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Spectres Raman et spectres infrarouges des
chlorobromométhanes
H. Volkringer, J. Lecomte, A. Tchakirian
To cite this version:
SPECTRES RAMAN ET SPECTRES INFRAROUGES DES
CHLOROBROMOMÉTHANES
Par H.VOLKRINGER,
J.LECOMTE,
A. TCHAKIRIAN.Laboratoires de Chimie
générale
et des Recherchesphysiques
de la Sorbonne.Sommaire. - Nous avons étudié le trichloromonobromo, le dicllorodibromo et le monochlorotribo-mométhane Pour chacun de ces corps nous avons déterminé le spectre Raman et le spectre d’absorption
dans l’infrarouge. Nous avons ensuite essayé de donner une interprétation des résultats obtenus en les
reliant à la structure moléculaire de ces différents corps.
Les spectres Raman et les spectres d’absorption dans l’infrarouge sont en liaison avec la structure des composés étudiés. En opérant sur des corps dont la structure a été déterminé par des considérations chimiques, on peut espérer relier les spectres obtenus aux divers modes de vibrations des atomes dans la molécule. Nous avons étudié dans ce but les ohlorobromométilanes.
Préparation. -
Ces corps ont étépréparés
par action du brome sur le chloroforme. Ceprocédé
avaitdéjà
étéindiqué
par C. Friedel et R. D.Silva (1)
pour lapréparation
de CCl3Br et fut ensuite utilisé par A. Besson(~)
en vue d’obtenir CCl’Br2 et CCIBr3.Nous avons fait une étude
systématique
de cette réaction en vue d’améliorer le rendement en CC12Br2 etCCIBr’. Nous avons abouti au mode
opératoire
sui-vant : Le chloroforme et le brome sont chauffés en tubes scellés. Il sedégage
de l’acidebromhydrique
et de l’acidechlorhydrique,
lapression
augmente et,
pour éviter larupture
destubes,
on estobligé d’opérer
enplusieurs étapes.
Les tubes de 140 em- de
capacité
environ,
contenant chacun 34 cm3 de chloroforme et 2i cm3 de brome sont tout d’abord chauffés à ~~~°pendant 2
h. On les ouvreavec
précaution
pour laisser les gazs’échapper.
On referme et on chauffe 4 h à 2500. On ouvre à nouveau,on referme et on chauffe 8 h à 275°.On obtient ainsi un
liquide
contenant les trois chlorobromométhanes et du chloroformequi
n’a pasréagi.
Pourséparer
ces diversconstituants,
on effectue tout d’abord une série de distillationsfractionnées,
maisl’expérience
aprouvé
que l’on n’obtient ainsi
qu’une séparation grossière.
En
particulier
CClBr3,
corps solide et sublimable à latempérature ordinaire,
est facilement entraîné et seretrouve même dans les
produits
de tète. Nous avonsdû
adjoindre
à ces distillations fractionnées dessépara-tions par
congélation
fractionnée. Lecomposé
CCIBr3 aensuite été
purifié
par cristallisation dans l’éther. Lescomposés
CCL3Br et CCl?Br2 sont desliquides
incolores,
mobiles,
dont lespoints
de fusion sont respec-tivement - et+
22° et lespoints
d’ébullition 105? et 135’. Lecomposé CCIBr~,
corps solideblanc,
faci-lementsublimable,
fond à 551 et bout à 160’.Les distillations doivent être effectuées en
présence
de chlorure de calcium
anhydre,
ces divers corps étantlentement
décomposables
par l’eau. Ils sedécomposent
en outre sous l’action de la lumière et se colorentlégè-rement en
jaune
par libération de brome. On les déco-lore en les mettantplusieurs
jours
en contact dansl’obscurité avec de
l’argent
réduit. Deplus,
pendant
la durée de laprise
desspectres
Raman,
les substances étaient mises dans le tube enprésence
de filsd’argent
afin d’éliminer la trèspetite quantité
de brome libéré.Spectres
Raman etspectres
infrarouges.-
Lesspectres
Raman ont étépris
sur les corps purs à l’étatliquide.
