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Introduction à une théorie des phénomènes magnéto-optiques dans les cristaux

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Introduction à une théorie des phénomènes

magnéto-optiques dans les cristaux

Jean Becquerel

To cite this version:

Jean Becquerel. Introduction à une théorie des phénomènes magnéto-optiques dans les cristaux. J.

Phys. Radium, 1929, 10 (9), pp.313-320. �10.1051/jphysrad:01929001009031300�. �jpa-00205390�

(2)

LE

JOURNAL

DE

PHYSIQUE

ET

LE RADIUM

INTRODUCTION

A UNE

THÉORIE

DES

PHÉNOMÈNES

MAGNÉTO-OPTIQUES

DANS LES CRISTAUX

par M. JEAN

BECQUEREL.

Sommaire - L’auteur indique une voie dans laquelle on peut chercher la théorie de l’effet Zeeman présenté par les bandes d’absorption des cristaux uniaxes contenant des terres rares.

L’absence de décompositions complexes, quand le champ magnétique est soit parallèle soit normal à l’axe optique, s’interprète en supposant que les bandes sont déjà

initiale-ment décomposées par un champ électrique interne. De plus, les phénomènes observés

quand on fait varier l’orientation du champ magnétique par rapport à l’axe optique,

paraissent caractéristiques de l’influence simultanée d’un champ électrique et d’un

champ magnétique, dans leurs diverses orientations relatives.

Les grands écarts des doublets magnétiques ijusqu’à 8,6 fois l’écart normal pour l’erbium dans le xénotime et les deux sens du phénomène au point de vue de la polari-sation circulaire sont inexplicables par les facteurs de décomposition de Landé. Il est

pos-sible que le champ électrique interne détermine un effet analogue à l’effet Paschen-Back. Les bandes d’absorption du spectre visible (correspondant à de faibles variations

d’énergie) sont probablement dues à des remaniements de la couche incomplète (n =

4)

caractéristiques des terres rares; les anomalies de l’effet Zeeman sont l’indice de grandes variations du moment magnétique de l’ion dans ces remaniements.

SÉM VI.

TOME X.

SEPTEMBRE j 92U

Ne 9.

I.

REMARQUES

SUR LA NATURE DES SPECTRES D’ABSORPTION DES CRISTAUX DE TERRES RARES.

On sait que les cristaux

présentent

des

spectres

d’absorption

variables suivant l’orientation de la vibration lumineuse

(vecteur électrique)

à l’intérieur du cristal

(1).

Dans les cristaux uniaxes il existe deux

spectres

principaux :

le

spectre

ordinaire

correspondant

aux vibrations normales à l’axe

optique

et le

spectre

extraordinaire

correspondant

aux

vibrations

parallèles

à l’axe.

Nous nous occuperons, dans la

présente

note,

des cristaux de terres rares, dont les ’ °

bandes

d’absorption

sont

remarquables

par leur netteté et leur

finesse,

surtout aux très

basses

températures

(1).

La

première question qui

se pose est celle de la nature des

spectres

d’absorption

de

ces cristaux.

S’agit-il

’de «

spectres

de

lignes

» comme dans les atomes

(ou ions)

des

vapeurs, ou de «

spectres

de bandes », c’est-à-dire de

spectres

de molécules dans la

production desquels

interviennent à la fois les passages

d’électrons,

les rotations des molécules et les oscillations des atomes *constituants? Plusieurs raisons

plaident

en faveur du

rapprochement

avec les

spectres

de

lignes

des ions

(3).

Tout d’abord les divers sels ou les divers cristaux contenant une même terre rare

ont des

spectres

d’absorption

peu

différents;

il est

remarquable

que les

différences,

d’un sel à un

autre,

ne

portent

que sur le détail des

raies;

les

groupements

de raies sont dans les mêmes

régions spectrales,

les raies isolées sont presque à la même

place,

si bien

qu’à

(1) Henri BECQUBREL, Ann. Clum. et Phys., 6e série, t. 14 (1888), p. i 10 et Thèse de Doctorat.

(2) Jean BscQUEREL, Le Radium, t. 4 (l~0î), p. 328. Jean BECQUBB&L et H. KAMEALIItGH ONNBS. Conlnt. Leiden, N° 103; Le Radium, t. 5 (f 908), p. 227.

