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On parle de plus en plus des métropoles comme des

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Academic year: 2022

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Anne Latendresse, département de géographie, UQAM

O

n parle de plus en plus des métropoles comme des territoires émergents. Pour comprendre le recours au qualificatif « émergent », il faut s’intéresser à leur mutation dans cette ère de mondialisation. Car il existe un consensus en géographie urbaine, en sociologie et en études urbaines voulant que les métropoles, en cette ère mondialisée, « [soient] aujourd’hui davantage que de simples circonscriptions administratives de l’État : elles sont devenues des lieux où se concentrent les processus de création de richesse et d’innovation, mais aussi où les problèmes économiques, sociaux et environnementaux de l’époque sont pris en charge » Lefebvre et Pinson, 2020 : 5).

Comme on le verra dans cet article, les métropoles contemporaines se distinguent considérablement des métropoles modernes. Centres d’activités économiques, elles se caractérisent par une concentration d’habitants et la présence de noyaux d’activités de production dispersées sur de vastes territoires constitués de la ville-centre et de banlieues que recouvrent la région métropolitaine. De plus, bien qu’elles aient toujours leur importance au sein d’un territoire national, elles s’insèrent également dans des réseaux transnationaux, ce qui en fait des acteurs économiques et, dans une moindre mesure, des acteurs politiques. Bref, depuis les années 1980-1990, on assiste à un phénomène de métropolisation qui relève d’un processus de restructuration du capitalisme, et d’une mutation du politique qui se déploie à la fois aux échelles mondiale, régionale, nationale et locale (ou métropolitaine). Cette lecture inspirée de la géographie économique et de la géographie critique permet de comprendre le passage de la métropole moderne (associée au paradigme de l’État-nation) vers la métropole contemporaine qui, pour sa part, est vue comme le corolaire de la mondialisation.

Dans un premier temps, nous présentons un bref portrait de l’urbanisation dans le monde pour constater l’ampleur de la diffusion de ce phénomène. Sachant que, déjà densément peuplées, et attirant la majorité des immigrant.e.s et réfugié.e.s à la recherche de sécurité, de paix ou de meilleures conditions de vie, les métropoles d’aujourd’hui sont confrontées aux enjeux d’égalité et d’accessibilité en matière de logement, de transport, de soins de santé, de services et d’infrastructures, de même qu’aux questions de justice socio-environnementale, de diversité ou d’identité, et de vivre-ensemble. De plus, sachant que les villes, et en particulier les grandes agglomérations urbaines, sont responsables de 60 à 80 % des gaz à effet de serre et de la consommation de 75 % des ressources naturelles, elles sont également partie prenante de la transition écologique (Paquot, 2019), d’où l’importance de mieux comprendre les dynamiques urbaines à l’œuvre.

Par la suite, nous nous attarderons aux relations entre le capitalisme et la ville afin de saisir en quoi les restructurations socioéconomiques et politiques mises en place ont eu une portée sur les grandes villes et en particulier sur les métropoles, ce qui permet de se pencher sur les villes informationnelles et les villes globales, notamment.

La planète urbaine

En 2018, la proportion de la population mondiale qui vit dans les villes atteint 55,3 %1. Selon les Nations Unies, ce taux atteindra 60 % de la population mondiale en 2030.

Pour reprendre les mots d’Anna Tibaijuko, anciennement directrice en chef du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, mieux connu sous le nom d’ONU- Habitat, « l’espèce humaine est devenue homo urbanus2 ».

Certes, la croissance incessante des grandes villes est confirmée. Néanmoins, dans la majorité des pays industrialisés où s’est produite la transition démographique et la migration des ruraux vers les villes, la population urbaine3 semble se stabiliser. En 2020, en Amérique du Nord, 82,6 % de la population totale vit dans les villes, alors qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes, il s’agit de 81  %. En Europe, cette proportion est légèrement plus faible avec 75 %, et en Océanie, la population urbaine atteint 68  %. Désormais, de nombreux pays africains et asiatiques, insérés dans cette économie mondiale, voient l’urbanisation progresser rapidement. En 2020, 43,5 % de la population africaine vit dans les villes et le taux de croissance de la population urbaine atteint 4 %. Selon ONU Habitat (2020), il s’agit du plus haut taux d’urbanisation au monde. En Asie, la moitié de la population vit désormais dans les villes, et c’est également là qu’on retrouve aujourd’hui le plus grand nombre de mégapoles4 dans le monde.

