1
Soutien à la parentalité : le quotidien des crèches ?
Enquête ethnographique dans une structure d’accueil du jeune enfant
Sous la direction de Madame Régine SIROTA Marie GUIBERT
Master 2 Education et Formation, Parcours Recherche Année 2012/2013
Université Paris Descartes – Paris v Faculté des Sciences Humaines et Sociales
Département des Sciences de l’éducation
2
3
« Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatiguant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications ».
Antoine DE SAINT EXUPERY Le Petit Prince
5 Un grand merci…
A toute l’équipe de la crèche pour son accueil et sa disponibilité. Toutes les professionnelles ont été une aide précieuse à la réalisation de ce travail qui n’aurait pas pu exister sans elles.
Aux parents pour leur coopération dans la crèche et leur temps pendant les entretiens.
A la DFPE qui m’a permis de m’investir directement sur le terrain.
A Siena, Stéphanie et Julie et leurs conseils éclairés pendant nos pauses café.
Aux enseignants en sciences de l’éducation de Paris Descartes qui ont pu m’aider dans mon cheminement face à un projet de recherche et en particulier à Madame SIROTA pour l’autonomie et les connaissances qu’elle m’a permis d’acquérir au cours de celui-‐ci.
A Oriol pour son soutien sans faille, à Marius pour sa joie de vivre et ses siestes à rallonge qui m’ont fournit de longues plages d’étude et beaucoup de motivation et au futur petit dernier qui grâce à de nombreuses insomnies m’a fait travailler tard dans la nuit et très tôt le matin.
7 Table des matières
1. Introduction ... 11
2. Relation parents-‐professionnelles à travers l’histoire des modes de garde de la petite enfance ... 15
2.1. Les premières structures d’accueil : poêles à tricoter, salles d’asiles ... 15
2.2. Des salles d’asiles aux crèches ... 16
2.3. L’évolution sanitaire des crèches ... 18
2.4. L’ouverture des crèches aux parents ... 19
2.5. Les interactions avec les parents aujourd’hui ... 20
2.5.1. Les transmissions journalières ... 21
2.5.2. Les conseils de crèche ... 22
2.5.3. Les fêtes de crèche ... 22
2.6. Conclusion ... 23
3. L’enquête ... 25
3.1. Accès au terrain ... 25
3.2. Le lieu d’accueil ... 26
3.3. Les professionnelles ... 29
3.4. Les familles accueillies ... 30
3.5. Modalités de l’enquête ... 30
3.5.1. Les entretiens ... 30
3.5.2. Les observations ... 31
3.6. Conclusion ... 32
4. Les usages du soutien à la parentalité ... 35
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
8
4.1. Les familles « cibles » : des professionnelles en démarche ... 35
4.1.1. Les objectifs principaux du soutien à la parentalité ... 35
4.1.1. La promotion de la mixité sociale à la crèche ... 37
4.1.2. « Un dispositif social d’intervention » ... 39
4.2. La crèche, « L’école des parents » : des parents en demande ... 41
4.2.1. Entre qualité et sociabilité : un choix éclairé ... 41
4.2.2. Un professionnalisme rassurant ... 45
4.2.3. Des pratiques et des conseils concrets ... 47
4.2.4. Un espace convivial apprécié ... 51
4.3. Un dispositif maitrisé ... 53
4.3.1. Les autres ressources ... 53
4.3.2. Une mise à distance ... 56
4.4. Conclusion ... 58
5. L’accueil : un monde du contact ambivalent ... 61
5.1. D’une relative transparence (ce qui est divulgué)… ... 61
5.1.1. La période d’adaptation, étape essentielle ... 61
5.1.2. Une ambiance qui parle d’elle même ... 65
5.1.3. « Tout va bien » : rythme biologique et activités ... 67
5.2. … A une relative opacité : « Tout va bien » (ce qui est caché) ... 70
5.2.1. Les stratégies professionnelles ... 70
5.2.2. Les stratégies parentales ... 74
5.3. Conclusion ... 76
Table des matières
9 6. Relation parents-‐professionnelles : deux espaces clivés ? Le soutien à la parentalité
en question ... 77
6.1. La toute puissance des professionnelles ... 77
6.2. Des parents sur leur réserve ... 82
6.3. Soutien à la parentalité : quelle est sa place ? ... 85
6.4. Conclusion ... 88
7. Conclusion ... 91
8. Glossaire ... 95
9. Bibliographie ... 97
10. Annexes ... 103
11
1. Introduction
Le soutien à la parentalité fait aujourd’hui partie des pratiques professionnelles des institutions en contact avec des familles ayant de jeunes enfants. On entend ici par parentalité « l’ensemble des savoir-‐être et des savoir-‐faire qui se déclinent au fil des situations quotidiennes en paroles, actes, partages, émotions et plaisirs, en reconnaissance de l’enfant, mais également, en autorité, exigence, cohérence et continuité »1. Le soutien signifie, quant à lui, l’accompagnement apporté aux familles au sein de leurs pratiques professionnelles. Dans le cadre des structures d’accueil du jeune enfant, les professionnelles2 de la petite enfance sont amenées à rencontrer matin et soir, les parents des enfants qu’elles prennent en charge d’où l’intérêt d’aller voir ce qui est réalisé à ce sujet au sein de ces établissements.
