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régime de couplage fort
Frédéric Bernardot
To cite this version:
Frédéric Bernardot. Electrodynamique en cavité : expériences résonnantes en régime de couplage fort. Physique Atomique [physics.atom-ph]. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 1994. Français. �tel-00011891�
DE
L’ÉCOLE
NORMALE
SUPÉRIEURE
THÈSE
DE DOCTORAT DEL’UNIVERSITÉ
PARIS 6Spécialité :
physique
quantique
présentée
parFrédérick BERNARDOT
pour obtenir le
grade
de Docteur de l’Université Paris 6Sujet
de la thèse :ÉLECTRODYNAMIQUE
EN
CAVITÉ :
EXPÉRIENCES
RÉSONNANTES
EN
RÉGIME
DE
COUPLAGE
FORT
soutenue le 11 février 1994 devant le
jury
composé
de : M.Jacques
BAUDONM. Michel BRUNE M. Bernard CAGNAC
M. Michel DEVORET
M.
Serge
HAROCHEMme Claire LHUILLIER
DE
L’ÉCOLE
NORMALE
SUPÉRIEURE
THÈSE
DE DOCTORAT DEL’UNIVERSITÉ
PARIS 6Spécialité :
physique quantique
présentée
parFrédérick BERNARDOT
pour obtenir le
grade
de Docteur de l’Université Paris 6Sujet
de la thèse :ÉLECTRODYNAMIQUE
EN
CAVITÉ :
EXPÉRIENCES
RÉSONNANTES
EN
RÉGIME
DE
COUPLAGE
FORT
soutenue le 11 février 1994 devant le
jury
composé
de :M.
Jacques
BAUDONM. Michel BRUNE M. Bernard CAGNAC
M. Michel DEVORET
M.
Serge
HAROCHE Mme Claire LHUILLIER M. Jean-Michel RAIMONDREMERCIEMENTS
Le travail décrit dans ce mémoire a été effectué au Laboratoire Kastler-Brossel
durant la
pénode
1990-1993. Je remercieJacques Dupont-Roc
dem’y
avoiraccueilli. et de m’avoir fait ainsi bénéficier d’un cadre et de contacts
scientifiques
très enrichissants.Je remercie Mme Claire Lhuillier et
MM. Jacques
Baudon. BernardCagnac
et Michel Devoret de l’intérêtqu’ils
ont bien vouluporter
à ces recherches enacceptant
lacharge
de membre du jury.J’ai eu le
plaisir
d’effectuer mon travail de thèse dans le groupe deSerge
Haroche. Sa rigueur
scientifique,
ses talents depédagogue
et son enthousiasmeont été pour moi une stimulation constante. Je tiens à remercier Jean-Michel
Rai-mond pour son
inépuisable disponibilité.
sapassion
communicative de laphysique
et son inébranlable bonne humeur. J’ai eu le
privilège
de travailler au jour lejour
encompagnie
de MichelBrune,
dontl’agilité
d’esprit
et la dextéritépratique
savent provoquer l’émulation.
Merci,
Michel. d’avoirguidé
mespremiers
pasdans la recherche avec tant de
patience.
En
outre,
le texte de ce mémoire a bénéficiépendant
sa naissance de leursnombreuses relectures et de leurs
multiples
remarques constructives. etje
leur ensuis très reconnaissant.
Je remercie Paul
Nussenzveig
de l’amicale collaboration que nous avons euedurant ces trois années. Je tiens
également
àexprimer
magratitude
enverstous les membres du groupe :
Wojciech
Gawlik. ValérieLefèvre, Philippe Goy,
MichelGross,
Jean Hare. Laurent Collot. Luiz Davidovich. NicimZagury.
An-dréNussenzweig,
MathiasWeidemüller,
DavidWeiss,
VahidSandoghdar,
Ferdi-nandSchmidt-Kaler,
EdwardHagley,
Abdelamid Maali et JochenDreyer,
pour l’excellente relation quej’ai
pu entretemr avec eux durant cettepériode
La réalisation de nos
expériences
a étépossible grâce
à une contributionim-portante
des servicestechniques.
Que
MM. Vlaréchal. Jouve,Gladycheff, Point,
Courtiade,
Labbé.Guillaume,
Lagadec.
Outrequin, Clouqueur.
Laisné.Olejnik,
Usseglio,
Paindorge,
ainsi que les membres de l’atelierd’électromque
et ceux del’atelier
général
dudépartement,
trouvent ici les remerciements del’équipe
pourtout ce
qu’elle
leur doit.Je remercie Mme Moissenet pour la réalisation de nombreuses
figures
intégrées
au texte. Je remercieégalement
Mlle Gazan et M. Manceau d’avoir assuré lareproduction
et la reliure de ce mémoire. Enfin.grand
merci à Lulu pour son5
Il est connu que les
énergies
des niveaux discrets d’un atome sont calculées dansle cadre de la
Mécanique
Quantique,
en tenantcompte
des interactions internesà l’édifice
atomique.
Le niveau deplus
basseénergie
estappelé
fondamental,
lesautres sont dits excités.
Les niveaux excités sont instables : l’atome
préparé
dans un tel étatn’y
reste pas etrejoint spontanément
un niveau deplus
basseénergie
au bout d’untemps
aléatoire. Un
photon
estémis, qui
emporte
l’énergie
libérée par la désexcitationatomique.
Cette instabilitéprovient
ducouplage
des niveaux de l’atome avec unautre
système :
lechamp
électromagnétique.
Ce mêmecouplage
provoque aussiun
déplacement
enénergie
desniveaux, appelé
déplacement "radiatif",
ou "deLamb"
[1].
Lorsque
l’atome se trouve dans le videillimité,
ilinteragit
avec le continu-um des modes(propageants)
duchamp
électromagnétique.