Lecomposé
CCIBr’qui
fond à h 5° estdécompo-sable,
non seulement sous l’action de lalumière,
mais encore par une élévation detempérature.
Cette dernièredécomposition
devientplus rapide quand
latempéra-ture s’élève. Nous nous sommes maintenus entre 56" et
5 °i° en utilisant un tube
spécialement
construit,
encastré dans un bloc d’aluminium chauffé par une résistanceélectrique.
Malgré
cesprécautions,
leliquide possède
une teinte
jaune
après 5
h de pose.La source lumineuse utilisée était une
lampe
àvapeur de mercure modèle
Bruhat,
refroidie par unléger
courant d’aircomprimé.
Lesspectres
ont été faitssans filtre et avec un filtre
supprimant
l’action de la raie 4047 À. Lespectrographe
est unspectrographe à
grande
luminosité à deuxprismes.
Lestemps
de pose ont varié entrequelques
heures et 24 h. Nous n’avons pas trouvé dans la littérature lesspectres
Raman deCCI’Br2 et CCIBr3. Pour CCl3Br nous avons
complété
les déterminations antérieures de Wouters
(3).
Les
spectres
infrarouges
ont été mesurés au moyende deux
spectromètres enregistreurs
(~),
l’un àprisme
desylvine,
allant de 500 à 700 cm-1 environ, l’autre à deuxprismes
de sel gemme, couvrant l’intervalle de 700 à 1 400 cm-1 environ. Latechnique expérimentale
était la même que celle utilisée dans des recherchesantérieures
Les trichlorobromo et dichlorodibromo-méthanes ont été étudiés sous desépaisseurs
de0,1
à0,01
mm. Le chlorotribomométhane et le tétrabromure de carbone ont été dissous dans le sulfure de carbone à diversesconcentrations,
et examinés sous desépais-seurs variant entre
0,05
et0,4
mm. Dans tous les cas, les mesures ont pu être effectuées dansl’infrarouge
avec desquantités
de substances vraiment réduites.Le tétrachlorure de carbone a
fait,
dansl’infrarouge,
l’objet
deplusieurs
études dont laplus complète
est celle de Schaefer et Kern(6).
Pour le tétrabromure de carbone nous avons utilisé les nombres déterminés parl’un de nous
(~) et(~).
Lesspectres
des trois autres dérivésne se trouvent pas dans la
bibliographie
infrarouge.
Interprétation. -
Lesspectres
infrarouges
et Ramanprésentent
un nombre relativement élevé debandes ou de raies
qu’il
nous semble intéressant de arelier à des modes de vibration des molécules. On a pu obtenir une bonne
interprétation
en faisantcorrespon-dre les raies les
plus
fortes à des vibrations106
TABLEAU I. -
(Fréquences
enClll-1.)
(Le tiret indique que les mesures n’ont pas été faites dans la région correspondante, bien que les vibrations soient, du
point
de vue théorique, actives dans l’infrarouge.)tales et les raies moins bien
marquées
à des vibrationsharmoniques
ou à des vibrations résultant de lacombi-naison de
plusieures fréquences
fondamentales ouharmoniques :
10 Vibrations fondamentales. - La théorie des vibrations fondamentales d’une molécule
tétraédrique
àcinq
atomes a été faite par de nombreux auteurs. Lesneuf vibrations fondamentales que
peut
posséder
untel
modèle,
ne sont pastoujours
distinctes,
deux outrois d’entre elles
pouvant
venir se confondre en uneseule à cause de la
symétrie
de la molécule. Parsuite,
suivant le
degré
desymétrie
quepossèdent
les dérivéshalogénés
du111éthane,
le nombre des vibrations fon-damentales variera de l’un à l’autre. Pour letétrachlo-rure et le tétrabromure de
carbone,
onprévoi quatre
vibrations distinctes, pour le trichlorobromo et le chlorotribomométhane six vibrations distincts et pour le
dichlorodibromométhane,
neuf vibrationsdis-(l J BR BDLEY 9 93?, 40, 908.
(2) SCHAEFER et Z. Physik,. 1932, 78, 609.
(3) Voir également : BYOC’lERS. Bull, roy , Belg.,
1934,p.