(s) L’expression généralement employée de « bandes d’absorption » ne doit pas prêter à confusion; il serait plus exact de dire « raies plus ou moins diffuses ». Aux très basses températures, certaines de ces raies sont presque aussi fines que les raies des vapeurs.

L1; JOURNAL D1; PHYSIQUE ET LI; RADIUM. - SÉRIE VI. -

T. X. - N° 9 - SEPTEMBRE 1929. 21.

(3)

314

première

vue on

peut

reconnaître sans

ambiguïté, quel

que soit le

sel,

la

présence

d’une terre rare

particulière.

Ce fait montre que le

spectre

est dû essentiellement au

cation,

et

non la molécule

prise

dans son ensemble ou à un ion

complexe

(’).

On

comprend

d’ailleurs que les divers

composés,

ou les divers

cristaux,

n’aient pas

identiquement

le même

spectre,

car les niveaux

d’énergie

et surtout t les «

probabilités

de passage » doivent étre modifiés par l’influence des ions avec

lesquels

le cation terre rare

est en

combinaison,

ou des ions voisins dans un réseau cristallin.

Nous devons remarquer

qu’il

existe une différence

profonde

entre les

spectres

des

composés

de terres rares et les

spectres

de bandes tels que ceux des

composés d’uranyle :

ces derniers

(spectres

d’absorption

et

spectres

d’émission par

phosphorescence)

ont une

structure

régulière;

des

groupements

de

lignes homologues

se retrouvent à des intervalles constants dans tout le

spectre

(2).

L’existence de ces groupes

équidistants

est due aux

oscillations des atomes dans l’ion

complexe

V02 (3).

D’autre

part,

pour les cristaux

d’uranyle

(et

pour les cristaux

seulement),

il se rencontre dans les groupes de raies un

petit

intervalle

(ordre

de 200 cm-1

qui

varie d’un cristal à un autre et est attribuable aux oscillations du réseau cristallin

(~).

Dans les cristaux de terres rares que nous

envisageons

ici

(xénotime,

tysonite, parisite,

bastnaesite,

apatite...)

l’ion terre rare est isolé en un n0153ud du

réseau ;

il

n’y

a pas d’ion

complexe,

et corrélativement on ne trouve pas de groupes de raies se succédant à des

intervalles obéissant à une loi

régulière;

de tels groupes n’existent pas non

plus

dans les

spectres

des solutions : ainsi un des caractères fondamentaux des «

spectres

de bandes »

fait défaut.

Toutefois,

la

question

reste

posée

de savoir si

l’énergie

d’oscillation du réseau intervient pour une

part

dans la

production

des raies

d’absorption.

Sans doute aux

plus

basses

températures

réalisées

(i ,:10 K.),

températures

auxquelles

les

spectres

subsistent

(j)

il ne saurait

exister,

initialement,

une oscillation dans l’état non

excité,

mais il n’est pas

impossible qu’une

oscillation du réseau se

produise

en même

temps

que le passage

,d’électron. La

question

ne pourra être tranchée que par un examen

approfondi

de la

répartition

des

raies,

principalement

aux très basses

température.

La différence entre les

spectres

des cristaux de terres rares et les

spectres

des cristaux

d’uranyle

est encore accentuée par le fait que les

premiers

donnent un effet Zeeman

remarquable,

alors que les «

spectres

de bandes » des

composés

d’uranyle

se sont montrés insensibles à l’action du

champ magnétique.

11. EFFET ZEEMAN DANS LES CRISTAUX. RAPPEL DES FAITS FONDAMENTAUX.

Nous

envisagerons

seulement le cas d’un cristal uniaxe et nous supposerons le

champ

magnétique parallèle

à l’axe

optique.

Effet

longitudinal.

®

Lorsque

le faisceau lumineux est

dirigé

suivant la direction

commune de l’axe et du

champ,

les

décompositions

des raies du

spectre

ordinaire

(seul

visible)

se

distinguent

de l’effet Zeeman des vapeurs par trois caractères

essentiels

(6).

(1) En accord avec i11. 0. L~PORTE

[Z.

f. Phys., t.

47,

p.

1671.

Je ne puis partager sur cette question l’opinion de M. G. Joos

IAnn.

der

Phys.,

t. 81

(1926),

p. i076].

