HAL Id: jpa-00204281
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Le phénomène magnéto-calorique
Pierre Weiss
To cite this version:
Pierre Weiss.
Le phénomène magnéto-calorique.
J. Phys.
Radium, 1921, 2 (6), pp.161-182.
�10.1051/jphysrad:0192100206016100�. �jpa-00204281�
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ET
LE RADIUM
LE
PHÉNOMÈNE
MAGNÉTO-CALORIQUE
Par M. PIERRE WEISS professeur à l’Université de Strasbourg.
SÉRIE VI. TOIE II. JUIN 1921 NI 6
Le
phénomène
magnéto-calorique
a été rencontré à l’occasion d’untra-vail dont les
premiers
débuts remontent à 1907. C’est un ensemble dPrecherches
expérimentales
quej’ai déjà
exécutéesplusieurs
fois sans que,malgré
laprécision
accrue, elles m’aient donné satisfaction. En1917,
M.
Piccard,
mon collaborateur de bien desannées,
etmoi-même,
avons remis une fois deplus
ces recherches sur le chantier. Ce travail n’est pasencore achevé et ce que
je
vais vousprésenter,
ce n’est pas le travaillui-méme, c’est un
sous-produit,
une découverte accidentelle faite au cours desderniers efforts tentés pour le mener à bonne fin.
En disant que nous avons travaillé
pendant
silongtelnps
dans un ordred’idées voisin de celui
qui
va nous occuper,je
suis amené à faire un aveu.La découverte
dont
je
vais vousparler,
onpouvait
la faire en écrivant uneseule
ligne
de calculs. On enavait,
eneffet,
tous les éléments sous la mainet ceux
-qui,
comme mes collaborateurs etmoi-même,
s’occupaient
de cesquestions
et avaient l’habitude de lnanier ceséléments,
ont donc été fautifsde ne pas
apercevoir
cette chose sisimple.
Cetteligne
decalculs,
nousl’écrirons tout à l’heure.
Auparavant,
si vous le voulezbien,
nous com-mencerons par suivre le cheminplus long
quej’ai
suivi moi-lnême.Mais
d’abord,
quel
est ce travailqui
a été effectué six fois avec uneprécision toujours
croissante,
toujours
insuffisante et que nous n’avons pas encorepublié?
C’est latopographie
exacte d’une fonction de deuxvariables,
de, l’étatd’aimantation
du nickel dans sadépendance
duchamp
et de latempérature.
Et,
si nous avons recherché une si hauteprécision,
c’est parcequ’il
y a desquestions
deprincipe
à résoudre à l’occasion et par le moyende cette
topographie.
Je voudrais d’abord vousprésenter
les idées directricesde ce travail.
Ces
questions
deprincipe
se rattachent àl’hypothèse
clucllamp
molé-(1) Conférence faite le 28 février t9?0, aux Instituts Solvay à Bruxelles. ,
LE JOURNAL DE PHYSIQUE ET LE RADIUM. - SI3RIE
VI. -- TOJIE II. -
JUIN 1921. - NO 6. i 1.
culaire. Vous vous
rappelez qu’avant
que cettehypothèse
eût été formulée,Langevin
avait établi unc théorie dumagnétisme
faible,
du paralnagnétisme,
qui
donne la loi de l’aimantation des gazparamagnétiques,
etqui s’applique
aussi aux solutions des sels
paramagnétiques.
Si nous
appelons :
.
la saturation absolue, c’est-à-dire le moment
magnétique
par unitéde masse
quand
tous les aimants moléculaires son tparallèles ;
0",
l’aimantation,
c’est-à-dire le momentmagnétique
par unité de massecorrespondant
à la valeur ({ de lavariable ;
lasignification
de cette variableétant donnée par
où H est le
champ
magnétique
exercé sur lasubstance;
~,
la constante des gazparfaits rapportée
à l’unité de masse(~) ;
la loi de
Lange vin
s’écrit :Cette loi est
représentée
par la courbefig.
1. Elle rendcompte
despropriétés
des corpsparamagnétiques.
En ladiscutant,
on s’est aperçuqu’en général
tout ce que l’onpeut
f aire avec les
champs
actuellementréalisables,
c’est d’enparcourir
unepetite
partie
dans levoisinage
del’o-rigine, pratiquement
latangente
àl’origine,
et que la saturation n’estpas accessible. Il faut
déjà,
commel’a fait récemnlent
Iiamerlingh
Onnes dans l’étudemagnétique
du sulfatede
gadolinium (L),
descendre trèsprès
du zéro absolu pour observer, avec leschamps
dont ondispose,
unecourbure sensible et recueillir des indices du
voisinage
de la saturation. Cettethéorie,
je
l’ai étendue auxferromagnétiques
parl’hypothèse’du
champ
moléculaire,
qui,
sous sapremière
forme,s’exprime
de la manièresuivante. Considérons l’ensemble des molécules d’une substance aimantée.
1 A l’intérieur de cette
substance,
ilrègne
un certainchamp magnétique qui
(1) Donc = 83,15 X 106e où M est la masse moléculaire.’
’
(2) IL’B}1ERLINGH 0xNEs, Proc. Acad. 1914, p. 167 î et Connu. Leiden, n. 140,
p. z7~
tend à orienter
chaque
molécule enagissant
sur le momentmagnétique
dont elle est leporteur.
Cechamp
estproportionnel
à l’aimantationsa et
dirigé
comme elle. Il a pourexpression
où ii est une constante et a, l’aimantation ou nioiiient
magnétique
de l’unitéde masse. On
peut
dire que lechamp
moléculaire est l’action que 1"ensembledes molécules aimantées exerce sur l’une d’entre elles
(’).
Pour
étudier
une substance onfait,
engénéral, agir
sur elle un certainchamp
extérieur He. Lechamp
total H estégal
à la somme des deuxchamps
extérieur et moléculaire
Voilà les données du
problème.