’782,tinctes. Les modes de vibration
correspondants
sontempruntés
à un travail de Kohlrausch(1)
etreprésentés
dans la
figure
1. Toutes ces vibrations sont actives à la fois dansl’infrarouge
et dans lespectre Raman,
sauf les vibrations012
et Viqui
sont inactives dansl’infra-rouge pour CCP et CBr4-.
Malheureusement,
nos mesures dansl’infrarouge
n’ont pas pu êtrepoussées
assez loin et pour constater cette coïncidence.
En examinant les résultats
expérimentaux
obtenus,
dans toute la gamme desfréquences
on est amené à penser que lesfréquences
de vibrationscorrespondantes
diminuent d’une manièrecontinue,
sans que toutefois il yait
propor-tionnalité,
lorsque
enpartant
dutétrachlo-rure de
carbone,
les atomes de chlore sont successivementremplacés
par desatomes de brome. De
plus,
on remarqueque les intensités relatives se conservent
dans toute la série de corps. On est ainsi amené à faire
correspondre
les nombres217 cm-1 et 123 cm-’ pour relatif à CCl4
et CBr’
respectivement.Nous
trouvons entreces
nombres,
pour CCPBr la raie187,
pourCCl’Br2 les raies 141 et 164
et,
pour CCl3Br,
la raie 139 Il est assez
remarquable
de constater
au’en
suivant les dédouble-mentsprévus
par lathéorie,
ceprocédé
d’interprétation
conduit à une attributionunivoque
desfréquences
observées. Comme on estparti
desspectres
bien connus de CCII et CBr- surlesquels
les modes de vibration
apparaissent
bien fixésactuelle-ment,
il semble que l’onpuisse
accorder confiance autableau
suivant,
qui
résume nos mesures des vibrations fondamentales et leursinterprétations.
Nous y avonsjoint
les déterminations deBradley
sur CF2CIIqui
selaissent
également
bienexpliquer théoriquement.
Le tableau Iappelle
quelques
remarques. Tout d’abordcomme l’on devait
s’y
attendre, les vibrations 0(qui
TABLEAU II. -
(Fl’Pquences
en cm-t.)5- . -/
(Des deux nombres superposés relatifs à chaque mode de vibration, l’un d’eux représente la fréquence calculée et 1~
fréquence observée.)
°
108
TABLEAU II
(suite).
Les combinaisons suivantes permettent d’expliquer l’apparition d’un certain nombre de raies ou de bandes. Elles semblent toutefois moins sûres que les précédentes, car on ne les retrouve pas dans les spectres Raman de CCI~ ou de CBr4’
plus
basses que les vibrations de valence v.Ensuite,
lavibration de valence v1 reste
toujours simple
et repré-sente une vibrationsymétrique
entre le carbone et lesatomes
d’halogène.
Elle doit donc être très forte dans lespectre Raman
etéprouver,
au cours dessubstitutions,
des
déplacements
trèssupérieurs
à ceux des autresvibrations : tout ceci est conforme à nos détermina-tions.
Enfin,
la vibration de valence V~3",dégénérée
pour CCI’ etCBr", représente,
pour les autrescomposés
des vibrationsantisymétriques.
Leurfréquence
doit êtreplus
grande
que celle de la vibrationsymétrique
correspondante,
cequi
est en accord avec ce que nous avons trouvé.2° Vibrations
harmoniques, fréquences
de combi-naison. - On saitqu’en
plus
des vibrationsfondamen-tales,ji,
l’anharmonicité de celles-ci faitapparaître
des vibrations dont lesfréquences
sont données par lafor-étant des nombres entiers
positifs (ou
"
même
négatifs).
Ce sont des bandes dites « de combi-naison o. L’intensité desharmoniques
et des bandes de combinaison diminue très vite à mesurequ’augmentent
. l’ordre de
l’harmonique
et celui de lacombinaison,
sibien que nous nous bornerons au
premier
ordre. Les vibrationsharmoniques
ou de combinaison sontplus
nombreuses dans lespectre
infrarouge
que dans lespectre
Raman. Pour lesspectres
infrarouges
elles sont de l’ordre d’une dizaine pour chacun des dérivés mixtes. C’est cequi
donne souvent auxspectres
infra-rouges un
aspect
moinssimple
que celui desspectres
Raman. Bien que,
jusqu’à présent,
laquestion
n’ait pas été traitée dans notre cas dupoint
de vuethéorique,
ilnous semble que des
renseignements
trèsimportants
pourraient
être déduits de l’étudeapprofondie
deshar-moniques
(apparition,
intensités,
écarts àpartir
de la loi del’harmonicité,
etc.).