L’objectif de ce travail de recherche est d’étudier ces relations parents-‐professionnelles lors des moments d’accueil et la manière dont le soutien à la parentalité est diffusé par ce biais.
Il s’inscrit dans la continuité du travail de recherche de master un qui avait analysé les pratiques professionnelles en ce qui concerne le soutien à la parentalité. Les entretiens menés auprès de sept professionnelles (puéricultrices, éducatrices de jeunes enfants, agents d’accueil petite enfance et psychologue) avaient montré que le temps des transmissions quotidiennes avec les parents, lorsqu’ils viennent déposer ou récupérer leurs enfants, est un moment adéquat pour soutenir et aider les parents dans leur fonction parentale compte tenu du fait qu’il n’y a pas réellement d’autre temps consacré à cette pratique professionnelle en raison des nombreuses contraintes horaires existant dans ces établissements.
Ce mémoire a pour ambition de répondre à la question de la pratique du soutien à la parentalité, à propos de la manière dont il est mis en place et pratiqué dans la relation entre parents et professionnelles au moment de l’accueil dans les structures d’accueil du jeune enfant, ainsi que de comprendre les enjeux de cette relation au moment des transmissions
1 Définition issue du rapport Région Nord-‐Pas de Calais (2004) -‐ Lecluse et Wacquet proposée par Lesquin (1999) lors d’une conférence sur « Le soutien et l’accompagnement de la fonction parentale ».
2 Le terme professionnelle sera employé au féminin tout au long de ce mémoire du fait du terrain d’enquête où seules des femmes travaillent.
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
12
de l’accueil en crèche. Il tentera de répondre aux interrogations suivantes : Comment ces relations se construisent-‐elles et dans quel but ? Comment les professionnelles de la petite enfance accueillent-‐elles les parents en crèche ? Quelles sont les préoccupations et les attitudes des parents lorsqu’ils sont face à des professionnelles de la petite enfance ?
Notre premier axe consiste à analyser la diffusion du soutien à la parentalité dans les crèches et à la manière dont les parents le reçoivent. Nous proposons comme hypothèse centrale que suivant la catégorie socioprofessionnelle des parents, les usages du soutien à la parentalité sont différents. Pour ce faire nous prendrons comme champ analytique la sociologie de la famille qui cherche à connaître et à faire comprendre ses manières d’agir en étroite relation avec les autres activités sociales, une société donnée qu’elle rencontre à un moment donné. Selon Gérard NEYRAND « cet investissement par le discours public du terme parentalité, jusqu’alors réservé à des spécialistes de certaines sciences humaines (anthropologie, psychanalyse, sociologie), est révélateur de l’importance des mutations qui bouleversent le fonctionnement de la sphère privée et interpellent les pouvoirs publics quant à la gestion qu’ils doivent effectuer de la question familiale, de plus en plus recentrée sur la question parentale »3. La notion de contrôle de la famille est bel et bien sous-‐jacente lorsqu’on s’intéresse à la notion de soutien à la parentalité, en effet « les pouvoirs publics sont de plus en plus tentés par les mesures d’encadrement-‐contrôle plutôt que celles de soutien-‐accompagnement »,4 d’autant plus lorsqu’il s’agit de se confronter aux conditions de vie des familles précarisées. Serge LEBOVICI définit « la parentalité comme le produit de la parenté et aussi le fruit de la parentalisation des parents ». « Le phénomène humain de la parentalité nécessite un encadrement, un accompagnement que facilite la compréhension de cette « étrange naturalité ». Ce cadre serait par définition la culture et le groupe social qui accompagnent la mère et le père dans le processus de « parentalisation » »5.
Notre deuxième axe est d’étudier plus précisément les interactions parents-‐professionnelles ayant lieu au moment de l’accueil du matin et du soir. Nous posons comme hypothèse principale pour cette seconde partie que les enjeux des différents acteurs au moment de
3 NEYRAND Gérard, Soutenir et contrôler les parents, Toulouse, Erès, 2011, p.7.
4 Ibid., p.144.
5 SOLIS-‐PONTON, Leticia, « Sur la notion de parentalité développée par Serge Lebovici », Spirale, 1/2001 (no 17), p. 135-‐141.
1. Introduction
13 l’accueil influent sur les informations transmises entre les parents et les professionnelles.
Nous nous appuierons sur le mouvement interactionniste issu de l’école de Chicago qui a ici toute sa place dans l’analyse des données récoltées. En effet, il nous semble important d’insister sur la complexité des rôles de chacun des acteurs de ces interactions6qui a été étudiée par les nombreux sociologues appartenant à ce courant. Les individus sont les producteurs de leur propre action et signification. Bien que vivant dans un même cadre social, chaque acteur social donne un sens individualisé à l'action, selon les circonstances, aux objets et aux situations qui caractérisent ce cadre social ou environnement matériel.