Je vais être très brefquant-à
la manière dont lesconséquences
s’en déduisent. Considérons d’abord le casdu
champ
extérieur nul. Onpeut
représenter
graphiquement
les conditionsimposées
à la substance. Prenons unetempérature
déterminée ;
noustraçons,
pour cettetempérature,
la courbe deLangevin qui
devient unerela-tion entre 6 et le
champ Il.
En l’absence d’un
champ
extérieur,
lechamp
moléculaire existe seul.Représentons
aussi la relation entre cechamp
et 1’intensité d’aimantation.Puisque
laquantité
n, dans la formule(3).
estconstante,
nous avons unedroite
passant
parl’origine.
L’aimantation,
qui
devra satisfaire aux deuxconditions,
sera donnée, par
le
point
d’intersection A et une discussionplus
attentive montre que lepoint
que nous trouvons ainsireprésente
un état stable danslequel
lamatière se met
spontanément.
Par contre, lepoint
ci’intersection àl’origine
représente
l’état nonmagnétique
instable. C’est le momentmagnétique
(1) S’il est commode et intuitif de se représenter le champ moléculaire comme un véri-table champ magnétique, cette hypothèse est inutilement spécialisée et il y a même des difficultés très sérieuses à admettre que les actions mutuelles d’orientation des molécules douées de moment magnétique soient réellement de nature magnétique. La nature du
champ moléculaire serait sans doute intéressante à connaître mais, pour l’objet que nous
poursuivons ici, il suffit d’en posséder une expression analytique. On peut conserver, et
nous conserverons celle du texte ci-dessus qui fait image. Mais elle pourrait aussi être
remplacée par :
où U est l’énergie de la substance. Cette dernière définition comprend comme cas
parti-culier la définition (3). Elle a l’avantage d’être indépendante de toute hypothèse sur la nature des forces.
par unité de masse dans l’état stable que
j’ai appelé
aimantationspon-tanée.
Cette notion
impose
uneconception
nouvclle de cequ’est
Lll1 morceau de fer nonaimanté. L"idée clue l’on s’en fait habituellementest,
qu’il
estquel-que chose de diffé-rent du fer
aiman-té, que l’aimanta-lioll se
produit
of-fectiyc111cntau
1110-ment Oll
Je chan1p
extérieur entre en
jeu.
Fig. 2. ,Mais,
si l’état . aimanté est seulstable,
il doit seproduire
de lui-même sansintervention,
et c’estl’appa-rence non aimantée
qu’il
fautexpliquer. A
ceteffet,
il faut faireappel
à unautre ordre
d’idées, à
des considérations destatistique.
La direction dans
laquelle.
spontallémellt,
l’aimantation seproduit,
n’est
indiquée
par rien dans notre théorie. Elle sera donc déterminée pardes conditions accessoires
qui
n’ont pas été mentionnées etqui
peuvent
être les menus accidents de lasubstance,
lespetites
discontinuités,
lespetites
cavitésqui s’y
trouvent etsurtout,
sansdoute,
lespropriétés
ani-sotropes
des cristaux dont elle estcomposée.
Il y a donc. dans un morceaude
fer,
desrégions
danslesquelles
l’aimantation estdirigée
dans un sens,d’autres où elle est
dirigée
en senscontraire,
d’autres encore où elle a une directionqui
n’a aucunrapport
avec lespremières.
En résumé, l’effet d’ensemble est une substancequi
semble nôtre pas aimantée dutout.
L’aimantation,
telle que lesingénieurs
lapratiquent,
consiste alorsnon pas à modifier d’une manière
appréciable
l’état d’aimantationspon-tanée, mais à surmonter ces
petites
causes accessoires que nous 11’avions pasjugées dignes
d’entrer dans la théorie et àrapprocher
ainsi duparallé-lisme l’aimantation des différentes
parties
de la substance.L’aimantation observable,
qui
est la résultantegéométrique
desaiman-tations
partielles,
nepeut
dépasser
cellequi correspond
auparallélisme
parfait.
Cette limite est la saturation à la considérée. Elledont elle diffère de tout l’effet de
l’agitation thermique.
Enréalité,
ce n’est que parapproximation
clue l’onpeut parler
de cette limite de l’aimantationà une
température
déterminée. Deschalnps
suffisammentgrands,
engénéral
inaccessibles,
permettraient
des’approcher
à toutetempérature
de la saturation absolue ao. Avec cetteapproximation, lorsqu’à
une certainetempérature
l’expérience
donnera nettement une aimantation à saturationcelle-ci sera aussi l’aimantation
spontanée
à cettetempérature.
Et ", en fait,cette saturation se détermine sans
ambiguïté
tant que latempérature
n’est pastrop
voisine dupoint
de Curie que nous allons cléfinil1.Faisons
maintenant,
à une autretempérature,
la mème déterminationgraphique
de l’aimantationspontanée.
Nous voyons que, dans l’une deséquations,
latempérature
figure
et que, dansl’autre,
elle nefigure
pas. Sinous prenons une
température
plus
élevée,
nous aurons à tracer la loi deLangevin
à une échelleagrandie
deschamps;
par suite du fait que latern-pérature
est au dénominateur de la variable a, et nous trouverons par l’in-tersection avec la droite(fig.
2)
une aimantationspontanée plus petite.
A une certainetempérature 0,
lepoint
d’intersectionayant rejoint l’origine,
l’aimantation
spontanée
sera nulle.En utilisant les résultats de cette construction
graphique,
nous pouvonstracer la loi de variation de
l’aimantation
spontanée
enfonction de la
température,
et cette loi est aussi celle de lavariation de t’aimantation à
saturation. Ce
premier
résul-tat de la théorie duchamp
moléculaire est
représenté
dans lafig.
3. Ont étéportés
en
abscisses,
lesrapports
destempératures
absolues à latempérature
0 où l’aimanta-tionspontanée
s’annule et enordonnées, les
rapports
c/c°o.
On donnait autrefois à
cette
température
e le nomimpropre
depoint
de trans- Fig. 3. .formation.
Maintenant,
onl’appelle point
deCurie,
pourrappeler
le travailde Pierre
Curie,
qui
a faitépoque
dans l’histoire dumagnétisme.
mar-qués
le résultat de mesures faites sur lamagnétite.
