HAL Id: jpa-00241968
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00241968
Submitted on 1 Jan 1916
HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
G. Gouy
To cite this version:
G. Gouy. Sur les phénomènes magnéto-anodiques. J. Phys. Theor. Appl., 1916, 6 (1), pp.221-227.
�10.1051/jphystap:019160060022100�. �jpa-00241968�
221
SUR LES PHÉNOMÈNES MAGNÉTO-ANODIQUES ;
Par M. G. GOUY.
~1. L’attention s’est portée depuis longtemps sur les phénomènes présentés par la cathode dans les gaz très raréfiés, en présence
d’un champ magnétique. J’ai observé que, dans les mêmes condi-
tions, l’anode est aussi le siège d’effets caractéristiques, dont je vais
donner un aperçu (~).
Dans ces expériences, il est essentiel d’éviter la présence près de
l’anode de rayons magnéto-cathodiques, issus, soit de la cathode
elle-même, soit des cathodes secondaires produites sur la paroi de
verre. Il est préférable, sinon indispensable, de garnir toute la paroi
de l’ampoule d’une feuille de métal, reliée à la cathode, ou bien iso- lée, qui est percée de fenêtres pour l’observation (~).
2. Régime spirale.
-Avec un champ tiodéré, on voit souvent
une spirale partir de l’anode (3), pour aller rejoindre la cathode (qui est ici une toile métallique). Le plan de la spirale est normal
au champ ; son sens, en partant de l’anode, est celui du courant ma- gnétisant. Avec des champs plus faibles, la spirale s’élargit, et, si
elle est obligée de suivre quelque temps la paroi de verre avant
d’arriver à la cathode, elle se transforme sur toute sa longueur
(1) Les expériences sont faites au moyen d’un électro-aimant de Rhumkorff, ayant des noyaux de 8 centimètres et un entrefer de 9 centimètres en général. Le champ, vers son milieu, est assez uniforme pour qu’aucun des effets décrits plus
loin ne puisse être attribué au défaut d’uniformité.
L’ampoule à vide est une cloche de 6 à 8 centimètres de diamètre, à parois
minces et régulières. Elle est fermée par un couvercle de verre muni de tubu- lures rodées, où des pièces interchangeables permettent de réaliser rapidement
des dispositions diverses.
L’observation se fait, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un petit miroir, suivant que le rayon visuel est très incliné ou peu incliné par rapport au champ.
Le courant est d’environ 0,5 milliampère, fournis par une machine électrosta-
tique. Le vide, maintenu par une pompe Gaéde à mercure, est d’ordinaire de à 10y (mercure), en raison du dégagement gazeux assez abondant. Les effets,
sauf l’intensité lumineuse, varient peu avec l’intensité du courant et le degré
de vide, de 20 ~t à 2 ~..
Les principaux résultats ont été publiés aux Comptes Rendus, 22 février et 9 août 1909.
(2) Aux 2, 6 et 11, est visible la limitation du champ de vision ainsi pro- duite.
(3) Environ 1.000 gauss ; le rayon visuel est presque parallèle au champ.
J. de Phys., 51 série, t. V. (J uillet-Août- Septembre 1916.) 15
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019160060022100
(jusqu’à l’anode), en un cordon lumineux bien défini, ayant environ
2 millimètres de diamètre. Ce cordon, dans sa partie libre, obéit aux
actions électro-statiques comme un corps électrisé négativement.
S’il rencontre sur son chemin, un tube de verre ou tout autre obs- tacle isolant, il se dévie un peu et dessine ensuite, entre l’obstacle et
l’anode, une sinusoïde 2) (1), qui s’est montrée parfois compli- quée du sixième harmonique.
3. Régime coronal.
-A mesure que le champ augmente, l’am- poule manifeste, en général, un état oscillatoire intense, produisant
des lueurs irrégulières et variables, des effets Tesla et des bruisse- ments bien sensibles. A un moment donné, la tranquillité revient, et
il se forme, autour de l’anode, une couronne brillante, qui contraste
vivement avec le reste de l’ampoule subitement obscurcie (2). Ce régime est très stable, et les particularités les plus délicates peuvent
être photographiées avec une pose d’environ une minute.
L’établissement du régime coronal se fait d’ordinaire entre 500 et 2.000 gauss, suivant les conditions (3). Certaines ampoules se
montrent assez réfractaires, et exigent quelques tâtonnements dans leur orientation ou la position des pièces.
4.
-Considérons une anode formée d’une petite sphère métallique, portée par un fil isolé par un tube de verre et parallèle
au champ. Elle se montre entourée d’une couronne très brillante, qui
est dans le plan passant par le centre et normal au champ ; la partie
très lumineuse ne dépasse pas quelques millimètres,_ elle se continue
ensuite jusqu’aux parois de l’ampoule, en s’affaiblissant et s’épais-
sissant graduellement. Cette couronne est séparée de l’anode par un intervalle obscur, de 0mm,5 à 1 millimètre qui diminue, ainsi que les dimensions de la couronne, quand le champ augmente, tandis que l’éclat s’accroît.
