• Aucun résultat trouvé

Disponible à / Available at permalink :

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Disponible à / Available at permalink :"

Copied!
202
0
0

Texte intégral

(1)

Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles / Université libre de Bruxelles Institutional Repository

Thèse de doctorat/ PhD Thesis Citation APA:

Milaire, J. (1963). Etude morphologique et cytochimique du développement des membres chez la souris et chez la taupe (Unpublished doctoral dissertation). Université libre de Bruxelles, Faculté de Médecine – Médecine, Bruxelles.

Disponible à / Available at permalink : https://dipot.ulb.ac.be/dspace/bitstream/2013/215454/1/72535a74-c892-4b25-813e-2b35d5273bb8.txt

(English version below)

Cette thèse de doctorat a été numérisée par l’Université libre de Bruxelles. L’auteur qui s’opposerait à sa mise en ligne dans DI-fusion est invité à prendre contact avec l’Université (di-fusion@ulb.ac.be).

Dans le cas où une version électronique native de la thèse existe, l’Université ne peut garantir que la présente version numérisée soit identique à la version électronique native, ni qu’elle soit la version officielle définitive de la thèse.

DI-fusion, le Dépôt Institutionnel de l’Université libre de Bruxelles, recueille la production scientifique de l’Université, mise à disposition en libre accès autant que possible. Les œuvres accessibles dans DI-fusion sont protégées par la législation belge relative aux droits d'auteur et aux droits voisins. Toute personne peut, sans avoir à demander l’autorisation de l’auteur ou de l’ayant-droit, à des fins d’usage privé ou à des fins d’illustration de l’enseignement ou de recherche scientifique, dans la mesure justifiée par le but non lucratif poursuivi, lire, télécharger ou reproduire sur papier ou sur tout autre support, les articles ou des fragments d’autres œuvres, disponibles dans DI-fusion, pour autant que :

Le nom des auteurs, le titre et la référence bibliographique complète soient cités; L’identifiant unique attribué aux métadonnées dans DI-fusion (permalink) soit indiqué; Le contenu ne soit pas modifié.

L’œuvre ne peut être stockée dans une autre base de données dans le but d’y donner accès ; l’identifiant unique (permalink) indiqué ci-dessus doit toujours être utilisé pour donner accès à l’œuvre. Toute autre utilisation non mentionnée ci-dessus nécessite l’autorisation de l’auteur de l’œuvre ou de l’ayant droit.

--- English Version ---

This Ph.D. thesis has been digitized by Université libre de Bruxelles. The author who would disagree on its online availability in DI-fusion is invited to contact the University (di-fusion@ulb.ac.be).

If a native electronic version of the thesis exists, the University can guarantee neither that the present digitized version is identical to the native electronic version, nor that it is the definitive official version of the thesis.

DI-fusion is the Institutional Repository of Université libre de Bruxelles; it collects the research output of the University, available on open access as much as possible. The works included in DI-fusion are protected by the Belgian legislation relating to authors’ rights and neighbouring rights. Any user may, without prior permission from the authors or copyright owners, for private usage or for educational or scientific research purposes, to the extent justified by the non-profit activity, read, download or reproduce on paper or on any other media, the articles or fragments of other works, available in DI-fusion, provided:

The authors, title and full bibliographic details are credited in any copy;

The unique identifier (permalink) for the original metadata page in DI-fusion is indicated; The content is not changed in any way.

It is not permitted to store the work in another database in order to provide access to it; the unique identifier (permalink) indicated above must always be used to provide access to the work. Any other use not mentioned above requires the authors’ or copyright owners’ permission.

(2)

EXTRAIT

^ARCHIVES DE BIOLOGIE

A. S. B. L.

FONDÉES PAR

Ed. VAN BENEDEN et Ch. VAN BAMBEKE

Publiées avec le concours du GOUVERNEMENT BELGE

et de la

FONDATION UNIVERSITAIRE DE BELGIQUE

COMITÉ DE RÉDACTION

M. CHÈVREMONT (Liège), A. DALGQ (Bruxelles) J. FAUTREZ (Gand), P. GÉRARD (Bruxelles)

E. VAN CAMPENHOUT (Louvain)

Tome LXXIV. — Fascicule 2

Etude morphologique et cytochimique

du Développement des Membres chez la Souris

et chez la Taupe.

PAU

J. MILAIRE

{Laboratoire d'Anatomie et d'Embryologie humaines de t'Universilé de Bruxelles) (Planches VIII, IX, X et XI et 15 figures dans le texte!

(3)

THESES ACCESSOIRES

1, Le bourgeonnement et l'arborisation des bronches s'effectuent

sous l'influence d'une induction exercée par le mésoblaste

splanchnopleural.

2, Dans l'espèce humaine, le nombre de blocs de chromatine

sexuelle est inférieur d'une unité au nombre de chromo­

somes X.

(4)

Étude morphologique et cytochimique

du Développement des Membres chez la Souris

et chez la Taupe.

PAR

J. MILAIRE

(Laboratoire d'Anatomie et d'Embryologie humaines de l’Université de Bruxelles) (Planches VIII, IX, X et XI et 15 figures clans le texte!

DIVISION DU TRAVAII.

Pages

I. — Introduction... 131

1. Les données expérimentales ... 134

2. Les aspects structuraux et cytochimiques du c’éveloppement normal des membres... 137

3. Ouelques aspects descriptifs des déviations congénitales de la morpho-génèse... 142

II. — Matériel et sériation des stades ... 145

III. —■ Méthodes ... 151

1. Fixation et techniques cytochimiques... 151

2. Orientation des coupes... 153

IV. —■ Observations personnelles ... 154

Section A. — Prodromes cytochimiques des bourgeons de membres .. . 154

Section B. —• Evolution morphologique et cytochimique des bourgeons avant toute différenciation ... 156

Sous-section 1 : La prolifération pariétopleurale et la constitution du jeune renflement ... 158

Sous-section 2 : L’accentuation des asymétries dorso-ventrales pendant la croissance initiale du bourgeon... 165

Sous-section 3 : Nouvelles asymétries céphalo-caudales. Individuali­ sation de l’autopode ... 171

a) Le mésoblaste... 173

b) L’épiblaste... 180

Sous-section 4 ; La morphogénèse de i’autopode... 184

(5)

130 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS b) Evolution du mésoblaste et de TépiWaste dans les régions

dorsa'e et ventrale de la palette... 205

c) Résumé ... 213

Section C. —• Individualisation et différenciation des ébauches méso­ blastiques ... 215

Sous-section 1 : Différenciation et régionalisation du squelette 216 a) Evolution cytochimique des blastèmes précartilagineux . . 216

b) Formation du squelette appendiculaire ... 221

Stade V... 221

Stade VI... 222

Stade VII... 224

Stade VIII ... 225

Stade IX ... 226

c) Les régions articulaires et interosseuses ... 228

Sous-section 2 : La formation des muscles et des tendons... 230

a) Modalités générales de l’individualisation des muscles et des tendons ... 230

b) Formation du dispositif musculo-tendineux du membre postérieur chez la Souris ... 233

1“ La couche myogène ventrale ... 234

2“ La couche myogène dorsale ... 23jfî Sous-section 3 : La formation de quelques structures conjonctives 241 V. •—■ Synthèse et discussion des résultats... 243

1. Les activités de la morphogénèse primordiale précédant toute différenciation... 245

a) L’individualisation des bourgeons ... 246

b) La phase d’accroissement uniforme des bourgeons. Signification des asymétries céphalo-caudales ... 251

c) La morphogénèse de l’autopode et la régionalisation primitive du mésoblaste chondrogène et myogène... 257

1“ L’individualisation du squelette du stylopode et du zeugopode ... 260

2“ La morphogénèse du basipode et du métapode .... 263

3“ La morphogénèse de l’acropode... 271

4“ La première individualisation du mésoblaste myogène 273 d) Les manifestations cytochimiques des interactions inductrices entre l’épiblaste et le mésoblaste ... 276

1“ Les aspects cytochimiques de l’induction épiblastique 276 2“ Les dégénérescences cellulaires morphogénétiques .... 279

