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Les rotations dans l’aimantation (aimantation initiale,
champ coercitif)
Charles Guillaud
To cite this version:
LES ROTATIONS DANS L’AIMANTATION
(AIMANTATION
INITIALE,
CHAMPCOERCITIF)
Par CHARLES GUILLAUD.Sommaire. 2014 On
a déterminé théoriquement, pour divers cas particuliers, les valeurs de a
(aiman-tation initiale) et de Hc (champ coercitif) correspondant à des rotations des moments magnétiques
élémentaires contre l’énergie magnétocristalline et l’énergie de tension, sous l’influence d’un champ
extérieur.
On compare ces résultats avec des valeurs
expérimentales
obtenues sur MnBi, Mn2Sb, le cobalt et les ferrites de cobalt à grand champ coercitif, ce qui permet de retenir la rotation comme mécanismed’aimantation.
JOURNAL 12, 1951,
Nous nous sommes
proposé
d’étudier le rôle des rotations desporteurs
de moments dansl’inter-prétation
desphénomènes magnétiques
en utilisantles résultats de nos travaux.
La distribution des
porteurs
en domainesélémen-taires,
si elle ouvre la voie à un processus dedépla-cement de
parois
-- encoreimparfaitement
connu-ne
change
pas la validité du raisonnement dans lecas des rotations. En
effet,
utilisant lesprincipes
généraux
d’équilibre,
il n’est pas nécessaire de faire deshypothèses
sur la forme et la dimension des domaines.Les rotations. - La
position
du vecteur aiman-tation s’obtient en écrivant quel’énergie
totalepossède
un minimum stable.L’énergie
totale se compose desénergie
de
champ
magnétocristalline
.Fn etmagnéto-élastique
Fer.
’
Nous
distinguerons
quatre
cas pourlesquels
larotation
intervient,
sans que ledéplacement
deparoi
ait une action sensible :io La
position
duchamp
parrapport
à l’aiman-tation est tellequ’aucun
des domainesn’occupe
une
place
privilégiée.
C’est le cas de l’aimantationinitiale d’un monocristal
uniaxe,
lechamp
H étantperpendiculaire
àl’axe;
~ ~ Les
parois
nepeuvent
sedéplacer,
en raisonde
l’hétérogénéité
du matériau. C’est le cas, danscertaines
conditions,
d’une substancepolycristalline
riche en inclusions.3° L’état
physique
du matériau est telqu’il
n’existeplus
deparois.
C’est le cas degrains
dont les dimensions sont inférieures aux dimensions d’undomaine élémentaire.
l~~
L’approche
vers la saturationlorsque
le vecteuraimantation a la direction de facile aimantation.
Pour
abréger
le texte, nous ne donnerons que lesrésultats de nos calculs.
I. AIMANTATION INITIAIJE.
A. Relations déduites de considérations
théoriques.
1. ABSENCE DE TENSIONS INTERNES.a. Cas d’un cristal
unique
uniaxe,
lechamp
étantperpendiculaire
à l’axe :On trouve pour la
susceptibilité
initiale :b. Cas d’un cristal
unique
polyaxe ~ f er).
---~ Ontrouve comme pour un cristal uniaxe : -.
c. Cas d’un
potycrisfal
cubique
(ter) [4].
2. IL EXISTE DES TENSIONS INTERNES SE SUPER-POSANT A L’ÉNERGIE MAGNÉTOCRISTALLINE
[3].
-Le calcul conduit au résultat suivant :
-8
où 0
et ’2
sont lesparamètres
de J
-6 = valeur moyenne des tensions
internes;
, +
0’ -
angle
de c avec l’axe facile.Application
de cetteformule à
divers casparti-culiers.
a, Absence de tensions internes : on retrouve
493
b. Absence
d’énergie n1agnétocristalline [5].
c. Aimantation d’un cristal
uniaxe,
lechamp
Hétant
perpendiculaire
à l’axe : on a en faisant lamoyenne --
-d. Aimantation d’un cristal
uniaxe,
lechamp
Il étantparallèle
à l’axeCette
susceptibilité
s’observerait dans le cas où lestensions internes ne seraient pas assez fortes pour .
bloquer
lesdéplacements
deparois.
B. Résultatsexpérimentaux.
1. AIMANTATION INITIALE D’UN MONOCRISTAL DU
COMPOSÉ DÉFINI - Nous
avons montré que
l’axe de facile aimantation était l’axe
quaternaire,
(système
quadratique)
depuis
latempérature
ordinairejusqu’à
2400
K. Au-dessous de cettetempérature
c’est un axeperpendiculaire
à l’axequaternaire
qui
devientprivilégié.