Les choses se passent ainsi, quelle que soit la forme de l’anode (À), quand on peut tourner autour d’elle dans un plan normal au champ,
~1) Environ 300 gauss; le rayon visuel est perpendiculaire au champ.
(2) Les rayons magnéto-cathodiques sont insensibles quand la cathode forme
une large ceinture, comme il est dit plus haut, et qu’il n’existe pas un état oscil- latoire intense.
(3) Pour les figures ci-après, le champ est de l’ordre de 1.500 gauss.
(4) La couronne n’est pas toujours exactement dans le plan normal au champ,
nous préciserons ce point plus loin.
223 sans rencontrer d’obstacle. Si cet obstacle existe, la couronne s’élar- git pour le surmonter et s’éloigne partout de l’anode, en laissant un
intervalle obscur (fig. 3) (1).
Souvent, au bout de quelques instants, la couronne suit l’obstacle
d’un certain côté (fzg. 4) (2) , et se déforme ainsi, tout en laissant
l’intervalle obscur entre elle et l’anode.
5. Dans la disposition la plus ordinaire, l’anode est formée par un fil de cuivre, perpendiculaire au champ, protégé par un tube de
verre jusqu’à quelque distance de son extrémité. Dans ces condi-
tions, c’est le tube de verre qui joue le rôle d’obstacle; là couronne
a une forme elliptique et commence à l’extrémité du tube de verré 5, 10 et 11).
Lorsque l’appareil a fonctionné une heure ou deux, le tube de verre, près de son extrémité, acquiert une petite conductibilité su-
perficielle, à cause d’un dépôt charbonneux que produisent les traces d’hydrocarbures provenant des joints rodés (3). La couronne alors prend son origine à quelque distance de l’extrémité du tube de verre, et peut acquérir de grandes dimensions (6 centirnètres sur
4 centimètres).
Il arrive aussi, dans ce cas, que là couronne prend une grande largeur dans le sens perpendiculaire au champ, et peut être regar- dée comme formée par la juxtaposition de plusieurs couronnes de
dimensions différentes (fig. 5 et 6) (4).
6. fftagnéto-anodique. - Quand la couronne rencontre un
obstacle qui l’éloigne un peu de sa position normale, elle y revient
en formant un zigzag plus ou moins dèveloppé, mais toujours visible.
Dans la fig. 9, l’obstacle est le tube de verre qui protège le fil-anode.
Dans les fg. 7 et 8, l’obstacle est une tige de verre un peu effilée, placée à cet effet. On peut produire plusieurs zigzags successifs sur
(1) L’anode est une sphère de 4 millimètres de diamètre; l’obstacle est une
lamelle de mica découpée de manière à s’appliquer exacLement sur la sphère.
(~) Même appareil que fig. 3. C’est le côté qn’on trouve le second en parcourant
la couronne dans le sens du courant magnétisant.
(3) Cette conductibilité devient évidente quand on prend cette électrode pour cathode; le faisceau magnéto-cathodique part aussi bien de la partie terminale
du tube de verre que du fil de cuivre.
(4j Dans les fig. 1, 3, 4, 5, 6 est 11, le rayon visuel est à peu près parallèle au
champ; dans les fg. 2, 7, 8, 9 et 12, au contraire, il fait avec le champ un angle
plus ou moins voisin de 90°; pour la fg. 10, cet angle est voisin de 45".
une même couronne, en y plaçant plusieurs obstacles à quelque dis-
tance les uns des autres.
Dans tous les cas, en suivant la couronne en sens inverse du cou- rant magnétisant, on rencontre le zigzag après l’obstacle qui l’a fait
naître.
Avec de grandes couronnes, le zigzag peut prendre une ampli-
tude de 1 à 2 centimètres (fig. 7) ; en général cette amplitude ne dépasse pas quelques millimètres. En s’éloignant de l’obstacle, elle
diminue graduellement, comme une oscillation qui s’amortit. Cette diminution est d’autant plus rapide que le vide est moins élevé. Les éléments deviennent moins distincts, et finissent par se fondre dans
une bande sans structure visible, qui forme le reste de la couronne.
Les stries que montrent les couronnes larges (fig. 6), doivent être regardées comme formées par les zigzags appartenant à chacune des
couronnes élémentaires.
7. Le zigzag se montre encore dans des conditions un peu différentes.
Le tube de verre qui protège le fil anode a un diamètre un peu supé-
rieur à celui de ce fil; dans ce très petit intervalle, on voit naître un
filet lumineux fin, qui sort et forme une couronne assez proche du fil, pourvue d’un zigzag qui se dessine souvent sur toute son étendue.