(2) Edmond BECQUEREL, Ann. Chirn, et Phys., 5e série, t. 10, p. 5. Henri BECQUEREL, C. R., t. 10i (188~),

p. 4252. Henri et Jean BECQUEREL et H. KAMERL1P1GH UN1~B8, Comm,. Leiden, N° 110 (1909). E.-L. NICHOLS et H.-L HowES en collaboration avec E. MERpiTT, 0.-T. * WILBER et 3Ill" F.-G. wICx, Publications of the

Carnegie

Institution

of

Washington,

NI 298 (1919). Les physiciens américains ont établi que l’intervalle des raies homologues dans le spectre d’absorption est plus petit que l’intervalle dans le spectre d’émission; ces tntervalles, légèrement variables d’un composé à l’autre sont approximativement de 100 cm-1 et 830 em-1.

(3) G.-H. DiE~E et A.-C.-S. van HBEL, Comm. Leiden Suppl. No 55a (1925).

(4) A.-C.-S. van HIIEL, Thèse de Doctorat, Leiden 1925; Comm. Leiden, Suppl. No 55b.

(5) Les spectres sont, il est vrai, très simplifiés; cependant il n’y a aucune manifestation d’une tendance à la disparition; les raies qui subsistent aux très basses températures sont des raies généralement très intenses. Il semble que toute l’absorption se concentre progressivement, à mesure que T décroît, dans ces raies de basse température. Au sujet des variations d’intensités avec la température, voir les remarques de M. P. Ehrenfest, livre jubilaire de Kamerlingh Onnes, Leiden, 1922.

(4)

10 Tandis que dans les

spectres

d’atomes

(ou

d’ions)

des vapeurs, toute

composante

-correspondant

à

l’absorption

de vibrations circulaires de même sens que le courant

pro-ducteur du

champ

est

toujours

déplacée

vers les

fréquences

croissantes

e),

le sens

opposé

se

rencontre dans les

spectres

des cristaux aussi

fréqitemîïieïtt

que

l’effet

de sens Izabituel.

~° L’écart des

composantes peut

atteindre des valeurs très

grandes

dans le cas des terres rares très

paramagnétiques.

Par

exemple

pour certaines raies

d’absorption

de

Fig. i. - Effets de sens

opposés pour les composantes polarisées circulairement des bandes d’absorption des cristaux.

t’erbium dans le

xénotime,

l’écart

atteint,

dans un sens et dans l’autre au

point

de vue de

ia

pola¡>isatio{t

circulaire, 8,6

fois

l’écart de

g7°andeur

norrnale.

Les

grands

écarts sont aussi

fréquents

pour chacun des deux sens du

phénomène.

Un

fait,

qui

n’est

probablement

pas

fortuit,

est que dans tous les cristaux actuellement

étudiés les

rapports

des

plus grands

écarts à l’écart normal sont du même ordre de

gran-deur que le

rapport

entre le momént

magnétique

de l’ion dans son état fondamental et le

magnéton

de Bohr. Le chiffre donné

plus

haut pour l’erbium en est un

exemple.

Fig. 2. -

Exemple de quadruplet formé de deux doublets polarisés en des sens opposés.

3° Les

décontpositions

consistent en doublets.

Quelquefois cependant,

à coté d’un doublet

principal

on observe un doublet secondaire d’intensité

beaucoup

plus

faible et

d’écart

généralement

peu différent du

premier

(2).

On

pourrait

dire

qu’il

se forme un

quadrupler

mais

je

crois

plus

exact de considérer individuellement

chaque

doublet;

car

d’une

part

ils sont

polarisés

circulairement en des sens

opposés

(fig. ~);

d’autre

part

leurs

milieux ne sont pas confondus : au moins l’un d’eux et souvent tous deux

présentent

une

dissymétrie

de

positions

par

rapport

à la raie

initiale ;

les

dissymétries

d’intensités sont

également

différentes. Les deux doublets sont donc au moins en

partie indépendants :

il

est vraisemblable que le doublet secondaire

provient

d’une raie satellite

trop

voisine de la raie

principale

pour en être

séparée

en l’absence de

champ magnétique.

Aucune

explication

de ces faits n’a été donnée dans la théorie

quantique, malgré

le

,développement

actuel de la théorie de l’effet Zeeman. Il est

cependant

visible

qu’on

est en

présence

d’un

phénomène

de même nature que l’effet

Zeeman,

on

peut

même dire d’un

phénomène plus simple

sous certains

rapports, puisqu’on

ne trouve pas de

décompositions

complexes.