Aujourd’hui, on compte 34 mégapoles, soit des agglomérations urbaines de 10 millions d’habitants et plus, et 51 villes de cinq à dix millions d’habitants. Il n’y a pas si longtemps, la majorité de ces grandes villes était située dans les pays industrialisés, mais en 2030, on en retrouvera 66, dont la majorité sera située dans les pays du Sud global5. Au-delà de la multiplication de ces grandes agglomérations urbaines, on assiste à l’augmentation du nombre de villes de 500  000 habitants, ce qui nuance la thèse d’une croissance exponentielle des grandes villes ou des mégapoles. Une autre caractéristique de l’urbanisation en cours serait le fait qu’on assiste à une périurbanisation planétaire, c’est- à-dire que la croissance de la population urbaine a lieu essentiellement dans les périphéries des villes-centres.

Keil (2017) fait valoir que cet aspect pourtant majeur de l’urbanisation en cours à travers la planète est passé sous le radar des chercheur.e.s qui se sont surtout attardé à la centralité des régions métropolitaines, en particulier celles du Nord global.

NDLR Cet article s’inscrit en continuité avec la conférence d’Anne Latendresse, professeure de géographie à l’UQAM, donnée le 18 février 2019 dans le cadre des conférences du RÉCITUS devant des enseignant.e.s des CSS de Montréal, de la Pointe-de-l’Île, Marguerite-Bourgeoys et de la Seigneurie-des-Mille-Îles. Les questions émanant de la salle sont intégrées dans l’article. Vous pouvez visionner la conférence originale sur la chaine YouTube du RÉCITUS,

https ://www.youtube.com/watch ?v=eXyQdnrwqCY&feature=youtu.be.

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Deux villes du Brésil : Sao Paulo, la plus populeuse, et Florianopolis sur l’ile Santa Catarina

Par ailleurs, si de nombreux.se.s chercheur.e.s accordent beaucoup d’attention aux métropoles et aux villes globales, il faut remarquer qu’en cette ère anthropocène marquée par une crise écologique, un questionnement refait surface quant à la taille des villes. Selon le célèbre architecte danois Jan Gehl dans son ouvrage Pour des villes à échelle humaine, il faut repenser les villes en fonction de l’humain, de ses capacités, afin d’en faire des lieux de vie, de socialisation, des espaces politiques et d’en réduire l’empreinte écologique.

« Pour lui, il faut aménager rues et places des villes à partir des sens, la vue, le toucher, l’ouïe… alors que trop souvent l’urbanisme contemporain, depuis Le Corbusier, a privilégié une échelle plus vaste, comme à Brasilia, conçue pour être vue de loin et de haut, mais pas à l’échelle de l’homme.

Des villes “machines à habiter” qu’il faudrait transformer en espaces de vie. » (Boquet, 2015)

Pour sa part, Paquot (2019) rappelle qu’un certain nombre de villes a vu sa population diminuer du fait de maladies comme la peste ou la grippe espagnole, mais également du fait des catastrophes naturelles et des bouleversements liés aux changements climatiques. Dans son ouvrage Désastres urbains. Les villes meurent aussi, il rappelle que : « La destruction des villes a déjà une longue histoire : Jéricho, Babylone, Pompéi, Rome, Londres, Lisbonne, Chicago, San Francisco, Tokyo, Tchernobyl, Fukushima… Sans compter celles qui furent détruites par les conquêtes […], les bombardements […], les conflits fratricides […] ou les folies meurtrières d’un despote […] » (Paquot, 2019 : 45)

La réflexion de Paquot permet d’établir le lien avec la pandémie actuelle engendrée par le virus de la COVID-19.

Même si cette pandémie n’a pas entrainé la disparition de

un facteur de risque plus grand de propagation du virus.

Au Québec, au Canada et dans d’autres pays occidentaux, les centres-villes ont été désertés par la population qui y travaille. Des commerces de vente ont fermé leurs portes, d’autres ont réduit leurs heures d’ouverture et ont privilégié les ventes en ligne, alors que les bars, les terrasses et les restaurants ont été fermés pendant de longs mois. Les tours à bureaux et les centres de services administratifs, qui ont adopté le télétravail, ne sont devenus que l’ombre d’eux- mêmes. La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) rapporte que : « les mesures de confinement adoptées par le gouvernement du Québec pour freiner la pandémie ont fait chuter l’emploi de 18 % en mars 2020 dans le Grand Montréal, ce qui représente la baisse la plus importante depuis la crise de 19296. » Une situation semblable a eu lieu du côté des institutions d’études supérieures qui ont misé sur l’enseignement en ligne. À titre d’exemple, Montréal, renommée ville du savoir international7 avec ses quatre universités et ses 12 cégeps, a été désertée par la population étudiante. Bref, les centres des grandes villes ont perdu l’animation et le dynamisme qui les caractérisaient.

De plus, sans connaitre de façon précise l’ampleur du phénomène, on sait qu’un certain nombre de ménages citadins a opté pour la vie en région8 ou à la campagne afin de retrouver les avantages d’un espace de vie moins densément peuplé et plus près de la nature. Selon l’Institut de statistiques du Québec, « Montréal a enregistré la perte de 35  900 personnes dans ses échanges migratoires avec les autres régions du Québec en 2019-2020. Il s’agit du plus lourd déficit depuis que les données sont disponibles, soit depuis 2001-2002 » (La Presse). Bref, la pandémie a transformé les grandes villes.