2. La différenciation des dérivés du mésoblaste... 282

a) La chondrification ... 283

b) La formation du périchondre ... 287

c) Les premières manifestations de l’ossification enchondrale ... 288

d) La formation des muscles et des tendons... 289

e) Les différenciations conjonctives ... 291

Résumé... 294

SUMMAHY ... 297

Travaux cités ... 300

(6)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 131

Sommaire. — Neuf stades successifs du développement des

membres ont fait l’objet, chez la Souris et chez la Taupe, d’une

étude morphologique et cytochimique. Conformément aux données

qui ont été établies expérimentalement chez l’Oiseau et l’Amphibien,

la morphogénèse primordiale des membres comporte chez le Mammi­

fère une série d’interactions s’exerçant entre le mésoblaste et son

revêtement d’épiblasle. Toutefois, alors que la cape apicale est la

seule structure épiblaslique dont le rôle morphogène ait été démontré

par l’expérimentation, la totalité du feuillet superficiel paraît

impliquée chez les deux espèces étudiées. La cape apicale des

Mammifères assure, dans le sens proximo-distal, la croissance

et la régionalisation du mésoblaste chondrogène. Pendant la déter­

mination des segments proximaux, elle reste cependant morpho­

logiquement indifférenciée et se distingue seulement par son

chimisme plus actif. Elle acquiert ensuite sa conformation typique

lors de la genèse de l’autopode et manifeste à ce moment une activité

décroissant dans le sens caudo-céphalique et qui retentit sur la

formation des précartilages du métapode. Elle subit enfin un

morcellement fonctionnel responsable de la croissance de l’acro-

pode et de l’involution du mésoblaste interdigital. L’épiblaste

qui revêt les faces dorsale et ventrale des bourgeons paraît d’autre

part influencer la croissance et l’individualisation du mésoblaste

à destinée non-squelettique. Les variations cytochimiques qui

accompagnent la cytodifférenciation des dérivés du mésoblaste

ont facilité l’étude des processus de chondrification et d’ossification

enchondrale ; elles ont également permis de préciser l’origine et

l’organogénèse du périchondre, des muscles, des tendons et de

certaines structures conjonctives. Dans chaque territoire segmen­

taire, ces différenciations succèdent aux activités morphogénétiques

et, comme celles-ci, elles progressent d’un segment à l’autre dans

le sens proximo-distal, sauf pour la chondrification du basipode.

I. — INTRODUCTION

(7)

132 J. MILAIRE --- CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

constituants primordiaux forment un système dont la faculté

d’autodifîérenciation a été reconnue expérimentalement chez

l’Amphibien par

Harrison

(1918) et chez l’Oiseau par

Ham­

burger

(1938). Pourvu que des connections vasculaires satis­

(8)

repé-DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPe) 133

râbles tels que l’acide ribonucléique, le glycogène, certains

mucopolysaccharides, la phosphatase alcaline et, dans une

moindre mesure, la phosphatase acide a permis de surprendre

quelques aspects du métabolisme intrinsèque des ébauches et

d’apprécier leurs variations régionales et chronologiques^ au

cours du développement. Certaines de ces modifications caracté­

risent les activités prolifératives du mésoblaste, d’autres semblent

refléter les propriétés inductrices de l’épiblaste, d’autres encore

accompagnent la différenciation des dérivés mésoblastiques.

Dans leur ensemble, les données recueillies jusqu’ici ont montré

que la formation des membres relève, chez les Mammifères,

de mécanismes sensiblement analogues à ceux qui ont été

par ailleurs dégagés expérimentalement chez l’Amphibien et

l’Oiseau. Toutefois, les territoires du feuillet superficiel qui

semblent exercer une influence morphogène sur le mésoblaste

dépassent largement les limites du secteur marginal. L’étude

cytochimique est en outre capable de fournir de nouvelles données

relatives à l’origine des muscles, des tendons et d’autres parties

molles. Elle peut ainsi compléter les notions expérimentales

puisque celles-ci éclairent surtout la formation du squelette.

De plus, la présente étude va être menée parallèlement chez

un Rongeur, la Souris, et chez un Insectivore, la Taupe, compa­

raison qui favorisera la mise en évidence des constantes structu­

rales et métaboliques de la morphogénèse des membres. L’établis­

sement de ces normes facilitera ainsi l’analyse de certaines

déviations congénitales du développement des membres. On

dispose en effet chez la Souris d’un certain nombre de souches

ayant subi de telles mutations, soit spontanément, soit de façon

provoquée. L’étude cytochimique récente d’un cas d’oligo-

syndactylie

(Milaire,

19626) a déjà montré l’intérêt que présente

cette nouvelle orientation des recherches. Elles n’éclairent pas

seulement le mécanisme et la nature des déviations génétiques

mais contribuent aussi, par contre-coup, à la compréhension

de la morphogénèse normale.

(9)

cyto-134 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

chimiques et même génétiques. Afin d’éviter toute équivoque

dans la compréhension du texte, nous préciserons tout d’abord

quelques points de nomenclature. Les termes siylopode, zeugopode

et aulopode ont été utilisés pour désigner les segments du membre

qui correspondent respectivement à l’humérus ou au fémur,

au complexe radius-cubitus ou tibia-péroné et au squelette

de la main ou du pied. L’autopode lui-même peut être subdivisé

en basipode (carpe ou tarse), métapode (métacarpe ou métatarse)

et acropode (doigts ou orteils). Les termes préaxial et postaxial

qualifient les régions du bourgeon de membre qui sont respective­

ment crâniales ou caudales par rapport à un plan dorso-ventral

mené par l’axe de l’appendice.

1. — Les données expérimentales

Les résultats de l’expérimentation ont été récemment retracés

et attentivement commentés par

Zwilling (1961).

Nous nous

bornerons donc à rappeler les faits essentiels sans nous étendre

sur la nature des opérations délicates qui ont permis de les

établir. Tous les résultats dont il va être question ont été obtenus

chez le Poulet ; lorsque certains d’entre eux concerneront

également les Amphibiens, le nom de l’espèce utilisée sera

indiqué avec la mention bibliographique.

Certaines propriétés caractéristiques des membres telles que

leurs relations de symétrie, s’établissent précocement au sein

du mésoblaste présomptif

(Harrison, 1918,

Ambysloma puncta-

lum ;

Detwiler, 1933,

Ambysloma punclalum ;

Chaube, 1959).

Avant de proliférer en un bourgeon, ce même mésoblaste est

déjà capable de former un membre lorsqu’il est transplanté

sous l’ectoblaste en position hétérotopique (K

iény

,

1959).

(10)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 135

l’épiblaste s’épaissit et acquiert la conformation de la cape

apicale. Cette induction peut, à des stades jeunes, agir sur des

territoires épiblastiques qui ne sont normalement pas destinés

aux membres

(Kiény,

1960). Aussitôt formée, la cape apicale

exerce à son tour vis-à-vis du mésoblaste une influence inductrice

contrôlant sa croissance et assurant la régionalisation successive,

dans le sens proximo-distal, des territoires réservés aux divers

segments squelettiques de l’appendice

(Saunders,

1948 ;

ZwiLLiNG,

1955 ;

Hampe,

1957 ;

Tschumi,

1955, 1956 et 1957,

Xenopus Laevis). A l’exception du territoire de la ceinture dont

la détermination ne semble pas nécessiter l’intervention de

l’épiblaste, les matériaux du stylopode, du zeugopode et de

l’autopode évoluent de proche en proche au contact et sous

l’influence de la cape apicale ; dans chaque cas, les axes de pola­

rité du futur squelette y sont précocement établis. Toutefois,

la destinée des divers territoires, que l’on peut repérer par des

marques de carbone ou d’un colorant vital, n’est pas immédiate­

ment fixée. Par exemple, lorsque le mésoblaste normalement

réservé au stylopode est mis en présence d’une cape apicale

prélevée au moment de l’induction du segment terminal, ce

mésoblaste peut être induit à participer à la formation d’un

autopode

(Saunders, Cairns

et

Gasseling,

1957). Il est

d’ailleurs à noter que l’origine des matériaux qui s’individualisent

successivement à l’apex du jeune bourgeon n’a pas encore été

formellement élucidée. La plupart des auteurs considèrent qu’ils

procèdent de la croissance des régions les plus distales des terri­

toires proximaux qui se sont individualisés avant eux. Certains

résultats obtenus récemment par

Hampé

(1960a) suggèrent en

revanche que le mésoblaste qui se différencie à l’apex s’élabore

dans la racine du bourgeon et migre ensuite distalement d’une

façon que l’auteur n’a pas pu préciser.