L’faccord estreman-quable
dans legrand
intervalle entre latempérature
ordinaire et lepoint
de Curie. Aux bassestempératures
seulement il y a un écartsensible,
dù sansdoute à un
changement
d’état,
de nature inconnue. C’est donc un réel succèspour la théorie. ’
t)
Cette théorie a
remporté
d’autres succès. Elle apermis
de reconnaitre cequi
se passe au dessus dupoint
de Curie. Si nousreprésentons,
danscette
région,
l’inverse da coefficientd’aimantation,
en fonction de latempérature,
la théorie donne uneligne
droitepassant
par lepoint
de Curie.Et,
eneffet,
on trouve clans l’étude des substancesferromagnétiques
audes-sus du
point
deCurie,
d’excellentes vérifications de cette loi linéaire.Enfin une vérification
importante
a étéacquise
par la découverte de lanature exacte de l’anomalie
thermique
des corpsferromagnétiques.
On savaitdepuis lonatemps qu’il
y aquelque
chose despécial
dans la loisui-«Tant
laquelle
il faut fournir de la chaleur auxferromagnétiques
pourpro-duire une élévation de
température,.
Onparlait
couramment, sanspréciser
davantage,
de chaleur de transformation.On ne s’était pas aperçu, en
prenant
les choses en gros,qu’il ne s’agit
pas d’une
quantité
de chaleur absorbée à unetempérature
déterminée,
comme c’est le cas pour les
changements
d°état. mais d’uneabsorption
dechaleur
qui
s’étend à un intervalle detempératures
considérable. Et eneffet,
uncalculfondé surle
champ moléculaire montre quela chaleur
spécifiquedoit
êtreaugmentée
d’un terme additionnel dans toute larégion ferromagnétique.
Représentons
ici(fig.
i)
la chaleurspécifique
vraie d’un métal nonlnagnctique.
Elle croîtrarégulièrement
en fonction de la
température
(cour-be 1). Ajoutons- y
le tcrmemagnétique
qui
croitprogressivement
du zéroab-solu au
points
deCurie,
qui
en cepoin t
s’annulehrusquelnent
et reste nul au-dessus de cepoint (courbe II).
La chaleur de transformation, si Fig. 4.
- -
l’on tient à conserver ce terme, on
Fig.4.
mieux,
la chaleur de désaimantationest
dépensée
dans tout rintervalle du zéro absolu aupoint
de Curie. En cepoint,
la chaleurspécifique vi-aielpi-éseiite
une discontinuitéqui
estl’ex-pression
du fait que la désaimantation étantcomplète
iln’y
aplus
dechaleur de désaimantation à fournir.
L’expérience
a confirmé cette. Il est très
frappant
que cette théorie
qui.
par certains côtés, a si bienfait ses preuve,
présente
des insuffisances incontestables.J’ai
comparé
dans lafigure
3 la variation de l’aimantationspontanée
de la
magnétite
avec la théorie. Nous aurons encore un accord satisfaisantpour le ferrouicket
répondant
iL la formule Fe2 Ni. Mais si nous prenons les . métaux purs. le fer ou lenickel,
l’expérience
nous donne une courbequi
a sans doute loi même
physionomie générale,
maisqui,
quantitativement,
s’écarte notablement de la théorie.
Ce n’est pas (me ce soit un résultat
négligeable,
que derepro1uil’e
laphysionomie générale
d’unphénomène jusqu’alors
totalementinexpliqué,
mais des écai-Lspareils
ne sont pas sans causer un certain malaise et démontrent que la théorie demande tout au moins des retouchespartielles.
Quant-aux
phénomènes
au-dessus dupoint
deCurie,
la droitequi
représente
l’in-verse des coefficients d’ai111alltatioll- passe, pour les trois métaux.fer,
nickel etcobalt,
non par lepoint
de Curielui-même,
maiscoupe l’axe des abscisses à une dizaine de
degrés
au-dessus. C’est commes’il s’était
substitué,
aupoint
de Curie de larégion
ferromagnétique,
unpoint
de Curielégèrement plus
élevé. La droiterejoint
d’ailleurs lepoint
de Curie de larégion ferromagnétique
par un raccordcurviligne.
Descon-tradictions
partielles
’à côté de bonnes vérifications sont, on le sait parexpérience,
souventl’origine
de nouveauxprogrès
et’ c’estprécisément
ledésir de trouver la clef cle ces
énigmes qui
m’a fait attribuer une telleimportance
au relevé exact despropriétés
du nickel.Mon collaborateur,
Auguste
Piccard,
avaitimaginé
une méthodede mesures nouvelle et avait réalisé
l’appareil
avec une rare virtuosité.Je vous demande la
permission
de dire deux mots de la méthode et del’appareil.
’Nous
disposions
d’un très gros électro-aimant bobiné avec du tubede cuivre. Le courant circulant dans la
paroi
du tube et l’eau deréfrigéra-lion dans la cavité
cylindrique,
la constance de latempérature
étaitparfaite
même aux
plus
fortes excitations.La
figure
5 donne unereprésentation
schématique
del’appareil.
P, Psont les
pôles
de l’électroaimant. Ils sontpercés,
suivantl’axe,
d’un troucylindrique
danslequel
onpeut
faireglisser parallèlement
à l’axe le fourélec-trique, cylindrique
lui aussi.qui
contient lasubstance,
unesphère
s de ’"
nickel de ce four se trouvent deux bobines bb’
fixes,
bobinées. en sens contraires. On
peut,
par le mouvement du four. faire passer lasphère
du centre de l’une des bobines(position
s)
au centre de l’autrePourquoi
cettedisposition ?
Le mouvementqui produit
unaccroisse-ment de flux dans l’une des bobines et une diminution dans l’autre
don-nera, par suite du
bobinage
inverse,
des forces électromotrices instantanéesqui s’ajouteront.