III. INTERPRÉTATION DES FAITS OBSERVÉS.

Les

conséquences

suivantes

se

dégagent

immédiatement des résultats

expérimentaux :

a)

La

simplicité

des

décompositions

est la preuve que les raies sont moins

dégénérées

(1) Il en est ainsi dans tous les cas connus; cependant le sens inverse pourrait exceptionnellement se produire pour les multiplicités élevées, avec les facteurs de Landé.

(5)

316

que les raies

spectrales

des vapeurs. Ce sont des raies

déjà partiellemetit décomposée.

Comme,

en dehors d’un

champ

magnétique,

un

champ électrique peut

seul

produire

une

décomposition,

on est conduit à considérer les 1,aies

d’absorption

des cristaux de terres rares comme des

COln}JOSantes

dues à un

effet

Stark naturel.

Remarquons

que s’il en est

ainsi,

il est

probable

que certaines raies

proviennent

de passages

qui

seraient interdits en

l’absence d’un

champ

électrique.

Le

champ électrique

interne

auquel

l’ion est soumis est un

champ

non

homogène;

il doit

présenter

la

symétrie

axiale par

rapport

à la direction de l’axe

optique

(’).

En l’absence

d’un

champ magnétique,

les seules orientations

possibles

des ions sont celles

qui

sont déterminées par le nombre

quantique iii

de la

composante

du moment

d’impulsion

suivant le

champ électrique,

et l’axe

d’impulsion

a un mouvement de

précession

autour de la direction du

champ

électrique.

L’existence d’un

champ éléctrique

interne rend

compte

immédiatement des deux

Fig.

3.

spectres :

le

spectre

ordinaire

correspond

aux passages

L1 m == + i,

le

spectre

extraor-dinaire aux

passages à

m = 0.

Dans le

champ électrique

seuls les niveaux

d’énergie correspondant

à

+ 17l

et à - ~n

sont confondus : il faut un

champ magnétique

pour les

séparer.

Supposant

le

champ

magnétique

parallèle

à

l’axe,

et considérant le

spectre ordinaire,

si l’on

applique

entre les deux niveaux

provenant

du dédoublement de l’état

initial,

et les deux niveaux de l’état

final la

règle

de sélection à nc _ ±

1,

on a un doublet

(fig. 3),

ce

qui

est bien le

type

de

décomposition

observé.

Si les idées

qui précèdent

"sont

exactes,

on doit s’attendre à une

grande

variabilité de

l’effet

Zeeman,

pour une même raie

d’absorption,

suivant l’orientation du

champ

magné-tique

par

rapport

à l’axe

optique.

C’est

précisément

ce

qui

a été

depuis longtemps

observé

(2) :

pour une même raie du

spectre ordinaire,

avec vibration normale au

champ

magnétique,

on a des doublets d’écarts absolument différents selon que le

champ

est

parallèle

ou normal à l’axe

optique.

De

plus

le

phénomène

doit se

compliquer

si le

champ magnétique

et le

champ

élec-trique

font un

angle quelconque

(~);

effectivement, quand

le

champ magnétique

est

oblique

sur l’axe

optique,

on voit

apparaître

des

composantes

nouvelles

(,).

(1)

Bien que l’effet Stark proprement dit soit relatif à un champ homogène, à l’exemple de M.-W. Pauli Jr., j’étends cette dénomination au cas d’un champ non homogène. Le problème a été traité par 11.-0. STERN

~NjLi~S9k.

Z., t 23 (L922), p. 416, et a été exposé par M. W. Pauli dans le Handb. der

Phys.,

t. 23, p. 24H. Pour les calculs, le potentiel électrostatique a été supposé une fonction quadratique des coordonnées en

prenant le noyau pour origine des coordonnées. _

(2) Jean BECQUEREL, C. R. (26 mars et 9 avril 1906); Le Radium, t. 4 (1907), p. 49.

(3) Niels BOHR, Ueber die Quantentheorie der Linienspektren (trad. P. HERTZ), p. 137. Mais le problème traité par 1B1. Bohr se rapports, à un champ électrique uniforme et à l’atome ’d’hydrogène.

(6)

M.