(11)

136 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

nelle et morphologique de la cape apicale dépend à chaque

instant d’une influence exercée par le mésoblaste, qualifiée par

ZwiLLiNG (19566)

de « facteur mésoblastique de maintien »,

dont l’effet prédomine dans la région postaxiale du bourgeon.

Déjà soupçonnée par

Zwilling (1956a)

au cours d’expériences

visant à modifier les relations normales de l’épiblaste et du

mésoblaste, l’existence d’un tel facteur fut ensuite démontrée

par divers auteurs qui, après avoir modifié les relations spatiales

de l’extrémité distale du bourgeon et du moignon proximal,

ont vu se développer un autopode symétriquement dédoublé

(Saunders, Gasseling

et

Gfeller, 1958

;

Saunders, Gasse- LiNG

et

Bertizal, 1959

;

Amprino

et

Camosso, 1958,

a et b,

1959).

Ces deux groupes d’auteurs interprètent différemment les résul­

tats qu’ils ont obtenus. Pour

Saunders

et ses collaborateurs, la

(12)

Quelques résultats expérimentaux peu nombreux mais cepen­

dant troublants ont mis en doute le rôle inducteur de la cape

apicale.

Amprino

et

Camosso

(1955 a et b) ont obtenu des

membres presque complets mais néanmoins dépourvus de doigts

aux dépens de bourgeons dont ils avaient excisé la cape apicale

et une partie du mésoblaste sous-jacent.

Bell, Kaighn

et

Fessenden

(1959) ont décrit d’autre part la formation de

membres complets à partir de bourgeons qui avaient été totale­

ment débarrassés d’épiblaste en les soumettant aux ultra­

sons, et qu’on avait alors implantés dans la cavité péritonéale.

Des cas de régulation partielle ont été décrits par

Bell, Saunders

et

ZwiLLiNG

(1959) après dénudation des bourgeons au versène.

Après avoir étudié parallèlement les effets de l’exérèse de l’épi-

blaste par l’une et l’autre de ces méthodes,

Bell, Gasseling

et

Saunders

(1962) ont récemment établi que toute régulation

consécutive à l’exérèse après traitement au versène est due

à la reconstitution d’une cape apicale aux dépens de fragments

cellulaires restés adhérents au mésoblaste ; ces fragments

appartiennent à la strate cellulaire basale du feuillet superficiel.

Par contre, lorsque la dénudation est faite aux ultra-sons,

la régulation peut survenir dans un faible pourcentage des cas,

même en l’absence de toute cellule épiblastique résiduelle.

2. — Les aspects structuraux et cytochimiques du développement normal des membres

Les résultats essentiels des précédentes enquêtes cytochimiques

que nous avons menées chez quatre Mammifères (Bat, Souris,

Taupe, Cobaye), chez un Oiseau (Poulet), quatre Beptiles {Emys,

Pseudemys, Chamelaeo, Mabuia) et un Poisson élasmobranclie

[Scylliorhinus canicula) ont été récemment groupés et confrontés

avec les données de l’expérimentation

(Milaire,

1962a). Indé­

pendamment de cette revue d’ensemble sur la morphogénèse

des membres et sur la formation du squelette cartilagineux,

une attention particulière a été accordée aux modifications

cytochimiques du feuillet superficiel chez les mêmes espèces

(Milaire,

1961). Dans ces deux contributions, nous avons large­

(13)

138 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

ment tiré parti de certaines informations recueillies chez la

Souris et la Taupe et dont la description détaillée prendra

place dans les prochains chapitres. Telles qu’elles ont été pré­

sentées à titre préliminaire, ces observations ont surtout mis

l’accent sur les variations métaboliques qui accompagnent la

morphogénèse. Elles acquerront une signification plus profonde

lorsque nous pourrons simultanément apprécier, tant à l’échelon

tissulaire qu’à l’échelon cellulaire, les délicates modifications

structurales des ébauches.

Chez la plupart des Vertébrés, hormis les Amphibiens

(Braus,

in O.

Hertwig,

1906), la formation des membres s’annonce

par le déclenchement d’activités prolifératives dans toute

l’étendue d’un secteur dorsal de la pariétopleure, depuis la

région cardiaque jusqu’à la hauteur du cloaque (fig. I, A). Ce

processus ne tarde pas à prédominer aux deux extrémités

de la zone active où il conduit à la formation des bourgeons

de membres antérieur et postérieur (fig. I, B), pour s’atténuer

dans la zone intermédiaire qui dessine pendant un certain

temps sur la paroi latérale une saillie connue sous le nom de

crête de Wolfï. Les cellules qui s’accumulent ainsi se caracté­

risent par une teneur élevée et uniforme en ARN, caractère

commun à tout foyer de prolifération. Lorsque les jeunes bour­

geons ont cessé de s’enrichir aux dépens du feuillet coelomique,

les couches superficielles et très basophiles du mésoblaste se

condensent tandis que le mésoblaste profond plus lâche

s’appauvrit en ARN. Sous la poussée mésoblastique, l’épiblaste

se soulève passivement tout en restant mince et cytochimique-

ment indifférencié.

(14)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPe) 139

Reptiles. Les modifications qui surviennent simultanément dans

l’épiblaste différencient davantage ces Classes de Vertébrés.

La totalité du revêtement superficiel s’épaissit au contact du

Fig. I. — Evolution morphologique du mésoblaste et de l’épiblaste à quatre étapes successives du développement du bourgeon de membre antérieur droit chez la Souris. La section entame la région axiale de l’ébauche dans le cas des sché­ mas A, B et C. Le bourgeon est sectionné en deux endroits dans le cas du schéma I ), la [coupe à droite intéresse sa portion préaxiale, la coupe à gauche, sa portion postaxiale. Les flèches indiquent la migration du mésoblaste d’origine pariéto- pleurale {A et B), puis sa condensation en une couche superficielle sous-épiblastique (C et U).

(15)

l’épi-140 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

blaste est au moins trois fois plus épais sur la face ventrale du

bourgeon que sur sa face dorsale ; la zone marginale qui réunit

ces deux secteurs ayant la même épaisseur que l’épiblaste

ventral. La cape apicale du Mammifère n’est donc pas morpho­

logiquement individualisée au début du développement des

membres. Parallèlement à son épaississement, le feuillet ventral

s’enrichit en ARN, en phosphatase alcaline et en phosphatase

acide. Une activité plus importante de cette dernière enzyme

dans le secteur marginal annonce, chez la Souris, la différenciation

de la cape apicale avant toute modification histologique. Les

aspects morphologiques de l’asymétrie dorso-ventrale de l’épi-

blaste ont été constatés chez l’embryon humain par

Blech-

SCHMIDT (1950-51,

a) et par

O’Rahilly, Gardner

ét

Gray

(1956).

Chez le Poulet, l’épiblaste marginal du jeune bourgeon

acquiert d’emblée la conformation morphologique de la cape

apicale ainsi que les trois caractères cytochimiques révélés

chez les Mammifères dans toute l’étendue de l’épiblaste ventral.

Ce dernier n’est guère plus épais chez l’Oiseau que l’épiblaste

dorsal mais il en diffère cependant par une teneur plus élevée

en ARN. Toutefois, si l’on examine la figure

3

de

Saunders

(1948,

p.