Nous pourrons donc, par la méthodebalistique,
mesurer lemoment de cette
sphère
et, parconsé-quent,
son intensité d’aimantation. Grâceà l’artifice des deux bobines enroulées
en sens
inverses,
nouséliminons,
cequi
est très
important,
les effets despetites
variations accidentelles d’aimantation de
ce gros électroaimant.
L’expérience
se-rait à
peine
praticable
sans cettecom-°° °
.
pensation,
lesquantités
à mesurer étantincomparablelnent plus petites
que le flux que l’électroaimant envoie àtravers l’une des bobines.
Le four
électrique
FF,
danslequel
se trouvait cettepetite sphère
s,lnérite aussi d’être décrit. Nous avons trouvé dans l’écume de mer une
substance
rigoureusement
nonmagnétique
etsupportant
les hautestempé-ratures. La carcasse du
four,
un tube mince en écume de mer, renforcéaux bouts,
porte,
dans un doublefiletage
de senscontraires,
unbobinage
bifilaire de tresses de
platine
pour le courant de chauffe. Il y avaitensuite,
autour de ce
tube,
unegaine
d’air A de deux ou trois dixièmes demilli-mètre,
unpremier
tube de verremince,
d’environ trois dixièmes demilli-mèlre
d’épaisseur,
unegaine
d’eauE,
d’environ undemi-millimètre,
circu-lant entre ce
premier
tube et unsecond,
defaçon
à entourer le fourélectrique, protégé
par lagaine
d’air,
d’uneenveloppe
àtempérature
rigoureusement
constante,L’eau alimentant la
gaine
étaitprivée
d’air parébullition,
parce que la moindre bulle de gazqui
se seraitdégagée
auraitchangé
lescondi-tions de refroidissement et
empéché
l’extréme constance detempérature
qui
étaitindispensable.
Cette eau,après
avoir étéportée
àl’ébullition,
était conservée dans un réservoir de dOO litres
placé
dans la mêmepièce
que l’électroailnant. Le
four,
avec toutes sesenveloppes,
n’avaitqu’un
diamèti>e de 15 millimètres.
Cet
appareil
recevait,
par l’axe del’électroaimant,
lecouple
thermo-électrique
avec ses deuxconducteurs,
l’amenée du courant, le tube d’amenéede l’eau, le tube de sortie de
l’eau,
et il y avait encore un tube à succion pour enlever l’eauhygroscopique qui
sedégageait
de l’écume de mer aucommencemerit de la chauffe,. On
pouvait
maintenir latempérature
cons-tante,
pendant plusieurs
minutes,
à moins d’uncinquantième
dedegré
’
près,
auvoisinage
de 400degrés.
La
figure
6représente
les isothermesmagnétiques
obtenues avec cetappareil.
Ce sont des courbes d’aimantation au sens usuel du mot, relevéespour une série de
températures
.5voisines,
dans larégion
dupoint
de Curie. Certaines d’entreelles,
correspondant
auxtempératures
relativement basses, sont forte-
1C
ment courbécs.
Puis,
on les voitprendre
progressivement
lafor-me
rectiligne
correspondant
à laproportionnalité
de l’aimanta-tion auchamp.
Lapremière
courbe,
au haut de lafigure,
cor-respond
à352’1,5 ;
ladernière,
au bas de la
figure,
à407°,5.
Lepoint
de Curic caractérisé par laperte
duferromagnétisme
spon- Fig. 6. tané est à3~0°.~.
Pour donner une idée de la
précision
nécessaire dans la mesure destempératures, signalons
le fait que la différence detempérature
entre deuxcourbes successives est, dans la
plupart
des cas, voisine d’undegré
et demi et que, si nous voulions déterminer les différences d’aimantation d’unecourbe à l’autre avec une
précision
élevée,
parexelnple,
à 2 pour 100 près,il faudrait aussi que cette différence d’un
degré
et demi fiit réalisée avec ,la même
précision,
ou même uneprécision supérieure, puisqu’elle
n’est.
qu’une
des sources d’erreurspossibles.
Dans le
développement qui
suit,
je
vais être amené àindiquer
despropriétés
que lesexpériences
déjà
faites laissentapparaître
maisqui
n’ont pas encore laprécision requise
pour unepublication
détaillée. Il estessentiel que
j’en
fasse connaître lesgrandes
lignes
pour que nouspuis-sions ensuite discuter le
phénomène
queje
me propose de vousprésenter.
La
figure
7 donne unereprésentation
différente des mémesexpé-riences. Ce sont les
lignes
d’aimantation constante, déduites des isothermesde la
figure
6.Chaque ligne correspond
à une valeur donnée de 7. Lestempératures
ont étéportées
en abscisses et les ordonnées sont leschamps
nécessaires pour obtenir cette aimantation cr.j
La relation entrc la
température
et lechamp
estlinéaire,
c’est unegrande simplification.
Cettepropriétés
est nettement visible dans lafigure
7.Mais,
en mèmetemps,
seprésente
un fait très curieux. Pour une mêmeaimantation. cette relation linéaire n’est pas la même dans toute l’étendue de la
figure.
Plusieurs de ceslignes
sont, eneffet,
composées
de deuxFig. 7.
segments
formant, des droites coudées. Le lieu des coudespartage
leplan
en deux
régions
dont chacuneparaît
être le domaine d’existence d’Llz1état
particulier
du nickel. La nature de ces états est d’ailleurs trèsénigma-tique.
Onpeut
dire,cependant qu’ils
sont caractérisés par des moments .atomiques
et des constantes duchamp
moléculaire différents.On
peut
tenterd’expliquer.
par deschangements
d’état de cetteespèce,
l’insuffisant accord de
l’expérience
et de la théorie. Si lephénomène
linéaire aux hautes
températures
une commence pas aupoint
deCurie,
mais
plus
loin,
celapourrait
être parcequ’il
y a un ouplusieurs
change-ments d’état au
voisinage
du commencement de la droite. De même si deschangements
d’état,
au lieu de seproduire
comme ici dans levoisinage
dupoint
de Curie, ont lieu auxtempératures
plus
basses,
dans larégion
ferromagnétique,
on pourra leur attribuer ladivergence
entre la courbethéorique
de la variationthermique
de l’ailnalltatio11spontanée
et les courbesexpérimentales
très différentes du fer et du nicllel. Des mesuresplus précises
etplus
étenduespermettront
sans doute de reconnaitre sicette
interprétation
est exacte.pré-senté un
phénomène imprévu
qui
avaitl’apparence
dequelqu’erreur
expérimentale
d’origine
inconnue.Chaque
foisqu’on
fermait le courantde l’aimant ou
qu’on
lecoupait,
il seproduisait
un mouvement de l’indexlumineux du
galvanomètre
destenlpératures.
