G ERGONNE
Géométrie analitique. De la nature et des propriétés principales des sections planes de toute surface conique du second ordre
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 16 (1825-1826), p. 361-372
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36I
GÉOMÉTRIE ANALITIQUE.
De la
nature etdes proprietés principales des sections
planes de
toutesurface conique du second ordre;
Par M. GERGONNE.
GENERATION DU CONE.
SOIT
une droiterapportée à
trois axes de direction arbitraire.Sup-
posons que cette droite passe par
l’origine
descoordonnées ,
etprenons pour ses deux
équations
Si m et n sont
donnés ,
cette droite sera absolument déterminée de situation etunique
dansl’espace. Si ,
aucontraire,
ces deuxcoefficiens sont , à la
fois,
indéterminés etindépendans,
leséqua- tions
ci-dessuspourront
, suivant les valeursqu’on
voudra attri- buer à m et n,exprimer
indistinctement toutes les droitesqui
peuvent
être menées dansl’espace ,
parl’origine.
Mais m et n, sans être déterminés ni
indépendans, peuvent
être liés par une
relation ;
telle queAlors,
leséquations (I) n’exprimeront plus
ni une droiteunique
nila totalité des droites
qu’on
peut mener dansl’espace
parl’origine
des
coordonnées,
mais seulement une certaine série de ces droi- tes,c’est-à-dire,
des droites se succédant sansinterruption
dansTom.
XVI , n.° XII , I.er juin
I826.47
362
GENERATION
l’espace,
et formantconséquemment ,
par leurensemble,
une sur-face
conique ayant
son sommet ou centre àl’origine. Voyons quelle
est
l’équation générale de
cette surface.En résolvant
l’équation (2)
parrapport
à n, on entirera
unevaleur de cette forme
qui , substituée
dans la deruiére deséquations (I) ,
leschangera
eu celle-ci
qui exprimeront
, par leurensemble ,
l’intersection de deuxplans variables, passant respectivement
par les axesdes y
et des x ; la-quelle
intersection sera constamment une desgénératrices
de la sur-face
conique
dont ils’agit , quelque
valeur d’ailleursqu’on
attri-bue à m.
Mais, lorsqu’une ligne
est donnée par l’intersection de deuxsurfaces 3
toute combinaisonqu’on
voudra faire deséquations
deces deux surfaces sera
l’équation
d’une troisième surface contenant cette mêmeligne ; donc,
toute combinaisonqu’on voudra
fairedes
équations (3)
seral’équation
d’une surface contenant lagéné-
ratrice de la surface
conique qui répond
à toute valeur déterminéede
in.
DQnc,
enparticulier, l’équation
résultant de l’élimination de m,entre les
équations -(3) ,
seral’équation
d’une surface contenant,pour
chaque
valeurqu’on
voudra donner à m , l’une desgéné-
ratrices de la surface
conique. lTais ,
cetteéquation,
ne renfer-mant
plus
m , demeurera constamment lamême , quelque
valeurqu’on
donne à ceparamètre variable ; donc ,
la surfacequ’elle
ex-primera contiendra, à
lafois ,
tontes lesgénératrices,
et sera con-séquemment l’équation
même de la surfaceconique
dont ils’agit.
La
recherche
de la surfaceconique ,
lieu de toutes lesdroites
DU CONE.
363données
par leséquations (i)
et(2) ,
seréduit donc,
comme l’onvoit
, à tirer del’équation (2)
la valeur de n , pour laporter
dans la dernière deséquations (i)?
et à éliminer ensuite m entre lapremière
de ceséquations
etl’équation
résultante.Mais ce calcul revient évidemment à éliminer m et n entre les
équations (i)
et(2) ,
et doit nécessairement conduire au même ré-sultat ,
dequelque
manière d’ailleurs que l’onprocède
à l’élimi-nation de ces deux
paramètres ;
donc onparviendra également à l’équation
de lasurface conique
dont ils’agit,
en mettant sim-plement
pour m et n, dansl’équation (2) ,
leurs valeurs donnéespar les
équations (i) ;
donc finalementl’équation
de la surface co-nique
dont ils’agit,
et , parsuite, l’équation générale
de toutes lessurfaces
coniques qui
ont leur sommet ou centre àl’origine ,
estéquation
danslaquelle
ydésigne
une fonction tout-à-.{ai t arhi- traire(*).