Fig. 1.
Si l’on mesure l’aimantation initiale à
température
décroissante,
lechamp
extérieur étantparallèle
à l’axequaternaire,
le processus dedéplacements
deparois
à 180° doit d’abord semanifester;
au-dessous de
K,
c’est le mécanisme de rotationqui
prévaut.
Si lechamp
extérieur estperpendiculaire
à l’axequaternaire,
l’ordre des processus est inverse.(Ces
mécanismes sont apriori
lesplus probables
parmi
ceux que nous pouvonsenvisager).
Connaissant les valeurs de
Ki
et deJ"
on pourracomparer les valeurs
expérimentales
de a à celles J2 déduites de la relation a =2K,
1 traduisant les 2A i rotations.Les valeurs de
K1
et deJs
ont été déterminées de 288° K à et b ont été mesurés direc-tement par une méthodemagnétométrique
dans cemême intervalle de
température
(fi g.
1 et2).
Les différents résultats relatifs aux rotations sont
groupés
dans les tableaux ci-dessous :Aimantation
perpendiculaire
à l’axequaternaire.
Aimantation parallèle à
l’axequaternaire.
Nous tirerons de ces résultats les conclusions
suivantes :
10 Pour les valeurs les
plus
importantes
deK1,
la théorie et
l’expérience
sont en excellentaccord,
le mécanisme des rotations est confirmé.
2° Pour de
faibles
valeurs de la valeurthéo-rique
de a esttrop
élevée,
les tensions n’étantplus
négligeables
devantl’énergie magnétocristalline.
Latempérature
depermutation
des axes estparti-culièrement intéressante. Dans un intervalle de
température
de l’ordre de 1°, il n’existeplus
d’énergie
magnétocristalline ;
seule subsistel’énergie
de tension. Onpeut
déterminerexpérimentalement
cette der-nière par la mesure du travail d’aimantationréver-sible,
(Àv =
I,2. l04
ergs :cm3). L’application
de la relation(4)
donne a =o,83
valeur valeurproche
de la valeur
expérimentale :
o, 8~.
2. AIMANTATION INITIALE D’UN MONOCRISTAL DE COBALT. - Le
Fig. 2.
déterminé a et b ainsi que
Ki
et Js, à?g3°
K et à~o ~
-. d’où le tableau suivant :CONCLUSIONS. - Dans les conditions
particulières
d’orientation de l’axe de facile aimantation par
rapport
auchamp,
il seconfirme,
d’après
nos mesures, que c’est bien le mécanisme de rotationqui
estresponsable
de l’aimantation initiale.II. CHAMP COERCITIF.
A. Relations déduites de considérations
théoriques.
Nous considérerons un cas où le mécanisme du
champ
coercitif nepeut
mettre enjeu
que des rotations : c’estcelui,
trèssimple,
d’ungrain
assezpetit
pourqu’une paroi
nepuisse s’y
créer. Enprésence
d’unchamp
extérieur H, le vecteur aiman-tationJ,
de ce monodomaine estdirigé
suivant unedirection
énergétiquement
favorisée et nepeut
modifier sa
position
que par rotation.Supposons
parexemple
Hantiparallèle
à J,. Pour une certainevaleur He du
champ
extérieur, J,
tournebrusquement
due 77 ; H,
est lechamp
coercitif du domaine.Pour établir les relations donnant
H,,
onconsi-dère par
exemple
que laposition
du vecteurJs
est caractérisée par unparamètre angulaire
0,
l’énergies
totale étant
F(O). L’équilibre
est donné par la rela-tionF’ (e) == 0
et la stabilité assurée siF’(0)
~ o.Lorsque
F"(0)
s’annule,
on obtient ainsi unenou-velle relation entre 0 et H et l’élimination de 0 entre les
équations F’(f»
- .~" (~~) - o
donne la valeur duchamp
coercitif.Comme dans le cas de l’aimantation
initiale,
pourabréger
le texte, nous ne donnerons ici que lesrésultats de nos calculs.
10 CHAMP COERCITIF D’UN DOMAINE ÉLÉMENTAIRE
UNIAXE, EN L’ABSENCE DE TENSIONS INTERNES,
LE CH AMP ÉTANT PARALLÈLE A L’AXE. - Par
application
des considérationsgénérales
ci-dessus ontrouve :
Cette formule
s’applique également
ausystème
cubique.