Dans ce cas, le zigzag forme un filet fin (moins de 1. 2 milli- mètre) et isolé, qui se prête bien à l’étude. En l’examinant sous
divers points de vue, on constate que, si le rayon visuel est parallèle
au champ, toute apparence de zigzag disparaît, et la couronne forme
une ellipse régulière. Cette ellipse prend un aspect perlé quand l’0153il
se déplace un peu, de manière à se trouver sur le prolon gement de
certains éléments du zigzag 11).
De cette observation et d’autres analogues, résulte que le
est une ligne brisée, tracée sur la paroi d’un gros tube de force tique (’ ). La bissectrice de l’angle de deux éléments consécutifs est la direction du champ, autant qu’on peut en juger.
S. Quand on fait varier le champ, on voit le zigzag se resserrer ou s’élargir, son point de départ sur l’obstacle restant fixe. Le pas du
zigzag semble inversement proportionnel au champ (2). On cons-
(1) Dans certains cas, le zigzag ressemble un peu à une sinusoide, mais en gé- néral ses éléments sont plutôt rectilignes.
(’’) Estimation, non mesure précise.
225 tate aussi que la couronne devient moins diffuse et mieux définie
quand le champ augmente, et se rétrécit légèrement.
9. Un corps métallique relié à la cathode repousse la couronne
sans y toucher (fig, 12). Si le tube de verre qui protège le fil anode est garni extérieurement d’un bout de tube métallique relié à la cathode, la couronne le contourne alors sans y toucher, et ainsi elle
ne touche nulle part un corps solide.
10. Quand un rayon magnéto-cathodique intense rencontre la cou-
ronne ou l’intervalle obscur qui la sépare de l’anode, la couronne
s’éteint totalement, et il ne reste qu’une petite tache lumineuse sur
le rayon. Elle est donc très sensible aux rayons magnéto-cathodiques, qui en diminuent beaucoup l’éclat, s’ils sont trop faibles pour la faire
disparaître.
Avec un très bon vide, les effets sont un peu différents. Un rayon
magnéto-cathodique intense et bien délimité, s’il rencontre la cou-
ronne en un point A, fait disparaître la portion de la couronne com- prise entre ce point A et le tube de verre (en marchant dans le sens
du courant magnétisant); le reste de la couronne persiste. Si le point A se rapproche de l’anode, la couronne suit, et par conséquent
diminue la largeur, ce qui précède restant vrai.
Potentiel.
-On sait qu’en l’absence de champ magnétique, la
chute de potentiel est considérable à la cathode, et faible dans le
reste de l’amponle. Ici, au contraire, la chute à l’anode devient im-
portante, et d’autant plus que le vide est meilleur (3.000 volts et plus
ont été constatés), et elle est plus faible à la cathode (~), vu sa dispo-
sition et sa grande étendue. Cette chute anodique s’effectue surtout
au voisinage immédiat de l’anode.
S’il y a deux anodes, il existe souvent une certaine instabilité, des changements minimes faisant passer le courant par l’une ou par l’autre. Il semble d’après cela qne la chute de potentiel diminue à
mesure que le courant augmente.
12.
-On s’est servi d’une sonde, formée de deux fils
de platine parallèles, distants de 1 millimètre, ayant omm,4 de dia-
(1) 300 volts en moyenne.
mètre et 10 millimètres de longueur. Une pile de force électromo- trice E est dans le circuit.
Voici une expérience de ce genre. La sonde est tangente à la cou-
ronne, le champ de 2.000 gauss, la pression de 8 ~.
L’ionisation diminue rapidement à mesure qu’on s’éloigne de la
couronne, tout en restant toujours plus grande dans son plan.
13. Théorie
-Il paraît naturel de supposer que la
couronne est constituée par des rayons magnéto-cathodiques, qui
ne sont autre chose, comme l’a montré l’expérience 1’ ), que des en- roulements d’électrons. Considérons une ligne de force L du champ magnétique, dont la force est H. Soient P le point où L est tangente
à une surface équipotentielle électrique, F la force du champ élec- trique en ce point, et r le rayon de courbure de la section faite dans cette surface équipotentielle par le plan des deux champs. Un élec-
tron de faible vitesse décrit une hélice de très petit diamètre ; son accélération suivant Ij est la même que s’il était assujetti à ne pas
quitter cette ligne. Il oscillerait ainsi suivant L de part et d’autre du
point P avec la période oscillatoire 2x s’il n’existait pas une
e
dérive (2) perpendiculaire aux deux champs, qui rentraîne avec la
vitesse F
iî- Il en résulte donc une ondulation sinusoïdale, dont le pas est /F d’accord d our le sens avec les faits et d’un
H e résultat d’accord pour le sens avec les faits et d’un ordre de grandeur acceptable (3).
14. Le milieu du zigzag est donc le lieu des points P, c’est-à-
(1) Sur la structure et les propriétés des rayons magnéto-cathodiques dans un champ uniforme (Le Radiu1n, avril 1911).
(2) Cette dérive, découverte par à. Villard, a été calculée par 1H. Fortin Rendus, 6 juin 1904 et 20 juin 1904).
’