Il suit de
là ,
enparticulier ,
quel’équation générale
des surfa-ces
coniques
du second ordrequi
ont leur sommet ou centre àl’origme
est de la forme(*) On
brusque
d’ordinaire cette conclusion , ens’ëtayant
d’une certainepropriété
de l’élitniuation. Mats on sent qu’à moins de démontrer préa-lablement cette
propriété , à
priori , cequi
neparaît
pasfacile ,
l’élève n’y peut voir qu’une sorte dequalité occulte,
dontl’emploi ,
dans les sciencesexactes , doit lui
paraître
assez surprenant.Nous ne
prétendons
pas, ausurplus ,
que l’on soit tenu de répéter lelong
raisonnement que nous venons de faire toutes les fois qu’on se retrou-vera dans les mêmes circonstances; niais nous pensons que du moinà il fau- dra le répéter aussi
long-temps
que l’élève ne sera pas en état de lesuppléer
facilement de lui-même.
364 SECTIONS
c’est-à-dire ,
Soit
coupée
cette surface par unplan parallèle
auplan
des xy ,et
conséquemment
par unplan quelconque , puisque
leplan
desxy est
supposé
de directionquelconque pafw rapport
à elle. Endésignant par k
la distance entre ces deuxplans ,
mesuréeparal-.
lèlement à l’axe
des z , l’équation
de laprojection
de lasection
sur le
plan
des xy seraet cette
section,
comme l’onsait,
seraappelée
D’un autre
côté , si,
dansl’équation (4) ,
on fait z=o ,l’équa-
tion résultante
sera celle de la section de la surface
conique
par leplan
des xy ,c’est-à-dire ,
par unplan
mené par son sommetparallèlement
auplan coupant. Or,
en résolvant cette dernièreéquation
par rap-port
à y, on démontre aisémentqu’elle exprime
DU
C O N E
365donc,
unplan
coupe unesurface conique
du second ordre sui-,vant une
ellipse,
uneparabole
ou unehyperbole,
suivant que leplan parallèle à celui-là ,
conduit par le sommet de cettesurface conique ,
est horsd’elle ,
la touche ou la coupe.Or ,
commece
sont là les trois seuls cas
qui puissent
seprésenter,
il s’ensuitqu’on
n’aura
jamais ,
pour les sectionsplanes
d’une surfaceconique
dusecond
ordre ,
que les trois courbes que nous venons designaler
et que de
plus
on pourra les avoir toutes. On voit en mêmetemps
que laparabole
tient le milieu entre lesellipses
et leshyperbo- les ;
de sortequ’elle
est à la fois la dernière desellipses
et lapremière
deshyperboles.
Si l’on
Imagine
que la distance k diminue sanscesse , jusqu’à
devenir
nulle,
on verra en outre que lepoint
est un casparti-
culier de
l’ellipse ,
que deux droitesqui
seconfondent
sont uncas
particulier
de laparabole ,
etqu’enfin
deux droitesqui
se cou-pent
sont un casparticulier
del’hyperbole.
Si l’on
conçoit
que le sommet de la surfaceconique s’éloigne
àl’infini,
cette surface deviendra une surfacecylindrique.