Métropolisation et mondialisation

La métropolisation doit être comprise comme un processus complexe inscrit dans le temps et dans l’espace, qui combine des interactions entre les composantes économique, politique, sociale et environnementale, façonnant les métropoles dans un contexte spécifique, la mondialisation. Pour Ghora- Gobin (2020), bien que le concept de métropolisation puisse désigner des réalités urbaines diverses, il demeure que les métropoles de cette ère partagent un certain nombre de caractéristiques. D’abord, remarque-t- elle, ce processus de transformation spatiale rend compte de nouveaux Continents À partir de 10 millions

d’habitants De 15 à 20 millions d’habitants Plus de 20 millions d’habitants (nombre = millions d’habitants)

Amériques Los Angeles

Rio de Janeiro

New York Buenos Aires

Mexico (21) Sao Paulo (21) Europe

Londres Paris Moscou

Afrique Lagos Le Caire

Asie

Istanbul Séoul Manille Jakarta

Karachi Calcutta

Dhaka

Delhi (25) Mumbai (21)

Tokyo (38) Osaka-Kobe (20)

Beijing (20) Shanghai (23) Tableau 1 : Les plus grandes mégapoles du monde

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au profit du tertiaire, combinées à l’impact des technologies d’information et de communication (TIC), modifient l’ancrage territorial des entreprises ou des activités économiques qui se diffusent sur l’ensemble du territoire, voire à l’extérieur de l’État-nation (Ghora-Gobin, 2020). La métropolisation constitue donc un phénomène qui touche à la fois la morphologie des régions métropolitaines qui deviennent de vastes étendues de territoire constituées de multiples noyaux de population et d’activités économiques, alors que l’attractivité de la ville-centre deviendrait moins importante que ce qu’elle était dans la période fordiste keynésienne.

Cette lecture est cependant contestée par des recherches plus récentes qui démontrent que l’attractivité des villes- centres et la densité demeurent des facteurs importants pour la localisation de sièges sociaux de firmes transnationales et de centres de recherches spécialisés qui ont des besoins spécifiques pour maintenir leur compétitivité, leur accès à une main-d’œuvre spécialisée, et ainsi innover. Du fait de leur insertion dans des réseaux transnationaux, les métropoles sont donc au cœur de relations immatérielles, d’échanges de flux et d’information (Ghora-Gobin, 2020). Considérant leur rôle dans cette économie du savoir où le secteur tertiaire s’est imposé, les métropoles acquièrent de l’importance en matière économique, et parfois également sur le plan politique.

Enfin, s’il existe un consensus chez les géographes pour reconnaitre la nouvelle organisation spatiale des activités de production dans l’espace métropolitain, des chercheurs comme Lefebvre et Pinson font valoir que la métropolisation, beaucoup plus qu’un espace économique, renvoie à un espace majeur où s’articulent des enjeux pour nos sociétés contemporaines. « Ainsi, la ville et la métropole se sont imposées comme des échelles clés pour comprendre et agir sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux de notre temps. Elles sont devenues, au côté de l’espace national, un espace majeur à l’échelle duquel les relations sociales, économiques et politiques s’organisent, les conflits se régulent et les politiques publiques se construisent. » (Lefebvre et Pinson, 2020 : 6)

Des affiches en faveur de la protection des personnes pauvres et immigrantes

Capitalisme et espace

Inspiré de Marx, Henri Lefebvre (1901-1991) fait valoir que l’espace ne se réduit pas à sa « réalité matérielle », il est produit par des rapports sociaux.

L’espace est un rapport social inhérent aux rapports de propriété et aux forces productives. Produit qui se consomme, il est aussi un moyen de production.

Il ne peut se séparer ni des forces productives, des techniques et du savoir, ni de la division du travail social qui le modèle, ni de la nature, ni de l’État et des superstructures (Lefebvre, 2005, cité dans Adam et Comby, 2020 : 20).

Pour Lefebvre, l’espace est intimement lié aux besoins et à la logique du capitalisme. Chaque grande phase de restructuration du capitalisme a des impacts sur les espaces urbains ou ruraux, qui, à leur tour, se transforment sur le plan de leur organisation spatiale, économique et politique.