L’évaluation danscette situation des taux d’émission
spontanée
et desdéplacements
radiatifs fut l’un despremiers
grands
succès del’électrodynamique
quantique
[2][3].
Lepoint
important
est que cesgrandeurs
dépendent
pourpartie
despropriétés
duchamp
électromagnétique
dans le vide infini. Enparticulier,
le caractèresystématique
etirréversible d’une désexcitation
atomique provient
du faitqu’il
y atoujours
desmodes du
champ
résonnants avec une transitiondonnée,
etqu’ils
portent
lepho-ton de désexcitation infiniment loin de
l’atome,
sansqu’il puisse
réinteragir
aveclui. De
plus, l’expression
d’un taux de désexcitationparticulier
fait intervenir la densité des modes duchamp
à lafréquence
de résonance.Bref,
lespropriétés
ra-diatives habituelles d’un atome reflètent la structure du
champ
électromagnétique
du vide aveclequel
ilinteragit.
À
l’intérieur d’une cavitémétallique,
lechamp
électromagnétique
se voitim-poser des conditions aux limites sur les
parois, qui
le forcent à seprojeter
surdes modes de
fréquence
et degéométrie
imposées
par la forme de la cavité. Lastructure
spatiale
ettemporelle
duchamp
est alors différente de celle du vide. Unatome
placé
dans la cavité va doncposséder
des taux d’émissionspontanée
et desdéplacements
radiatifsinhabituels, qui dépendent
de saposition
et despropriétés
de la cavité. Ce
phénomène
a étécompris
dès les années 40[4]
et lespremières
théoriques
sur le mêmesujet
ont été faites ensuite[6] [7] [8] [9] [10] [11] [12],
jusqu’à
récemment
[13][14][15][16][17][18].
Le domaine ainsi ouvert est maintenantappelé
communément"électrodynamique
quantique
en cavité"[19][20][21].
À
partir
des années70,
lesprogrès
expérimentaux
dans lamanipulation
desatomes et la réalisation de résonateurs
optiques
oumicro-ondes,
ont rendu pos-sibles desexpériences d’électrodynamique
en cavité. La modification del’énergie
des niveaux
atomiques
àproximité
d’uneparoi
métallique
a été mise enévi-dence
[22] [23],
ainsi que les forcesqui
en résultent[24] [25] [26].
L’inhibition etl’augmentation
de l’émissionspontanée
d’un atome dans une cavité[22] [27] [28] [29],
de même que la
dépendance
du taux d’émission enfréquence
et enpolarisation
[30][31],
ont été observées. De manièreanalogue,
la modification du mouvementcyclotron
d’un électron dans unpiège
dePenning
est due à laproximité
desélec-trodes du
piège
[32].
L’intérêt de tellesexpériences
est double : d’unepart,
ellespermettent
unecompréhension précise
de l’interactionmatière-rayonnement ;
d’autre
part,
l’étude d’effetssystématiques
dus à laprésence
deparois
métalliques
est un
préalable
à toute nouvelleexpérience
demétrologie
concernant l’atome(constante
deRydberg
[33],
rapport
gyromagnétique
de l’électron[34], ...).
Les observations citées
précédemment appartiennent
aurégime
perturbatif
de
l’électrodynamique
en cavité : l’atomeinteragit
avec ungrand
nombre demodes
larges
de lacavité,
et lesparois
ont pour seul effet de modifier la structuredu
champ
parrapport
à cellequ’il
a dans le vide infini. Un autrerégime,
nonperturbatif, apparaît lorsque
les modes de la cavité ont une très haute finesse.L’atome est alors
couplé
avec un seul mode duchamp, qui
est résonnant ouquasi
résonnant avec l’une de ses transitions : le
système
global
{atome
+mode}
estdécrit par un atome à deux niveaux en interaction avec l’oscillateur
harmonique
constitué par le
champ
du mode[35] [36].
Legrand
facteur dequalité
du modepermet
de stocker lephoton
d’émissionspontanée
assezlongtemps
pourqu’il
puisse
provoquer une nouvelle excitationatomique :
l’atome et lechamp
évoluentde manière
cohérente,
pendant
une durée limitée par l’amortissement de l’atome ou du mode. La cohérence de cecouplage atome-champ
a été mise àprofit
dansla réalisation de micromasers fonctionnant en continu sur des transitions à un
[37]
ou deuxphotons
[38],
dont le milieuamplificateur
est constitué d’un seulatome à la fois dans une cavité. Ces
dispositifs présentent
descaractéristiques
très différentes de celles des lasers ou masers ordinaires
[39] [40] [41] [42].
Ici,
l’interactionatome-champ
est étudiée pour elle-même. Lesystème
"atomeà deux niveaux + oscillateur
harmonique"
est le modèleconceptuellement
leplus
simple
où se manifeste l’interactionmatière-rayonnement.
Son étudeexpéri-mentale est
interprétable
directement en termes despostulats
de laMécanique
Quantique
et de la théorie de la mesure, et ellepermet
de mettre en évidencede nombreux effets
fondamentaux,
tels que corrélations à distanceatome-champ,
effets "à la Einstein-Podolski-Rosen"[43] [44],
réduction de la fonctiond’onde,
interférences
d’amplitudes
deprobabilité.
Comme il a
déjà
étésignalé,
lespropriétés
radiatives d’un atome dans unecavité sont fortement modifiées par le
changement
des conditions aux limites durayonnement
qui
l’entoure.Inversement,
lespropriétés
duchamp
sont altérées parl’effet d’indice
microscopique
produit
par un atomeunique
présent
dans la cavité.On
peut
parler
desystème
combiné"atome-cavité", qui
par maintsaspects
secomporte
comme une sorte de "molécule"présentant
des états liés(l’atome
peut
être en théorie
piégé
par lechamp
du vide de la cavité[45])
et des états de diffusiond’énergie
positive :
l’atomequittant
la cavitéemporte
avec lui une information sur lecouplage qu’il
a subi au moment de la "collision" avec lechamp.