2~ CAS DU POLYCRISTAL CUBIQUE EN PRÉSÈNCE
DE TENSIONS INTERNES
[6].
- Nous avons résoluce
problème graphiquement.
Nous ne donnerons que lafigure
3,
déduite de ce mécanisme etqui
Fig.3.
représente,
en coordonnéesréduites, Js J
en fonc-tion de20132013’
°K
AUTRES FORMES D’ÉNERGIE ENTRAINANT L’EXIS-TENCE D’UN CHAMP COERCITIF PAR ROTATION. -i° Nous n’avons
envisagé jusqu’ici
comme formesd’énergie
que F,,.agissant
seule ou associée à Fa-.Pratiquement,
il existe des matériaux pourlesquels
l’énergie magnétocristalline
devientnégligeable
de-vantl’énergie magnétoélastique.
495
Dans ce cas
particulier,
si nous considérons undomaine
élémentaire,
le mécanisme des rotations entraînera aussi l’existence d’unchamp
coercitif que l’on calcule par les méthodesprécédemment
utilisées[7~.
On trouve
20
L’anisotropie
de forme desgrains
estégalement
àl’origine
d’unchamp
coercitif par rotation. La théorie de ce mécanisme a étédéveloppée
par Néel[8].
Nous renverrons donc auxpublications
de cet auteur ainsi
qu’à
celles de Stoner et Wohl-farth[9].
Dans la discussion des faitsexpérimentaux
qui
suivra,
il ne sera pasquestion
de cette formed’énergie.
B. Résultats
expérimentaux.
j0 COMPOSÉ DÉFINI MnBi
[10,
11, 12,
13,
14].
-Cet
alliage présente
despropriétés remarquables.
Fig.4.
Nous ne donnerons que très brièvement les
princi-pales
caractéristiques magnétiques qui
intéressent les mécanismesenvisagés.
Nous avons obtenu MnBi en
grains
très fins et sous forme de monocristaux. La structure de cettephase
est dutype
hexagonal,
l’axe sénaire est de facile aimantation au-dessus de Au-dessousFig. 5.
Fig. 6.
de cette
température,
l’axeprivilégié
lui est alorsperpendiculaire.
’
(On
remarqueraqu’à
latempérature
ordinaire,
K = 10 ergs : cm3; c’est laplus
forteénergie
observéejusqu’ici).
La
figure
,5 donne, suivant l’axe sénaire, 7Y~ enfonction de d et
de y?
d étant le diamètre desgrains.
ci
Les courbes de la
figure
6 traduisentHa
=f (T)
et aR
= f (T)
d’unepoudre
dont lesgrains
ont undiamètre de l’ordre de 3 ;.~, cp étant l’aimantation
rémanente.
Ces résultats sont-ils
compatibles
avec la théoriedes rotations que nous avons résumée ci-dessus ?
Il est
probable
que lamajorité
desgrains
renfermeplus
d’un domaine élémentaire. Eneffet,
la courbe 6 =f (H)
suivant l’axe de facile aimantationde
grains
de diamètre de3 ja
montre quel’énergie
nécessaire à la saturation n’est que 104 ergs : cm3. Il faudrait donc admettre que lesdéplacements
deparois jouent
encorepartiellement,
tout au moins pour la courbe depremière
aimantation. Maisl’alliage
étantsaturé,
le processus des rotations devientprépondérant.
Lafigure 7 (1)
est à cesujet
sugges-tive. On voit en effet que la saturation est
pratique-ment réalisée pour un
champ
de ? ooo Oe alors quele
champ
coercitif n’a pas encore atteint sa valeur maximum pour unchamp
de 20 ooo Oe.Tout se passe comme s’il y avait un 1(
accrochage
»de la
paroi,
d’autantplus marqué
quel’énergie
duchamp
estplus
grande,
alors que ledéplacement
de cetteparoi
estpratiquement
nul. Nous avonstenté d’en donner une
interprétation théorique [3].
Expérimentalement,
nous trouvons la formule suivante donnant H; :avec un facteur de
proportionnalité
pqui
n’est pas(1) Poudre de MnBi à gros grains.
égal
à 2. La valeur de pdépend plus particulièrement
de la grosseur des
grains.
