrouve encore,quoique
moinsaccentuée, avec les
fréquences supplémentaires
46,
89
et du diiodo-1.2. Pour ces trois raies.,les
produits
Î v’ du moment d’inertie par le carré de lafréquence
sont entre eux comme 2 f 3 : 1.Une
anisotropie
aussi forte descouples
derappel
suppose un
couplage
serré des moléculesanisotropes
et
explique
lesgrarides
différences defréquences
que l’on remarque entre les oscillations
symétrique
et
antisymétrique correspondant
à un mêmepivot.
III. -- Cas des dichloro et dibromobenzène-1.4. 1. Tenseurs
théoriques.
- Le dichloro-ben-zène-1.4 et le dibromobenzène-1.4 sontisomorphes.
Leur maillemonoclinique
renferme deux molécules.Quoique
larépartition
desmolé-cules soit différente d’un dérivé à
l’autre,
les orientations desaxes d’inertie
rapportées
auxaxes de
l’ellipsoïde
des indices sont les mêmes : lesplans
des noyauxbenzéniques
sontsensi-blement
parallèles
~t les axes0 U et
5)
sont normauxentre eux.
Quant
àl’ellipsoïde
Fi g. 3. desindices,
son axe i estper-pendiculaire
auplan
des noyaux(donc parallèle
àOW),
sonaxe 3 est situé dans le
plan
des noyaux et sonaxe 2
(l’axe binaire)
situé dans leplan
des noyauxbenzéniques,
fait avec 0~ unangle
de45°.
le tableau des cosinus directeurs
et des tenseurs
(U),
(V), (W)
relatifs auxpivotements
ci-après.
Les raiescorrespondant
au tenseur(U)
s’identifient immédiatement avec la
large
bande enj>1>
cln-1 commune aux dérives chlores et brumés(2).
1B1 ais les fnamenls d’inertie
relatifs
aux axes 0 ,r et 0~~’étant sensiblement
égaux,
il n’estplus possible
d’attri-buer unpivot (OV
ouO%1’) à chaque
raie par laseule mesure de sa
fréquence.
C’estpourquoi
nous avons fait une étudecomplète
de lapolarisation
des raies externes de ces dérivés.
2.
Technique expérimentale.
- Notremontage
optique
a été maintes fois décrit[2]; signalons
toutefois lagrande
dispersion
duspectrographe
utilisé
(7 k
au millimètre dans larégion o~,4.36)
dont
l’objectif
de chambre estcependant
ouvert àfi 10.
Les
mesures depolarisation
nepeuvent
êtrecomplètes
etprécises
que si l’ondispose
d’unmono-cristal en forme de
parallélépipède
rectangle,
dontles
lignes
neutres sontparallèles
aux arêtes. Commeau moins
quatre
faces sur six sont des facesartifi-cielles,
il fautpartir
de monocristaux assezvolu-mineux,
dequelques
centimètrescubes,
pour que lalongueur
des arêtes du cristal tailléatteigne
l’ordre du centimètre.Les monocristaux de
paradichlorobenzène
et deparadibromobenzène,
comme ceux denaphtalène
destinés à d’autres
recherches,
ont été obtenus par lerefroidissement lent du
liquide,
mais nous avonsemployé
desdispositifs
différents suivantl’impor-tance des
quantités
deproduit
dont nousdisposions.
Avec
leparadichlorobenzène
et lenaphtalène,
nous provoquons cette solidification lente dans un
cristallisoir de 15 cm de
diamètre,
avec uneépaisseur
de
liquide
atteignant
r,5 à 2 cm. Le cristallisoir estexposé
aurayonnement
d’une résistance chauffantede
grande
surface,
placée
horizontalement,
àquelques
centimètres au-dessus de la surface libre du
liquide
(fig.
Le courant initial est suffisant pour maintenir tout le corps à l’étatliquide :
en faisant décroîtrelentement et
régulièrement
l’intensité du courant,on provoque la cristallisation à
partir
du fond parcouches horizontales de hauteur croissante :
l’opéra-tion dure deux
jours
environ. La diminutionlente,
mais très
régulière,
duchauffage
est obtenuegrâce
(2) Cette bande, large de 20 cm-1 environ, paraît, en
général, avec une faible intensité sur nos clichés à grande
dispersion; elle semble multiple sans qu’il soit possible de
reconnaître sur chaque cliché, la fréquence de la composante
qui paraît. Elle n’a fait l’objet d’aucune étude quantitative
149 à un stabilisateur de tension et à un rhéostat
liquide
qu’un siphon
vide lentement. Ledisque
solidequ’on
retrouve en find’opération comprend parfois
(cas
dunaphtalène)
quatre
oucinq
monocristauxdont les volumes
atteignent
de 10 à 20 cm3.Fig. 4.