368)

représentant un bourgeon d’aile à un stade

jeune que nous n’avons pas étudié, il semble bien que la cape api­

cale fasse primitivement partie d’un secteur épiblastique ventral

légèrement plus épais que l’épiblaste dorsal ; la différence

constatée serait donc essentiellement chronologique. La diffé­

renciation précoce de la structure marginale a également été

constatée chez les Reptiles mais le matériel dont nous avons

disposé à ce point de vue ne se prêtait pas aux techniques de

révélation des phosphatases.

(16)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 141

activités prolifératives du mésoblaste postaxial. Simultanément,

la cape apicale se constitue dans cette même région postaxiale

de l’épiblaste marginal (fig. I, D) qui continue à se confondre,

du côté préaxial, avec l’épiblaste ventral. A ce moment, certains

caractères cytochimiques s’estompent dans l’épiblaste ventral

tandis qu’ils persistent tous, et de façon élective, dans la cape

apicale, s’y manifestant avec une ampleur particulière. Parallèle­

ment à la cape apicale, un sinus veineux se constitue dans la

région marginale du mésoblaste postaxial aux dépens d’une

série de veinules marginales qui restent indépendantes dans les

territoires préaxiaux. Ce sinus traverse les régions proximales

pour rejoindre caudalement la veine cardinale ; le sang y circule

dans le sens céphalo-caudal. L’asymétrie qui caractérise la

genèse de la cape apicale ne se manifeste pas toujours dans le

même sens. Chez l’Homme, par exemple,

O’Rahilly

et ses

collaborateurs l’ont vue progresser à partir du bord préaxial.

Survient ensuite une brusque accélération des processus de

croissance aboutissant à la formation de la palette ou ébauche

d’autopode. La cape apicale et le sinus veineux s’allongent

simultanément pour couvrir toute l’étendue du bord marginal

de la palette. Pendant cet allongement, la cape apicale acquiert,

au sein du feuillet superficiel, une individualité morphologique

et cytochimique plus formelle. Le sinus veineux crée au sein

du mésoblaste marginal des conditions trophiques favorables

à sa prolifération, elles s’expriment chez diverses espèces par

l’apparition de glycogène dans les territoires périvasculaires.

C’est à ce moment que les condensations précartilagineuses

du stylopode et du zeugopode font leur apparition dans le

mésoblaste central des régions proximales. Les aspects cyto­

chimiques de la chondrification ont permis de mieux définir

la chronologie précise de ce processus et de reconnaître notam­

ment son extension d’un segment à l’autre dans le sens proximo-

distal. Toutefois, l’accélération qui caractérise la genèse du seg­

ment distal conduit à la différenciation plus précoce des éléments

distaux de l’autopode (métapode et rangée distale du basipode).

Cette inversion régionale fut constatée chez la Souris par

Forsthoeffel

(1959) et chez l’Homme par

O’Rahilly, Gray

(17)

142 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

La genèse des bourgeons digitaux (acropode) procède enfin

de la naissance de nouvelles activités de croissance au sein des

régions du mésoblaste marginal qui siègent à l’extrémité distale

des précartilages rayonnés du métapode. Ces processus coïncident

avec l’apparition de phénomènes dégénératifs dans les territoires

interdigitaux du mésoblaste marginal. Bien que l’extension

apico-basale de la lyse cellulaire suggère une atténuation de

l’activité inductrice des secteurs interdigitaux de la cape apicale,

aucune modification visible de l’épiblaste marginal correspondant

au morcellement de ses propriétés morphogènes n’avait pu

jusqu’ici être mise en évidence. Les observations recueillies

chez la Souris et la Taupe viendront combler cette lacune.

Comme on le voit, les études cytochimiques ont permis de

définir quelques modalités générales de la croissance et du

modelage des ébauches avant leur phase de différenciation

structurale. Les réactions de la cape apicale sont suffisamment

généralisées dans la série des espèces étudiées pour que nous

y voyions un témoignage de son important rôle morphogène.

Aux stades jeunes des Mammifères, l’intervention active de

l’épiblaste semble bien impliquer la participation du feuillet

ventral tout entier. La cape apicale s’édifie tardivement aux

dépens des régions marginales du feuillet ventral et tout indique

que son individualisation est l’événement majeur qui conditionne

la genèse du segment terminal. Aux phases plus tardives, les

aspects cytochimiques de la chondrification constituent le seul

document dont nous disposions jusqu’ici sur le mécanisme d’une

différenciation mésoblastique. Aucune information précise n’a

été obtenue en ce qui concerne l’origine réelle du mésoblaste

chondrogène, du matériel musculo-tendineux et des formations

conjonctives.

3. — Quelques aspects descriptifs

des déviations congénitales de la morphogénèse

(18)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 143

d’aile des embryons de Poulet affectés du « wingless syndrome »

sont totalement dépourvus de cape apicale

(Zwilling, 1949).

Au cours de l’involution normale des bourgeons de membres

chez l’Orvet, la même structure est précocement le siège d’impor­

tants délabrements cytolytiques qui précèdent toute modifi­

cation du mésoblaste

(Raynaud, 1962).

L’étude de quelques déviations congénitales de la morpho-

génèse de l’autopode a permis de préciser ou de confirmer

certaines modalités du développement normal de ce segment.

Chez les Mammifères, la plupart des auteurs qui se sont intéressés

au développement d’ébauches polydactyles ont remarqué un

accroissement excessif du mésoblaste préaxial de la palette

(Scott, 1937 ; Chang, 1939 ; Danforth, 1947 ; Carter, 1954).

Après avoir fait plus récemment la même constatation chez la

Souris « luxoide », anomalie dont la polydactylie est l’une des

manifestations,

Forsthoeffel (1959)

a pu déterminer, grâce

à de délicates mensurations, que l’éveil de cette croissance

aberrante coïncide avec une élongation démesurée et un épaissis­

sement anormal de la cape apicale.

Zwilling

et

Hansborough

(1956),

qui ont pu attribuer expérimentalement au mésoblaste

la cause première de la polydactylie du Poulet, ont constaté

chez cette espèce les mêmes modifications structurales que chez

le Mammifère.

GrÜneberg

a d’autre part décrit les modifications structu­

rales précoces survenant dans la syndactylie chez la Souris.

Dans le cas d’une mutation dominante connue sous le nom

d’oligosyndactylie (symbole Os) et aboutissant à la fusion

des doigts préaxiaux, l’anomalie se caractérise dès le 11“® jour

du développement par un déficit du mésoblaste dans la moitié

préaxiale de la palette

(GrÜneberg, 1961).

Les précartilages

qui se condensent dans le territoire préaxial trop restreint

fusionnent à des degrés divers selon qu’ils sont plus ou moins

rapprochés l’un de l’autre. Conservant une morphologie appa­

remment intacte, la cape apicale est le siège, dans la même région,

d’un délabrement cytolytique beaucoup plus accusé que dans

les conditions normales

(Milaire, 19626).

(19)

144 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

s’opère d’une tout autre façon

(GrÜneberg,

1960). La mani­

festation première que l’on perçoit est un épaississement de la

cape apicale, sans élongation de cette structure (fig. II). Cette

condition spéciale produit une concentration de la croissance

du mésoblaste dans la région centrale de la palette et les pré­

cartilages qui se développent à ce niveau, trop rapprochés

l’un de l’autre, fusionnent par leur extrémité distale.

Dans l’ensemble, ces données soulignent donc le rôle déter­

minant de la cape apicale dans l’édification du membre et,

plus particulièrement, de l’autopode. Elles indiquent en outre

normal | sm/sm

Fig. II. — Deux coupes transversales de la cape apicale du bourgeon de membre postérieur chez la Souris, à gauche dans le cas d’un embryon normal du 11“® jour, à droite, dans le cas d’un embryon de la même portée affecté de syndactylie congé­ nitale (d’après Grünebero, 1960).

que le nombre de rayons précartilagineux qui se condensent

dans la palette est fonction de l’importance quantitative du

mésoblaste indifférencié.

L’application des méthodes cytochimiques à l’étude descrip­

tive du développement des membres nous a été suggérée dès

1951 par M. le Professeur A.

Dalcq.