Ce travail constitue une étude
théorique
etexpérimentale
duspectre
de cette"molécule
atome-cavité",
réalisée et observée dans le domaine micro-onde. Les transitionsatomiques
alors utilisées sont celles entre deux niveaux très excités(états
deRydberg)
d’atomes alcalins[46],
ici le Rubidium. L’intérêt essentiel de l’utilisation de ces niveaux est que ledipôle d
entre états voisins deparité opposée
varie comme le carré du nombre
quantique
principal n : lorsque n ~
40,
il estde trois ordres de
grandeur plus grand
que ceuxqui
concernent les transitionsoptiques
entre des niveauxatomiques
profonds.
L’utilisation de niveauxqui
ont entre eux ungrand dipôle
est unpremier
pas vers la réalisation d’unsystème
atomique
fortementcouplé
auchamp électromagnétique.
Les
fréquences
des transitions entre états deRydberg
adjacents
varient suivantn
-3
et valent ~ 70 GHz pour n ~40 ;
elles sont dans le domaine des ondesmillimétriques,
où il estpossible
de réaliser des cavitéssupraconductrices
de taillesraisonnables
qui
ont unegrande
finesse pour les modes d’ordres faibles. Le volumede ces modes
est ~
1cm
3
et
lechamp électrique
parphoton
(amplitude
desfluctuations du
vide)
vaut alorsE
0
~
10
-3
V/m.
L’intensité ducouplage
atome-champ
est mesurée par lafréquence
dE
0
/h ,
qui
est dans cette situation de l’ordre dequelques
dizaines de kHz .L’observation de l’évolution cohérente
atome-champ
nécessite que lestemps
d’amortissement des niveauxatomiques
et de la cavité soient au moins de l’ordrede
quelques
dizaines de 03BCs. La durée de vie des étatsatomiques
de faiblesmoments
angulaires
croît commen
3
,
et se trouve pour les états deRydberg
n ~ 40 dans la gamme de 10 à 100 03BCs. D’autre
part,
letemps
destockage
d’un
photon
dans un mode résonnant de la cavitépeut
être du même ordre degrandeur :
il estpossible
de réaliser des cavitéssupraconductrices
ayant
un facteurde
qualité
de10
8
etplus
pour un modemillimétrique. L’expérience
se déroule dela manière suivante : les atomes d’un
jet
sont d’abordpréparés
dans un niveau en interaction avec l’un des modes de lacavité ; puis
ils traversent la cavité eninteragissant
avec lemode ;
et ils sont enfin détectés à leur sortie de la cavité.Les effets du
couplage
atome-cavité sont relevés sur les atomes au moment de leur détection.Le
premier chapitre
de ce mémoire décrit un atome et un mode duchamp
en situation de fortcouplage.
D’abord,
unpoint
de vue entièrementclassique
est
adopté
(§ 1.1),
qui
a l’intérêt d’introduiresimplement
lesgrandeurs
mises enjeu.
Enoutre,
il procure unedescription
correcte dans la limite des faiblesexcitations du
système
{atome
+mode} [48].
L’émission oscillante d’un atomeexcité est
présentée
dans ce cadre. Puis uneapproche quantique
de l’atome et duchamp
est suivie(§ 1.2).
Toute laprésentation
est alors faite dans le schéma deSchrôdinger.
Les états propres dusystème atome-champ
(dits
"états habillés"[49])
sontexprimés.
Un soucipratique
conduit à exposer au§
1.3 le cas oùplusieurs
atomesidentiques
sontcouplés
avec lemode,
et au§
1.4 la méthode despectroscopie
despremiers
états habillés. Lechapitre
s’achève par ladescription
de lapréparation
d’états habillés très excités et par celle de l’émissionspontanée
d’un atome dans unchamp
initial dequelques photons
(§ 1.5).
Le deuxième
chapitre
est consacré àl’exposé
d’uneexpérience
despectros-copie
despremiers
états habillés.Après
uneprésentation
générale
dumontage
expérimental
(§
2.1),
lespropriétés
de la cavité(§ 2.2)
puis
celles des niveauxatomiques
(§
2.3)
sont détaillées. Des choixexpérimentaux
guidés
par laréalisa-tion d’un micromaser foncréalisa-tionnant sur une transition à deux
photons
[38][47]
ontconduit le groupe à
développer
lapréparation
et lamanipulation
des états n ~ 40du Rubidium 85
(isotope
leplus
abondant).
La cavité utilisée estcylindrique
etfaite en
Niobium ;
sa fabrication a résulté d’une collaboration avec leCERN,
qui
aacquis
du savoir-faire dans la réalisation et l’utilisation de cavités résonnantesde hauts facteurs de
qualité
dans les anneaux accélérateurs departicules.
Une foiseffectuée l’évaluation de la
fréquence
caractéristique
ducouplage
atome-champ
(§ 2.4),
le§
2.5 expose les résultatsexpérimentaux.
Leurinterprétation
estcom-pliquée
par la structure de l’un des deux niveauxatomiques,
et l’examencomplet
des
spectres
est effectué au§
2.6.La résolution
spectrale
de cetteexpérience
est limitée. Le dernierchapitre
décrit un nouveaumontage
expérimental,
conçu pour atteindre unegrande
sen-sibilité au
couplage
atome-champ
(§ 3.1) ;
il utilise latechnique
despectroscopie
fine du
champ
oscillantséparé
deRamsey
[50].
Les niveaux deRydberg
alorsutilisés sont des états de moment
angulaire
maximum,
qui correspondent
à uneorbite circulaire de l’électron de Bohr
[51] [33] ;
le§
3.2 traite de leurspropriétés
et de leur
préparation.