Ainsi, grâce aux observations menées dans une structure d’accueil du jeune enfant, aux entretiens informels avec le personnel de celle-‐ci et les entretiens avec les parents, nous souhaitons mettre à jour ce qui se joue au cœur de cette relation parents-‐professionnelles dans cette institution donnée, mais aussi et plus précisément dans quelle mesure le soutien à la parentalité y a sa place et y prend sens.
Ce mémoire est divisé en deux parties. Les chapitres un et deux consisteront, tout d’abord, à faire un retour historique sur la place des parents à travers l’évolution des modes de garde tels qu’ils ont été pensés depuis les « poêles à tricoter », en passant par les salles d’asiles jusqu’à l’ouverture des premières crèches ainsi qu’à l’explication de l’enquête de terrain.
Ensuite, dans une deuxième partie composée des chapitres trois, quatre et cinq, le but est d’analyser les données qui ont été apportées par cette enquête. Nous aborderons, les différentes pratiques existant en terme de soutien à la parentalité en crèche dans le chapitre trois. Dans le quatrième chapitre, nous nous intéresserons plus particulièrement aux interactions parents-‐professionnelles et aux enjeux qui les sous-‐tendent. Pour terminer, dans une cinquième partie, nous essayerons de discerner la réelle place accordée au soutien à la parentalité dans les structures d’accueil du jeune enfant.
6 GOFFMAN, Erving, Les cadres de l’expérience, Les éditions de minuit, Paris, 1991.
15
2. Relation parents-‐professionnelles à travers l’histoire des modes de garde de la petite enfance
La place des parents par rapport à l’institution prenant soin de ses enfants est un sujet délicat depuis la création des premières structures permettant d’accueillir les tout-‐petits. Ce chapitre a pour objectif de mettre en perspective les différents établissements ayant existés ainsi que le rôle accordé aux parents des enfants qui y sont pris en charge.
2.1. Les premières structures d’accueil : poêles à tricoter, salles d’asiles
L’œuvre de Jean-‐Frédéric OBERLIN et de ses « Poêles à tricoter » est souvent citée en exemple de l’initiative pour l’accueil des jeunes enfants. Arrivé dans sa nouvelle paroisse du Ban de la Roche pour prendre la suite du pasteur Jean-‐Gorges STUBER en 1767, il constate la misère dans laquelle vivent les familles les plus précaires. « Il lui faut améliorer les conditions sociales grâce à l’éducation de la population. Or, à ses yeux, l’éducation doit débuter précocement »7. Les parents devant assurer le fonctionnement de leur foyer ils ne peuvent pas prendre en charge leurs enfants, ces derniers sont donc très souvent livrés à eux-‐mêmes pendant les longues journées de labeur de leurs parents. Jean-‐Frédéric OBERLIN décide de s’occuper des enfants dès l’âge de quatre ans afin de leur délivrer « une éducation morale, physique et intellectuelle adaptée à la situation locale et favorisant le développement agricole, artisanal et industriel »8. Avec l’aide de ses « conductrices de la tendre jeunesse », des jeunes filles qu’il choisit pour leurs capacités à être douces et maternantes envers les enfants, il prend en charge les jeunes enfants jusqu’à ce qu’ils puissent aller sur les bancs de l’école. Il ne s’agit donc pas directement de la garde de très jeunes enfants mais l’initiative s’en approche car elle consiste à gérer un groupe d’enfants pendant que leurs parents travaillent en attendant qu’ils soient scolarisés. Jean-‐Frédéric OBERLIN ne s’intéresse pas à la question du rôle parental au sein de son organisation. Les parents ne sont pas intégrés à sa démarche. Ils doivent pouvoir continuer à mener leur activité professionnelle.
7 UGLIANA, Sylvie, « Les premières crèches françaises : de futures écoles en puissance ? (1844-‐1870) », Thèse de doctorat d’université, Paris, Université Paris V, 1999, 741p, p.21.
8 Ibid., p.21.
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
16
Les salles d’asile créées entre 1825 et 1826 par un comité de dames avec la collaboration de Jean-‐Denys-‐Marie COCHIN sont destinées à l’accueil des jeunes enfants de dix huit mois à sept ans afin d’améliorer les conditions de vie des plus pauvres et de soutenir les mères afin qu’elles puissent aller travailler. Il existe bel et bien le souci d’une norme dans l’éducation des enfants ainsi qu’une volonté de contrôle de la part des plus fortunés sur ce qui se passe à l’intérieur des familles les plus précaires. Pour Jean-‐Denys-‐Marie COCHIN, « la misère est un état accidentel provoqué par un trop grand nombre d’enfants et une insuffisance de ressources. Il faut la résoudre en permettant à la mère de famille de travailler »9.
Mais il existe toujours la question de la garde des tout-‐petits qui va se résoudre avec l’instauration des crèches, dans la lignée des salles d’asiles, sous l’initiative de Firmin MARBEAU.