Après nous avoir initié aux

principes fondamentaux de la recherche scientifique, le Profes­

seur

Dalcq

n’a pas cessé de porter un vif intérêt au développe­

ment de ces recherches et de nous faire profiter de sa connaissance

approfondie des mécanismes de la morphogénèse. Il ne nous a

jamais ménagé ses encouragements ni ses conseils judicieux

qui ont fréquemment orienté notre étude vers des voies fruc­

tueuses. Qu’il trouve ici l’expression de notre vive gratitude

et l’assurance de notre profond attachement. Notre reconnais­

sance va également à M. le Professeur J.

Pasteels

qui s’est

(20)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 145

Nous tenons enfin

à

remercier

M.

le Professeur J.

Mulnard

dont les intéressantes suggestions ont contribué à l’interprétation

de certains résultats.

II. — MATÉRIEL ET SÉRIATION DES STADES

L’étude a porté sur 180 embryons de Souris et 45 embryons

de Taupe. Deux élevages distincts de Souris ont été utilisés;

le premier appartient à une race pure normale du type « Swiss »

originaire de Gif-sur-Yvette, le second à la souche mutante

oligosyndactyle dont seuls les spécimens génotypiquement

normaux ont été pris en considération. Les Taupes ont été

capturées vivantes dans la nature pendant la période habituelle

de leur gestation, c’est-à-dire dans le courant du mois d’avril.

Le déroulement de la morphogénèse des membres peut être

suivi avec suffisamment de continuité en étudiant une dizaine

de stades successifs dont les traits morphologiques essentiels

sont communs aux deux espèces considérées et aux deux paires

d’ébauches. Chez la Souris, comme chez la Taupe, le développe­

ment de la paire postérieure survient avec un certain retard

par rapport à celui de la paire antérieure. Bien qu’elle s’atténue

graduellement, cette différence reste néanmoins perceptible

jusqu’à une phase avancée du développement. Ce sont donc

des embryons d’âge différent qui fourniront des ébauches

antérieures et postérieures morphologiquement comparables.

Le tableau A indique l’âge des embryons de Souris et la

longueur tête-siège des embryons de Taupe pour chaque stade

envisagé et pour chaque type d’ébauche.

Quelques caractéristiques (externes et internes) propres à

chacun de ces stades suffiront à les identifier aisément. Les

figures III et IV représentent, en vue dorsale, le contour externe

des bourgeons de Souris tracé à la chambre claire.

(21)

146

Au stade II, chaque bourgeon de membre apparaît sous forme

d’un renflement allongé de l’extrémité correspondante de la

crête de Wolff. Il n’y a pas de délimitation franche entre le

bourgeon lui-même et la crête qui le prolonge. Dans cette zone

de transition, l’ébauche s’affaisse insensiblement sur une longueur

TABLEAU A N“ du stade Souris (âge en jours) Taupe (longueur en mm.)

mb. ant. mb. post. mb. ant. mb. post.

I 8 H j. 8 >/2 j. Stade non récolté

II 9 j. 9 à 9 % j. 2 mm. (long, céphalo-caudale avant l’incurvation) 2 à 2 mm. (tête-siège) III 9 Vz j. 10 j. 2 à 2 % mm. (tête-siège) 3 à 4 mm.

iv

10 j. 10 »/2 j. 3 à 4 mm. 5 à 6 mm. 10 >/2 j. 11 j. 5 à 6 mm. 6 à 7 mm. VI 11 j. 11 H j- C à 7 mm. 8 à 9 mm. VII 11 '/2 j- 12 J. 8 à 9 mm. ±10 mm. VIII 12 % 13 j. ±10 mm. ±11 mm. IX 13 J/2 j. 14 j. ± 12 mm. ±13 mm.

de 2 à 3 métamères. La partie la plus saillante du bourgeon

s’étend pour sa part sur une distance de 5 métamères. Le méso­

blaste est en voie d’élaboration aux dépens du feuillet coelomique.

Resté mince et indifférencié, l’épiblaste se soulève passivement

au contact du blastème mésoblastique.

(22)

c

ANTÉR.

(23)

148 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

s’élaborer aux dépens du feuillet pariétal et s’est condensé

à la périphérie de l’ébauche. Tout le feuillet d’épiblaste s’est

épaissi depuis le stade précédent mais ce processus prédomine

nettement sur la face ventrale.

Au stade IV, le bourgeon s’est allongé uniformément pour

atteindre une longueur presque égale à sa largeur à la base.

Notons toutefois que cette dernière dimension s’est légèrement

réduite par effacement des extrémités pré- et postaxiales de la

racine de l’ébauche. La cape apicale commence à s’individualiser

dans la partie postaxiale du bord marginal.

D’autres manifestations d’asymétrie céphalo-caudale appa­

raissent au stade V et se traduisent extérieurement par l’incli­

naison de l’ébauche vers l’extrémité caudale de l’embryon. Plus

long que large et légèrement infléchi ventralement, le bourgeon

forme maintenant un massif cylindrique dont le tiers distal

est aplati dans le sens dorso-ventral. Cette portion distale subit

un modelage particulier qui annonce la formation de la palette

ou rudiment d’autopode. Ses deux faces, dorsale et ventrale,

se rencontrent au niveau de son bord marginal saillant et semi-

circulaire, le long duquel la cape apicale s’est complètement

différenciée. Celle-ci se raccorde par ses extrémités à l’épiblaste

indifférencié de la partie restée cylindrique et que nous appelle­

rons dorénavant le fût du bourgeon. La moitié postaxiale de la

jiortion distale est nettement plus étendue et plus saillante que

sa moitié préaxiale ; elle déborde caudalement le massif proximal

qu’elle prolonge. L’ébauche précartilagineuse du stylopode

s’est condensée dans la région axiale du fût. Celles des IV“® et

Vme rayons du métapode sont déjà perceptibles dans la région

postaxiale, saillante, de la jeune palette.

(24)

DE MEMBRES (SOURIS ET TADPE) 149

La zone de transition entre la palette et le fût offre extérieurement

l’aspect d’un emboîtement réciproque par lequel le massif

cylindrique empiète largement sur les territoires proximaux

de l’autopode. L’accroissement général de la palette et plus

spécialement celui de sa partie préaxiale a complètement effacé

l’asymétrie céphalo-caudale qui caractérisait extérieurement

le rudiment d’autopcde au stade V. De nouvelles condensations

l’iG. IV. — Evolution du contour céphalo-caudal des bourp;eons de membres antérieurs (A. U.) et postérieurs (P. U.) droits chez la Souris, depuis le stade V jusqu’au stade IX (dessins à la chambre claire).

précartilagineuses se sont individualisées, il s’agit des blastèmes

de la ceinture, du zeugopode et du III“® rayon du métapode.

L’examen in vivo permet d’observer facilement la direction

céphalo-caudale du flux sanguin qui parcourt le sinus veineux

marginal.

(25)

150 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

cinq précartilages du métapode sont maintenant distincts mais

la différenciation des deux éléments extrêmes est en retard

sur celle des trois rayons médians. La région du basipode est

occupée par une nappe dense et uniforme de mésoblaste au sein

de laquelle aucun noyau précartilagineux n’est encore distinct.

Trois modifications permettent d’identifier extérieurement

l’ébauche du stade VIII. Il s’agit d’une élongation des trois

bourgeons digitaux médians, de la prise de forme des deux

bourgeons extrêmes et de l’apparition, sur les deux faces de la

palette, de légères dépressions séparant les saillies du métapode.

Précédemment rectilignes, les secteurs interdigitaux du bord

marginal se sont incurvés en fonction de la croissance des (Joigts.

Dans le mésoblaste qui leur est sous-jacent, on peut apercevoir

la portion dilatée du sinus veineux dont les portions digitales

échappent désormais à l’examen in vivo. Parmi les nombreux

remaniements internes survenus à ce stade, notons l’apparition

des précartilages distaux du basipode, l’individualisation des

trois phalanges proximales médianes et la prise de forme des

principaux massifs musculaires des segments proximaux. Les

éléments squelettiques du stylopode et du zeugopode ont atteint

le stade cartilagineux.