En pensant aux espaces urbanisés, il semble clair que : « Les évolutions successives du capitalisme n’entraînent pas seulement l’accroissement ou le déclin de la taille ou de la population des villes, elles créent de nouveaux types de lieux et changent les manières de les relier, de les occuper, de s’y comporter. » (Adam et Comby, 2020 : 15)

Adoptant également une perspective marxienne, le sociologue Manuel Castells (1989) s’est intéressé à l’émergence de l’économie informationnelle (ou économie du savoir) qui prenait place dans les métropoles des pays dits avancés, alors que la désindustrialisation se poursuivait, laissant derrière elle d’anciennes usines en friche, des terrains vacants et souvent contaminés, des ouvrier.ère.s au chômage, de même que des quartiers dévitalisés. Les technologies d’information et de communication (TIC) ont eu une portée d’une ampleur sans précédent sur les activités de production qui jusque-là étaient concentrées spatialement au sein d’une même entreprise, et au sein d’un même territoire. Grâce aux TIC, les processus de fabrication et d’assemblage ont été grandement transformés, et ils se déploient désormais sur plusieurs territoires, en synchronicité ou presque. En amont, d’autres tâches nécessaires à la production ont lieu : on pense à la recherche et au développement, au design, à la gestion et à l’administration, au marketing, à la comptabilité, aux services juridiques, de même qu’à la gestion et à l’administration. Bref, ces activités que Sassen associe aux « services supérieurs » se déroulent souvent dans les bureaux ou sièges sociaux des firmes localisées dans les centres-villes des métropoles.

Comme on vient de le voir, les TIC ont grandement interpelé les processus de production délocalisés ou déterritorialisés, souvent de la ville-centre vers les banlieues de plus en plus lointaines, ou encore, carrément dénationalisés en se déployant vers d’autres pays. Ces transformations font en sorte que les divers noyaux d’activités de production localisés dans la ville-centre et certaines banlieues d’une même région doivent être compris comme des réseaux de production dont l’articulation prend son sens à l’échelle métropolitaine.

La ville-centre et ses banlieues qui s’étendent sur de vastes superficies de territoire apparaissent ainsi comme une unité territoriale cohérente, d’où le fait que la région métropolitaine devient l’échelle qui apparait la plus appropriée pour la planification territoriale, l’aménagement, la mobilité et le transport, la gestion des matières résiduelles et la cohérence en matière de logement social et communautaire. C’est ici que l’on comprend le sens des réformes politico-administratives comme celle qui a été adoptée en 2001 par le gouvernement du Québec. Le chapitre 34 de la loi 170 a donné naissance à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), une instance de gouvernance qui recouvre un territoire de 4374 km2 habité par quatre-millions de personnes, soit 48 % de la population du Québec, et comprend 51 % des emplois du Québec (en 2020)9.

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Une tendance qui se développe : le transport en commun et la bicyclette

Par ailleurs, d’autres chercheur.e.s ont approfondi leur lecture des nouvelles réalités sociales et spatiales qui découlent de l’économie du savoir ou du capitalisme cognitif. Dans les années 1990, il est apparu que les entreprises de la ville informationnelle ne semblaient plus dépendre d’une proximité spatiale avec d’autres entreprises pour bénéficier des externalités, ni même de la centralité qu’offre la ville- centre. Ces constats ont incité des chercheur.e.s à parler de

« déterritorialisation » des activités économiques, dans la mesure où il leur semble que les entreprises n’ont pas besoin d’un ancrage spatial. Plus tard, cette thèse sera nuancée étant donné que les grandes entreprises ont maintenu leur siège social et leurs activités de recherche dans les grands centres-villes des métropoles pour profiter de certains types de services spécialisés offerts par d’autres entreprises. De plus, leur proximité avec les centres universitaires et d’autres sites spécialisés leur offre des moyens nécessaires aux innovations et à la concurrence avec d’autres entreprises.

Bref, ces mutations qui découlent de la restructuration du capitalisme et du passage à l’économie informationnelle ont une portée importante sur les régions métropolitaines, devenues les principaux sites d’échanges, de production des activités économiques, de même que les principaux sites d’accumulation et d’investissement du capital.

On comprend dès lors l’intérêt de penser la ville et les métropoles dans leur relation à la mondialisation actuelle, considérée comme une nouvelle phase du capitalisme. Pour reprendre Ghora-Gobin, « En établissant cette corrélation entre métropolisation et globalisation, et en définissant la dynamique de la métropolisation comme la “traduction spatiale et infranationale de la globalisation” et à faire de la métropolisation le synonyme de “glocalisation” (2000, p. 5) on saisit l’ampleur des mutations liées au local et l’intérêt de faire de la métropolisation un nouveau paradigme de l’urbanisation. » (2010 : 27).