2.2. Des salles d’asiles aux crèches
Les premières crèches sont créées au milieu du XIXème siècle. Elles ont « un caractère d’institution d’assistanat car, outre la condition sine qua non du travail de la mère, elles sont avant tout définies comme des établissements de garde »10. Face à des conditions de vie d’extrême pauvreté de la classe ouvrière, le projet des crèches voit le jour sous la Monarchie de Juillet, il s’agit des premières salles d’asile. Le 14 novembre 1844, la première crèche, la crèche Chaillot, ouvre ses portes à Paris, sous l’influence de Firmin MARBEAU, accueillant les enfants de zéro à deux ans grâce à de nombreux philanthropes. Ces crèches ont pour but de venir en aide aux familles les plus en difficulté afin de diminuer le nombre d’enfants trouvés abandonnés. « La préservation physique et mentale, l’amélioration de la santé des enfants est visée »11, il est également question de la diminution de la mortalité infantile très forte à cette époque là. En outre, il est important de noter le caractère pragmatique des crèches. En effet, il s’agit avant tout de surveiller les populations les plus pauvres, de les rapprocher de la religion car les plus riches doutent de leur morale, « les objectifs de la salle
9 Ibid., p.63.
10 Ibid., p.6.
11 BOUVE, Catherine, Les crèches collectives : usagers et représentations social, L’Harmattan, Paris, 2001, p.38.
2. Relation parents-‐professionnelles à travers l’histoire des modes de garde de la petite enfance
17 d’asile allient la mission d’hospitalisation et d’éduquer le peuple »12. La crèche est la première étape avant l’entrée à l’école où les jeunes enfants seront éduqués. Les mères de familles sont invitées à fréquenter ces lieux notamment pour allaiter leur enfant. Leur présence permet une maitrise plus exhaustive des plus pauvres par les plus riches en contrôlant le rôle des mères auprès de leur progéniture.
« L’organisation de la garde d’enfants, en permettant le travail de la mère s’attaque au paupérisme. Elle permet de stabiliser la main d’œuvre féminine dont les différents secteurs de l’industrie ont grand besoin » 13. Les premières crèches liées à un contexte d’industrialisation où la main d’œuvre féminine est essentielle, permettent un véritable contrôle sur les familles les plus précaires. Les femmes sont surveillées, il leur est expliqué ce qu’elles doivent faire, comment elles doivent se comporter avec leurs enfants, « la crèche devient un lieu d’éducation pour devenir une meilleure mère »14. Elles sont encouragées à venir régulièrement au cours de la journée à la crèche pour allaiter leur enfant. La crèche leur est ouverte puisqu’un des objectifs est d’éduquer ces femmes et pour ce faire leur présence est indispensable. Firmin MARBEAU va même jusqu’à envisager de récompenser les meilleures mères afin de les encourager dans ce processus de normalisation.
Dans les textes, les crèches proposent un objectif différent des salles d’asiles. « Les crèches se posent en concurrentes des maisons de sevrage et des garderies afin d’améliorer les chances de survie des petits enfants pauvres »15, tandis que les salles d’asiles étaient davantage perçus comme des refuges pour enfants abandonnés. La crèche doit proposer une aide aux mères et est présentée comme un complément aux salles d’asiles et une étape avant la scolarisation. « La garde des petits enfants en soi n’est pas le but des crèches, puisque celles-‐ci n’existent que pour combattre la misère et augmenter la population »16.
12 PLAISANCE Eric, Pauline Kergomard et l’école maternelle, PUF, Paris, 1996, p.15.
13 BOUVE, Catherine, op cit, p.40.
14 BOUVE, Catherine, op. cit., p.42.
15 UGLIANA, Sylvie, op. cit., p.59.
16 UGLIANA, Sylvie, op cit, p.65.
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
18
Cependant l’état sanitaire des crèches laisse à désirer et de nombreuses personnalités y dénoncent « des problèmes sanitaires et de mortalité »17. De plus, lorsqu’on y regarde de près, il s’avère que la fréquentation des crèches est très faible. Ceci est dû au fait qu’elles ne concernent qu’une petite partie de la population. Les mères qui travaillent mettent leurs enfants à la crèche uniquement lorsqu’elles ont un emploi et les gardent le reste du temps ce qui arrive très fréquemment.
2.3. L’évolution sanitaire des crèches
A partir des années 1900, la crèche est dénoncée par certains parce qu’elle affaiblit les liens de la famille et qu’il y demeure un état sanitaire déplorable. C’est alors qu’arrivent les médecins dans ces établissements.
Le docteur SIRY « préconise l’intervention du médecin hygiéniste dans l’établissement et la direction des crèches »18. Les médecins prennent en charge ces établissements ainsi que les formations des berceuses. « Tout y est hygiénisé, chaque geste, chaque chose, chaque personne. Les parents, les curieux (y compris les philanthropes, les dames patronnesses…) et les animaux sont mis sur le même plan : ils sont évincés de la crèche »19. Ainsi, les crèches deviennent avant tout des établissements sanitaires et médicaux où l’on se préoccupe peu des liens familiaux et du rôle pédagogique des éducateurs prenant en charge ces très jeunes enfants, les parents n’y ont plus aucune place ne pouvant même pas y pénétrer avec leurs enfants. Ils ne sont en aucun cas concertés et intégrés dans la prise en charge de leurs enfants.