Niels Bohr

(1)

a montré que pour l’atome

d’hydrogène

soumis à la fois à un

champ

électrique

et à un

champ magnétique

possédant

la

symétrie

axiale, autour d’un même axe,

les deux

composantes

polarisées

circulairement d’un doublet

magnétique

doivent être

symétriques

par

rapport

à la raie

initiale,

et de même

intensité,

si le

champ magnétique

est

faible;

mais

qu’une

dissymétrie

de

positions

et en même

temps

une

dissymétrie

d’intensités doivent

apparaître

à mesure que l’influence

perturbatrice

de la force

magné-tique

devient du même ordre de

grandeur

que l’influence de la force

électrique.

Il se

trouve que

j’ai

beaucoup

insisté autrefois sur les

dissymétries

de

positions

que

présentent,

dans le cas d’un

champ

magnétique

parallèle

à l’axe

optique,

les

composantes

des

doublets;

ces

dissymétries

croissent

rapidement

quand

le

champ

augmente;

de

plus j’ai

établi l’existence de

légères

dyssimétries

d’intensités liées aux

dissymétries

de

positions (2).

Il est

bien probable

que les considérations

développées

par M. Bohr au

sujet

de l’atome

sd’hydrogéne

peuvent

être

généralisées,

et

qu’elles s’appliquent

au cas actuel.

L’ensemble des faits

qui

viennent d’être

rappelés paraît caractéristique

de l’influence

i multanée d’un

champ

électrique

et d’un

champ magnétique.

Je ne pense pas

qu’il

y ait

de doutes sur la nature du

phénomène.

La

séparation,

généralement

très

nette,

des bandes voisines les unes des autres

montre que la

non-homogénéité

du

champ électrique

doit être

grande

aux n0153uds du

réseau cristallin : on sait en effet que dans un

champ

non

homogène

les

changements

des niveaux

d’énergie

sont fonction du

gradient

du

champ

électrique (3).

b)

La théorie

quantique

du

phénomène

de Zeeman montre que si la variation de

mg

(g,

facteur de

décomposition)

entre l’état initial et l’état final est de même

signe

que la variation de m, on a l’effet de sens habituel : c’est ce

qui

arrive dans tous les

exemples

connus d’effet Zeeman pour les vapeurs. Mais si les variations de nag et de ni sont de

signes

contraires,

on a l’effet de sens inverse.

En

effet,

désignons

par des lettres accentuées les nombres

qui

se

rapportent

à l’état final

(après absorption).

Prenons pour unité d’écart la valeur absolue de l’écart normal et

pour unité de moment

magnétique

la valeur absolue du

magnéton

de Bohr. On a

A ~ == ~ ~ 2013 m~ ;

si nous supposons, par

exemple,

m’ - m =

-j- ~

la vibrations circulaire est de même sens

que le courant

producteur

du

champ;

si

nigl

-

mg est de même

signe

que m’ -

m, 3, v

est

positif :

c’est le sens habituel. L’inverse a lieu si

m’g’

--

rng 0.

c)

Il est

évident,

d’après

la formule

précédente,

que les

grands

écarts de certains

doublets

(pour

les vibrations

circulaires,

champ

parallèle

à

l’axe)

sont l’indice de

grands

sauts de la

projection

sur l’axe

(mg)

du moment

magnétique.

Le

problème

revient ainsi à trouver la

possibilité

de facteurs de

décomposition g

qui

rendent

compte

des

conséquences

b)

et

c)

déduites de

l’expérience

et de la théorie

quantique

de 1-’effet Zeeman. Les facteurs de Landé ne

peuvent

convenir. Je reviendrai

plus

loin sur

cette

question (,).

le large doublet (8, 6 fois l’écart normal) formé par les composantes de la raie 5221 de l’erbium (spectre ordinaire du xénotime), quand le champ est parallèle à l’axe. Sur la figure 4 la même raie, pour la même orientation de la vibration par rapport au champ, forme un petit doublet dissymétrique; le champ est normal à l’axe. Enfin sur la figure 5 relative à un champ oblique, on a un triplet pour la vibration normale au champ. La composante médiane du triplet n’existe que dans les champs obliques.

(t) N. BoHR, loc. cit., p. 129.

(2)Jean BECQUEREL, Le Radium, t. 6, p. 321 (1909).

~3~ Nu. PAULI, 10C. Ctt.