Les villes globales

À l’instar de Castells, la sociologue Saskia Sassen (1991) va s’intéresser à la transformation des grandes villes en lien

sein d’un système économique mondial, Sassen s’intéresse aux villes au sommet de cette hiérarchie pour faire valoir qu’un petit nombre d’entre elles sont des nœuds de commandement de l’économie mondialisée. Pour étayer sa thèse, elle étudie le type d’entreprises présentes dans les villes globales qui se distinguent des autres grandes villes du fait qu’on y retrouve une concentration de sièges sociaux de grandes firmes transnationales, des centres de recherche et de développement parmi les plus importants, des institutions universitaires et de recherches les plus prestigieuses, des entreprises de pointe dans des secteurs de hautes technologies comme l’intelligence artificielle, la robotique, etc. Ces firmes, constate-t-elle, ont besoin de

« services supérieurs » offerts aux entreprises « avancées », c’est-à-dire à haute valeur ajoutée et à forte intensité en capital humain.

Londres, une ville globale

Cette recherche de Sassen va inciter d’autres chercheurs à s’attarder à ce type d’entreprises très spécialisées présentes dans les villes globales. En 1998, Peter Taylor, avec des collègues, crée le Globalization and World Cities Research Network (GaWC).

Dans le cadre de leurs travaux, les chercheur.e.s de ce groupe ont donc développé une méthodologie visant à distinguer les grandes villes selon la nature des entreprises de services présentes sur leur territoire et les relations qu’elles ont entre elles.

C’est ainsi que trois groupes de villes globales sont établis, soit les « alpha », qui sont au sommet de la hiérarchie, les « bêta », qui sont dans une catégorie intermédiaire, et les « gamma », qui constituent le troisième groupe de villes globales. Des entreprises

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2) des entreprises de publicité  ; 3) les entreprises dans les secteurs de la finance et les banques  ; 4) celles enfin dans le conseil juridique.

Pour Sassen, les entreprises transnationales ont besoin de services de niveau supérieur, de même que de travailleur. euse.s de haut niveau dans des secteurs de pointe.

Pour les attirer, les grandes villes doivent être en mesure de leur offrir des logements (souvent des condominiums luxueux au centre-ville et dotés d’équipement de sport, de soins de santé, de services domestiques, de restaurants, sans compter des équipements culturels de haute gamme [salles de spectacles, musées, etc.]). Ce phénomène expliquerait, selon elle, la présence importante dans ces villes, malgré un cout de la vie élevé, de travailleur.euse.s non spécialisé.e.s, souvent des immigrant.e.s, des sans-papiers à statut précaire et parfois peu scolarisé.e.s, faiblement rémunéré.e.s, sans formation précise, en particulier des femmes. On pense au personnel domestique, aux employés dans la restauration, aux chauffeur.euse.s de taxi, etc.

Pour reprendre ses mots : « La spécificité des métropoles de dimension globale d’aujourd’hui est de combiner en un espace complexe et unique, d’une part les secteurs les plus mondialisés du capital avec les nouveaux professionnels et travailleurs transnationaux, et d’autre part un nombre croissant d’immigrants et d’autochtones devenus minoritaires. » (Sassen, 2005 : 110) À partir du cas états-unien, elle poursuit, faisant valoir que les métropoles et villes globales sont des lieux propices à l’émergence d’engagements politiques et d’actions par des acteurs souvent invisibles et exclus des espaces politiques formels à l’échelle nationale. En d’autres termes, ces grandes villes de pouvoir et de concentration de la richesse offrent paradoxalement des possibilités politiques plus grandes ou, du moins, plus ouvertes pour les groupes minorisés et précaires, incluant les sans-papiers.

Et l’État dans tout ça  ?

Les premiers travaux portant sur la mondialisation incitaient un certain nombre de chercheur.e.s à annoncer la fin de l’État-nation. Bien que ce dernier n’ait pas disparu10, la souveraineté territoriale et politique de certains États-nations a été affaiblie par la mise en place de nouvelles instances de gouvernance à l’échelle mondiale et à l’échelle régionale (ce qu’on appelle les « blocs économiques régionaux »), en Europe notamment, où le processus de gouvernance politique et économique était le plus avancé (du moins avant le Brexit). Les États ont cédé une part de leurs pouvoirs à l’Union européenne, tout en transférant une autre partie de leurs compétences vers des instances infranationales, soit les métropoles et les villes. Dans différentes régions du monde, en Europe, mais aussi en Amérique du Sud, les métropoles et municipalités ont acquis du pouvoir.

Au Brésil, par exemple, une réforme constitutionnelle en 1989 a entrainé un transfert de pouvoirs, compétences et responsabilités des gouvernements des États (l’équivalent de nos provinces) vers les municipalités alors que l’État fédéral a partagé une part de ses revenus provenant d’elles. Cela fait en sorte que les municipalités brésiliennes sont considérées comme des gouvernements locaux à part entière.