Vu le contexte social des deux guerres mondiales, la préoccupation du rôle des mères revient dans les esprits. C’est ainsi que les métiers de la petite enfance se professionnalisent et qu’ « en 1923 le ministère de la santé confie la direction des crèches à des infirmières ou des sages-‐femmes, accentuant ainsi le caractère hospitalier des crèches »20. A la fin de la guerre, la mortalité infantile a très nettement augmenté, c’est pourquoi les crèches sont
17 BOUVE, Catherine, op. cit., p.46.
18 BOUVE, Catherine, op. cit., p.51.
19 BOUVE, Catherine, op. cit., p.51.
20 BOUVE, Catherine, op. cit., p.53.
2. Relation parents-‐professionnelles à travers l’histoire des modes de garde de la petite enfance
19 alors rattachées aux hôpitaux « confirmant les processus de pénétration des médecins et des hygiénistes dans le champ de la petite enfance et leur rôle éminemment social auprès des classes laborieuses »21. Il n’existe aucun contact entre la famille et la crèche jusque dans les années soixante-‐dix. A leur arrivée à la crèche, les enfants sont déshabillés, passés par une sorte de passe plat, lavés et habillés avec les vêtements de l’établissement par les berceuses. Les parents n’ont pas la possibilité de rentrer dans la crèche et de se mettre en contact avec les professionnels prenant soin de leurs enfants.
Cependant, en lien avec la création du diplôme d’éducatrice de jeunes enfants qui leur donne une légitimité dans l’accompagnement des parents, les crèches vont petit-‐à-‐petit procéder à leur ouverture sur la famille.
2.4. L’ouverture des crèches aux parents
Le retour des parents au sein des établissements de la petite enfance s’opère doucement dans les années cinquante mais de manière très réglementée.
Dans un premier temps l’arrêté du 18 avril 1951 (annexe 1) paru dans le Journal Officiel, permet aux parents de rentrer dans les crèches mais seulement dans quelques pièces prévues à cet effet. La crèche reste un univers où l’hygiène est très contrôlée et dans lequel ne circule pas qui le veut. Néanmoins, cette circulaire aborde également la possibilité de proposer des réunions aux parents afin de leur dispenser une « éducation sanitaire », d’où l’importance des échanges entre la directrice de la crèche et les parents.
Dans la circulaire du 16 décembre 1975 (annexe 2), il est possible de constater un véritable
« assouplissement du contrôle sanitaire » des crèches. Le problème des vêtements de crèche disparaît car ils doivent être fournis par les parents, les examens médicaux s’allègent, cependant les règles demeurent strictes. De plus, la circulation des parents dans la crèche n’est pas encore réellement organisée mis à part l'aménagement de réunions par la directrice de la crèche.
21 BOUVE, Catherine, op. cit., p.54.
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
20
Par la suite, dans la circulaire n°83/22 du 30 juin 1983 (annexe 3), on voit apparaître l’importance de la pratique des transmissions « qui sont des temps de transition importants dans la journée de l’enfant ainsi que des instants privilégiés de dialogue entre parents et professionnelles ». Pour la première fois, il n’est plus seulement questions d’interactions entre la directrice et les familles mais bien entre les professionnels de la crèche et les familles. D’autre part, les conseils de crèche sont mentionnés à partir de cette date, il s’agit de « mettre en place un mécanisme de consultation des parents au sein d’un conseil de crèche, composé outre de représentants du gestionnaire, des représentants des parents et du personnel ». Ce sont les premières recommandations faisant état d’une volonté de mettre en place une coéducation, les professionnels de la petite enfance ne sont plus les seuls détenteurs du savoir en terme d’éducation.
Le décret du 1er Aout 2000 (annexe 4) insiste sur la participation des familles à la vie de la collectivité. Ce décret fait mention de la « prise en compte du lien familial, des pratiques et des projets éducatifs des parents pour leur enfant ». L’accompagnement à la parentalité est également abordé, il devient nécessaire de « soutenir les parents au moment où ils construisent leur parentalité, à travers les échanges avec les professionnels et d’autres parents et la reconnaissance de leurs savoir-‐faire concernant l’éducation de leur enfant ».
Les professionnels des crèches sont donc mis à contribution pour intervenir auprès des familles qui en ont besoin.
Les relations parents-‐crèche ont donc largement évoluées depuis la création des premiers établissements d’accueil du jeune enfant. Aujourd’hui, les parents sont invités à pénétrer dans ces lieux précédemment interdits pour des raisons d’hygiène et sont amenés à rencontrer les professionnels de crèche quotidiennement. Ils sont investis au sein de ces établissements par les professionnels y travaillant.
2.5. Les interactions avec les parents aujourd’hui
Le soutien à la parentalité peut avoir lieu lorsque les professionnelles des lieux d’accueil et les parents se rencontrent. Outre les cas exceptionnels, ceci a lieu essentiellement lors des temps d’accueil du matin et du soir et lors de réunions.
2. Relation parents-‐professionnelles à travers l’histoire des modes de garde de la petite enfance
21 2.5.1. Les transmissions journalières
Tous les matins et tous les soirs, en accueillant les enfants, les professionnelles ont quelques minutes d’interactions avec les parents qui leur permettent d’échanger des informations en ce qui concerne les enfants. Ces transmissions permettent de faire le lien entre la maison et la crèche.