On nepourra
plus
avoir alors ni des sectionsparaboliques
ni des sectionshyperboliques , qui
se trouverontremplacées
par des droites pa- rallèles. Il se pourra aussi alors que leplan
et la surfacecylindri-
que ne se
coupent
pas.A la page 61 du tome V. du
présent recueil,
nous avons dé- montré fortsimplement
que les courbescomprises
dansl’équation
(5)
sont telles I.° que les milieux de toutes leurs cordesparallèles
à366
FOYERSune
droite
fixequelconque
sont tous sur une autre droite que nousavons
appelée diamètre,
etqui
a lestangentes
à ses extrémitésparallèles
à la droitefixe ;
2.° que tous les diamètres del’ellipse
et de
l’hyperbole
secoupent
en un mêmepoint qui
en est lemilieu commun , et que nous avons
appelé
le centre de lacourbe ,
tandis que, dans la
parabole,
tous les diamètres sontparallèles ;
3.°
qu’à
unquelconque
des diamètres del’ellipse
ou del’hyper- bole ,
il enrépond toujours
un autre,qui
en est dit leconjugué ,
tels que chacun d’eux contient les milieux des
cordes parallèles
à
l’autre ; 4.°
que ,parmi
lessystèmes
de diamètresconjugués
deces deux
courbes ,
en nombreinfini ,
il en est un , et unseul ,
dans lequel
ces deuxdiamètres , qui
sont dits alors les diamètresprincipaux
ou les axes de lacourbe ,
sontperpendiculaires
l’unà
l’autre ;
5.°qu’enfin, parmi
les diamètres de laparabole,
il enest un , et un
seul, qui
estperpendiculaire
à latangente
à son extré- mité : c’est le diamètreprincipal
ou l’axe de la courbe.On conclut de là I.°
qu’en prenant
pour axes descoordonnées ,
dans
l’ellipse ,
deux diamètresconjugués quelconques ,
etrepré-
sentant leurs
longueurs respectives
par 2a et2b , l’équation
dela courbe
prend
cette forme fortsimple
ce
qui
ventdire que
dansl’ellipse,
la somme desquarrés
desrapports
des deux coordonnées d’un mêmepoint
aux moitiés des diamètresconjugués auxquels
elles sontrespectivement parallèles
est constamment
égale à
l’unité.2.° Dans les mêmes
circonstances, l’équation
del’hyperbole prend
la
forme
ET
DIRECTRICE. 367
r
la courbe a alors un diamètre réel 2a,
tandis que
sonconjugué 2b-1
a unelongueur imaginaire,
et c’est alors ladifférence
des
quarrés
desrapports
des coordonnées d’un mêmepoint
de lacourbe aux moitiés des diamètres
auxquels
elles sontrespective-
ment
parallèles qui
est constammentégale à
l’unité.3.°
Enfin,
dans laparabole ,
si l’onprend
un diamètrequel-
conque pour axe des x et la
tangente
à son extrémité pour axe des y ,l’équation
de la courbeprend
cette formetrès-simple
Supposons que,
dans leséquations (7), (8), (9) les coordon-
nées soient
rectangulaires.
On tire del’équation (7)
en
ajoutant
tour-à-tour auxdeux
membreson aura
extrayant
les racinesquarrées
des deux membres de cesdeux équa-
tions,
enremarquant
que, par la nature de lacourbe ,
x ne pou-vant être
plus grand
que a, les racines des deux membres doi-vent être de mêmes
signes,
on aura368 FOYERS
d’où,
enajoutant
membre à membre etréduisant,
Or,
les deuxradicaux
dupremier
membre de cette dernièreéqua-
tion
expriment
les distances de l’unquelconque
despoints de
lacourbe à deux
points
de l’axe des x ,pris
à des distancesa2-b2
de
part
et d’autre del’origine; donc, la
somme des distances des diverspoints
del’ellipse
à deuxpoints fixes, pris
sur sonplan,
est une
quantité
constante. Cespoints
sont cequ’on appelle
lesfoyers
de la courbe.Ce
qui précède
supposequ’on
aa>b.
Dans cettehypothèse y
si l’on
répète
le calcul que nous venons defaire,
en traitant bet y
comme nous avons traité a et x, et viceversâ ,
on s’assu-rera de l’existence de deux
foyers imaginaires ,
sur leplus petit
des deux axes de la courbe
(*).
L’équation (I0) peut
être mise sous cette formepuis
souscelle-ci
(*)
Voyez ,
sur cesujet ,
la page3I7
du VIII.e volume duprésent
recueil,
369
ET
DIRECTRICE.