Puis lescaractéristiques
de lacavité,
ainsi que celles des résonateurs annexes de latechnique
deRamsey,
sont examinées(§
3.3).
Lespre-miers
signaux
defranges
deRamsey
sont ensuite montrés au§
3.4.Finalement,
deux
projets d’expériences
résonnantes sontexposés, après
le calcul ducouplage
atome-champ
(§ 3.5) :
lapremière
effectue laspectroscopie
despremiers
niveauxhabillés sans
injecter
de sonde dans la cavité(§ 3.6),
et la seconde consiste enl’observation des oscillations
temporelles
de l’excitationatomique
dans unchamp
Les
expériences
defranges
deRamsey
avec des atomes "circulaires" consti-tuent unprogrès
considérable pourl’électrodynamique
en cavité. La durée devie de ces atomes, mille fois
plus grande
que celles des atomes deRydberg
"ordi-naires" utilisés
jusque-là
(par
exemple
dans lesmicromasers),
permet
nonseule-ment d’améliorer considérablement la résolution
spectrale,
mais aussid’exploiter
en
pratique
les corrélations non locales entre l’atome et lechamp qui
surviventlongtemps après
que l’atome aquitté
la cavité. La détection de ces corrélationsdoit
permettre
de mesurer lechamp
defaçon
non destructive(méthode
Q.N.D.)
[52],
ou encore depréparer,
dans desexpériences
à laEinstein-Podolski-Rosen,
des états non
classiques
duchamp
dits "chats deSchrödinger"
[53].
Cesexpé-riences font
l’objet
de la suite du programmeexpérimental
mené dans le groupe. Lesexpériences
despectroscopie
fine de la "molécule atome-cavité" décrites dans11
Interaction
cohérente d’un
atome
à deux niveaux
avec un
mode du
champ
électromagnétique
Cette
partie
théorique
commence parprésenter
uneapproche
entièrementclassique
de l’interactionatome-champ.
L’atome sera assimilé à un oscillateurharmonique
chargé,
et lechamp
décritclassiquement
[54].
Bienqu’il
ne soitqu’une approximation
de la situationréelle, authentiquement quantique,
un telpoint
de vuepossède
deux mérites. Ilpermet
d’unepart
d’introduire aisémenttoutes les
grandeurs
essentielles duproblème.
Et il conduitaussi,
dans la limitedes faibles excitations du
système atome-champ,
à desprédictions
qualitative-ment
identiques
à celles que fournit un modèlequantique
pour l’atome et lechamp
[48].
C’est cette dernière
approche
qui
sera suivie dans un secondtemps
dans cechapitre, puis
tout aulong
de ce mémoire. Elle rendcompte
de la saturation del’excitation
atomique,
en modélisant l’atome par unsystème
à deuxniveaux,
etutilise un
champ
quantifié,
comme il est nécessaire pour traiter unchamp
dontl’intensité est aussi faible
qu’un
seulphoton. L’approximation semi-classique,
où l’atome estquantique
et lechamp classique, n’apporte
aucune notionnouvelle,
et ne sera pas
présentée.
Le
point
essentielqui
sera détaillé est lecouplage
d’un atome avec un moderésonnant d’une cavité. L’amortissement de l’atome et celui de la cavité seront
1.1
Interaction
atome-champ :
point
de
vueclassique
1.1.1
Atome
classique
isolé
Une résonance
atomique
est décriteclassiquement
par le modèle de Lorentz de l’électronélastiquement
lié.L’électron,
decharge
q = - e, estrappelé
vers lenoyau avec une force
proportionnelle
à sonéloignement,
et constitue un oscillateurharmonique.
Le noyau, infinimentmassif,
porte
unecharge - q
qui
assure laneutralité
électrique
de l’atome.Le
champ rayonné
par l’électron oscillant n’est pas nul aupoint
où se trouvel’atome,
et a deuxeffets,
dits de "réaction derayonnement" :
d’unepart,
il donne une contributionélectromagnétique
à la masse réelle m del’électron,
et donc aussi à lapulsation
03C90 de sesoscillations ;
d’autrepart,
il amortit le mouvement de l’électron. Le taux d’amortissement03B3
Cl
del’énergie
de l’électron s’obtientfacile-ment en
comparant
lapuissance
électromagnétique
rayonnée
par l’oscillateur etson
énergie
instantanée[55].
Cetteapproche
estjustifiée
car03B3
Cl
« 03C90 : l’électroneffectue de très nombreuses oscillations
pendant
sontemps
d’amortissement.03B3
Cl
est alors donné par :
L’amplitude
A(t)
des oscillations de l’électron suit ainsil’équation
d’évolutionsuivante,
l’effet de la forcemagnétique
étantnégligé :
où
E(t,
r
a
)
est lechamp électrique
extérieur libreauquel
est soumis l’atome à laposition
r
a
où il setrouve,
et û est un vecteur unitaire suivant la directiond’oscillation de l’électron.
Dans le vide
(E(t,
r
a
)
=0 ),
l’amplitude
d’oscillation de l’électron initialementexcité vaut
A(t)
=A(0)
e
-03B3Clt/2
e-i03C90t : l’atomerayonne de
l’énergie
électroma-gnétique
à lafréquence
angulaire
03C9
0
,
et cette émission dure untemps
1/03B3
Cl
.
Lespectre
énergétique
de cerayonnement
est une lorentzienne centrée en 03C90 et delargeur
à mi-hauteur03B3
Cl
.
1.1.2
Atome
classique
dans
unecavité :
interaction cohérente
avec unmode normal
L’atome est maintenant dans une cavité
métallique.