Pour
interpréter
cesharmoniques
et ces bandes decombinaison,
unprocédé
consiste àpartir
d’une vibra-tion fondamentale et à calculer toutes les combinaisonspossibles
ayec les autres vibrations fondamentales. Même en se bornant aupremier
ordre,
onrisque
depré-voir
beaucoup
plus
defréquences
que cellesqui
ont été observées. La même remarques’applique
au cas desharmoniques
successifs. Aussi avons-nousprocédé
autrement et sommes-nous
partis,
comme pourl’inter-prétation
des vibrationsfondamentales,
desspectres
des tétrachlorures et tétrabromures de carbone. Cesspectres
étant relativementsimples,
onpeut
expliquer
assez facilement par des combinaisonssimples
l’appa-rition des bandes
qui
nereprésentent
pas desvibra-tions fondamentales. Partant de ce
résultat,
lesquatre
vibrations fondamentales de CCII et de CBr’ sedécom-posent
en 6 ou 9 vibrationsrespectivement
dans les autrescomposés,
de sorte que les combinaisons sedécomposent également.
Toutes les bandesprévues
n’ont pu, soit à cause de leurfaiblesse,
soit à cause du manquededispersion
denosappareils,
être observées.Néanmoins,
l’accord entre lesprévisions
etles mesures se montre assez satisfaisant et les différences nedépas-sent pas 3 pour 100. Ce résultat nous semble
intéres-sant surtout si l’on
indique
que les bandes fondamen-tales étantreprésentées
par des intensités de l’ordre de100,
celles des bandesharmoniques
ou de combinaison restentparfois
de l’ordre dequelques
unités.Avec le tétrachlorure de
carbone,
on observe lephé-nomène,
restélongtemps
sansexplication,
de la très forteabsorption
dans unelarge région spectrale
com-prise
enture 750 et 800 cm-1 et del’apparition
de deux raies Raman ouinfrarouges
au lieu d’une seulequi
était
prévue.
On saitaujourd’hui
qu’il
s’agit
de la résonance entre le niveau fondamental v23&(795
cm-1environ)
et la raie de combinaison+
vi (772 cm-1).
Dans toutes les combinaisons où entre ~23~ la combi-naison+
v, secomporte
comme unefréquence
fon-damentale,
de sorte que les bandescorrespondantes
apparaissent
comme doubles. Unphénomène analogue
semble sereproduire, quoique
à undegré
moindre,
pour le
composé
CCl3Br où la raie 710 cm-’(~r~,3)
seraitcouplée
avec la raie 682 cequi
expliquerait
lagrande
intensité de cette dernière dans lespectre
infrarouge.
En résumé. -
L’interprétation
desspectres
infra-rouge et Raman descomposés
tétrahalogénés
du méthanepermet
de rendrecompte
del’apparition
de la presque totalité desfréquences
observées.BIBLIOGRAPHIE
(1) C. FRIEDEL et R. D. SILVA. Bull. Soc. Chim., 1872, 17, p. 537. -
(2) A. BESSON. Comptes rendus, 1897, 114. 222. -
(3) WOLTERS. Bull. Acad roy. Belg., 1934, p. 782. -
(4) LECOMTE et LAMBERT. C. R., 1929, 189, 155; LECOMTE. C R., 1933, 196. 1011. 2014 (5) LECOMTE. Traité de Chimie organique (Grignard et Baud), 2, p. 143, 1936; LAMBERT
et LECOMTE. Ann. Comb. liq., 1931, p. 1001; Public. Sci. et techn. Ministère de l’air, 1933, n° 34, etc. 2014 (6) SCHAEFER et KERN. Z. Physik, 1932, 78, 609. -
(7) KOHLRAUSCH. Z.