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Spectroscopie des premiers niveaux habillés

Une manifestation

expérimentale

directe du fort

couplage atome-champ,

dans

le

régime

non

perturbatif

de

l’électrodynamique

en

cavité,

est l’observation du

spectre

des

premiers

états excités du

système atome-champ.

Comme on l’a vu, l’atome et le

champ interagissent

si fortement

qu’ils

se

comportent

comme une

"molécule". La

spectroscopie

de cette "molécule"

peut

s’effectuer en y

couplant

une sonde faible

(pour

éviter les

problèmes

de

saturation).

Cette sonde excite

le

système

formé par l’atome et la cavité en

interaction,

et l’excitation

produite

peut

être observée soit sur l’atome soit sur le

champ.

On examine ici l’influence d’une telle sonde sur le

système,

en

prédisant

la forme des

signaux

attendus.

1.4.1 Principe de la spectroscopie

La

spectroscopie

des

premiers

états habillés s’effectue en

couplant

au mode de la cavité une source

monochromatique

de

pulsation 03BD

variable. La

perturbation

apportée

par ce

champ

sonde est

représentée

par le hamiltonien

dépendant

du

temps

qui injecte

des

photons

dans le mode de la cavité.

|Cs|

est la

pulsation

carac-térisant l’intensité du

couplage

de la sonde à la cavité.

On considère que la cavité ne contient

qu’un

seul atome. Le hamiltonien total du

système atome-champ

en interaction avec la sonde

classique

est ainsi :

La sonde

Ws(t)

a les éléments de matrice suivants entre les états les

plus

bas du

système atome-champ (cf. § 1.2.3) :

La sonde

couple

l’état fondamental

atome-champ |g; 0)

aux

premiers

états habil-lés

proportionnellement

aux

poids

de l’état non

couplé |g; 1>

dans les

expressions

des

|1±>.

Le

système atome-champ

étant initialement dans son état fondamental

|g; 0),

l’énergie qui

lui est fournie par la sonde

classique peut

être calculée dans le cadre de la théorie de la

réponse

linéaire pour une faible

perturbation

de la sonde

(|C

s

|

«

03A9) [65].

Le

spectre d’absorption

de

l’énergie

de la sonde par le

système

atome-champ présente

deux

pics

centrés sur

E1-/

et

E1+/,

de hauteurs

res-pectives proportionnelles

à

cos203B81

et

sin2 03B81 (cf. figure 1.9).

Loin de

résonance,

seul le

pic d’absorption

à la

pulsation

03C90

+ 03B4

= w subsiste : l’atome et la cavité se

comportent

comme s’ils étaient

seuls,

et la sonde est

résonnante à la

pulsation

de la cavité nue.

À résonance,

les deux

pics d’absorption

sont de même

hauteur, positionnés

symétriquement

par

rapport

à la

pulsation

03C90et distants de 203A9. Cette

séparation

correspond

à la

pulsation

des oscillations de l’état d’un atome initialement excité

dans une cavité vide

(cf. § 1.2.5) ;

pour cette

raison,

elle est souvent dénommée

"vacuum Rabi

splitting". Ainsi,

la sonde ne

peut

pas exciter le

système global

atome-champ

à la

pulsation

commune 03C90 des deux

sous-systèmes,

mais elle le

peut

à des

pulsations 03C90 ± 03A9 légèrement

différentes :

lorsqu’un

atome est à

l’intérieur de la

cavité,

l’effet d’indice

microscopique qu’il

provoque a pour effet

d’empêcher

un

(faible) champ

d’entrer dans la cavité s’il

possède

la

fréquence

de la cavité vide. En

quelque sorte,

la

présence

d’un atome

bloque

la transmission de la cavité.

L’obtention du

spectre d’absorption

du

système atome-champ

à résonance

témoigne

donc du

couplage 03A9

existant entre les deux

sous-systèmes.

Si N atomes

interagissent

avec la

cavité,

la

séparation

des deux

pics

d’excitation vaut

203A9N

et son observation en est facilitée

(les largeurs

des

pics

sont les mêmes que dans le cas à un

atome).

Un

point

essentiel est que la

puissance

du

champ

sonde doit être

faible : |Cs|

«

03A9N.

1.4.2 Signal spectroscopique

L’excitation du

système atome-champ

par la sonde

classique peut

se détecter sur

le

champ

de la cavité ou sur

l’atome,

car l’excitation

portée

par les états habillés

|1±>

se

partage

à résonance

équitablement

entre l’atome et la cavité.

La détection de l’excitation

globale

sur le

champ peut

se faire en relevant la transmission de la sonde

classique

au travers de la cavité. Si la

pulsation

de la sonde ne

correspond

pas à une

pulsation

propre

03C90±03A9

du

système atome-champ,

la sonde n’entre pas dans la cavité et sa transmission est donc nulle.

À l’inverse,

elle entre dans la cavité si sa

pulsation

coïncide avec - 003C9 03A9 ou 03C90 +

03A9,

et sa

transmission passe alors par un maximum. La difficulté de cette méthode tient à

la faiblesse de l’intensité de la

sonde, qui

doit

perturber

le

système atome-champ

le moins

possible.

Le

champ

transmis est alors faible lui aussi et sa détection

requiert

des moyens

hétérodynes complexes.

C’est la méthode

employée

dans les

Figure

1.9 :

Absorption

de

l’énergie

de la sonde par le

système atome-champ.

Ici,

le désaccord 03B4 entre la cavité et l’atome a une valeur

légèrement positive.

La détection sur l’atome de l’excitation des états habillés s’obtient en mesurant

son

état g

ou e

après qu’il

a

interagi

avec le mode de la cavité. La

répétition

de

cette mesure fournit la

probabilité

que l’atome soit excité

après

son interaction

avec le

champ.

Cette

probabilité enregistrée

en fonction de la

pulsation

03BD de la sonde

reproduit

les variations de l’excitation du

système

total et fait donc

ap-paraître

deux

pics

d’excitation

atomique

aux

pulsations E1±/.

Cette méthode

utilise les atomes d’un

jet,

dont les états e

et g

sont détectés sélectivement

après

leur traversée de la cavité. Elle est utilisée dans le domaine

micro-onde,

une

telle détection sélective des niveaux

atomiques

est

possible [67][68],

et est décrite

au

§

2.3.2.