Cette "cavité" est constituée deparois métalliques proches
del’atome, qui
ne l’enferment pas nécessairement.Le
point
essentiel est que lechamp
électromagnétique
environnant l’atome estmodifié par les conditions aux limites
imposées
par les surfaces : la cavitécon-traint le
champ
transverse à sedécomposer
linéairement sur des modes normaux,dont elle fixe les
pulsations
propres et lescaractéristiques
géométriques.
Lespec-tre du
rayonnement
est doncdramatiquement
modifié dans lacavité,
d’autantplus
que lespulsations
propres sontéloignées
les unes desautres,
c’est-à-dire quela cavité est
petite
et les modes étroits enpulsation.
On s’intéresse ici à l’interaction de l’atome avec le
champ
d’un seul modenormal.
L’approximation
consistant à ne considérerqu’un
seul mode duchamp
en interaction avec l’atome sejustifie
si l’atome est résonnant ouquasi
résonnant avec lemode,
c’est-à-dire si la différence de leurspulsations
est faible devant les écarts enpulsation
des modes voisins de la cavité. Il est nécessaireégalement
que les taux d’amortissement de l’atome et des modes voisins soient faibles eux aussidevant les mêmes écarts.
Le
champ électrique
du mode aveclequel
interagit
l’atomeprend
la forme[56] [54] :
où
E(t)
estl’amplitude
duchamp
électrique
etf(r)
donne la structuregéomé-trique
du mode.f(r)
vérifie~
2
f(r)
2
c
2
+ 03C9
f(r)
=0
et~.f
= 0 ,
enappelant 03C9
la
pulsation
propre dumode.
|f(r)|
a
des maxima locaux aux ventres dumode,
vaut 1 au maximum
absolu,
et s’annule aux n0153uds. Lacomposante
tangentielle
de
f(r)
s’annule sur les surfacesmétalliques.
Les
profils
f
i
(r)
des différents modes sontorthogonaux
deux à deux :f
cavité
d
3
rf
i
(r).f*
j
(r)
= 0 si i~ j ,
etl’intégrale
de leur carré définit le volume dechaque
mode :cavité
d
3
r|f
i
(r)|
2
=
V
mode i
.
L’évolution du
champ
électromagnétique
total sous l’effet de ses sources estrégie
par leséquations
deMaxwell,
danslesquelles
l’atome estreprésenté
par ladensité
volumique
depolarisation
P(t,
r)
=qA(t)
03B4(r - r
a
)
û.Après séparation
desparties
longitudinale
et transverse duchamp, puis projection
sur le modeauquel
ons’intéresse,
on obtientl’équation
d’évolution suivante pourl’amplitude
E(t) :
0393 est le taux d’amortissement du
champ
dans lemode,
dû auxpertes
dans lesparois métalliques imparfaites
de la cavité. û esttoujours
un vecteur unitaireLe terme source de
l’équation
(1.4)
fait intervenir l’accélération del’électron,
comme il se doitlorsqu’il
s’agit
dechamp rayonné
par uncorpuscule
chargé.
Leproduit
scalaireû.f*(r
a
)
révèle la directivité et lapolarisation
bien connues de cerayonnement,
qui
ne secouple
pas auchamp
de la cavité si les oscillations del’électron sont
orthogonales
auchamp électrique
aupoint
où se trouve l’atome.Enfin,
lecouplage
est d’autantplus
grand
que le volume du mode estpetit,
carplus
V
mode
estpetit plus
la densité depolarisation
due à l’atomeparaît
grande.
De soncôté,
ledipôle
atomique
est soumis auchamp électrique
total dansla cavité. La
partie
longitudinale,
qui
tientcompte
descharges
induites sur lesparois,
donne une contribution à lapulsation
propre 03C90 del’électron,
et lapartie
transverse,
dans la limite des modes étroits considéréeici,
n’intervient que dans le mode aveclequel
l’atome estcouplé.
Ainsi,
l’atome n’a pas d’amortissementpropre.
Cependant,
cetargument
ne vaut que pour une cavité close. Dans lagéométrie
d’une cavitéouverte,
l’atome est certescouplé
à un modesupporté
parles
miroirs,
mais ilinteragit
aussi avec un continuum de modespropageants.
Ilpeut
alors avoir un taux de désexcitation vers cesmodes,
que l’onnotera 03B3
(cf.
figure
1.1).
Lapulsation
03C90prend
encompte
l’effet de réaction derayonnement
dû à la
présence
de ces modes.L’équation
d’évolution del’amplitude
de l’oscillateurélectronique
prend
alorsune forme semblable à celle obtenue
lorsque
l’atome est dansl’espace
infini(cf.
l’équation
(1.2)) :
L’effet du
champ électrique
du mode sur l’oscillateurélectronique
dépend
na-turellement de la
position
de l’atome dans lacavité,
et est d’autantplus
grand
que l’atome est
plus proche
d’un ventre. Lechamp électrique
n’agit
évidemment pas sur les oscillations d’un électronqui
lui sontorthogonales.
L’atome et le mode de la cavité en interaction forment un
système
de deuxoscillateurs
couplés,
comme entémoignent
leséquations
(1.4)
et(1.5).
On vaexaminer la
dynamique
de cesystème,
en s’intéressantplus particulièrement
aurégime
où elle est dominée par lecouplage
atome-champ.
1.1.3
Pulsations
propres
du
système
atome-champ
On se
place
dans le cas où les amortissements sont faibles et où le désaccord enpulsation
03B4 = w - 03C90 estpetit
lui aussi : 03B3,0393, |03B4|
« 03C90. Il est alors utile deséparer
dans l’évolution desamplitudes
E(t)
etA(t)
duchamp
et de l’atome uneoscillation
rapide
à lapulsation
03C90 et une fonctionenveloppe
variant lentementFigure
1.1 : En interaction avec un seul mode d’une cavitéouverte,
l’atomepeut
se désexciter vers le continuum des modespropageants.