(4) J’avais pensé trouver la solution en admettant un accouplement électrostatique entre le noyau en rotation et l’enveloppe électronique, le noyau étant dissymétrique et l’enveloppe fortement polarisée par

le champ électrique interne. Dans leur ouvrage « Introduction à la Physique des rayons X et y, p. 114,

MM. Maurice et Louis de Broglie ont soulevé la question d’un « embrayage » entre noyau et couches

électroniques lorsque l’une de ces dernières subit un déplacement. Il se trouve que pour des nombres

quantiques de rotation du noyau de l’ordre de grandeur du nombre trouvé par 1I12. Back et Goudsmit pour le noyau de bismuth, on obtient des facteurs de décomposition qui rendent compte des phénomènes observés dans les cristaux de terres rares (les deux sens et les grands écarts). Mais M. H.-A Kramers m’a

très justement objecté que le champ électrique s’oppose à une telle liaison entre le noyau et l’enveloppe, car le noyau ne peut avoir qu’un moment électrique très petit.

(7)

318

_ IV. RÈGLE DES DISSYMÉTRIES D’INTENSITÉS D’ORIGINE

P,£Il,EàIAGNÉTIQUE.

TRADUCTION DANS LA THÉORIE QUANTIQUE.

On sait que dans tous les cristaux de terres rares l’orientation

paramagnétique

dev2‘ent

visible sous la forme de

dissymétries

d’intensités entre les deux

composantes,

polarisées.

circulairement,

d’un doublet

magnétique

{’);

ce sont ces

dissymétries qui

sont

l’origine

du

pouvoir

rotatoire

paramagnétique.

Aux basses

températures

elles sont

généralement

beau-coup

plus

intenses que les

dissymétries

liées aux

dissymétries

de

positions,

dont il a été

question plus

haut ;

par

exemple

pour de nombreuses raies

d’absorption

de l’erbium dans le xénotime à la

température

de

liquéfaction

de l’hélium l’une des

composantes

du doublet

disparaît

dans un

champ

assez peu intense

(ordre

de 10 000

gauss) (2).

Pour ces

cristaux,

et aussi pour le

rubis,

il existe une

règle qui

ne

comporte

que très

peu

d’exceptions :

dans

chaque

doublet,

l’orientation

paramagnétique se

traduit par la

prédorninance

de la

composante

déplacée

vers les

fréquences

croissantes,

quel

que soit le

sens de l’effet Zeeman au

point

de vue de la

polarisation

circulaire.

Si nous faisons abstraction des rares

exceptions,

il résulte de cette

règle

que, du côté

des

fréquences

décroissantes,

la rotation

paramagnétique

due à une bande

d’absorption

est

de sens

négatif

si l’effet Zeeman est de sens

habituel,

et de sens

positif

dans le cas

contraire. Les sens inverses ont lieu du côté des

fréquences

croissantes

(1).

Nous allons

interpréter

la

règle

des

dissymétries paramagnétiques.

A une raie

d’absorption

non

décomposée

par le

champ magnétique correspondent

pour l’état initial de

l’ion deux nombres

quantiques

± m et pour l’état

auquel

est

porté

l’ion deux nombres ± m’

avec la

règle

de sélection A m = + 1. Dans le

champ magnétique,

la

composante

la

plus

intense est celle

qui provient

du passage à

partir

de l’état de

plus

basse

énergie, puisque

cet état est le

plus probable.

Admettons que dans l’état

initial 9

soit

positif :

le niveau le

plus

bas est le niveau

(-

m) ;

par suite la

règle

nous

enseigne

que la

composante

déplacée-vers les

fréquences

croissantes,

correspond

au passage à

partir

de

(-

m), quel

que soit le

sens de l’effet Zeeman.

1° Si l’effet Zeeman est de’sens

habituel,

cette

composante

a une

polarisation

circu--laire de sens

positif ;

on a donc ,

(1) Jean BECQUEREL, Le Radiu?n, t. 5 (1908), p, 5; t. 6 (1909), p. 330. Jean BECQUEREL et H. KAlB1ERTINGH

0NxBs~

Comm. Leiden, N° 103 (1908).

(2) Jean BECQUEREL, H. J{AMERLINGH ONNES et ~~.°~. DE HAAS, Conim. Leiden (1925), Ka 177. Voir les figures (1) et (2) de cette note.

(3) A la rotation paramagnétique se superpose, bien entendu, la rotation diamagnétique qui est de même sens de part et d’autre d’une bande (sens positif dans le cas de l’effet Zeeman habituel, sens négatif dans le cas contraire).