(26)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 151

Les pièces proximales du basipode sont apparues et commencent

à se chondrifier. L’ébauche de la phalange moyenne des trois

doigts médians s’est condensée tandis que le troisième orteil

est seul à posséder jusqu’ici ce précartilage. Les régions dia-

physaires des trois cartilages du stylopode et du zeugopode sont

en voie d’ossification.

III. — MÉTHODES

La distribution des acides ribonucléique (ARN) et désoxy­

ribonucléique (ADN), du glycogène, de certains mucopoly-

saccharides (MPS) et de la phosphatase alcaline a été étudiée

sur coupes sériées chez les deux espèces considérées. Les sites

d’action de la phosphatase acide n’ont été démontrés que chez

la Souris.

1. — Fixation et techniques cytochimiques

L’AHN et y ADN ont été mis en évidence par la coloration

d’Unna-Brachet après fixation au Serra. Plusieurs tests à la

ribonucléase appliqués à des coupes contrôle ont permis de

vérifier la spécificité des localisations de l’ARN. L’ensemble des

polysaccharides ont été révélés par la méthode de McManus

après fixation au mélange de Pasteels et Léonard. La distinction

entre le glycogène et certains MPS acides a été établie en soumet­

tant systématiquement des coupes témoin à la digestion salivaire

avant la réaction au P. A. S. Quelques précisions complémen­

taires relatives à ces deux méthodes cytochimiques ont été

exposées dans une précédente contribution

(Milaire,

19626).

La phosphatase alcaline a été mise en évidence de deux façons

différentes, toutes deux dérivées de la méthode classique de

Gomori modifiée par v. Kossa-Barger en ce qui concerne la

révélation du phosphate tricalcique par le procédé au nitrate

d’argent. La première de ces méthodes a été décrite de façon

détaillée par

Mulnard

(1955). Elle consiste à fixer les pièces

(27)

152 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

d’incubation. Ce procédé a l’avantage de réduire considérable­

ment les artefacts dus à la diffusion focale du produit de l’activité

enzymatique. Il a été utilisé systématiquement chez la Taupe

et occasionnellement chez la Souris. Largement employée chez

la Souris, la seconde méthode consiste à fixer les embryons

ou les bourgeons de membres isolés au formol-Locke froid,

à les laver longuement dans du Locke également froid, puis à les

soumettre in tolo au bain d’incubation. Les pièces qui ont déjà

réagi sont ensuite enrobées normalement à la paraffine, puis

coupées. Le phosphate tricalcique déposé aux sites d’action

de l’enzyme est enfin révélé à l’argent sur coupes déparaffimées.

Les modalités techniques de cette méthode de réaction in lolo

ont été décrites par

Marit

et

Milaire

(1961). Les résultats sont

comparables à ceux de la méthode de réaction sur coupes,

sauf lorsqu’ils sont examinés à l’échelon cellulaire. Dans chaque

cellule dont le cytoplasme est actif, le phosphate tricalcique

précipite sur la membrane du noyau, voire sur les chromosomes,

et il en résulte des images de fausse réaction nucléaire. Pour ces

deux techniques, nous avons avantageusement tiré parti de

l’alcalinisation du nitrate d’argent à l’aide d’ammoniaque,

récemment préconisée par

Dalcq

(1962) et qui modifie le mode

de précipitation du phosphate tricalcique hydraté (TCPH).

C’est également par une méthode de réaction in toto après

fixation au formol-Locke que nous avons révélé la phosphatase

acide. Une modification a été apportée à la méthode préconisée

en 1961 par

Marit

et

Milaire

et qui n’était d’ailleurs qu’une

application directe de la technique de Gomori à des objets

entiers. Dans la préparation du bain d’incubation, le tampon

usuel à base d’acide acétique et d’acétate de soude a été remplacé

par un tampon du type « Tris-maléate »

(Gomori,

1952, p. 220)

qui permet une meilleure pénétration des substrats au sein des

tissus embryonnaires. La préparation du nouveau milieu s’effec­

tue en mélangeant les produits dans l’ordre suivant ;

Solution aqueuse de Tris (hydroxyméthyl)

(28)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPe) 153

HgO dist... 50 ml.

NaOH.N ajouté goutte à goutte pour atteindre le pH 5

Glycéro-phosphate de sodium ... 0,3 gr.

H^O dist. Q. S. ad ... 100 cc.

La solution obtenue est légèrement trouble par précipitation

d’une faible quantité de glycéro-pbosphate de plomb. Elle est

fdtrée avant l’emploi, après avoir séjourné quelques heures à

37° G. Après une incubation de 4 à 5 li. à cette même température,

les pièces sont rincées à l’eau distillée (5 min.), déshydratées

puis enrobées à la paraffine. Le phosphate de plomb qui s’est

déposé aux endroits d’activité enzymatique est ensuite révélé

sur coupes déparaffimées au moyen de sulfure d’ammonium (1 %).

La validité des méthodes de révélation des deux phosphatases

a été testée dans la plupart des cas par l’incubation des coupes

ou des pièces dans les milieux tamponnés dépourvus de glycéro­

phosphate.

2. — Orientation des coupes

Du stade I au stade IV inclus, les ébauches de membres sont

étudiées in situ sur des coupes entamant transversalement les

organes axiaux de l’embryon. A partir du stade V, les bourgeons

sont isolés de l’embryon auquel ils appartiennent, dès la fin de

la fixation. Deux orientations de coupes ont été choisies pour

l’étude systématique des bourgeons isolés. Les unes, que nous

appellerons transversales, ont été menées perpendiculairement

à l’axe proximo-distal de l’appendice, entamant celui-ci depuis

l’apex jusqu’à la base d’implantation. Les autres, que nous

qualifierons de coupes iangentielles, iaute de terme mieux appro­

prié, ont été menées dans le plan de la palette, parallèlement

au plan de symétrie dorso-ventrale du bourgeon de membre.

Les séries de coupes tangentielles sont toutes ordonnées de façon

à entamer l’ébauche de sa face ventrale vers sa face dorsale.

(29)

154

J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

IV. — OBSERVATIONS PERSONNELLES

L’exposé des observations sera constamment centré sur les

aspects de la morpliogénèse dont les modalités sont communes

aux deux paires de bourgeons et même aux deux espèces consi­

dérées. La nature des ébauches et l’espèce à laquelle elles appar­

tiennent ne seront donc mentionnées dans le texte que si des

particularités sont en cause. Toutes les spécialisations tardiv'es

n’ont d’ailleurs pas été étudiées avec la même attention. La

formation des muscles et des tendons ne sera analysée de près

c|ue dans le membre postérieur de la Souris. Cette préférence

tient à ce que la patte postérieure est affectée plus gravement

que l’antérieure dans la plupart des malformations congénitales

observables chez cette espèce. L’étude que nous préparons

de ces déviations a fait apparaître à ce niveau l’intérêt de certains

aspects tardifs du développement normal.

Section

A

Prodromes cytochimiques des bourgeons de membres

Faute d’avoir pu récolter des embryons de Taupe répondant

aux critères du stade I (fig. Illa), les données qui vont suivre

concerneront uniquement la Souris.

(30)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 155

amniotique. Parcourant dans le sens caudo-céphalique toute

cette région latérale du tronc, la veine ombilicale s’interpose

ventralement entre la pariétopleure et l’épiblaste, dans la zone

de transition entre les territoires embryonnaires et extra­

embryonnaires de ces feuillets (v. fig. I). Le long de ce trajet,

cette veine reçoit quelques affluents non systématisés provenant

des régions dorsales de la paroi ; un peu en arrière du sinus

veineux, elle se jette dans la veine vitelline homolatérale.

