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Ecolo crèche: des crèches comme lieux de prévention de santé globale

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Academic year: 2022

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mai-juin 2016

Cette rubrique portant sur la santé environnementale a déjà abordé précédem- ment les aspects théoriques de la dangerosité des perturbateurs endocriniens, en particulier les pesticides, ou de la pollution atmosphérique, ainsi que l’origi- ne développementale de la santé (DOHad) via l’épigénétique.

Il faut aussi faire connaître et détailler les retombées pratiques des données théoriques et scientifiques. Notre rôle de professionnels de l’enfance est ici de proposer aux parents de modifier leurs comportements, de façon simple et pratique, dans des registres ciblés de la vie quotidienne de leurs enfants, que ce soit l’air, l’alimentation, l’usage de cosmétiques ou des produits de

consommation courante (jouets, ameublement, produits sanitaires, de bricola- ge, de jardinage…). Il n’est donc pas question de laisser planer un sentiment d’impuissance et de résignation. Il n’est pas non plus souhaitable, a contrario, de déclencher des angoisses parentales démesurées ou de vouloir tout boule- verser au risque de favoriser des conduites obsessionnelles comme une ortho- rexie (trouble des conduites alimentaires caractérisé par une fixation sur l’in- gestion d’une nourriture saine).

Rubrique dirigée par D. Le Houézec

S A N T É E T E N V IR O N N E M E N T

N os responsables politiques sont de plus en plus conscients de ces problèmes de santé envi- ronnementale. Les mesures législatives s’y rapportant avancent cependant len- tement. L’objectif d’une alimentation

« bio » est envisagé en restauration pu- blique pour 2020 (proposer 40 % d’ali- ments durables et de proximité dont la moitié d’aliments « bio » et locaux). L’in- terdiction des produits phytosanitaires (pesticides, herbicides, fongicides) est programmée pour 2020 dans les es- paces verts publics et à compter de 2022 dans les jardins des particuliers.

En attendant ces mesures bien timo- rées, des précautions doivent être prises durant la fenêtre d’exposition cruciale qualifiée par l’OMS de « période des 1 000 jours » (période fœtale et deux premières années de vie). L’environne- ment du jeune enfant doit être préservé, non seulement le milieu dans lequel il vit, mais aussi son propre mode de vie.

Un consensus existe de longue date sur les effets nocifs de l’alcool, du tabagis- me passif et des déséquilibres nutrition-

nels chez le fœtus et l’enfant. Mais de nombreux autres facteurs environne- mentaux risquent de venir impacter leur santé. Deux éléments de cet envi- ronnement du jeune enfant sont parti- culièrement primordiaux : les aliments et l’air.

Concernant les aliments, le débat sur les vertus éventuelles d’une alimenta- tion « bio » met en avant son absence de supériorité nutritionnelle par rapport à une alimentation conventionnelle. Mal- gré tout, l’impact positif d’une alimenta- tion « bio » sur l’excrétion urinaire de pesticides est évident [1] . Peu importe donc l’absence de supériorité nutrition- nelle : si, à valeur nutritionnelle égale, l’enfant peut déjà ne pas ingérer de pes- ticides et de métaux lourds [2] , il faut considérer cela comme un progrès.