Les
équations
d’évolution des fonctionsenveloppes
(t)
etÃ(t)
sont facilementdéduites du
système
(1.4)-(1.5) :
En
supposant
d’abord ladissipation
nulle(0393
=03B3 =
0),
on obtientimmédia-tement les
fréquences angulaires
propres des fonctionsenveloppes :
La
pulsation 03A9
Cl
caractérise l’intensité ducouplage atome-champ.
Elle rassembletoutes les
propriétés
de cecouplage
décrites auparagraphe
précédent.
En vued’une
comparaison
avecl’analyse
quantique
àvenir,
il est utile de remarquerqu’elle
est reliée à l’amortissement de l’oscillateuratomique
dansl’espace
infinipar :
On considère maintenant que les taux d’amortissements 0393 et 03B3 ont une valeur non
nulle,
et l’on seplace
dans lerégime
de fortcouplage
atome-champ :
0393, 03B3
~03A9
Cl
.
Lespulsations
propres des fonctionsenveloppes
sont alors trouvéessous la forme 03C9± -
i0393
±
/2,
où le taux d’amortissement0393
±
a pourexpression :
La variation des
fréquences
angulaires
propres dusystème atome-champ
enfonction du désaccord 03B4 est
représentée
sur lafigure
1.2.À
résonance(03B4
=0),
cespulsations
propres sont 03C90 ±
03A9
Cl
,
et sont doncséparées
de203A9
Cl
.
Commed’habitude,
lecouplage
écarte lespulsations
propres.De
plus,
les deux modes propres s’amortissent avec le même taux(0393 + 03B3)/2 :
ilspossèdent
autant le caractère "cavité" que le caractère "atome".Lorsque 03B4
03A9
Cl
,
le mode propre deplus
hautepulsation prend
le caractère "cavité"(pulsation
03C90+ 03B4
= w , amortissement0393),
tandisFigure
1.2 : Variations despulsations
des modes propres en fonction du désaccord03B4. Les taux d’amortissement à résonance et dans la limite des
grands
désaccords sontindiqués
entreparenthèses.
basse
pulsation prend
le caractère "atome"(pulsation
03C90, amortissement03B3).
La conclusion est inversequand 03B4
-03A9
Cl
.
Cela revient à dire que l’atome et la cavité sedécouplent lorsqu’ils
sont désaccordés deplus
dequelques pulsations
caractéristiques.
Cependant,
auxgrands
désaccords,
l’effet résiduel ducouplage
donne undé-placement -03A9
2
Cl
/03B4
à lapulsation
del’atome,
et+03A9
2
Cl
/03B4
à celle de la cavité. Ledéplacement
de lapulsation
de la cavités’interprète
comme un effet d’indice deréfraction dû à la
présence
d’un atome dans le mode.1.1.4
Émission
de l’atome dans la
cavité
L’atome étant initialement excité et la cavité
vide,
la résolution dusystème
(1.7)
avec les conditions initiales
Ã(0)
=Ã
0
et(0)
= 0 donneÃ(t)
et(t)
sous formede combinaisons linéaires des deux modes propres
e
-0393± 2
t
e-i03C9±t avec despoids
dépendant
du désaccord.Loin de résonance
(|03B4|
»03A9
Cl
),
l’amplitude
duchamp
reste constamment nulleet le
dipôle atomique
oscille avec lapulsation
03C90 en s’amortissant avec le taux 03B3 :découplés,
atome etchamp
secomportent
de manière individuelle.À
résonance,
les fonctionsenveloppes
évoluent de la manière suivante :Pendant le
temps
d’amortissement2/(0393
+03B3),
l’atomeéchange
de nombreuses fois sonénergie
1 2m03C9
0
2
|Ã(t)|
2
aveccelle,
|(t)|
,
2
1 203B5
mode
V
0
duchamp.
Cetéchange
se fait à lapulsation 203A9
Cl
,
égale
à laséparation
des modes propres dusystème
atome-champ.
En interaction avec un seul mode duchamp
électromagnétique,
l’émission
d’énergie
par l’atome est doncréversible,
l’oscillateuratomique
pou-vant
récupérer
l’énergie
qu’il
cède momentanément auchamp
etqui
reste confinéedans la cavité. Ce
comportement
de l’atomes’oppose
à celuiqu’il
manifeste dans le videillimité,
où il voit sonénergie
décroîtreirréversiblement,
lechamp qu’il
rayonne étant
porté
à l’infini sansinteragir
de nouveau avec lui.L’amplitude
d’oscillation dudipôle atomique
décroît pour moitié à causede l’amortissement de
l’atome,
et pour l’autre moitié du faitqu’une
partie
del’énergie
atomique qui
passe dans lechamp
est amortie dans la cavité.À
réso-nance, lespectre
énergétique
durayonnement
atomique
est formé de deuxpics
lorentzienspositionnés symétriquement
parrapport
à lafréquence
03C90 , distantsde
203A9
Cl
et delargeur
(0393+03B3)/2
[57].
Parcomparaison
au cas du videinfini,
il estcaractéristique
que cespectre
soit undoublet,
dont leslargeurs
sont dues pourLes effets d’un
couplage
fort entre un atome et un seul mode duchamp,
décrits
jusqu’à présent
dans le cadreclassique
où l’atome et lechamp
sont deuxoscillateurs
harmoniques,
se retrouvent de manière très similairelorsque
cette interaction est décritequantiquement.
Toutefois,
cette similarité ne demeure que dans la limite des faiblesexcita-tions : pour les
énergies
lesplus basses,
les deux niveauxquantiques
de l’atome(qui
forment une transition résonnante avec lacavité)
apparaissent
comme ceux, en nombre infini etéquidistants,
d’un oscillateurharmonique.