Dans la circulaire de 1983, il est demandé « d’autoriser les parents à rester un moment avec leur enfant sur le lieu d’accueil à l’arrivée et au départ. Ces temps de transition sont jugés importants pour les enfants et sont des moments privilégiés de dialogue entre les parents et les professionnels des crèches. Finalement, cela va occasionner l’adaptation des pratiques hospitalières : les transmissions entre les professionnels et les parents »22. L’idée qui en découle est que l’organisme d’accueil s’adapte au maximum aux demandes des parents. Le partenariat entre parents et professionnels se poursuit par conséquent chaque jour au moment de l’accueil des enfants le matin et le soir.
Les informations transmises se réduisent bien souvent au côté sanitaire et physiologique concernant l’enfant accueilli. Il s’agit des données les plus concrètes. Ensuite, lorsqu’il est question des activités plus en détail, du vécu de la journée d’un enfant, l’accès à toutes ces données peut être un peu plus complexe du fait notamment du roulement du personnel.
Certaines structures proposent des outils pour aider les professionnelles à transmettre toutes les informations aux parents grâce par exemple aux feuilles de transmissions (annexe 5) ou encore aux feuilles de rythme en ce qui concerne les bébés (annexe 6). En outre, ces temps de transmissions peuvent aussi être mis à disposition des parents lorsqu’ils se trouvent confrontés à des questionnements en ce qui concernent leur rôle d’éducateur face à leurs enfants. C’est ainsi qu’une relation de soutien à la parentalité peut exister à travers ces temps d’échange avec l’équipe éducative en relation directe avec leurs enfants.
22 RAMEAU, Laurence, « Parents-‐professionnels : des partenaires d’éducation », in CYRULNIK, Boris, RAMEAU, Laurence (dir), L’accueil en crèche, Philippe Duval, Savigny-‐sur-‐Orge, 2011, p.76.
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
22
2.5.2. Les conseils de crèche
Comme nous avons pu le constater un certain nombre de textes encadrent aujourd’hui la présence des parents au sein des structures d’accueil de la petite enfance et l’intervention des professionnelles auprès des familles.
Dès 1983, les conseils de crèche sont mis à l’ordre du jour dans les règlements de fonctionnement des établissements d’accueil du jeune enfant. Il s’agit de faire participer les parents à la vie de la structure, qu’ils puissent s’y impliquer et ainsi mieux comprendre ce qui est proposé aux enfants au fil des journées. Autrement dit, l’objectif des conseils de crèche est de créer une transparence sur ce qui se passe dans ces établissements et permettre aux parents de jouer un rôle actif au sein de ces structures.
La mise en place de ces conseils de parents est très précise, toutes les formalités sont explicitement inscrites dans le règlement intérieur des crèches municipales (annexe 7).
Outre les conseils de crèche, il peut parfois être proposé aux parents des réunions d’informations mais celles-‐ci n’ont rien d’obligatoire. Lorsqu’elles ont lieues, il y est souvent question du fonctionnement de l’établissement et l’échange entre parents et professionnelles y est ouvert. Ces réunions permettent souvent de répondre à des interrogations très pratiques des parents sur le déroulement des journées ou encore sur des sujets liés au développement de leurs enfants.
2.5.3. Les fêtes de crèche
Au même titre que les réunions d’informations, les fêtes de crèche n’ont aucun caractère obligatoire bien qu’elles soient de plus en plus souvent pratiquées. Elles permettent d’offrir un cadre plus convivial en ce qui concerne l’accueil des familles.
Généralement sont organisées, une fête de Noël pour faire connaissance et une fête de fin d’année pour dire au revoir à tous ceux qui s’en vont. Ce sont des moments conviviaux au cours desquels les parents peuvent découvrir certaines œuvres réalisées par leurs enfants et des spectacles peuvent être proposés pour l’occasion. La plupart du temps, les équipes organisent un gouter, ainsi familles et professionnelles discutent autour d’une part de
2. Relation parents-‐professionnelles à travers l’histoire des modes de garde de la petite enfance
23 gâteau et d’un verre de jus de fruit. Il n’est d’ailleurs pas rare de mettre à contribution les parents dans la confection de certaines préparations afin de les faire participer davantage à la vie de l’établissement.
Aujourd’hui, les occasions d’ouvrir les portes des établissements du jeune enfant aux parents se multiplient. La volonté de créer un espace convivial entre professionnel et familles apparaît, avec en permanence, l’idée de faire le lien avec les familles afin de prendre en charge au mieux les enfants qui sont confiés jour après jour à ces structures.
2.6. Conclusion
A travers cet historique, nous constatons que la place des parents au sein des structures d’accueil de la petite enfance a toujours été un sujet réfléchit en lien avec les objectifs des modes de garde. De leur éviction complète à leur implication progressive en fonction des enjeux envisagés, les responsables de ces institutions ont de tout temps laissé ou non une place aux parents selon une volonté établie. Aujourd’hui, à travers le grand projet du soutien à la parentalité, il va de soi que les parents sont de plus en plus impliqués quotidiennement par les professionnelles de la petite enfance dans ces lieux d’accueil. L’enquête que nous avons entreprise a pour ambition d’observer la mise en place du soutien à la parentalité à travers ces relations parents-‐professionnels en particulier au moment de l’accueil du matin et du soir.