Concernant l’air, on met souvent en

avant les dangers de la pollution atmo-

sphérique, mais on néglige habituelle-

ment la qualité de l’air intérieur, lequel,

hormis quelques situations particulières

(habitat situé près d’une voie de circula-

tion intense, d’un épandage agricole ou

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mai-juin 2016

D’une manière générale, les crèches doi- vent répondre à la législation des éta- blissements recevant du public. Le maître d’œuvre se doit de limiter l’im- pact du bâtiment sur l’environnement en permettant des économies substantielles de chauffage et d’électricité (orientation plein sud, isolation performante, utilisa- tion d’énergies renouvelables) et grâce à l’utilisation de matériaux naturels, peu ou pas transformés (pierre, briques en terre cuite, pisé, torchis, bois, béton cel- lulaire…), issus des circuits courts. La qualité de l’air intérieur nécessite de pri- vilégier les matériaux naturels pour les sols (parquet massif, linoléum vrai sans PVC, dallage en pierre, terre cuite ou ci- ment écologique). Les moquettes, qui re- tiennent des poussières contaminées par les polluants chimiques et les acariens, sont à exclure. Les murs peuvent être re- couverts de peintures naturelles (chaux, silicate, argile) ou à défaut de peintures classiques avec le moins de composés pétrochimiques possible, afin d’éviter le contact avec les composés organiques volatils (COV) des solvants. Les enduits traditionnels (chaux, terre, fibres végé- tales) sont écologiques et ont des vertus isolantes. Le liège ou le lambris sont aus- si des choix possibles sur certains murs.

Afin de permettre une aération naturel- le efficace contre l’accumulation de mi- cro-organismes ou de substances chi- miques, l’existence de nombreuses fe- nêtres et portes-fenêtres est indispen- sable, même avec une ventilation méca- nique contrôlée.

Ecolo crèche : des crèches comme lieux de prévention de santé globale

C. Grolleau-Escriva,

présidente et fondatrice de l’association Ecolo crèche (http://www.ecolo-creche.fr)

Les lieux d’accueil des jeunes enfants ont un impact sur leur développement psy- chique (cognitif, affectif, sensoriel) et sur leur développement social, mais égale- ment sur leur santé présente et à venir ! A ce titre, il est important d’y porter une at- tention particulière.

Ecolo crèche est une initiative originale qui permet aux professionnels de la petite enfance de se questionner sur leurs pra- tiques à travers le prisme du développe- ment durable. Cette démarche a pour ob- jectif de réduire l’impact de la crèche sur l’environnement, tout en améliorant les compétences de son personnel et en pré- servant au mieux le bien-être et la santé des enfants, cela sans augmenter les dé- penses de l’établissement. Comme pour tout établissement recevant des enfants, l’agrément obligatoire des services de la PMI du département en est la caution.

DES SOLUTIONS À ENVISAGER DÈS LA CONSTRUCTION

Lorsque cela est possible, l’idéal est de programmer une approche écorespon- sable avant la construction de l’établisse- ment. Il est important de prendre en compte les éventuelles pollutions exté- rieures. Le choix de l’implantation doit donc tenir compte de l’éloignement des voies de circulation ou des autres sources de pollution (zones d’épandage de pesticides ou industries dégageant des effluents atmosphériques nocifs).

d’une zone industrielle) est toujours plus pollué. L’air intérieur est volontiers envahi, principalement dans les villes, par de nombreux composés organiques volatils (COV) et des phtalates, qui sont autant de perturbateurs endocriniens dont le taux augmente avec le degré de la température [3, 4] . Le confinement est également une source de nuisance pa- tente : dans une salle de classe, le taux de gaz carbonique peut passer de 400 à 1 400 ppm en deux heures, expliquant les céphalées et le sentiment de fatigue de certains occupants. Dans les crèches, la suppression des dortoirs et leur rem- placement par plusieurs petites chambres a un rôle positif sur la conta- mination par des agents infectieux (bronchiolites), de même que la divi- sion des « open spaces » sur la diffusion des maladies à transmission aérienne.

Des gestes simples sont donc à recom- mander, comme l’aération quotidienne des pièces, ce qui s’impose d’autant plus que les habitats sont désormais de plus en plus isolés.

Les responsables des structures d’accueil de la petite enfance sont désormais conscients de ce problème, puisque cer- taines études montrent que l’air inté- rieur est plus pollué dans les logements familiaux que dans les crèches [5] . L’initiative « Ecolo crèche », qui a ac- compagné l’aménagement de près de deux cents lieux d’accueil de jeunes en- fants en France, montre ce qu’il est pos- sible de faire, à coût constant, en matiè- re de santé environnementale. Dans l’article qui suit, Mme Grolleau-Escriva, fondatrice de cette association, déve- loppe sa pratique et nous fait part de son expérience. 첸

Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêt.

Références

[1] OATES L., COHEN M., BRAUN L. et al. : « Reduction in urina- ry organophosphate pesticide metabolites in adults after a week-long organic diet », Environmental Res.,2014 ; 132 :105-11.