Dans le contexte de la mondialisation, cette réorganisation du politique, qui autrefois s’articulait essentiellement à l’échelle nationale, se restructure à la fois aux échelles supranationale et infranationale. En d’autres termes, le modèle longtemps dominant d’organisation du politique au sein de l’État-nation, a été déstructuré pour être restructuré simultanément sur plusieurs échelles. Neil Brenner, figure de proue de la géographie critique aux États-Unis, renvoie

ce phénomène à un processus de « rescaling » ou un rééchelonnement du politique qui permet de saisir en quoi les métropoles ont acquis davantage de pouvoir, au point de devenir un territoire significatif de cette mondialisation.

Gouvernance urbaine

Par ailleurs, l’étude des métropoles ou des grandes villes révèle des « particularités » ou des « couleurs locales » attribuables au legs institutionnel, aux représentations sociospatiales et aux discours des divers acteurs de la ville (on pense aux élites politiques et économiques, aux acteurs économiques [entrepreneurs, investisseurs, etc.], de même qu’aux organisations de la société civile [que ce soit des organisations syndicales, communautaires, féministes, écologistes, etc.]) (Lefebvre et Pinson, 2020).

Durant la période keynésienne, l’État a investi considérablement dans les infrastructures nécessaires à l’érection et à l’expansion des banlieues. On pense ici à la construction des réseaux autoroutiers, à la planification et à l’aménagement du territoire, aux équipements sanitaires, à l’électrification, au transport et au logement. De plus, l’État a encouragé la mise en place de programmes facilitant l’accès au crédit et à la propriété. Parallèlement, les organisations syndicales et patronales sont parvenues à un compromis ou un pacte social. C’est ainsi que les ouvrier.ère.s gagnent de meilleurs salaires, ont accès à la petite propriété, à la voiture, de même qu’à la consommation de masse. La ville keynésienne est donc associée à la suburbanisation, soit à l’érection et à l’expansion des banlieues, à la standardisation du modèle d’habitat, le bungalow individuel tout équipé, et à l’usage généralisé de l’automobile. En d’autres mots, l’État a joué un rôle majeur dans le développement urbain de l’après-guerre (Pinson, 2020).

Au milieu des années 1970, le régime d’accumulation keynésien entre en crise. À la recherche de solutions pour régénérer le capitalisme, des chercheurs de l’Université de Chicago proposent de nouveaux principes dont l’ambition vise le démantèlement des arrangements institutionnels associés au mode de régulation keynésien et la mise en place de nouveaux arrangements qui constitueront le néolibéralisme (Brenner et coll., 2013). Alors qu’un bon nombre d’auteur.trice.s ont associé ce nouveau mode de régulation à l’abandon de l’intervention de l’État ou au désengagement de l’État au sein de l’économie, d’autres ont fait valoir qu’il s’agit davantage d’une transformation de l’État dont le rôle consiste dorénavant à mettre en place les conditions politiques et juridiques nécessaires à la mise en place du système économique mondial.

De centralisé et centralisateur, l’État devient un acteur parmi d’autres, engagé au sein de pratiques de concertation, de négociation et de prises de décisions. En d’autres mots, l’action publique n’est plus strictement celle de l’État, mais elle relève de diverses modalités, d’où la notion de gouvernance urbaine. Pour Le Galès : « le gouvernement des villes implique de plus en plus différents types d’organisations : autorités locales, mais aussi grandes entreprises privées, représentants de groupes privés, agences publiques et semi-publiques, représentants de différents segments de l’État, consultants, organismes d’études, associations. Cette pluralité d’intervenants, d’acteurs, d’organisations révèle que la politique locale (au triple sens de politics, policies et polity) dépend de plus en plus d’acteurs non gouvernementaux.

Le terme de gouvernance renvoie aux fonctions et actions de gouvernement, mais sans l’idée d’uniformisation, de rationalité, de standardisation » (1995 : 60).

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Pour terminer sur cette partie, il importe de retenir quelques éléments : 1) Loin de disparaitre, et bien qu’il se soit désengagé, partiellement ou entièrement, de certains secteurs comme la santé ou l’éducation ou la protection des ressources et du bien commun, l’État consolide sa présence et ses prérogatives en matière de sécurité, de mesures transfrontalières et d’immigration, etc.  ; 2) Le politique, autrefois concentré à l’échelle nationale, se déploie aux échelles mondiale, régionale (les grandes régions économiques), métropolitaine et locale  ; 3) Avec l’émergence de multiples acteurs qui interviennent dans des sphères précises, l’État devient un acteur parmi d’autres  ; 4)  Enfin, les métropoles sont désormais considérées comme des acteurs politiques importants, tant à l’intérieur du territoire national qu’à l’extérieur, dans la mesure où elles s’insèrent dans des réseaux transnationaux.