Comme nous ne
disposions
que dequelques
centimètres cubes de
paradibromobenzène,
nous avonssuivi,
pour l’obtention d’unmonocristal,
laméthode
préconisée
par Gross et Vuks[5].
Un tube vertical de 2 cm de diamètre estrempli
de para-dibromobenzèneliquide. Après
avoir traversé unebague
chauffante,
ilplonge,
par sapartie
inférieureeffilée,
dans de l’eau froide. La vitesse de chute étant de l’ordre de 3 cm en2~ h,
la cristallisation progressedu bas vers le haut par couches horizontales. La
masse
solidifiée,
quoique
transparente,
n’est pas, engénéral,
monocristalline. Gross etVuks,
qui
necherchaient
qu’à
mesurer lesfréquences
des raiesexternes
exposaient
à la lumière le tube et soncon-tenu ; au
contraire,
nous avonsdû,
après
avoir sortile
cylindre
solide,
tailler notreparallélépipède
dansune
partie
monocristalline. Aussi le cristal définitif était d’assezpetit
volume : 8 mm X 8 mm X 3 mm.On
s’explique qu’avec
uneprofondeur
éclairée del’ordre du millimètre sur les clichés obtenus en
lumière
polarisée,
les raies Ramann’apparaissent
que faiblement(Tableau
II).
L’axe binaire
(axe 2)
esttoujours
facile à iden-tifier : c’est laligne
neutre commune à la face declivage
et à l’une des faces artificielles obtenues dans lapremière
opération
de la taille ducristal,
lorsqu’on
le
découpe
par desplans
normaux à la face duclivage
etparallèles
auxlignes
neutres de cette face. L’identification des autres arêtes du cristal avec lesaxes
cristallographiques
I et 3 s’obtient sansambi-guïté
d’après
l’orientation queprend
le cristal dansle
champ
magnétique.
Lesplans
des noyauxbenzé-niques
s’oriententtoujours parallèlement
auchamp :
il’axe I
qui
estperpendiculaire
auplan
des noyauxse met en croix avec le
champ.
3. Résultats
expérimentaux. -
Soit XYZ le trièdre deréférence,
et soit OX la direction du faisceau incidentqui transporte
de la lumièrenaturelle ou de la lumière
polarisée,
la vibrationrectiligne
étantparallèle
soit àOY,
soit à OZ.TABLEAU l. - J)olarisation des raies externes du
paradichlorobenzène.
C,~8~cm’*~; D, 56,o cm-1).
TABLEAU Il. - Ilolai-t*salloi-L des raies
externes
du
pa radibromobenzène.
(-B, ~0~4 cm-’; B,
37,4
C,
39,4 cm-1; D, 4o,oLe faisceau diffusé suivant OY est
analysé
par unWollaston
qui sépare
les deuxvibrations,
Iparallèle
à OZ et iparallèle
à OX. Pour chacune des sixorientations
possibles
ducristal,
nous avonspris
trois clichés
correspondant
à l’excitation en lumièrenaturelle et en lumière
polarisée
suivant OZ ou OY.Les résultats de ces mesures sont
reportés
sous uneforme
schématique
dans les Tableaux I et II :10 Pour les raies de basses
fréquences,
tout se passecoiiiine si le cristal était terbinatre. On
sait,
eneffet,
incident due lumière
naturelle,
lesspectres
corres-pondant
à lavibration 1,
nechangent
pas si l’onfait tourner le cristal de
goo
autour du faisceauincident. Cette
propriété
se retrouve bien avecchacun des axes 1, 2 et 3
(voir
les Tableaux 1 et II et les clichés desplanches
1 etII).
PLANCHE 1.
en lurrziére naturelle.
Il. Paradibromobenzètie.
20 Cette étude de la
polarisation
nous apermis
derésou-drë- certaines bandes en deux ou trois raies de
fréquences
voisines.a.