Ce mouvementparaissait
assez
brusque.
Mais latechnique employée
empèchait
de se rendre uncompte
exact de sondegré
derapidité
et de voir par là àquel
effet il étaitlié. Dans cette
expérience; il y
a, en effet. toutes sortes de causes deralen-tissement. Le courant s’établit avec une certaine lenteur par suite de la
forte
self-induction :
i l’aimantation de l’électro-aimant est en retard sur lecourant
d’excitation.
Les instruments de mesure ont leur lenteur propre,les variations de
température
du four suivent avec un certain retard celles du courant de chauffe. Et la durée de tous cesphénomènes
est de l’ordrede
grandeur
de celle de l’effet observé. Le sens de la déviation observéecorrespondait
à un échauffement à la fermeture et un refroidissement à larupture
du courant d’excitation. Cephénomène
était notable : il setradui-sait par un écart de 2 centimètres et Inème
plus
sur l’échelle destempéra-tures et revenait à une variation de
température
allantjusqu’à
7 dixièmesde
degré.
Pendant trois
semaines,
nous avons cherché sans succès à nousexpli-quel ce
phénomène,
partagés
entre des sentiments âivers. Noussongions
ou bien à abandonner celle méthode dans
laquelle
se cachait une caused’erreur irritante
qui, dépassant
les erreursacceptables,
menaçait
de toutcompromettre,
ou bien à continuer à tout hasard avec le vagueespoir
clueles choses
s’expliqueraient
unjour.
Nous en étions làlorsqu’une
particu-larité nous mit sur la voie et nous avons continué.
Passant à des isothermes de
température
notablementplus
élevéesnous avons vu diminuer à nouveau le
phénomène
qui,
d’abord,
avaitau-menté avec la
température. Il prenait
des valeurs deplus
enplus
faibles àmesure
qu’on
s’écartait dupoint
de Curie. >Le
phénomène
inconnu devait donc résider dans le nickel et être enrapport
avec sespropriétés
magnétiques.
Cette constatationchangea
lecours de nos
idées ;
jusqu’alors,
eneffet,
nous avions mis en cause lesappareils.
D’abord,
nous avionssoupçonné
une action duchamp
magné-tique
sur lecouple thermo électrique ;
à tort, car nous avons pu constater,en
effet,
que pour lestempératures
et leschamps
del’expérience
sa forceélectromotrice est
indépendante
duchamp
à1/70
000 au moins de savaleur. ’
Nous avions
soupçonné
une action directe que l’électroaimantexer-cerait sur le
galvanomètre
ducouple thermoélectrique,
une induction surle circuit de ce
couple,
de la chaleurdéveloppée
par des courants deFou-catllL. Nous avions tout contrôlé : aucune de ces
hypothèses
ne s’étailvérifiée.
Une fois sur la
Yoie, j’ai eu l’impression
que lephénomène
devait êtreune autre manifestation de la même donnée
énergétique
qui
fait que leschaleurs
spécifiques
desferromagnétiques
ont leurphysionomie
propre.Et, en
effet,
par un calcul faisant intervenir lechamp
moléculaire,
j’ai
trouvé
qu’il
devait effectivement y avoir échauff ement parl’aimantation,
refroidissement par la désaimantation et que l’ordre degrandeur
était celuique
l’expérience
avait donné. Dorénavant il nes’agissait plus
derecher-cher une cause
d’erreur,
mais d’étudier unphénoméne
nouveau..Nous pouvons nous rendre
compte, maintenant,
qu’en
effet il étaitfacile à
prévoir.
Considérons la formulethermoclynamique
de la chaleur élémentaire à donner à une substancequ’on
aimante. Cette chaleurdQ
secompose,
d’abord,
d’un termeindépendant
de toute variation de l’étatmagnétique, qui s’exprime
par la chale-urspécifique
à aimantationcons-tante
C en
dont la chaleurspécifique
ordinaire des substances nonmagné-tiques
n’est que le casparticulier correspondant
à l’aimantation nulle. On a doncSi la substance
s’aimante,
ils’y
ajoute
un termequi
provient
de lavaria-tion de l’aimantavaria-tion er.
Lorsque,
comme dans le casdes
gazparamagnétiques, l’énergie
nedépend
pas del’orientation
des molécules les unes parrapport
aux autres, tout le travail 7~ der fourni par lechamp
extérieur H~ se transforme en chaleurqui
doit être enlevée pour que latempérature
reste constante, donc :Même dans les gaz
paramagnétiques
l’aimantationadiabatique
seraitaccompagnée
d’une variation detempérature.
Eneffet,
dQ =
0 donneCet effet serait extrêmement faible.
Lorsqu’il
y a unchamp
moléculaire Hnt le travailqu’il
fournits’ajoute
au travail duchamp
extérieur et l’on a :Or, l’étude
magnétique
du nickel montre que, pour toutes les valeursde ci
qui
ont étéatl eintes,
lechamp
moléculaire est donné parest une constante. Donc,
Cherchons d’abord le terme
magnétique
de la chaleurspécifique.
Quand
on chauffe une substanceferromagnétique
dans unchamp
extérieurnul,
l’aimantationspontanée
décroît(fig. 3), ci
est une fonction de t pres-crite par cette décroissance et la chaleurspécifique
donnée parl’expérience
est
ou
Le terme
qui,
pour lesferromagnétiques, s’ajoute
à la chaleurspéci-fique
ordinaire
est doncqui
estpositif puisque
;’ décroitquand
latempérature
s’élève.Au lieu de mesurer des chaleurs
spécifiques
recherchons maintenantles
variations
detempérature
dans uneopération rapide,
durantlaquelle
leséchanges
de chaleur avec le milieu ambiant nepeuvent
seproduire.