25
3. L’enquête
3.1. Accès au terrain
Pour cette enquête, il a fallu chercher une crèche voulant bien accueillir une étudiante en sciences de l’éducation afin d’y faire des observations de leurs pratiques quotidiennes.
Lors d’une première recherche d’un terrain en démarchant directement des structures d’accueil, ce projet n’a pas reçu un accueil d’emblée positif et nous nous sommes confrontés à un certain nombre de directrices de crèche peu emballées par ce travail. Les refus ont été argumentés par de multiples raisons : « nous avons déjà programmé toutes nos stagiaires pour l’année à venir », « ce n’est pas moi qui décide mais la DFPE qui décide qui nous pouvons accueillir en stage ». Etant en grande difficulté pour trouver un terrain d’observation, nous avons donc décidé de faire appel directement à la Direction des Familles et de la Petite Enfance (DFPE) qui organise l’activité de toutes les crèches de la ville de Paris pour s’assurer que cette recherche pouvait être réalisable. Leur accueil a été très positif d’entrée de jeu: « il se trouve que justement nous travaillons sur le soutien à la parentalité dans les crèches c’est pourquoi votre projet nous intéresse tout particulièrement ». Le bureau des stagiaires de la DFPE s’est alors engagé à nous aider à trouver une crèche qui nous accueille. Quelques jours plus tard, des coordonnées nous parvenaient afin de rencontrer des directrices susceptibles de nous accueillir.
Cependant, c’est une chose que les dirigeants soient intéressés, et s’en est une autre que les crèches nous acceptent sur le terrain. La première personne que nous contactons par le biais de la DFPE est une coordinatrice de crèches. Elle nous soutient alors un discours totalement opposé au précèdent : « cela me paraît compliqué, et puis le soutien à la parentalité n’est pas vraiment notre priorité ». Il semblerait que notre présence en crèche puisse perturber les parents qui ne sont autres que les électeurs d’un maire dans chaque arrondissement, on ne peut donc pas se permettre n’importe quoi. Il s’agit bel et bien d’un sujet délicat qui ne fait pas encore l’unanimité auprès des professionnels directement concernés. Consternés, nous recontactons la DFPE qui semble surprise de la situation mais nous donne d’autres coordonnées. Une autre coordinatrice au téléphone semble beaucoup plus intéressée par ce travail. Elle nous demande une semaine de délai car elle ne veut pas imposer ce stage à une
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
26
crèche, elle prend donc le temps de voir qui serait susceptible de bien vouloir nous accueillir.
Une crèche du treizième arrondissement accepte de nous rencontrer après avoir été contactée par cette dernière coordinatrice. Suite à un entretien pendant lequel, la directrice adjointe nous reçoit et demande davantage de détails sur ce projet de recherche et sur les formalités de notre présence, nous obtenons l’autorisation de commencer notre stage. Il aura fallu trois mois pour y parvenir.
3.2. Le lieu d’accueil
La crèche les Petits Matelots est située dans le treizième arrondissement de Paris dans un quartier très cosmopolite. Cette structure est complète en ce qui concerne la mixité sociale.
Elle accueille soixante-‐six enfants, de 7h30 à 18h30 du lundi au vendredi essentiellement à temps plein, néanmoins quelques enfants sont accueillis sur des temps partiels, ils demeurent minoritaires.
Cette crèche est située dans une grande bâtisse ancienne, elle occupe donc toute la surface de cette maison qui comprend un sous sol, un rez-‐de-‐chaussée et un étage. Elle bénéficie également de trois espaces extérieurs dans lesquels les enfants accueillis vont régulièrement pour jouer. Deux de ces espaces sont davantage destinés aux plus grands où ils peuvent faire des jeux de ballons et des activités motrices, une plus petite cour est plus utilisée par le groupe des moyens.
Au rez-‐de-‐chaussée, dans la première pièce accessible se trouve la salle des bébés. Ils sont quinze par jour à être accueillis entre dix semaines et un an en début d’année. Les adaptations se déroulent de la rentrée, début septembre à la fin du mois de novembre.
3. L’enquête
27
! !
!
!
!
"#$%#&$!
'())*!+*!,&*!+*-!././-!0!12!
././-!*%!3!45!
6#&7!$*8(-!
!
'())*!+*!9:(7;*!
!!
<*$-!9:*=!)*-!
>#?*7-!
<*$-!)@(%$&A>!*%!)(!-#$%&*!
6#&7!$*8#-!
Figure 1 : Plan de la salle des bébés
Dans la pièce d’à côté, il y a la salle des moyens. Ils sont dix-‐sept enfants à être accueillis tous les jours, qui ont entre un et deux ans. Théoriquement, trois nouveaux enfants y sont accueillis chaque année puisque les bébés à y entrer n’étaient que quinze. Enfin, il est nécessaire de monter à l’étage pour entrer dans l’univers des grands, les deux-‐trois ans. Il y a deux salles consacrées aux grands. Celle du fond est dédiée aux dix-‐huit moyens de l’année précédente qui ont grandi. La salle à l’entrée permet quant à elle, d’inscrire quinze nouveaux grands à chaque rentrée de septembre. Ces enfants là, ont bien souvent connus d’autres modes de garde avant leur arrivée à la crèche ou ont profité d’un congé parental d’éducation et sont restés gardés à la maison.