La métropole sous l’emprise de la néolibéralisation

Comme on l’a vu, la métropole de l’ère industrielle, en particulier celle de la période fordiste keynésienne, s’insérait à la tête d’une hiérarchie urbaine au sein d’un territoire national. Forte d’une concentration de population et d’activités économiques industrielles, elle était en relation avec les petites et moyennes villes, et avait un effet d’attraction sur son hinterland. Pour leur part, les banlieues naissantes qui entouraient la ville-centre étaient essentiellement des banlieues-dortoirs, ou encore des espaces exclusivement résidentiels, ce qui va se transformer progressivement avec la délocalisation d’une partie des entreprises vers la périphérie.

Une soixantaine d’années plus tard, aux États-Unis et au Canada notamment, les banlieues qui s’étalaient sans cesse, constituent maintenant de vastes étendues de territoire où se concentrent des entrepôts, des centres commerciaux de grande surface, voire des quartiers commerciaux comme le 10-30 à Brossard, des équipements culturels ou sportifs comme le Cosmodôme à Laval, des tours de condominiums, des centres de congrès, des pavillons universitaires régionaux (l’Université du Québec à Montréal et l’Université de Montréal ont chacune un pavillon à Laval, et l’Université de Sherbrooke a un bâtiment à Longueuil). De plus, divers types de services, des cliniques médicales, par exemple, avoisinent des rues résidentielles. Bref, cette périphérie n’a plus rien de l’espace-dortoir qui entourait la ville-centre

durant la période keynésienne. Dès lors, cette vaste étendue territoriale qu’est la région métropolitaine est constituée de plusieurs noyaux de population et d’activités économiques.

Mais contrairement à ce que certain.e.s chercheur.e.s avaient prédit, cela ne réduit pas l’importance de la ville- centre, où les sièges sociaux des banques, des compagnies d’assurances, des entreprises transnationales ou des sièges d’organisations internationales, etc., des principales universités et centres de recherche sont toujours présents.

En d’autres mots, le « modèle de la région métropolitaine » est lui aussi un modèle hiérarchique. Mais à la différence des métropoles modernes, les métropoles contemporaines, qui s’insèrent dans des réseaux transnationaux, ont une certaine autonomie à l’égard des gouvernements nationaux. C’est pourquoi elles sont désormais reconnues comme des acteurs politiques et économiques importants à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, les métropoles compétitionnent entre elles, notamment pour attirer de grands promoteurs, des investisseurs étrangers, et accroitre leur rayonnement à l’échelle internationale. Elles adoptent donc diverses stratégies, notamment celles de miser sur un urbanisme néolibéral.

Les politiques urbaines néolibérales placent une emphase d’un genre nouveau sur l’attraction de potentiels économiques exogènes comme moteur du développement urbain. En effet, il ne s’agit plus tant de chercher à attirer un potentiel industriel afin de développer une base productive locale — et d’assurer en aval la redistribution locale des fruits de la croissance

— que de positionner le territoire urbain en regard d’investissements adossés à des capitaux financiers globalisés, en particulier à la faveur de la réalisation de grands projets immobiliers tels que complexes résidentiels prestigieux, centres d’affaires et de congrès, centres commerciaux ou récréotouristiques, parcs technologiques, stades multifonctionnels, etc.

(Haila, 1997  ; Van CrieKingen, 2007)

Par ailleurs, les villes sont considérées comme des laboratoires privilégiés de la néolibéralisation. Comme l’a fait valoir le célèbre géographe David Harvey, l’État managérial se transforme en un État entrepreneurial. On constate en effet que les gouvernements locaux deviennent promoteurs de projets, notamment en s’engageant dans des formes de partenariats publics-privés (PPP) (Hamel, 2006).

Par ailleurs, « [d]ans la mesure où de très nombreuses villes s’engagent simultanément dans cette voie, l’urbanisme néolibéral met en place les conditions d’un grand mimétisme entre les villes, chacune ayant les yeux rivés sur les performances des autres en matière d’attractivité pour les investissements convoités » (Van CrieKingen, 2007).

D’où l’intérêt de nombreuses grandes villes pour accueillir des mégaévènements comme les Jeux olympiques (qui pourtant finissent le plus souvent par augmenter la dette publique) ou pour la construction de mégaéquipements culturels tels que les musées, etc.

La métropolisation de Montréal

Au début des années 2001-2002 s’amorce un processus de réorganisation municipale au Québec. On crée les communautés métropolitaines de Québec, de Montréal et de Gatineau. Le livre blanc de la ministre des Affaires municipales et de la Métropole conclut à la nécessité de mettre en place les conditions nécessaires à la compétitivité

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disparait avec la création de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Cette dernière regroupe 82 municipalités et plus de 4  000  000 de personnes sur un territoire de plus de 4 360 km2. Elle coordonne l’aménagement, sur les plans économique et culturel, le transport collectif, le logement social, l’environnement (eau, air, matières résiduelles) sur l’ensemble du territoire métropolitain.