Pour leséner-gies
plus
hautes,
la saturation de l’excitationatomique, qui
n’existe pas pour unoscillateur
classique
ouquantique,
faitapparaître
des effetsd’origine
purement
quantique.
1.2
Description
quantique
de l’interaction
atome-champ
1.2.1
Atome
quantique
dans le
vide
Dans une
description quantique,
l’atomepossède
des niveauxd’énergie
discrets.Placé dans le vide
illimité,
il est en interaction avec tous les modes duchamp
électromagnétique
de cet espace. L’effet de cecouplage
est de modifier laposition
des niveaux et de les rendre instables -
excepté
le niveaufondamental,
d’énergie
laplus
basse. Tout autre état excité a une durée de viefinie,
temps
moyen au boutduquel
l’atomepréparé
dans cet état lequitte
pour atteindre un étatd’énergie
plus
basse. Le caractère irréversible de cette désexcitation est dû à l’infinité continue des modes aveclesquels
l’atomeinteragit,
lephoton
de désexcitation sediluant en
quelque
sorte dans les modes duchamp
électromagnétique.
Le tauxd’émission
spontanée
(dipolaire
électrique)
03B3
e~g
du niveau e vers unniveau g
inférieur vaut :
où 03C90 est la
pulsation
de la transition e ~ g , etd
eg
l’élément de matrice dudipôle
entre les états
|e>
et|g> [55].
Le taux d’émissionspontanée
total du niveau e estla somme des taux vers tous les niveaux g accessibles.
L’atome initialement excité cascade vers des niveaux de
plus
enplus
faiblesénergies
jusqu’à
atteindre le niveau fondamental. L’observation del’énergie
émisesur la transition e ~ g donne un
spectre
formé d’unpic
lorentzien centré en03C9
0
,
dont la
largeur
03B3
e~g
est l’inverse dutemps
moyen de désexcitation du niveau e vers leniveau g .
Le lien avec l’amortissement de l’atome
classique
s’obtient enremplaçant
lecarré du
dipôle
del’expression
(1.12)
par sa valeur moyenneclassique :
|d
eg
|
2
~q
2
|A
M ax
|
2
/2.
L’atomeclassique
excitépossède
dans cettecorrespon-dance
l’énergie
de l’atomequantique
dans l’état e :M ax
|A
0
2
1 2m03C9
|
2
=03C9
0
.
Onest conduit ainsi à lui attribuer le taux d’amortissement :
La valeur obtenue est double de celle fournie par une théorie entièrement
classique
(cf.
l’équation
(1.1)).
Ce désaccord tient au fait que la désexcitationatomique
est due à la fois à la réaction de
rayonnement
et aux fluctuations du vide[58],
alors que
l’approche classique
neprend
encompte
que lepremier
effet[54].
1.2.2
Interaction
d’un
atomeà deux
niveaux
avec unmode
du
champ
électromagnétique
Placé à l’intérieur d’une cavité
métallique,
l’atome n’estplus
en interaction avec lamême structure du
champ
électromagnétique : comme exposé
au§ 1.1.2,
lechamp
est
décomposé
sous forme de modes normaux. Il estpossible
de ne considérerqu’un
seul mode normal en interaction avec l’atome si lapulsation 03C9
de ce modeest résonnante ou
quasi
résonnante aveccelle,
03C90 , d’une transitionatomique
e ~ g , c’est-à-dire si le désaccord enpulsation 03B4
= w - 03C90 est faible devant laséparation
des modes et devant leurlargeur.
En toute
rigueur,
lapulsation
03C90 de la transition e ~ g diffère de la valeur03C9
0
qu’elle prend
dans le videillimité,
car la cavité provoque des corrections à laposition
des niveaux[26] [54].
Laprésence
desparois
modifie la distribution des modes et affecte lesdéplacements
detype
"Lamb shift" . Ces effets demeurentgénéralement négligeables,
sauf ceux dus au mode de la cavité résonnant ouquasi
résonnant avec la transition
atomique,
etqui
vont être étudiés.Dans le cadre de
l’approximation
à deux niveauxatomiques,
le hamiltonien de l’atome se réduit à :On a choisi arbitrairement nulle
l’énergie
de l’état|g>.
De son
côté,
lechamp
électromagnétique
est lui aussi décritquantiquement.
Le hamiltonien du
champ
se réduit à la contribution du mode aveclequel interagit
où
a
~
et a sont lesopérateurs
de création et d’annihilation d’une excitation(pho-ton)
dans lemode, qui
vérifient[a,
a
~
]
= 1.L’énergie
03C9/2
du vide dans lemode a été arbitrairement ôtée.
Lorsque
nphotons
sontprésents
dans lemode,
le
champ
est dans l’état|n> (état
de Fock à nphotons)
et sonénergie
vaut n03C9.À
l’ordre leplus bas,
lecouplage
atome-champ
estdipolaire
électrique.
Il estdécrit par le hamiltonien :
où D est
l’opérateur dipolaire atomique
etE(r)
lechamp
électrique
du mode.r
a
est la
position
de l’atome dans la cavité.Le
champ
électrique
du mode a pourexpression :
f(r)
est la fonction de structure dumode,
introduite au§ 1.1.2.
La définition duchamp
électrique
parphoton
E
0
:
assure que
l’énergie
moyenne du modeprend
la valeur habituelle(n+1 2)03C9
lorsque
nphotons
y sontprésents.
E
0
est aussil’amplitude
des fluctuations du vide. Elleest d’autant
plus
grande
que 03C9 est élevée et que le volume du mode est faible.Le
système
total formé de l’atome à deux niveaux et duchamp
eninterac-tion se
présente
commeindiqué
sur lafigure
1.3. Lechamp
est un oscillateurharmonique
etpossède
des niveauxd’énergie équidistants.