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
28
!
!
"#$$%!&%!'(#)*%!!
!
"#$$%!&%!'(#)*%!
+,-.,/-!,0!
1#$$%!&%!
2,.-/'/.3!
4,/)!$%'.0-%!
4,/)!
5,/.0-%1!
61'#$/%-1!
5%-1!$%!-%78
&%8'(#0113%!
4,/)!$%'.0-%!
4,/)!'0/1/)%!
4,/)!-%9#1!
!"#$%&'(($%)%*+%,-'./&%0%1%'234(4'4-$&%
*"-$%&'(($%)%*5%,-'./&%0%!%'234(4'4-$&%
4,/)!$%'.0-%!
4,/)!-%9#1!
%.!:%0;!10-!
.#<$%!
=%1./#/-%1!&%1!
9-,>%11/,))%$$%1!%.!
#''?1!#0!2,).%89$#.!
!
Figure 2 : Plan des salles des grands
On peut également trouver dans la crèche au rez-‐de-‐chaussée, un grand atrium qui sert de vestiaire aux grands et d’espace de jeux pendant la journée, la cuisine, le bureau de la
e
1
è r e
s a l l e : 1 5 g r a n d s
3. L’enquête
29 directrice ainsi qu’une petite salle nommée bibliothèque où les enfants se rendent souvent pour y découvrir tous les livres qui y sont stockés méthodiquement. Au sous-‐sol, il s’agit de la partie réservée au personnel ainsi que les pièces destinées à la lingerie et au stockage de matériel.
Autrement dit, l’espace ne manque pas aux Petits matelots, les enfants profitent d’un cadre assez privilégié lorsque l’on connaît les conditions de vie des petits parisiens.
3.3. Les professionnelles
L’équipe de la crèche Les petits Matelots est composée de vingt quatre professionnelles réparties de la manière suivante :
→ Deux puéricultrices, la directrice et son adjointe.
→ Deux éducatrices de jeunes enfants, une qui travaille à l’étage chez les grands, une qui travaille chez les bébés et les moyens, elles alternent tous les trois ans.
→ Seize auxiliaires de puéricultures partagées entre toutes les sections de la crèche et qui travaillent pour la plupart à temps plein (deux sont à mi temps). Elles sont six chez les grands, cinq chez les moyens, trois chez les bébés et deux auxiliaires sont appelées « volantes » c’est-‐à-‐dire qu’elles se déplacent dans les sections en fonction des besoins du service.
→ Quatre agents polyvalents, deux cuisinières et deux agents d’entretien.
Il y a également des professionnelles qui viennent de l’extérieur pour assurer des vacations à la crèche. La pédiatre vient deux fois par mois faire des consultations de suivi auprès des enfants. Elle doit également faire une visite systématique d’admission auprès de chaque enfant à leur entrée dans l’établissement. Elle s’assure du suivi médical de chaque enfant.
Une psychologue est présente deux fois par mois. Elle mène des observations dans les salles auprès des enfants et mène des réunions d’équipe afin de les accompagner dans leur pratique professionnelle. Enfin, une psychomotricienne est présente une fois par mois dans la structure afin de proposer des actions au sein de son champ de compétence autrement
Soutien à la parentalité : Le quotidien des crèches ?
30
dit, la motricité en lien avec le développement psychomoteur de l’enfant.
3.4. Les familles accueillies
La crèche accueille soixante-‐six enfants dans quatre sections : une de bébés, une de moyens, deux de grands.
Voici comment se présente la répartition des familles accueillies :
→ Quatorze familles chez les bébés : deux familles issues de la classe populaire, dix faisant partie des classes intermédiaires et deux étant situées dans les catégories supérieures.
→ Quatorze familles chez les moyens : deux familles sont issues des classes populaires, dix des classes intermédiaires et deux des classes supérieures.
→ Quinze familles dans la première salle des grands : quatre sont issues de la classe populaire, neufs familles des classes intermédiaires et deux familles des catégories socio-‐professionnelles supérieures.
→ Quinze familles dans la deuxième salle des grands : trois familles sont issues des classes populaires, sept familles de la classe intermédiaire et trois de la classe supérieure.
3.5. Modalités de l’enquête 3.5.1. Les entretiens
Six entretiens ont été menés avec les parents de la crèche grâce à une grille d’entretien (annexe 8) portant sur leur relation avec les professionnelles de la crèche ainsi que leurs besoins en tant que parents concernant l’éducation de leur enfant.
Les parents ont tout d’abord été abordés au sein de la structure lorsqu’ils venaient y déposer ou bien chercher leur enfant pendant les périodes d’observation. Suite à cela et devant le peu de réponse positive, un courrier a été directement adressé à tous les parents de la crèche. Une seule famille y a répondu favorablement. Nous avons pu recontacter les familles par la suite lors de la fête de la galette au mois de janvier où davantage de parents ont semblé sensibles à ce sujet et ont répondu présents. Pour compléter cet échantillon,