Il fautdonc,
dansl’ équation (8)
faired ( = o .
(i) Si l’on remplace l’hypothèse
primitive
du champ moléculaire par l’hypothèse plus générale (Voir page 163, note 1.)où U est l’énergie de la substance, on retrouve la même équation. En effet, en appelant d’0
le travail fourni par le champ extérieur, on a :
mais
Pour achever le calcul, remarquons que, dans les limites de nos
expé-riences.
qui
vontjusqu’à j
= 1 6 ,
l’aimantation estproportionnelle
auchamp
total Le
quotient
est le coefficientd’aimantation;
c’est-a-dire laconstante de Curie C divisée par la
température
absolue, doncet, , en tenant
compte
de larelation,
qui
exprime
que l’aimantationspontanée disparait
aupoint
deCurie,
l’équation
(8)
donne :,
Il se
produit
donc une élévation detempérature
sensiblementpropor-tionnelle à l’accroissement du carré de l’aimantation. Le facteur de
propor-tionnalité
comprend
en effet un terme2
constant,
dans la mesure oùla
2
C,
chaleur
spécifique
C
estconstante,
et lefacteur /§/
qui
varie peu dans la ’région
peu étendue autour dupoint
deCurie,
où, comme nous le verrons,le
phénomène
existe avec une certaineampleur.
C’est bien le
phénomène
que nous avons observé,quant-à
la nature de l’effet et ausigne :
élévation detempérature
lorsque
l’aimantations’ac-croit, abaissement
lorsqu’elle
diminue par l’établissement et lasuppression
du
champ.
Nous avions tout cequ’il
fallait pour deviner l’existence de cephénomène
n?agnétocalorique..,
Ce
phénomène
a uneparenté
facile à établir avec d’autres, dont ons’occupe
enthermodynamique.
Vous savez que,lorsqu’on
exerce unetrac-tion sur une barre de
fer,
cette barre de fer se refroidit.Lorsqu’on
com-prime
la même barre defer,
elle s’échauffe. Latraction,
l’allongement
de labarre de fer sont liés à une diminution de densité.
Lorsque,
par un effetmécanique,
la densité du ferdiminue,
la barre se refroidit. Cela tient à ceque,
lorsque
les moléculess’écartent,
l’accroissementcorrespondant
d’éner-gie
interne n’est fourniqu’en partie
par le travail extérieur et que le déficitest comblé par le réservoir
thermique.
Inversement,
lorsqu’on
augmente
ladensité,
il y a del’énergie potentielle
versée dans le réservoirthermique
et la matière s’échauffe.
L’aimantation n’est-elle pas aussi une variation de densité ?
Oui,
maisConsidérons les molécules avec leurs moments
magnétiques,
ettraçons
les rayons d’unesphère, parallèles
à la direction du moment de chacune d’entre elles. Nous obtiendrons ainsi uneimage
de leur distribution endirection.
Lorsque
les moments serontdirigés
dans tous les sens, toute lasphère
sera couverte uniformément par lespoints figuratifs.
Leur densitésera faible. Aimantons la substance : les directions se ramassent, les
molé-cules orientées forment un faisceau
plus
ou moinsétroit,
lespoints
figu-ratifs se rassemblent en certaines
régions
de lasphère
la densitéaugmente.
Le
phénomène
observépeut
donc s’énoncer :lorsque
la densité endirec-tion
s’accroit,
la substances’échauffe;
lorsqu’elle
diminue, la substance serefroidit. Il y a
parallélisme complet
avec lephénomène mécanique .
Passons maintenant à l’examen
plus
détaillé des résultats del’expé-rience,
figure
8. On aporté
en ordonnées lagrandeur
duphénomène
magnétocalorique,
expérimental, exprimée
par les variations detem-Fig. 8.
pérature
de lasubstance,
endegrés
centésimaux. Toute la hauteurde la
figure correspond
à3/4
dedegré.
Les carrés des aimantations a2dnt été
portés
en abscisses. Portons d’abord notre attention sur la courbe I.On voit que l’ensemble des
points
observés,marqués
par descroix,
définitassez bien une droite
passant
parl’origine.
Ces observations sontrepro-duites dans le tableau I.
Dans nos
expériences,
à la fermeture ou à larupture
du courant del’aimant, c¡2
varie de zéro à la valeurindiquée
etréciproquement.
Lapro-portionnalité
donnée par la droite et par la dernière colonne du tableau 1vérifie notre théorie .
TABLEAU 1
ordinaire,
nettementplus
élevée que lepoint
de Gurie observé pour lamême substance à
3560,5.
Auxtempératures
supérieures
aupoint
deCurie,
iln’y
a pas d’aimantationspontanée.
Toute aimantationprend
effective-ment naissance au molnent de
l’application
duchamp.
Iln’y
a pasd’ambiguïté.
Par contre, au-dessous du
point
de Curie où l’aimantationspontanée
existe,
l’effet duchamp
est double. Il y a unchangement
d’orientation del’aimantation
préexistante, qui
ne doit contribuer en rien auphénomène,
et,si le
champ
estsuffisant,
unchangement
de sagrandeur, qui
seul est efficace. Eteff ectivement,
la courbe IIqui
serapporte
à latempérature
de3520,1
exprime
bien cet état de choses. Au commencement, tant que nous ne faisonsqu’orienter
l’aimantationexistante,
le carré de l’aimantation donnée par l’observationaugmente,
mais l’élévation detempérature
ne seproduit
pas ;ensuite elle commence à
appara!Lre,
faiblement d’abord parcequ’une
faibleaugmentation
de la vraiegrandeur
commence à accompagner l’orientation.Puis cet effet s’accentue et la courbe se relève de
plus
enplus.