Le feuillet mésoblastique est formé d’une seule couche de hautes

cellules perpendiculaires à l’épiblaste. Chacune d’entre elles

possède deux pôles cytoplasmiques d’importance égale entre

lesquels s’interpose le noyau. Le pôle profond s’appuie sur la

mince membrane exocellulaire constituant le revêtement externe

de la cavité coelomique ; le pôle superficiel prend contact avec

la membrane basale sous-épiblastique. D’un côté comme de

l’autre, le cytoplasme est riche en ARN (fig. 1, pl. VllI), sauf s’il

s’agit de cellules en mitose, qui se montrent plus pauvres en

ribonucléoprotéines. Ces éléments en division sont assez nom­

breux, ils s’arrondissent en restant adhérents à la limitante

profonde du feuillet. La plupart des fuseaux mitotiques sont

orientés parallèlement à la paroi coelomique. Cette multi­

plication a donc pour effet principal d’accroître la surface du

feuillet, sans en modifier la constitution monostratifiée.

Les cellules pariétopleurales manifestent en outre une activité

modérée et essentiellement cytoplasmique des phosphatases

alcaline (fig. 11, pl. VIII) et acide (fig. 12, pl. VIII). Cette activité

révélée en milieu alcalin prédomine le long de la membrane

cytoplasmique, dont elle souligne tous les détails. Elle permet

notamment de constater que le pôle superficiel des cellules

s’étire en de multiples pseudopodes filiformes qui établissent le

contact avec la membrane basale sous-épiblastique. L’activité

de la phosphatase acide intéresse au contraire des éléments

profonds du cytoplasme qui sont fréquemment rassemblés

en un amas positif juxta-nucléaire évoquant un appareil de Golgi.

Le mésoblaste est totalement dépourvu de polysaccharides.

(31)

156 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

de cellules aplaties et très étalées. Au niveau « dorsal », les

éléments profonds sont d’une taille nettement accrue. Pratique­

ment dépourvues de phosphatase acide et de polysaccharides,

les cellules épiblastiques sont assez riches en ARN et en phospha­

tase alcaline surtout dans la couche profonde épaissie.

Positive au P. A. S. et zymo-résistante, la membrane basale

sous-épiblastique est aussi le siège d’une importante activité

phosphatasique alcaline, deux réactions qui facilitent le repérage

de cette fine pellicule exo-cellulaire (fig. 11, pl. VIII et fig. 23,

pl. IX). Loin d’être une structure plane et continue, cette mem­

brane apparaît comme un film discontinu qui s’engage en maints

endroits dans les interstices intercellulaires du mésoblaste

sous-jacent. De telles images donnent à penser que la substance

qui s’interpose entre les deux feuillets est encore en train de

s’élaborer, avec la participation du mésoblaste. Il faut toutefois

noter que les techniques utilisées ne respectent pas intégralement

la structure de cet interstice. Celle-ci mériterait d’être ré­

examinée après l’emploi de fixateurs plus « doux » et sur coupes

à la celloïdine.

L’étude des feuillets présomptifs ne révèle donc aucun indice

précurseur de la formation prochaine des bourgeons de membres.

Elle met néanmoins en évidence l’importante teneur en ARN

du mésoblaste qui va entrer en prolifération ainsi que la partici­

pation de ce constituant à l’élaboration de la membrane basale

sous-épiblastique. Ce film exocellulaire qui sera nécessairement

le lieu de passage des interactions qui s’exerceront entre les deux

feuillets se montre dès ce stade formé de mucopolysaccharides

imprégnés de phosphatase alcaline.

Section

B

Evolution morphologique et cytochimique

des bourgeons avant toute différenciation

(32)

DE MEMBRES (SODRIS ET TAUPE) 157

dilïérentes selon qu’ils se manifestent dans le mésoblaste ou

dans l’épiblaste. Au sein du mésoblaste, la distribution de

l’ARN et, dans une moindre mesure, celle de la phosphatase

alcaline rendent compte des modalités régionales des phéno­

mènes de croissance et d’élaboration de nouveaux contingents

cellulaires. Primitivement indépendanté de l’épiblaste, la proli­

fération pariétopleurale est d’emblée plus importante dans

les futurs territoires ventraux de l’ébauche. Le blastème qui en

résulte ne tarde pas à susciter au sein de Vépiblasle diverses

réactions de structure et de chimisme dont les variations régio­

nales reflètent l’asymétrie originelle du mésoblaste. Ces modi­

fications s’expriment histochimiquement par l’acquisition d’ARN,

de phosphatases alcaline et acide et, dans certains cas, de glyco­

gène. Elles caractérisent au cours du développement des régions

de plus en plus spécialisées de l’épiblaste pour n’intéresser

finalement que la cape apicale lorsque survient la genèse de

l’autopode. L’intensité de la croissance mésoblastique subit

parallèlement des variations dont l’ampleur correspond au degré

de différenciation de l’épiblaste immédiatement adjacent.

Ainsi s’amorcent entre les deux constituants du bourgeon une

série d’actions réciproques qui conduisent à la formation d’un

massif mésoblastique où l’on ne peut certes pas discerner d’orga­

nisation précartilagineuse ou prémusculaire mais qui apparaît

néanmoins hétérogène en raison des variations régionales de la

densité et des caractères cytochimiques des cellules qui le cons­

tituent.

(33)

158 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

La dissociation chronologique des activités de croissance

et de différenciation du mésoblaste devient de moins en moins

évidente au cours de la formation de l’autopode. Dans ce segment,

la différenciation succède immédiatement à l’élaboration ;

on peut y observer des précartilages du métapode bien indivi­

dualisés à leur extrémité proximale et dont la portion distale

est encore en voie d’élaboration aux dépens d’un foyer de crois­

sance soumis lui-même à l’influence de la cape apicale.

Simplement segmentaire à l’origine, le réseau circulatoire

des bourgeons s’organise progressivement en fonction des

besoins croissants de l’ébauche. Il contracte avec les foyers

d’élaboration et de différenciation du mésoblaste, des relations

susceptibles d’accroître localement les apports trophiques

indispensables à ces activités.

Sous-section 1

La prolifération pariétopleurale et la constitution

DU jeune renflement.

La prolifération pariétopleurale survient au stade II dans

toute l’étendue de la région troncale et manifeste d’emblée

d’importantes variations régionales selon qu’elle participe à la

formation du bourgeon antérieur, de la crête de Wolff ou du

bourgeon postérieur. Nous considérerons tout d’abord les

modalités générales de cette élaboration avant de décrire

parallèlement ses variations régionales et leurs répercussions

épiblastiques.

(34)

DE MEMIiRES (SOURIS ET TAUPE) 159

cellules s’étalent par l’une de leurs faces sur la membrane

basale dont la structure s’est uniformisée. Pendant ces trans­

formations, les cellules mésoblastiques conservent une teneur

élevée en ARN, mais cette substance prédomine cependant

dans la couche profonde germinative. Dans les éléments qui

migrent et s’étirent vers la surface, l’ARN s’accumule avec

prédilection au sein du pôle cytoplasmique profond où il semble

être lié à une série de formations lamellaires tendues du cortex

à la membrane nucléaire (fig. 3, pl. VIII). La plupart de ces cellules

restent momentanément ancrées à la limitante cœlomique

par de très fins prolongements basophiles. Chez la Souris, la

phosphatase alcaline conserve dans ce matériel une activité

modérée le long des membranes cellulaires. Chez la Taupe,

la même enzyme caractérise la totalité des cytoplasmes et s’y

manifeste avec une ampleur beaucoup plus importante que chez

le Rongeur. Il s’agit là d’une différence métabolique très

générale dont nous aurons fréquemment l’occasion de souligner

l’importance au cours de l’évolution du mésoblaste chez les deux

espèces considérées. La phosphatase acide (étudiée seulement

chez la Souris) conserve dans l’amas de mésoblaste en train de

se constituer une activité modérée se manifestant dans chaque

cellule, sur quelques granulations cytoplasmiques disséminées.

Dès le stade II, l’intensité de la prolifération pariétopleurale

est maximale dans la région crâniale du tronc où elle assure la

formation d’un renflement allongé annonçant le membre anté­

rieur. Au même stade, la crête de Wolff procède plus caudalement

d’une élaboration moins active mais néanmoins uniforme.

Le long de cette crête, la prolifération ne manifeste aucune

variation dégressive susceptible d’évoquer une progression

céphalo-caudale dans la différenciation du mésoblaste. Elle

ne varie pas non plus au niveau du cul-de-sac caudal de la cavité

coelomique où s’édifiera plus tardivement le bourgeon postérieur.