Ces composantes
n’ont pas, engénéral,
lemême état
depolarisation;
onpeut
les observerdans deux
spectres
différents dontla juxtaposition
montre que ces raies y
occupent
despositions
légè-rement différentes. C’est ainsi que la bande
repérée
en
37,8
cm-1 par Vuks dans le dérivé broméapparaît
double au seul examen desclichés,
lorsque
les deuxcomposantes 37,4
et4o
cm-1 se retrouventséparé-ment en I et i.
b. A leur tour, les bandes
4o
cm-1 du dibromoet
46,5
cm-1 du dichloro se sont révélées doublesau seul examen des tenseurs
correspondants.
Eneffet,
pour ces deuxbandes,
les tenseursqui
relient+
la vibration incidente E et la vibration diffusée
M,
rapportées
aux axes l, 2, 3, sont de la forme :Le
premier
résulte de lasuperposition
des deuxtenseurs :
Le second se
décompose
en(S1S2S3)
désignant
la vibration totalementsymé-trique,
(Si A; A k)
la vibrationantisymétrique
parrapport
auxaxes j
et k.En choisissant les cas
expérimentaux
où laséparation
descomposantes
se trouve favoriséepar leurs états de
polarisation
différents,
nous avonspu résoudre chacune de ces bandes en deux
compo--santes, dont la différence de
fréquence
est inférieureà la
largeur
dechaque
raie.30 On trouvera au début de la page suivante
pour
ces deux dérivés para,rangées
par ordre degrandeurs
croissantes,
lesfréquences
de toutes les raies externes(la
bandeg5
cm-1exceptée),
le tenseurcorrespondant
et letype
desymétrie.
Une lettreplacée
à côté dechaque
tenseurpermet
de retrouver la raiecorres-pondante
dans les tableauxschématiques
ci-après.
Nous pouvons enfinindiquer quel
est lepivot
de la molécule dans chacune des oscillations. Pourles trois raies
prévues
par les tenseursthéoriques,
l’attribution est immédiate. Les
pivotements
autourde V donnent les deux raies
S3 A 1 A2
etS2A1A3.
Lespivotements
autour de W donnent lafréquence
symétrique 51 S2 Ss
et laplus
basse desfréquences
antisymétrique
puisque
lepivot
W estparallèle
àNous avons schématisé ces
quatre
oscillationsd’ensemble de la maille dans la
figure 5
où nousavons
placé,
d’après
Hendricks,
quatre
molécules voisines. Le cristal a lasymétrie
holoèdre dusystème
monoclinique
(groupe
C~
h).
Outre les centres desmolécules,
on trouve d’autres centres desymétrie
0 parexemple.
Comme seules les oscillationssymé-triques
parrapport
au centre sont actives dans ladiffusion de la lumière : 1 ° on ne doit tenir
compte
que des mouvements des molécules
qui
laissentfixe leur centre de
gravité (pivotement);
2 ~ cesmouvements doivent rester
symétriques
parrapport
aux autres centres, 0 par
exemple.
On voit sur ce schéma que, dans l’oscillation
SlA2A3,
les
positions
relatives des atomesd’halogènes
sont fortement modifiées : les fortes variations deréfrac-tivité
qui
en résultent pour la maille se traduisentpar une
grande
intensité de la radiation diffusée.Dans les tenseurs
théoriques,
aucontraire,
elle neparaît
pas : c’est parce que, dans notre théoriesimplifiée,
les moments induits par lepivotement
151
Fig. 5.
Enfin,
si l’on suppose, comme lesuggère
leschéma,
qu’au
cours de l’oscillationS,A,A,, l’ellipsoïde
des réfractivités de la maille ne fait quepivoter
autourd’un axe
parallèle
à l’axe 2, la raiecorrespondante
ne devrait pas
paraître
dans la diffusion. Enréalité,
on l’obtient mais avec une intensité
beaucoup plus
faible que celle des autres
(raies C).
IV. - Cas du diiodobenzène-1.4.
Ici encore,
puisqu’on
connaît laposition
des molécules dans lamaille,
onpourrait
calculer lestenseurs
théoriques,
mais en l’absence de toutemesure de
polarisation
il ne nous est paspossible
d’attribuer à
chaque fréquence
unpivot
et untype
de
symétrie;
la raie cm-1 étant sans doutemultiple.