Quand,
pratiquement,
l’aimantationspontanée
apris
la direction duchalnp,
tousles accroissements observés de c¡2 sont vrais et sont
accompagnés
d’uneélévation de
température
qui
leur estproportionnelle
avec le même facteurde
proportionnalité qu’au
dessus dupoint
de Curie. La courbe II tend àdevenir parallèle
à la droite I. Lephénomène s’adapte
doncremarquable-ment aux notions
acquises,
par ailleurs, d’aimantationspontanée,
d’orien-tation
subséquente
et d’accroissement ultérieur par uncllamp
deplus
enplus
fort. Les observations aveclesquelles
a été construite la courbe IIsont données dans le tableau II.
Nous allons
pouvoir
nous servir duphénomène
magnéto-calorique
pour déterminer la vraiegrandeur
de l’aimantation. Onpeut
interpréter
les courbes 1 et II de la
figure
8 en disant que les abscissesreprésentent
les valeursapparentes
du carré de l’aimantationet
les ordonnées ses valeurs177
LE PHÉNOMÈNE
MAGNÉTO-CALORIQUE
TABLEAU II
vraies à une autre échelle.
Quand
il y a une aimantationspontanée,
cesdernières sont
comptées
àpartir
du carré de cettequantité.
’Sil’aiman-tation était constamment orientée dans la direction du
champ,
la courbe IIserait
remplacée
par laligne
OST,
oû OS est le carré de l’aimantation spon-tanée. Comme STpeut
être tracé au moyen des donnéesexpérimentales,
il en résulte que la mesure du
phénoméne magnétocalorique,
combinéeavec les mesures
d’aimantation,
donne sansambiguïté
l’aimantationspontanée.
Je
puis,
sans entrer dans lesdétails,
ajouter
que les trois détermina-tions quej’ai
faites pour troistempératures
différentes ont donné unecon-cordance salisfaiiante avec les déterminations par les méthodes
purement
magnétiques, plus
indirectes.Mais ce n’est pas tout. Soit OP une valeur observée du carré de
l’aimantation
apparente;
représentera
l’excès du carré del’aimanta-tion vraie sur le carré de l’aimantation
spontanée,
à l’écllelle des ordonnées.Reportons
cet excès en N sur la droite ST. L’abscisseOQ
donnera le carréde l’aimantation vraie
correspondant
à cet excès, c’est-à-dire à la valeur OPdu carré de l’aimantation
apparente
dont nous sommespartis.
011 pourradonc,
au moyen duphénolnène magnétocalorique,
par une réductionfacile,
tracer,
à côté du réseau des isothermes de l’ailnantationapparente,
celuides isothermes de l’aimantation vraie.
Examinons maintenant la
figure
9 danslaquelle j’ai
réuni.
dans lamêlne
représentation, que
figure
8,
tous les résultats obtenusjusqu’à
présent
avecl’appareil
décrit. Nous l’etl’oL11T0I1S en A la droite 1 de lafigure
8.Viennent ensuite les trois courbes
B,
C,
Dcorrespondant
à troistempé-ratures échelonnées à
1,6
degré
l’une de l’autre.Fig. 9.
On voit que la
partie
de la courbequi correspond
auxgrandes
valeurs de 0"2 tend
toujours
à devenirparallèle à
la droite A.Çes
quatre
courbescorrespondent
àquatre températures
qui
sont situéesdans la
partie gauche
de lafigure
7 oû leslignes d’égale
aimantationssont
représentées
par deslignes
brisées dont les coudes sont sur laligne
de
séparation
de deux états de la substance. En haut et àgauche
de lafigure
9,
ont été réunis des résultats sur lephénomène
magnétocalorique
obtenus à des
températures plus
élevées,
de l’autre côté de laligne
deséparation.
Les aimantations atteintes étantplus petites,
, lephénomène
estplus
faible,
moins facile à observer, mais il a encore le mémeaspect.
Ladroite F
correspondant
à 3’~~,2° a été considérée comme la mieuxdéter-minée. C’est elle
qui
a donné lerapport
de l’élévation detempérature
à 0"2.Les deux autres droites E et G
correspondant à
3720,5-
et3770,8
ont été menéesparallèlement
à lapremière.
Ce tracé s’accorde dans les limitesdes erreurs
possibles
avec les donnéesexpérimentales.
En
fait,
nous avons étudié lephénoméne magnétocalorique
dans unerégion
restreinte,
mais sur deux substancesqui,
toutes deux, sont desétats
du nickel.
Pour
chacune, nouspossédons
l’inclinaisln de la droitequi
repré-sente la relation entre l’élévation de
température
et 2.Le calcul de l’élé’Tation de
température peut
se faire àpriori d’après
la formule
( 1 Jl ),
simplifiée
enremarquant
que pour toutes nos mesures latempérature
’]1 est voisine dupoint
de Curie 0 :qui
suppose la connaissance du coefficient it duchamp
moléculaire et de lachaleur
spécifique
à aimantation constante. Pour lapartie gauche
de lafigure
7 les mesuresmagnétiques
donnent >1 = 67600 ;
pour lapartie
droite,
90 700.
Quant-à
la chaleurspécifique
elle est donnée par la chaleurspé-cifique
vraie,
mesurée immédiatement au-dessus dupoint
de Curie.J’emprunte
savaleur,
C =0,1256
en calories et C =0, ~ ~~6
Xï, 19 X 107
en ergs il un travail de
Vciss,
Piccard et Carrard(’).
On trouve, pour lepremier
état dunickel,
et, pour le second,
Mais
l’expérience
doit nous donner des valeursplus petites,
pour deuxraisons.
D’abord,
à cause de la lenteur de l’établissement du lephénomène
neprouvait
être instantané. Ilfallait
attendrequ’il
fût achevé pour faire l’observation. Nous avons estiméqu’il l’était. pratiquement,
après
25 secondes. Pendant ce
temps
unepartie
de la chaleurdégagée
seperd.
Mais si l’on
prend
soin de donner à cettepériode
d’attente exactement lamême
durée,
la chaleurperdue
sera la même fraction de la chaleurdégagée.