(4) Pour m = 0, l’état initial ne se dédouble pas et il n’y a pas de dissymétrie. Pour m

== 2’

le cas est 1 différent du cas général parce que l’état final, dans l’équation ci-dessus, correspond à + m’

_-_ 2

tandis

que pour m supérieur à 1 l’équation donne nécessairement la valeur négative (- ni’) du nombre quantique de l’état final. Une discussion complète du cas m

== ~ 2

montrerait que la dissymétrie a lieu dans le sens indiqué sous l’une des conditions suivantes :

m’

== 2

avec g et g‘ de même signe

m‘

= ~ 2

avec g et g’ de signes opposés et de plus n1’ [ g’ 1

m 1 g

1 m’ = 3/2 avec g et g’ de signes opposés

m’ == 3/2 avec g et

g’

de même signe et m’

1 g’

1

m [ g [

.

Seules les deux dernières conditions (m’ = 3/2) conduisent aux mêmes conclusions que dans le cas

(8)

Sauf dans les cas

particuliers

77z =r 0 et

m - 1,

cette condition ne

peut

être satisfaite que

2

si l’état final a pour nombre

quantique

une valeur

négative (-

ni’),

par suite on doit écrire

Comme d’autre

part

la variation de °mg est de même

signe

que celle de m, on obtient

2° Si l’effet Zeeman est de sens

inverse,

on a

et

puisque

la variation de nig est de

signe opposé

à la variation de n1, on retrouve

l’iné-galité précédente.

Remarquons

que cette condition est forcément réalisée si

g’

est

négatif.

Nous aurions pu supposer g

négatif ;

nous aurions trouvé que,

généralement,

la

règle

impose

que g’

soit

positif,

ou soit

négatif

avec la condition

En

résumé,

si nous excluons le cas très

particulier

avec - =

la

règle

des

dissymétries

a la

signification

suivante : pour des valeurs de même

signe

du

nombre

quantique

d’orientation dans l’état initial et dans l’état

final,

ou bien les

projec-tions sur l’axe des moments

magnétiques

dans ces deux états sont de sens

opposés,

ou

bien,

si elles sont de même sens, la

projection

du moment

magnétique

dans l’état final est

plus petite

que la

projection

dans l’état initial.

La

règle

des

dissymétries

ne devra pas être

perdue

de vue dans la recherche des passages

qui

donnent lieu aux

spectres

d’absorption

des cristaux de terres rares.

V. EFFET TRANSVERSAL. SPECTRE EXTRAORDINAIRE.

Lorsque

le faisceau lumineux est normal à la direction commune de l’axe et du

champ

les modifications du

spectre

ordinaire sont les mêmes que dans l’observation

longitudinale,

avec cette seule différence que les

composantes

sont

polarisées

rectilignement.

Nous n’avons donc à considérer que le

spectre

extraordinaire

(vecteur électrique

de l’onde

parallèle

à

l’axe

optique

et au

champ).

D’après

notre

théorie,

le

spectre

extraordinaire doit être donné par les passages + m’ == ± ni. Dans le

champ nlagnétique

les passages

correspondant

à

+

m et à - m

donnent un

doublet,

ce

qui

est bien conforme à

l’expérience.

A

part

l’état de

polarisation

il ne doit pas y avoir de différence de nature entre les

modifications

magnétiques

des raies du

spectre

extraordinaire et de celles du

spectre

ordi-naire

quand

le

champ magnétique

est

parallèle

à l’axe. En fait les

plus grands

écarts des doublets sont du même ordre de

grandeur

dans les deux cas. De

plus,

la

dissymétrie

d’intensités

d’origine paramagnétique

(2)

se

produit

comme dans le

spectre ordinaire ;

-,

l’expérience

montre que, à

part

quelques exceptions,

la

règle

des

dissymétries

est la même.

Nous n’examinerons pas le cas

beaucoup

plus compliqué

où le

champ magnétique

est normal à l’axe

optique ; je

me borne à insister sur le fait que les modifications des raies

sont essentiellement variables avec l’orientation du

champ

par

rapport

à

l’axe,

ainsi

qu’il

a

déjà

été dit. Il convient aussi de noter

qu’aucune dissymétrie

d’intensités

d’origine

para-magnétique

ne se manifeste

(du

moins d’une

façon

apparente)

quand

le

champ

et l’axe

sont

rectangulaires.

(’) A ce cas correspond une raie d’absorption ayant exactement la même position dans les deux spectres ordinaire et extraordinaire, avec des intensités différentes.

