1.5 Effets liés aux états habillés très excités
1.5.2 Émission de l’atome dans un champ de quelques photons . 44
photons
La
préparation
des états habillés d’ordre élevé s’avère difficile àpartir
de l’état fondamentalatome-champ |g; 0>.
Un autre moyen d’observer des effets dus à leur existence est de suivre l’évolution d’un atome dans unchamp
initial où desphotons
sontprésents.
Ceproblème
estlargement
connu et a suscité ungrand
intérêtthéorique depuis vingt
ans[71][72][73].
Il est sur lepoint
depouvoir
être testéexpérimentalement,
et estrappelé
ici dans sesgrandes lignes.
L’atome et le
champ
étant àrésonance,
lephénomène
élémentairecarac-térisant l’existence de la
multiplicité
habillée d’ordre n est l’oscillation de l’ex-citationatomique
à lapulsation 203A9n,
comme il a été vu au§
1.2.6. Mais l’observation de cet effet nécessite que lechamp
soitpréparé
dans un état de Fock|n>
àquelques photons,
cequi
n’est pas chose aisée et n’a encorejamais
été réalisé[74] [75] [52].
Un état du
champ
de la cavité facile à obtenir est un état de Glauber(dit
"état cohérent" duchamp).
Cet état est unesuperposition
d’états deFock 03A3~n=0cn|n>,
où les coefficients dudéveloppement
valent cn =e
-|03B1|2/2
03B1
n
n!. L’amplitude
com-plexe
03B1 est reliée au nombre moyen n dephotons
dans le modepar n
=|03B1|2.
Ladispersion
du nombre dephotons
autour de n est de l’ordre den.
Laprépa-ration d’un état cohérent à
quelques photons
en moyenne s’effectue encouplant
une source
classique
de faible intensité au mode de la cavité.Le
champ
étantpréparé
dans un état de Glauber et l’atome dans l’état nonexcité g , l’état initial du
système atome-champ
est :La
probabilité Pe(t)
que l’atome soit dans l’état excité eaprès
untemps
d’interac-tion t avec le
champ
est obtenue parprojection
de|03A8(t)>
sur|e>
et sommation desprobabilités indépendantes correspondant
aux différents nombres dephotons :
La
probabilité
enquestion
est ainsi la somme d’oscillations de l’excitationato-mique
dans unchamp
à nphotons, chaque
oscillation intervenant avec unpoids
proportionnel
à lapopulation
du nombre dephotons
dans l’état initial. Les cohérences duchamp
n’interviennent pas. La transformée de Fourier dePe(t)
redonne lespulsations 203A9n qui séparent
les états habillés d’ordre n , en reflétant lastatistique
initiale du nombre dephotons.
Les variations de
Pe(t)
en fonction dutemps
d’interactionatome-champ
sontreprésentées
sur lafigure 1.11,
pour différentes valeurs du nombre moyen dephotons
dans lechamp
initial. L’allure en estcompréhensible.
Les oscillationsrapides
ont lieu à lapulsation
moyenne203A9n.
Elles se brouillent à cause de ladispersion
du nombre dephotons
autour de n(phase
dite de"collapse").
Cettedispersion
étant de l’ordre den,
lespremières
oscillations s’effacent au bout d’untemps caractéristique
tcoll. donné par :(Un
calculrigoureux
attribue uneenveloppe gaussienne
auxpremières
oscilla-tions,
detemps caractéristique tcoll.
=2 03A9). tcoll.
estindépendant
den,
et il ya ainsi de l’ordre de
n
oscillations avant l’effondrement des oscillations. Ceteffet n’est pas dû à un
quelconque amortissement, qui
a été entièrementnégligé
dansl’analyse.
Ilprovient
de ladispersion
del’énergie
initiale duchamp,
et il n’a donc pasd’analogue
dans unedescription semi-classique,
danslaquelle l’énergie
duchamp
initial de lacavité,
aussi faiblesoit-elle,
est déterminée avec une pré-cision infinie.Cependant,
ilapparaît
tout de même si l’on admet que l’intensité duchamp classique puisse
fluctuer.Mais du fait que
l’énergie
duchamp quantique
serépartit
de manière dis-crète sur les nombres dephotons,
ladispersion
despulsations 03A9n
est discrète elle aussi et les oscillationspartielles correspondant
à deux nombres dephotons
adjacents peuvent
se remettre enphase,
cequi produit
la renaissance desFigure
1.11 : Allure dePe(t)
pourquelques
valeurs initiales du nombre moyen ded’explication
dans uneimage semi-classique.
Elleprend
son effet maximum autemps
trev donné par :ce
qui
est le résultat d’un calcul exact. Lapremière
renaissance intervient donc à l’issue d’un nombre d’oscillations de l’ordre de n(en comptant
cellesqui
sontinvisibles).
Puis les oscillations s’effondrent de nouveau, pourréapparaître
trev.plus tard,
et ainsi de suite. Lesrésurgences
successives décroissent lentement enamplitude,
et s’étalenttemporellement jusqu’à
finir par se superposer et donner lieu à une évolutionapparemment chaotique.
Cependant,
ladescription
faite ici n’est valide que pour des nombres moyens dephotons
n~ 10,
afin que coll.t ettrev.
soient suffisammentséparés. Sinon,
lesrésurgences
sesuperposent
très tôt et les variations dePe(t)
sontimmédi-atement
erratiques après
lepremier brouillage, qui
n’existe d’ailleurs même paspour n ~
1.Lorsque
l’on suit l’allure dePe(t)
pour des valeurs entières de ncroissantes, n
= 7 est le nombre moyen dephotons
leplus
faible pourlequel
lepremier
effondrement des oscillations estcomplet
et suivi d’unlaps
detemps
sansoscillation.
remarques
2022 La décroissance en
amplitude
et lasuperposition
des renaissances dePe(t)
aux
temps longs
est due à la variationanharmonique
des différentespul-sations d’oscillation avec n. Si la cavité est résonnante avec une transi-tion à deux
photons,
lapulsation
decouplage atome-champ
est 03A9’n(pour
n ~
10),
linéaire en nombre dephotons,
etPe(t) prend
une formeana-lytique.