[2] BARANSKI M., SREDNICKA-TOBER D., VOLAKAKIS N. et al. :

« Higher antioxidant and lower cadmium concentrations and lo- wer incidence of pesticide residues in organically grown crops : a systematic literature review and meta-analyses », Br. J. Nutr., 2014 ; 112 :794-811.

[3] MOREAU-GUIGON E., ALLIOT F., GASPERI J. et al. : « Conta- mination de l’atmosphère par les composés perturbateurs endo- criniens en Ile-de-France », colloque PIREN-Seine, 29 mai 2015, Paris ; www.sisyphe.upmc.fr/piren/?q=webfm_send/1482.

[4] MOREAU-GUIGON E., TEIL M.J., BLANCHARD M. et al. :

« Contamination de l’air ambiant par les perturbateurs endocri- niens : caractérisation de la variabilité spatio-temporelle selon les habitats, les saisons et les modes d’émission », Journée scienti- fique METIS, 25 septembre 2014 ; www.metis.upmc.fr/sites/

default/files/media/J_scientifiques/ 2014/resumes/chevreuil_oral _resume_js_metis2014.pdf.

[5] RODA C. : « Exposition domestique à des polluants chi- miques de l’air intérieur : modélisation et évaluation de l’impact sur la santé respiratoire chez le jeune enfant : bilan au terme d’une année de suivi de la cohorte de nouveau-nés PARIS », thè- se médecine humaine et pathologie, université René-Descartes - Paris-V, 2012 ; https ://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00759641/do- cument.

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mai-juin 2016 Il faut éviter les meubles en panneaux

de particules, en raison des émanations de formaldéhyde, et préférer le bois massif. Si l’on ne peut pas remplacer les agglomérés et autres mélaminés, il est conseillé de les recouvrir d’un vernis à base d’huile de lin et de résines natu- relles. Pour les meubles en général, il est recommandé de choisir ceux qui portent la norme « NF environnement ».

C’est l’unique écolabel français officiel pour l’ameublement ; il est un gage de sécurité et de solidité. Un meuble ainsi labellisé a subi une batterie de tests pour éprouver sa tenue à la lumière, sa solidité, son confort, sa robustesse. Les critères portent sur la composition des matières premières, des revêtements, colle ou peinture et assurent une limita- tion des émissions de formaldéhyde.

L’Ecolabel européen garantit lui aussi une limitation de certaines substances dangereuses pour la santé humaine et assure un produit durable et de qualité supérieure avec une pollution de l’air intérieur réduite.

L’ALIMENTATION DES JEUNES ENFANTS COMME SOURCE DE SANTÉ

ET NON DE POLLUTION DES ORGANISMES

Il est primordial de respecter les besoins nutritionnels des enfants en fonction de leur âge. Mais il est tout aussi important d’éviter toute source de pollution de leur alimentation. Il est donc préférable de privilégier les produits issus de l’agri- culture biologique, qui ont été cultivés sans pesticides ni engrais de synthèse.

Afin de réduire l’empreinte écologique de ces aliments, il est également impor- tant de privilégier les productions lo- cales (marchés paysans, plateforme paysanne locale, AMAP), qui réduisent les transports et les coûts. Ce choix d’aliments « bio » peut être privilégié que la cuisine soit faite sur place ou li- vrée par un prestataire. Dans ce dernier cas, c’est le cahier des charges qui défi- nira les conditions du marché, où de-

vront apparaître les critères d’écores- ponsabilité du fournisseur (nombre de composantes « bio » par semaine, origi- ne des produits alimentaires, choix de produits saisonniers…). Pour les nour- rissons, l’utilisation d’une eau de source en bouteille est préférable pour la re- constitution des biberons. Attention au stockage des bouteilles en plastique d’eau ou de lait à la chaleur ou au soleil, avec le risque de dégradation et du pas- sage vers le contenu de certains plas- tiques du contenant.