(2~ A cGtte dissymétrie se superpose souvent une dissymétrie d’une autre nature comme dans le cas du spectre ordinaire (voir plus haut).

(9)

320

~~I.

REMARQUES

SUR L’EFFET ZEEMAN DANS LES CRISTAUX DE TERRES RARES.

Nous avons dit que les

grands

écarts des doublets et l’existence de deux sens

opposés

pour la

polarisation

circulaire de ces doublets

paraissent inexplicables

à l’aide des facteurs de

décomposition

de Landé. Il n’est pas

impossiblP

que le

champ électrique

interne

produise

un effet

analogue

à l’effet Paschen-Back

(1).

Il en est ainsi si l’action du

champ électrique

sur le moment orbital résultant

(nombre quantique 1) prédomine

sur

l’action

réciproque

(ls);

mais il n’est pas

possible

actuellement de trancher la

question

parce

qu’il

est nécessaire de faire une étude

approfondie

de la succession des raies

d’absorp-tison et que d’autre

part

on ne connaît pas, pour les ions des terres rares, les différences des

énergies

des termes des

multiplets.

Un effet Paschen-Back

électrique changerait

évidemment les moments

magnétiques

des

ions ;

cela

pourrait expliquer

pourquoi,

pour l’ion Ce+++ dans la

tysonite

et dans la

parisite,

nous avons trouvé par les mesures de la

polarisation

rotatoire

paramagnétique,

1

magnéton

de Bohr

(2) (au

lieu de

gj

=

2,14,

valeur

qui

résulte,

pour l’état

fondamental,

des mesures de M. Cabrera

(3)

et de M. St.

Meyer

1’) ainsi

que d’un travail de M. Hund

(~).

Dans l’ion

Ce+++,

il

n’y

a

qu’un

électron

magnétogéne s

= )

et un moment

égal

au

B

0

magnéton implique

que seul le moment propre de cet électron entre en

jeu :

s’il se

produit

par l’effet du

champ électrique

une

rupture

de la liaison

(ls),

et si de

plus l’énergie

minimum dans l’état fondamental

correspond

à ml =

0,

le moment orbital n’intervient

plus.

Mais cette

interprétation

est très

hypothétique.

On ne voit d’ailleurs pas

comment,

en maintenant la

règle

0 nr,s

= 0

toujours

observée

dans l’effet Paschen-Back

magnétique,

on obtiendrait les

grandes décompositions

avec les deux sens de l’effet Zeeman.

Une autre

question

est celle de la nature des passages

qui

donnent lieu aux bandes

d’absorption.

Il ne

paraît

pas douteux que pour les ions

triples

des terres rares, dans

l’état initial

qui

aux très basses

températures

(1,3° K.) est

l’état fondamental

(modifié

et

décomposé

par le

champ électrique)

les électrons actifs soient ceux de la couche

incomplète

(n = 4 1;

-

3) ;

il semble que les variations

d’énergie

dans les passages aux couches

n == 5 ou rc = 6 soient

trop

grandes

pour donner des raies

d’absorption

dans le

spectre

visible

(6).

Il

s’agirait

alors d’un

remaniement,

sous l’action de la

lumière,

de la

configu-ration de la couche

incomplète :

les anomalies de l’effet Zeeman seraient. l’indice de

grandes

variations du moment

magnétique

dans ces remaniements.

(1) Cette hypothèse m’a été suggérée par 1B1. H.-A. Kramers. (z) Jean BBCQUEREL et W.-J. DE HAAS, Comm. Leiden, N° 193a et ig9a. (3) B. CABRBRA, C. R., t. 180 ( ! 9?5), p. 668.

(~) St. MEYER,

Physik.

Z, t. 26 (1925), p. 1 et ~78.

(5) F. HuND, Z. f. Phys., t. 33 (1925), p. 855; Linienspektren und

periodisches

Syslem der Ele111el1te

(192~),

p. 179. ,

~

(ô) Par contre les passages à n = 5 pourraient donner 1(-s bandes ultraviolettes origines du grand

pouvoir rotatoire paramagnétique, telles que la bande extrêmement intense qui, d’après la loi de

1B1. Ladenburg doit se placer vers ~ = 2 370 i~ pour le Ce+ ++ dans la tysonite et dans la parisite (J. B. et de Haas, loc. cit.).

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