Les modalités précoces de la formation de ces trois territoires

n’étant pas absolument identiques, nous les décrirons séparément.

(35)

caudale-160 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

ment, il s’appauvrit graduellement sur une longueur de deux

nouveaux segments somitiques, pour se confondre insensiblement

avec la zone de Wollï. Dans l’une et l’autre de ces régions, le

nombre et la disposition des cellules niésoblastiques témoignent

d’une assez grande uniformité de la prolifération dans le sens

dorso-vcntral (fig. 4, pl. VIII). Toutefois, pour peu que l’embryon

examiné soit légèrement plus avancé dans son développement,

et le cas peut se présenter dans une même portée du stade II,

on constate chez la Souris des signes de croissance plus forte

dans la partie ventrale de ce mésoblaste. A ce niveau, les traînées

de longues cellules d’origine pariétopleurale sont plus compactes

et nettement plus basophiles que dorsalement. Fait singulier,

et semble-t-il simplement épisodique, les territoires dorsaux et

ventraux se distinguent encore chez la même espèce par l’intensité

de leur activité pliosphatasique alcaline qui est légèrement

accrue dorsalement. Très fugace, cette asymétrie cytochimique

ne s’observe qu’au début de la phase proliférative, stade que nous

n’avons pas pu surprendre chez la Taupe.

(36)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 161

mésoblastique se manifeste dans toute l’étendue du bourgeon

par une croissance plus intense dans la région ventrale, elle

s’exprime chez la Taupe d’une façon purement cytochimique

et dans la moitié postaxiale seulement de l’ébauche.

Chez les deux espèces, une prédominance ventrale se manifeste

en même temps dans l’épiblaste, aussi bien dans la région

préaxiale du bourgeon que dans la région postaxiale. Sous la

poussée du mésoblaste, ce feuillet se laisse d’abord soulever

Fig. V. — Répartition de l’activité phosphatasique aJcaline (pointillé) dans le mésoblaste et l’épiblaste du bourgeon de membre antérieur droit au stade 11 et de la crête de Wolff, chez la Taupe.

A gauche, coupe entamant la moitié ventrale du bourgeon dans toute son étendue céphalo-caudale; à droite, trois coupes transversales menées perpendiculairement à la précédente aux niveaux A, B et C indiqués sur la coupe de gauche.

(37)

162 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

passivement en s’amincissant peu à peu. L’épaississement dorsal

qui le caractérisait au stade I chez la Souris subsiste un certain

temps puis s’estompe à son tour. Simultanément, et avant toute

modification structurale, l’épiblaste ventral du bourgeon anté­

rieur s’enrichit en phosphatase alcaline (fig. 14 et 15, pl. VIII)

chez les deux espèces, ainsi qu’en phosphatase acide chez la

Souris. Cependant, chez la Taupe, l’accentuation de cette activité

s’accompagne, dans la partie postaxiale du bourgeon, d’un

épaississement précoce de la couche profonde du feuillet. La

figure 15 (pl. VIII) montre bien comment cette modification

survient au contact du territoire mésoblastique ventral dont

nous venons de souligner l’intense activité phosphatasique

alcaline. Chez la même espèce, l’épiblaste du bourgeon s’enrichit

en outre en glycogène, mais cette substance ne s’accumule pas

particulièrement dans les territoires ventraux du feuillet.

Préexistante mais difficilement perceptible dans le mésoblaste,

l’asymétrie dorso-ventrale du bourgeon antérieur s’exprime

donc pleinement au niveau de l’épiblaste à la fin de la phase

proliférative. Elle se complique chez la Taupe d’une inégalité

céphalo-caudale annonçant précocement les importantes varia­

tions qui s’établiront ultérieurement entre les territoires pré- et

postaxiaux de l’ébauche.

(38)

DE MEMBRES (SOURIS ET TAUPE) 163

du cul-de-sac caudal du feuillet pariétopleural ; on ne peut

cependant pas exclure la participation des contingents post-

coelomiques et non délaminés du feuillet moyen. De plus,

cette région diffère considérablement de la région troncale

antérieure par la différenciation beaucoup moins avancée

du mésoblaste somitique. Deux à trois segments seulement sont

Fig. VI. — Bourgeons de membres postérieurs au stade II, chez la Taupe, vus par leur face dorsale.

(39)

164 J. MILAIRE CYTOCHIMIE DES BOURGEONS

bien individualisés et cela à la hauteur de la partie préaxiale

du bourgeon postérieur ; au contraire, toute sa partie postaxiale

correspond dorsalement à un mésoblaste uniforme et inscgmenté.

On peut en déduire que le mésoblaste plus ventral de la lame

latérale est lui aussi moins évolué que dans la région troncale

antérieure. Il est donc frappant de voir se développer l’ébauche

postérieure aux dépens d’un matériel relativement beaucoup

plus jeune que celui qui donne naissance au membre antérieur.

Il existe d’autre part entre les bourgeons antérieur et posté­

rieur quelques différences d’ordre cytochimique. La distribution

plus homogène du mésoblaste basophile rend moins claire,

dans le bourgeon postérieur, l’accentuation des activités prolifé­

ratives qui est caractéristique des parties ventrales. Chez la

Taupe, la phosphatase alcaline décelable dans ce même méso­

blaste y manifeste une activité très intense mais uniformément

répartie dans les régions pré- et postaxiales (fig. VI ; fig. 13 et

16, pl. VUI). L’apparition d’une asymétrie dorso-ventrale se

manifeste néanmoins chez les deux espèces dans l’épiblaste qui,

tout en se soulevant passivement, devient au niveau ventral

le siège des activités enzymatiques déjà signalées dans le cas

du bourgeon antérieur. Chez la Taupe, cette région cytochimique-

ment différenciée du feuillet superficiel reste mince dans la

moitié postaxiale du bourgeon postérieur (fig. 16, pl. VIII).

Il nous reste à préciser les principales connections vasculaires

des deux bourgeons et de la crête qui les réunit. A l’exclusion

des territoires caudaux de l’ébauche postérieure, ces formations

reçoivent de grêles expansions de chaque artère intersegmentaire

aortique. Ces rameaux constituent au sein du mésoblaste un

réseau lacunaire et très irrégulier. Pour aborder les régions qui

nous intéressent, ces artérioles traversent l’étroite zone de

continuité existant entre les territoires dorsaux du bourgeon

de membre ou de la crête de Wolff et les organes axiaux de

l’embryon. Cette zone est limitée dorsalement par la face ou

le bord inférieur des dermato-myotomes et ventralement par

l’angle dorso-externe de la paroi coelomique.

Références

Documents relatifs

Hormis les principales fibres de synthèse utilisées actuellement, les fibres de chrysotile présentent, de par leurs caractéristiques mé- caniques, un potentiel important d'agents

oeuvre commune. C'est la pratique surtout qui a suggéré l'idée et le fond du manuel. Là, sont réunies des remarques personnelles ti­ rées de l'expérience, rédigées sous forme

enfant ou un adolescent sur ses loisirs, il ne pensera pas à l'école, qui lui semble le plus souvent comme une contrainte, mais bien au temps dont il dispose librement après

lignes; mais on doit tenir compte du gonflement extraordinaire de la paroi anté- rieure du vajçin et du col de la vessie, qui avait disparu en grande partie après la délivrance et

résista pas longtemps à ces secousses nouvelles et sou- vent répétées, et il fut bientôt affect é du délire des ivre-.. Sa femme le fit contenir par plusieurs hommes;

Les il;l3tances I~2~4-"5-6 sont beaucoup plus importantes dans le crâno ratle que dans le crâne femelle ; le gorille mâle possède donc une face plus développée que la femelle ;

L’œuvre ne peut être stockée dans une autre base de données dans le but d’y donner accès ; l’identifiant unique (permalink) indiqué ci-dessus doit toujours être utilisé

° Parallèlement, l'érosion des forces classiques des partemires de l'Alliance s'est poursuivie sans discontinuer pour des raisons diverses, de nature économique, de