Les récipients de cuisine doivent être sans risque de dégradation (verre, inox, grès, céramique, terre cuite non vernie, fonte émaillée). Les casseroles ou poêles à revêtement antiadhésifs (Té- flon

®

) sont dangereux car dégradables.

Les gobelets, assiettes et couverts en plastiques sont à bannir. Les aliments préparés sont habituellement sous em- ballage plastique, contenant volontiers des phtalates qui peuvent se dégrader au contact d’aliments gras ou sous l’ef- fet de la chaleur. Les biberons en plas- tique sont à écarter au bénéfice des bi- berons en verre ou en inox. En effet, si la présence de bisphénol A est interdite dans les biberons, ses substituts sont également des perturbateurs endocri- niens.

Au sein de la cuisine, les règles d’hygiè- ne feront appel à une démarche de type HACCP (Hazard Analysis Critical Control Point), méthode et principes de gestion de la sécurité sanitaire des ali- ments.

L’ENTRETIEN DES LOCAUX, BASE D’UN

ENVIRONNEMENT SAIN POUR LES ENFANTS

ET LES PROFESSIONNELS

Parmi les gestes ayant un impact sur la santé des enfants, il faut tenir compte de l’utilisation des produits d’entretien.

Indispensables pour éviter le dévelop- pement de micro-organismes nuisibles pour la santé des enfants, certains d’entre eux introduisent dans la crèche

une quantité importante de produits toxiques. En effet, les produits d’entre- tien utilisés dans les crèches ont sou- vent des propriétés biocides multiples et une puissance surdimensionnée par rapport aux réels besoins de ce lieu de garde d’enfants, qui ne doit pas être as- similé à une structure de soins. Les en- fants sont particulièrement sensibles (système endocrinien en pleine évolu- tion, métabolisme immature, inhalation d’air supérieure à celle des adultes, peau plus fine et perméable…) et ont des comportements qui accroissent les contacts avec les polluants potentiels (mise en bouche, position couchée, dé- placements en rampant ou à quatre pattes…). Le choix doit sélectionner des produits respectueux de l’environne- ment, en optant, par exemple, pour des produits multi-usages et éco-labellisés (NF environnement, Eco-cert), voire des produits de formulation simple (sa- von noir, savon de Marseille, bicarbona- te de soude, vinaigre d’alcool…). Les composés chimiques des produits d’en- tretien (type tensioactifs) ont une ac- tion nettoyante et antimicrobienne suf- fisante. Vouloir éliminer tous les mi- crobes avec de l’eau de javel n’est pas seulement inutile, c’est aussi nuisible (sélection de certains agents patho- gènes, rejet de chlore dans l’environne- ment et risque de formations de pro- duits organochlorés). Par ailleurs, la fréquence d’utilisation de ces produits (quelques dizaines de pulvérisations par jour pour les désinfectants de surfa- ce) accroît la pollution de l’air et des surfaces de la crèche. Avec un peu de bon sens, il est possible de redéfinir les besoins de désinfection : un bon net- toyage avec un détergent unique et une action mécanique efficace peuvent suf- fire. Les lingettes en microfibre (polyes- ter et polyamide) sont particulièrement intéressantes : à sec, elles retiennent les poussières et, légèrement humides, elles accrochent les déchets sans avoir recours à aucun produit.

Lors des soins du siège des enfants, le

nettoyage systématique du tapis de

change peut être espacé en plaçant sur le

tapis une serviette éponge personnelle

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mai-juin 2016 pour chaque enfant et changée lorsque

cela est nécessaire. Lors de ces changes en crèche, il faut absolument proscrire l’utilisation des lingettes qui sont volon- tiers allergisantes et irritantes. Le net- toyage du siège avec un gant de toilette et du savon de Marseille est le plus simple. Le choix d’un produit à base de liniment oléo-calcaire est aussi possible, car ce dernier est naturel, efficace et lais- se un film gras protecteur sur la peau.

Une désinfection véritable ne devrait être envisagée que dans les zones à risques (sols, tables de changes…) et durant les périodes sensibles (épidé- mies de bronchiolites, grippe ou gastro- entérites…). Pour le personnel de crèches, le lavage régulier des mains au savon (lavabos avec robinets à com- mande non manuelle) et leur séchage entre chaque enfant est aussi efficace que la multiplication d’applications ra- pides et symboliques de solutés hydro- alcooliques souvent irritants et majo- rant la perméabilité de la peau.