On est sûr
cependant
que ces oscillations sont dues à despivotements
des molécules :i° Les centres de
gravités
des molécules étantdes centres de
symétrie,
seuls les mouvementsqui
laissent fixes ces centres degravité
(donc
lespivo-tements)
sont actifs dans la diffusion de la lumière.20
Quand
on passe du dérivé chloré au dérivébromé,
puis
iodé,
le carré de lafréquence
de l’oscil-lation.51A2As
et le carré de lafréquence
moyenne des oscillationsS1S2S3, 52Al As et 5sAl A2
varient enraison inverse des moments d’inertie et non en
raison inverse des masses moléculaires. La confron-tation des
produits
j’2I et )2M est nettement enfaveur de
l’hypothèse
despivotements
contre celledes translations
(voir
TableauIII) :
TABLEAU III.
V. - Conclusions.
C’est à des
pivotements
des molécules autour deleurs axes
principaux
d’inertiequ’il
faut attribuerles
fréquences
externes des dérivésdihalogénés
dubenzène. Mais notre théorie de la diffusion de la
lumière par les molécules
pivotantes supposées
isolées dansl’espace
nepeut
rendrecompte
desintensités des vibrations
diffusées,
intensitésqui
dépendent
des variations de réfractivité de la maillecristalline,
engénéral
très différente de la sommedes réfractivités des molécules
qui
entrent danscette maille.
Cependant,
en fixant letype
desymétrie
des oscillations
correspondantes,
cette théorie nousa
permis
de classer les bassesfréquences
de laplupart
des dérivésdihalogénés.
Notre étude du dichloro et du dibromobenzène-1.4
mono-clinique,
les raies de bassesfréquences
ont lecaractère de
polarisation
des raies des cristauxterbinaires. La
symétrie
desfréquences
depivo-tement des molécules est liée à celle de
l’ellipsoïde
des réfractivités de la maille. Si l’on supposenégli-geable
la réfractivité des noyauxbenzéniques
devant celle deshalogènes,
on voit(fig.
5)
quel’ellipsoïde
des réfractivités de la maille
supposée
réduite auxquatre
atomesd’halogènes
situés autour du centreU,
a ses axes confondus avec ceux du
cristal,
comme dansun cristal terbinaire. On
vérifie,
une fois deplus,
que la
symétrie
du milieu cristallin n’estqu’une
symétrie
minimumqui
peut
être inférieure à celle desphénomènes
observés dans le cristal.Enfin,
on sait que, dans la maille laplus générale
d’un cristal à
groupements
complexes,
les oscil-lations externespeuvent
résulter d’une combinaisondes mouvements de
pivotements
et des mouvements de translation des molécules(ou
desions).
Denotre étude des
spectres
Raman de bassesfréquences
des dérivés
dihalogénés
dubenzène,
comme de celledu
naphtalène
cristallisé,
il résulte que lesoscil-lations externes sont
toujours
despivotements.
Si les oscillations dutype
« translation » sont absentesde ces
spectres,
c’est parce que, dans les cristauxorganiques,
toutes lesmolécules,
motifs deremplis-sage de l’édifice
cristallin,
doivent être considéréescomme
points
équivalents
d’un même réseausimple :
le nombre des réseaux de
points
congruents
seréduisant à
l’unité,
le nombre desfréquences
«
optiques
» de Borncorrespondant
à desmouve-ments de translation reste
toujours
nul.Nous remercions M. J.
Cabannes,
Professeur à laSorbonne,
et M. A.Kastler,
Professeur à la Faculté des Sciences deBordeaux,
de l’intérêtqu’ils
nousont
témoigné pendant
ces recherches.Manuscrit reçu le 5 juillet 1942.
BIBLIOGRAPHIE.
’
[1] R. AYNARD, C. R. Acad. Sc., 1940, t. 211, p. 647. [2] A. KASTLER et A. ROUSSET, J. de Physique, 1941, t. 2,
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[3] M. VUKS, Acta Physicochimica U.R.S.S., 1937, t. 6,
p. 11.
[4] E. GROSS et A. V. KORSHUNOW, C. R. Acad. Sc. U.R.S.S.,
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[5] E. GROSS et M. VUKS, J. de Physique, 1936, t. 7, p. 113.
[6] B. HENDRICKS, Zeit. für Kristallographie, 1933, t. 84,
p. 85. 2014B. HENDRICKS, L. R. MAXWELL, V. L. MOSLEY et M. E. JEFFERSON, Journal of Chemical Physics,
1933, t. 1, p. 549.