Ensuite,
le contact ducouple
avec lasphère
de nickel était établi aumoyen d’une
petite
calotted’argent qui augmentait
lacapacité
calorifique.
Onpeut
évaluergrossièrement
à 15pour 100
laperte
do l’élévation d’etempérature qui
en résultait..Pour le
premier
état dn nickell’expérience
donneau lieu de
"
et, pour
le second,au lieu de
’
Dans le
premier
cas la valeur observée est0,574 :
dans le second,0,583
de la valeur calculée. Les valeurs observées sont
plus
faibles comlle ilconvient. Mais la concortlance des nombres ci-dessus montre que le
rapport
des nombres observés pour les deux états est, avec une
précision plus
grande qu’on
11cpouvait
1 attendre,identique
aurapport
des nombres calculés. Il y a lit un commencement de vérification très satisfaisant.La
figure
~10 donne, sous une altreforme,
les mômes résultatsexpéri-Fig.10.
mentaux que la
figure
9. Chacune des courbes serapporte
à une excitationdéterminée de l’électro-aimant. ,
Les
températures, représentées
par les forces électromotrices ducouple,
ont étéportées
enabscisses;
lesphénomènes n1agnétocaloriqlles,
enmillimètres de l’échelle, en ordonnées. En haut et à droite de la
figure
’ont été inscrites
quelques
valeurs des abscisses el ordonnées endegrés
Comme nous le
savions,
lephénomène
a uneampleur particulière
dans la
région
dupoint
de Curie et,quand
latempérature
s’élève àpartir
de ce
point,
il décroittrès
rapidement.
C’est laparticularité
qui
nous avaitmis sur la voie de sa découverte.
Dans cette série de mesures, la
telnpérature
laplus
basse est encoreassez voisine du maximum. Relativement à ce
quai,
se passe au-dessous dupoint
de Curie; on nepossède
que desrenseignements
assez sommaires :c’est une série de mesures
rapides
embrassant tout l’intervalle de 23°à 5000
qui
a été faite avec un autre fourélectrique
sur un autre échantillon de nickel et une seule valeur duchamp
II = 22 950 gauss. Lecouple
cons-tantan-argellt n’avait pas
été étalonné. Lestempératures
ont été déterminéesapproximativement
enreportant
sur cecouple l’étalonnage
d’un autrecouple
formé des mèmes métaux.Quelque
sommairesqu’elles
soient,
cesexpériences,
représentées
dans lafigure
11; donnent une idée de l’allure duphénomène,
notamment dans larégion
jusqu’ici
inexplorée,
au dessous duFig. 1 i .
point
de Curiejusqu’à
latempérature
ordinaire. Dans cechamp plus
intense, le
phénomène
adépassé
10.La démonstration
expérimentale
duphénomène magnétocalorique
serait facile s’il ne
fallait,
pour l’observer avec une certaineampleur,
porter
la substance une
température
voisine dupoint
deCurie,
maintenir cettetempérature
constante et mesurer exactement ses variations. Elle seraitbeàucoup
plus simple
pour une substance dont lepoint
de Curie serait à latempérature
ordinaire. Tel est le cas de certains ferronickels irréversible. de tltl’e ell 111c1e11‘O1s111 de J Oll 3opolll’’loo, Cualld
1)al’ Lltle élél-at1011 Cleteln-de titre en nickel voisin de 25 ou 30 pour
100,
quand
par une élévation detem-pérature
préalable
on les a amenés il l’état nonmagnétique
à latempérature
ordinaire. Nous avons
examiné,
à ceteffet,
unepetite
collection deferro-nickels que nous devons à 12. Ch.-Ed. Guillanmc et nous avons trouvé
qu’un
métal contenant 27 poui 100 de nickel
donne ;
dans unchamp
de21 000 galIss,
cette
substance,
la démonstration duphénomène
magnétocalorique
devientune
expérience
de cours desplus
faciles.Un
couple thernloélectrique argent-constantan
est inséré clans unpetit
cylindre
de la substancepesant
1 gramme environ. Cecylindre
est fixé àl’ext~rémité d’un levier
qui
permet
de l’introduire dans lechamp
magné-tique
et de l’enextr,-uire.
Il estprotégé
par uneenveloppc
de coton contre les variations accidentelles detempérature.
Lecouple
est relié à un1 nOlnètrc à cadre mobile de faible résistance et à indications relativelnent
rapides.
On observe facilelnent l’échauffcment et le refroidissenlentaccom-pagnant
l’introduction dans lechamp
et l’extraction.Il reste
beaucoup
à faire pour achever l’étude duphénomène
magnéto-calorique.
Même pour lenickel,
le travail est àpeine
ébauché et, bien que larégion
voisine dupoint
deCurie,
particulièrement
intéressante,
soit icifacilelnent
accessible,
il y aura à surmonter de réelles difficultés. Il faut, eneffet,
que latempérature
soitparfaitement
constante au molnent où lephénomène
seproduit;
il faut tenircompte
des inconvénients et des incer-titudesqui
résultent de la lenteur de l’établissement deschamps
intenses. Il est en outrenécessaire,
pourpouvoir
pousser la discussion àfond,
demesurer en même
temps,
sur le mêmeéchantillon,
les valeurs de cr.Par le fait même que
je
neparle
que du nickel(et
d’unferroniclLel),
vous devinez
qu’on
nepossède
encore aucune donnée sur les autresferro-magnétiques.
Il faudraaussi,
malgré
lesdifficultés,
faire cette étude surle
fer,
sur lecobalt,
sur d’autressubstances,
non seulement pour sonintérêt propre mais aussi à cause des
questions
connexes duchamp
molé-culaire et de la vraie
grandeur
de l’aimantation.
-Je me propose, vous le pensez
bien.,
depoursuivre
ces recherches etje
serais heureux de ne pas être seul à les continuer. Mais ce serait pour moi une satisf action
particulièrement
vive de voir l’un de vous,lllessieurs,
unétudiant de l’Université de
J3ruxelles,
vcnir àStrasbourg prendre
sapart
de cette cpuvre.
’