Les désodorisants en sprays ou les pro- duits d’ambiance (bougies, huiles es- sentielles, encens…) sont sources de formaldéhydes et de COV. Mieux vaut ouvrir les fenêtres et aérer régulière- ment.

DES ACTIVITÉS D’ÉVEIL QUI LIMITENT LES POLLUANTS ET RECONNECTENT

LES ENFANTS À LA NATURE

Depuis le siècle dernier, les enfants peu- vent disposer d’une très grande variété de jeux et de jouets stimulant leur éveil mais parfois aussi supports de polluants chimiques. De nombreux jouets en plas- tique que l’enfant s’empresse de mettre en bouche peuvent renfermer des phta- lates (assouplissant du PVC), des pe- luches peuvent contenir des retarda- teurs de flamme. Les jouets en bois ne sont pas tous anodins, certains contien- nent du formaldéhyde ou des métaux lourds dans leur peinture. Il est tout à fait envisageable de réduire les risques en privilégiant les objets et jouets fabri-

qués avec des matériaux naturels et non traités. Les jouets en bois, en tissu, en caoutchouc naturel ou en carton sont de plus en plus accessibles, et des fabri- cants régionaux multiplient les offres.

Ils coûtent parfois un peu plus chers mais sont souvent plus durables. Les jouets respectant la directive européen- ne sur la sécurité des jouets portent les sigles de conformité CE (communauté européenne) et NF (norme française).

Les professionnels qui font ce choix ap- précient aussi de réduire le nombre de jouets achetés, permettant ainsi de pro- poser aux enfants plus d’activités créa- tives avec des matériaux de récupéra- tion ou des matières naturelles. L’utili- sation du concept « Récup’Art » a pour effet d’accroître la créativité des enfants et des professionnels

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. Deux points de vigilance sont à souligner concernant l’activité du jeu en crèche. Le premier concerne la sécurité : les jouets utilisés doivent être propres et adaptés à l’usa- ge de jeunes enfants (éliminer toute partie susceptible d’être ingérée ou de blesser…). La seconde attention à por- ter à ces activités est de laisser les en- fants explorer, produire et créer, et de respecter les résultats obtenus mêmes s’ils ne correspondent pas toujours aux standards de l’adulte.

Si l’on parle d’écologie en crèche, il faut aussi aborder les effets de la connexion de l’enfant à la nature. Il est impossible pour le petit d’homme de s’épanouir sans découvrir la flore et la faune, or l’enfant est souvent éloigné de son éco- système, pour des raisons d’urbanisa- tion mal contrôlée mais aussi de croyances plutôt non fondées de nos jours. Il est donc important pour les structures d’accueil de jeunes enfants de leur permettre de rencontrer la natu- re, avec les précautions nécessaires à une exploration libre dans un cadre sé- curisé. Ce travail repose sur des expé- riences sensorielles simples favorisant l’éveil des enfants : écouter, toucher, sentir, observer la terre, les feuilles, les bois, les pierres… Les professionnels peuvent se servir des objets rapportés par les enfants comme autant de mer- veilles. Les cours, terrasses ou jardins

des crèches peuvent être facilement aménagés afin d’accueillir la biodiversi- té (plantes et animaux) et ainsi per- mettre des manipulations simples (creuser, patouiller, transvaser…) ou des projets plus complexes de planta- tions, de travail collectif, de saisonnali- té… En agissant au quotidien avec son environnement, l’enfant découvre la ri- chesse des interactions possibles dans les manipulations, attise sa curiosité et s’émerveille. Il découvre la biodiversité dont il fait partie, apprend les rythmes du temps… Le jeune enfant intègre ain- si un milieu de vie complet et collectif dont il est l’un des acteurs.