~~ COMPOSÉ DÉFINI - Les
propriétés
magnétiques
de cetalliage
enpoudre
apportent
unepreuve
supplémentaire
del’interdépendance
de fI(. et de K. Les courbes(1)
et(2)
de lafigure 8
traduisentFig. 8.
les valeurs
expérimentales
deK,
et de H~ en fonc-tion de latempérature;
les valeurs deH~
de la courbe(3)
ont été calculéesd’après
la relation(9),
le coefficient payant
été déterminéd’après
la valeurexpérimentale
deNe
à latempérature
ordinaire. On remarquera que pour = o,H,
= 16 Oe.Ce
champ
coercitif n’a pas uneorigine
magnéto-cristalline et ne
peut
être dûqu’aux inégalités
duchamp
démagnétisant
de forme et aux tensionsinternes;
à laprécision
de nos mesures, il reste497
Fig. 9.
3~ FERRITES DE COBALT
~.1 ~, 16].
- Nousavons
observé pour ces
composés
deschamps
coercitifsimportants.
Nous donnonsfigure
9 les courbescaractéristiques
d’un de ces ferrites auxtempé-ratures de
2Q3,ig5
et77° K. Ajoutons qu’à
latem-pérature
de 20OK,
lechamp
coercitif est de l’ordre de 17 ooo Oe.On
peut
tout d’abord se demander àquelle énergie
est dû ce
champ
coercitif :magnétoélastique
oumagnétocristalline ? .
La valeur de la
magnétostriction
À variable suivant leséchantillons,
peut
atteindre 200, 10-6, cequi
conduit,
pour une tension interne de 20kg :
mm2,correspondant
à lacharge
à larupture
de cematériau,
à une force coercitive de 3 ooo Oe. Lavaleur de H, à 20° K est en fait de z ~ ooo Oe. Il
faudrait
donc,
si les tensions internes seules étaientresponsables
duchamp
coercitif, admettre une valeur de ~ ~ à 20° K.Quoique
la mesure n’en ait pasété faite à cette
température,
la variation de À enfonction de la
température,
étudiéejusqu’à
77° K,
nelaisse pas
prévoir
unepareille
valeur. Sansapporter
une preuvedéfinitive,
nos résultats actuelsper-mettent
d’envisager
quel’énergie magnétoélastique
n’est pasprépondérante
dans le mécanisme duchamp
coercitif,
qui
doitdépendre
d’abord del’énergie
magnétocristalline.
En
partant
d’un mêmematériau,
préparé
avecdes densités
différentes,
nous avons mesuré Ha etJ,"
dont leproduit
est constant, ,comme le montre le tableau ci-dessous :ce
qui
estcompatible
avecl’expression
H~.
=L’étude de l’aimantation initiale conduit à des valeurs très faibles de a
(a ---.
qui
s’interprètent
facilement par des rotations.
(L’étude
statistique
en courspermettra
depréciser
les relationsqui
existententre a,
H~., Js
etKl~.
Enfin,
on pourra comparer l’allure de la courbe3,
où l’aimantation ne s’effectue que par des
rota-tions,
aux courbesexpérimentales
de lafigure
9.D’ores et
déjà,
nos résultats militent en faveurde la rotation contre
l’énergie magnétocristalline
dans les processus d’aimantation des ferrites de cobalt àgrand champ
coercitif.BIBLIOGRAPHIE.
[1] GUILLAUD Ch. et BERTRAND R. - C. R. Acad.
Sc., 1948, 227, 47.
[2] GUILLAUD Ch., BERTRAND R. et VAUTIER R. 2014 C. R. Acad. Sc., 1949, 228, 1403.
[3] GUILLAUD Ch. et BERTRAND R.2014 J. Recherches C.N.R.S., 1949, n° 8, 1.
[4] NÉEL L. - Cahiers de Physique, décembre 1942,
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[5] BECKER R. et DORING W. - Ferromagnetismus, Julius
Springer, Berlin, 1939.
[6] BERTRAND R. (non encore publié).
[7] GUILLAUD Ch. - Séance du 31 mai 1947 de la Société
française de Physique. Groupe de Strasbourg. J. Phys. Rad., 1947, (8), 34 S, n° 10. [8] NÉEL L. - C. R. Acad. Sc., 1947, 224, 1488. [9] STONER E. C. et WOHLFARTH E. P. - R. S. L., 1948, 826, 240, 599.
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[11] GUILLAUD Ch. -
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[12] GUILLAUD Ch., pli cacheté à l’Académie des Sciences,
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[13] GUILLAUD Ch. - Cahiers de Physique, 1943, p. 65.
[14] GUILLAUD Ch. - C. R. Acad.
Sc., 1949, 229, 818.
[15] GUILLAUD Ch., VAUTIER R. et MEDVEDIEFF S. - C. R. Acad. Sc., 1950, 230, 60.