Lesréapparitions
des oscillations interviennent alorstoujours
à intervallesréguliers,
etidentiquement
à elles-mêmes[47][76].
Plus
précisément,
dans ce cas d’une transition à deuxphotons,
les oscil-lations ont lieu à lapulsation
moyenne 203A9’n. Lepremier
effacement seproduit
en untemps t’coll ~ 1/(03A9’n), après n
oscillations. Lapremière
résurgence
intervient au bout det’rev ~ 03C0/03A9’,
à l’issue de n oscillations. Les renaissancesapparaissent
ainsi avec unepériode indépendante
du nombre dephotons
moyen initial. Elles ont une durée deplus
enplus
courtequand
n
croît,
en contenant un nombre d’oscillations deplus
enplus
élevé.2022 Le
champ
initial de la cavitépeut
être facilementpréparé
dans un étatautre
qu’un
état cohérent : à latempérature T ,
lechamp thermique remplit
statistiquement
les nombres dephotons
du mode de lacavité,
l’état|n>
étantoccupé
avec laprobabilité
pn =n
n
th /(nth +1)n+1,
où nth =(exp(03C9 kT)-1)
-1
est le nombre moyen de
photons thermiques
dans le mode.L’évolution
atome-champ
nedépendant
pas, comme on l’a vu, desco-hérences du
champ initial,
laprobabilité Pe(t)
calculéeprécédemment
de-vient ici
[77] :
ce que donne d’ailleurs un calcul immédiat. La distribution de
photons
étant une
exponentielle
delargeur nth.,
letemps
dupremier brouillage
des oscillations est trouvéégal
àt(th.)coll. ~ ), 1/(03A9nth
cequi
ne laisseguère
letemps qu’à
une seule oscillation de seproduire.
Cet effondrement desos-cillations est décrit dans un modèle
semi-classique,
où l’intensité duchamp
possède
une distributionexponentielle.
Pour sa
part,
l’effet de renaissance est entièrementquantique,
mais il nemanifeste pas un caractère aussi
prononcé
que celui obtenu avec unchamp
cohérent
initial,
à cause des allures foncièrement différentes des distributions dephotons.
Lesrésurgences
n’interviennentplus
à des intervalles detemps
réguliers,
mais semblentsurgir
deplus
enplus
vite à mesure que letemps
s’écoule,
transformant continûment lepremier
réveil des oscillations -qui
se
produit
au bout d’untemps ~ nth./03A9 2014
en une évolutionerratique.
P
(th.)
e
(t)
oscille alors aléatoirement autour de1/2,
avec uneamplitude
crête à crête de l’ordre de1/nth. (dans
cetteanalyse,
nth. ~10).
1.6 Conclusion
Comme on l’a vu, un atome à deux niveaux et un mode du
champ
électromagné-tique supporté
par une cavitéconstituent,
dans une situation où leur interaction est forte devant leurs amortissements propres, unsystème
isoléqui possède
des étatsd’énergie
discrets. Onparle
alors de "moléculeatome-champ".
Il est
possible
enprincipe
d’effectuer laspectroscopie
despremiers
niveauxde cette "molécule" en lui
couplant
un faiblechamp
sonde. Cette observationpeut
être facilitée par laprésence
simultanée deplusieurs
atomesidentiques
dans la cavité : les atomes secouplent
collectivement auchamp,
etl’espacement
despremiers
niveaux excités dusystème global atomes-champ
est alorsmultiplié
parla racine du nombre d’atomes dans la cavité. Une telle
expérience
est détailléeau
chapitre
suivant. La mise en évidence des étatsplus
excités de la "moléculeatome-champ"
est encoreplus
subtile. Le dernierchapitre
décrit unmontage
expérimental
nouveauqui
doit autoriser cette observation.Les effets
qui
ont été décrits dans ceprésent chapitre
sont très fins. Un seul atome modifie le vide de la cavité aupoint
de dédoubler safréquence
deréso-nance.
Inversement,
lafréquence atomique
estséparée
en deuxcomposantes
par un
champ
de unphoton
dans la cavité. Cesphénomènes
sont visiblesspectroscopiquement,
et les effetsmécaniques qu’ils produisent
sont à laportée
d’observations futures.51
Observation de l’effet Stark
dynamique
résonnant du vide
La
séparation
despremiers
états habillés atome-cavité estcaractéristique
ducouplage
résonnant entre un atome à deux niveaux et un mode duchamp
électro-magnétique.
Cet effetpeut
être considéré de deuxfaçons :
dupoint
de vue de lacavité,
l’indice de réfractionmicroscopique
dû à laprésence
de l’atome dédoublesa
pulsation
derésonance ;
dupoint
de vue del’atome,
les fluctuations du vide de la cavitéprovoquent
un effet Starkdynamique qui
divise sa transition en deuxcomposantes.
L’observation des
premiers
états habillésatome-champ
est effectuée ici dans le domaine micro-onde[78].
Les niveauxatomiques
utilisés dans de tellesexpéri-ences sont des états de
Rydberg
d’alcalins. La cavité est de taillecentimétrique,
et est
supraconductrice
afin d’assurer untemps
destockage
suffisant à l’excitationde son mode.