L’ENGAGEMENT DES PROFESSIONNELS AGIT POSITIVEMENT SUR LA VIE DES ENFANTS À LA CRÈCHE

La démarche Ecolo crèche repose sur la mobilisation de tous les professionnels des établissements engagés. Chacun œuvre à son niveau et avec ses idées pour améliorer le bien-être des enfants dont il a la charge. Il s’agit d’une vraie dynamique d’équipe, qui fédère tous les métiers et implique les parents. Les bonnes idées sont valorisées, l’approche collective redonne sa place à des profes- sionnels parfois oubliés. Les échanges au sein de l’équipe mais également entre les crèches du réseau Ecolo crèche rassurent et enrichissent les pratiques.

Chacun monte en compétence sur les notions d’écoresponsabilité et de pré- vention concernant la santé environne- mentale. Les professionnels peuvent fai- re des choix conscients en appréhen- dant les avantages et inconvénients de toutes les alternatives écoresponsables disponibles. Cette approche est respon- sabilisante et engageante : les profes- sionnels se sentent plus des acteurs dans leurs missions au quotidien. Une étude d’impact menée au sein des crèches du réseau Ecolo crèche montre

(1)Ambroise Monod et le Récup’Art, Aix, 2012, https://youtu.

be/G_y8MMvRLTc.

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mai-juin 2016 une baisse de l’absentéisme des profes-

sionnels allant jusqu’à 60 % d’absence en moins par rapport au début du pro- jet. Lorsqu’elles sont interrogées, les personnes engagées dans cette dé- marche avouent passer plus de temps en face-à-face avec les enfants, se sentir plus sereines, plus utiles, plus créa- tives… Des professionnels de l’enfance acteurs de leur rôle et agissant dans la bienveillance génèrent une ambiance propice au mieux-être des enfants et à un accueil des familles plus convivial.

QUEL IMPACT CONCRET SUR LA SANTÉ DES ENFANTS ?

Nombreux sont les responsables d’éta- blissements engagés dans la dynamique Ecolo crèche qui témoignent de la ré- duction des épidémies, de la baisse des maladies respiratoires (en particulier dans les « sections des bébés ») ou de la disparition de réactions cutanées. C’est un signal fort sur lequel nous nous sommes basés pour lancer une étude

épidémiologique portant sur les effets de la démarche écologique sur la santé à court terme des enfants. Cette étude démarrera à la rentrée prochaine. Mais déjà tous les témoignages et les publica- tions convergent : chaque action qui permet de réduire l’accumulation de substances chimiques de synthèse dans les crèches et qui reconnecte les enfants à la nature est une action de prévention de santé primaire. Sans attendre les ré- sultats définitifs de toutes les études se rapportant aux effets sur la santé des pesticides, des perturbateurs endocri- niens potentiels ou des OGM, il est de notre devoir de préserver des risques environnementaux potentiels les en- fants et les professionnels de terrain de la petite enfance.

ET LES BUDGETS ?

L’écoresponsabilité a souvent l’image d’une méthode coûteuse. Nos crèches prouvent le contraire. En utilisant l’ap- proche écologique dans sa globalité, ces structures pionnières montrent que leurs dépenses globales n’augmentent

pas et qu’un arbitrage judicieux peut permettre de mieux ventiler les dé- penses. En effet, il peut être utile dans certains cas de revaloriser des lignes budgétaires comme celles de l’alimenta- tion ou de l’entretien des bâtiments. Et tout naturellement, dans le cadre de cette démarche écoresponsable, d’autres dépenses sont mieux gérées : baisse des consommations d’énergie, d’eau, de produits d’entretien tech- niques et coûteux, baisse des achats sys- tématiques de jouets et de mobilier… Il en résulte un budget maîtrisé et une baisse des dépenses globales qui per- mettent aux gestionnaires de continuer à investir dans l’amélioration de l’ac- cueil des enfants.

Près de deux cents crèches sont aujour- d’hui engagées dans la démarche Ecolo crèche. Ces établissements défricheurs ont prouvé que leur fonctionnement est durable et permet de faire rimer respect de l’environnement avec amélioration de la santé des enfants et des profes- sionnels, tout en respectant une gestion saine. 첸

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêt.

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