L’atome n’a que deux niveauxd’énergie correspondant
aux états|e>
et|g>.
Les deuxsous-systèmes
sont
couplés
par le hamiltonienH
dip
.
De manière cohérente avec
l’approximation
à deux niveauxatomiques,
onpeut
selimiter,
dansl’expression
du hamiltoniend’interaction,
aux termesqui
échangent
uneexcitation,
en la faisant passer de l’atome vers lechamp
ouin-versement
("approximation
des ondestournantes",
ou"rotating
wavesapproxi-mation"). H
dip
prend
alorsl’expression :
où la
fréquence
angulaire 03A9
caractérisant l’intensité ducouplage
atome-champ
Figure
1.3 : Interaction de l’atome à deux niveaux et du mode duchamp
d
eg
=<e|D|g>
est ledipôle
entre les états e et g. Lecouplage
atome-champ
est d’autant
plus
grand
que lechamp
parphoton
est intense et que l’élément de matrice dudipôle
entre les étatsatomiques
estgrand
suivant la direction duchamp
vu par l’atome.La
pulsation caractéristique
ducouplage
est reliée au taux d’émission spon-tanée03B3
e~g
de e vers g dans le vide infini par la même relation(1.9)
qui
lie lapulsation
caractéristique classique
à l’amortissementclassique
de l’électron de Lorentz :étant entendu que 03C9 ~ 03C90 .
Ici,
û est lapolarisation
de la transition de e vers g .Cette relation montre que la
pulsation
caractéristique ducouplage atome-champ
est "aussi
quantique"
que l’amortissementatomique
dans le vide illimité : savaleur exacte tient
compte
des effets de fluctuations du vide.La similarité des relations
(1.21)
et(1.9)
est unepremière correspondance
entre les deux
descriptions
de l’interaction cohérenteatome-champ.
1.2.3
Premiers états habillés
Le hamiltonien du
système
global
atome-champ
est H =H
A
+H
C
+H
rwa
dip
..
Ils’agit
du hamiltonien deJaynes
etCummings
[59],
qui
rendcompte
de l’évolution cohérente dusystème atome-champ. Depuis
son introduction dans les années60,
il a suscité de nombreuses recherchesthéoriques puis expérimentales
sur leseffets que
peut
manifester unsystème
aussisimple
qu’un
atome à deux niveauxinteragissant
avec un mode duchamp
électromagnétique.
On
néglige
pour le moment tout amortissement et l’on cherche les états propres de cesystème, qui
sont dénommés états habillés[35][36].
Cette recherche estfacilement menée dans la base des états tensoriels
|e
ou g;n),
où l’atome est dansun de ses deux états
|e>
ou|g>
et lechamp
dans un état de Fock|n>.
Puisque
l’interaction
H
rwa
dip
échange
unquantum
d’énergie
entre l’atome et lechamp,
elle necouple
que les états à même nombre d’excitations.L’état
|g;
0)
constitué de l’atome dans l’état fondamental et la cavité vide estévidemment l’état fondamental du
système
global, puisqu’il
n’a aucune excitationà
échanger.
Sonénergie
est nulle.Les états à une seule
excitation, qu’elle
soitportée
par l’atome ou lacavité,
peuvent
lapermuter :
|e;0>
et|g; 1)
sontcouplés,
avec un élément de matrice(e;
0|H
rwa
dip
|g;
1> = -03A9.
Le hamiltonien Hcomporte
donc un blocdiagonal
surLa
diagonalisation
de cette matrice 2 x 2 est immédiate et fournit lespremiers
états habillésexprimés
sur la base(|e; 0), |g; 1>) :
où
l’angle
03B8
1
est tel quetg 203B8
1
= -203A9/03B4
et 0 <03B8
1
<03C0/2.
03B8
1
vaut03C0/4
àrésonance,
0pour 03B4
-03A9
et03C0/2
quand 03B4
» 03A9. Cespremiers
états habillés ont pourénergies :
Les
pulsations apparaissant
dans l’évolution dusystème atome-champ
varientavec le désaccord de la même manière que les
pulsations
propresclassiques,
lecouplage
03A9
Cl
étantremplacé
par soncorrespondant
quantique 03A9
(cf.
l’équation
(1.8)).
La variation de
l’énergie
despremiers
états habillés avec le désaccord 03B4 estreprésentée
sur lafigure
1.4.À
résonance,
les états habillés|1±>
sont descombi-naisons linéaires de
poids
égaux
de|e;
0)
et|g; 1) :
et leurs
énergies
valent(03C9
0
±
03A9) :
ils sontpositionnés
symétriquement
parrapport
à03C9
0
et sontséparés
de 203A9. Cecomportement
rappelle
celui despulsations
propresclassiques
(cf.
figure
1.2).
Lorsque
03B4 »03A9,
l’état|1+>
tend vers l’état|g;1>,
d’énergie
03C9,
et|1->
tend vers|e;0>,
d’énergie
03C9
0
;
la conclusion est inverselorsque 03B4
-03A9 :
atomeet
champ
sedécouplent
s’ils sont désaccordés deplus
dequelques pulsations
decouplage.
Néanmoins,
auxgrands
désaccords,
l’effet résiduel ducouplage
faitsubir un
déplacement
de03A9
2
/03B4
àl’énergie
de l’état|g; 1),
etde -03A9
2
/03B4
à cellede l’état
|e; 0>.
Desdéplacements
semblables se retrouvent sur lespulsations
classiques
(cf.
§
1.1.3).
Lechangement
depulsation
propre du mode de la cavités’interprète
par un indice de réfraction dû à laprésence
d’un atome non résonnantdans
l’état g .
La modification del’énergie
de l’état e par la cavité hors résonanceFigure
1.4 : Variation del’énergie
despremiers
états habillés avec le désaccord= 03C9 - 03C90. Les états non