Or,
lepremier
membre de cetteéquation
est lerapport
entre ladistance de l’un
quelconque
despoints
de la courbe à l’un desfoyers
et la distance du même
point
à uneperpendiculaire
à l’axe des x menée à ladistance a2 a2-b2
del’origine ; donc, les
distances desdivers
points
del’ellipse
à unpoint fixe
et à une droitefixe
sontdans un
rapport
constant. On voit que lepoint
fixe dont ils’agit
ici est l’un des
foyers. Quant
à la droitefixe,
on s’assurera aisé-ment
qu’elle
en est lapolaire.
Si ,
dansl’équation (7),
ainsi que dans lesdiverses transformées
que nous en avons successivementdéduites,
onchange +b2
en-b2 ,
on obtiendra les transforméesanalogues
relatives àl’hyper-
bole donnée par
l’équation (8);
et l’on sera conduit aux deuxéqua-
tions D
rnais
ici
où x esttoujours plus grand que a ,
ilfaudra , dans
l’extraction des racines ,
écrired’où,
enajoutant
et réduisantTom. XVI 48
370 FOYERS
Or, les radicaux du
premier
membreexpriment
lesdistances de
l’unquelconque
despoints
de la courbé à deuxpoints
de l’axe des xpris
à des distancesa2+b2
depart
et d’autre del’origine ;
doncla
différence
des distances des diverspoints
del’hyperbole
à deuxpoints fixes pris
sur sonplan ,
est unequantité
constante.. Cespoints
sont cequ’on appelle
lesfoyers
de la courbe.En traitant
l’équation (12)
comme nous avons traitél’équation (10) ,
on’parviendra
à lui donner cette formece
qui,
pour les mêmes raisons queci-dessuis ,
montre que les dis-tances de divers
points
del’hyperbole
à unpoint fixe
et à unedroite
fixe
sont dans unrapport
constant.On
voitqu’ici
encorele
point
fixe dont ils’agit
est l’un desfoyers ,
tandis que la droite fixe en est lapolaire.
L’équation (9)
de laparabole peut
être écrite ainsi :d’où ,
entransposant
etextrayant
laracine quarrée des
deux membres ,ou bien
c’est-à-dire
que les distances des diverspoints
de laparabole à
37I
ET
DIRECTRICE.
un
point fixe
et à une droitefixe
sont dans unrapport
constant.Le
point
fixe est cequ’on appelle
lefoyer
de lacourbe ;
et il estfacile de s’assurer que la droite fixe est la
polaire
de cepoint.
C’est donc une
propriété
commune à toutes les sectionsconrques
que la constance du
rapport
des distances de leurs diverspoints
àun
point
et à une droitefixe
;rapport plus petit
que l’unité pourl’ellipse , égal
à l’unité pour laprabole
etplus grand
que l’unité pourl’hyperbole.
La droite
qui
va de l’un desfoyers
d’une sectionconique
à l’unquelconque
despoints
de la courbe est dite le rayon vecteur decette
courbe ; l’angle
que fait ce rayon vecteur avec l’axequi
con-tient les
foyers
estappelé l’anomalie ;
la distance d’unfoyer
aucentre est dite
l’excentricité ,
et la double ordonnéequi
passe parce
foyer
est cequ’on appelle
leparamètre.
Représentons ,
pourl’ellipse ,
par r le rayon vecteur , par 6 l’ano-malie,
par p leparamètre
et par e lerapport
de l’excentricité audemi-grand
axe ; nous auronsde Iâ
nous conclusons x=rCos.03B8+a2-b2=a03B5+rcos03B8,
et par con-séquent
En substituant toutes ces valeurs
dans l’équation (II) ,
elledeviendra
d’où on tirera
372 FOYERS
ETDIRECTRICES.
et une
transformation analogue , appliquée
àl’équation (13)
con-duirait exactement au même résultat.
Quant à
laparabole ,
on a pour cette courbed’ou
au moyen de
quoi l’équation (14) devient
et donne
Ainsi l’équation (15) qu’on appelle l’équation polaire des sections coniques
convientgénéralement
à toutes ces courbesqui
sont el-lipses, paraboles
ouhyperboles,
suivantqu’on a 03B5I , 03B5=I
ou 03B5>I.En