Ce qu’il importe de retenir ici, c’est que lorsque l’on parle de l’émergence des métropoles ou de métropolisation, on fait référence à ce processus de concentration de population et de pouvoirs économique, politique et culturel lié à la globalisation du monde et à la restructuration du capitalisme. Pour prendre l’exemple de la métropole montréalaise, pensons à la croissance démographique qui touche les couronnes nord et sud de Montréal, de même qu’aux grappes industrielles qui se sont développées dans les secteurs aéronautique et pharmaceutique, notamment.

Bien que la ville-centre de Montréal demeure le cœur de milliers d’emplois et accueille les institutions universitaires et collégiales, les grands centres de recherche, deux mégacentres hospitaliers universitaires, Laval et Longueuil, pour ne prendre que ces deux exemples, sont aussi devenus des noyaux d’activités économiques, dotés d’infrastructures de centres commerciaux, ce qui ajouterait, selon cette approche, à la compétitivité et à l’attractivité de la région métropolitaine de Montréal.

Cela dit, cette lecture semble faire l’impasse sur l’accroissement des inégalités dans le territoire et les fractures sociospatiales qui deviennent encore plus importantes, notamment avec l’embourgeoisement des quartiers centraux et péricentraux.

Certains quartiers des villes centres semblent parfois avoir été négligés ou oubliés par les autorités publiques, ce qui contraste avec les quartiers nouvellement « revampés » par le biais d’investissements dans le parc immobilier, dans les équipements, les infrastructures et les aménagements.

Ces opérations d’aménagement ont pour effet d’attirer la

« nouvelle classe moyenne » (Smith,1996), qui voit ainsi la possibilité de demeurer pas trop loin de ses lieux de travail, et qui est souvent attirée par la culture et le mode de vie urbain. Pour ces travailleur.euse.s qui ont parfois de jeunes enfants, l’offre de transport collectif, la présence de petits marchés publics, les pistes cyclables, les parcs et espaces verts, les places publiques, les concerts et autres activités

culturelles constituent autant de facteurs d’attractivité qui les incitent à habiter la ville-centre. Leur arrivée entraine une demande de logements plus forte, ce qui crée des impacts sur le marché immobilier. C’est ainsi que les locataires de longue date ne pouvant faire face aux hausses de loyers se voient repoussés vers l’extérieur des quartiers centraux et péricentraux qui deviennent de moins en moins accessibles.

Dans une métropole comme Montréal, on retrouve à proximité du centre des quartiers comme Montréal- Nord, Saint-Michel, Parc-Extension ou Hochelaga- Maisonneuve, pour ne nommer que ceux-là, qui sont des secteurs où vivent des ménages immigrants ou racisés, des travailleur. euse.s du secteur de la santé (les préposé.e.s aux bénéficiaires baptisé.e.s les « anges gardiens » durant la période de la COVID-19), de l’éducation (les éducatrices dans les centres de la petite enfance), des services domestiques, de taxi et d’autres métiers qui ne nécessitent pas de diplôme spécialisé, des ménages à faible revenu, des ménages monoparentaux ou des personnes âgées. Dans ces secteurs, les parcs de logement sont le plus souvent vétustes, peu ou pas du tout entretenus, et ils sont souvent exigus pour le nombre de personnes qui les habitent. De plus, ces quartiers sont considérés comme des ilots de chaleur. Les parcs et espaces verts sont très souvent moins nombreux que dans les autres quartiers de la métropole, et la présence du béton et de l’asphalte domine, contribuant à augmenter la chaleur thermique. De plus, ces quartiers sont souvent désignés comme des déserts alimentaires par la Direction de la santé publique, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de commerces où se procurer des fruits et légumes frais à proximité. Certains de ces secteurs sont moins bien desservis en matière de transport public. Or, les ménages qui vivent dans ces quartiers sont souvent à faible revenu et ne possèdent pas d’automobile pour se déplacer. Pensons au quartier Montréal-Nord, où il n’y a aucune station de métro, ni même de service d’autobus rapide, ou encore au quartier Pointe-Saint-Charles, dans le sud-ouest de la ville, qui est desservi par une seule station de métro.

En d’autres mots, la thèse voulant que la métropolisation, considérée comme le corolaire de la mondialisation, contribue à la production et à la concentration de richesses et d’investissements omet de parler des contradictions de ce processus, soit l’expulsion d’une partie de la population.

Le développement de l’attrait touristique grâce à des investissements massifs :

en haut à gauche, une rue du centre-ville ; en bas à gauchee, le Vieux-Montréal avec le musée de Pointe-à-Callière ; droite, le Quartier des spectacles.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Vancriekven (2007).

NOTES

1World Cities Report 2020. The Value of Sustainable Urbanization, UN-Habitat.

2 Latendresse, A., J. Reid et L. Bornstein, (2016). « Urban Development : Cities in the Global South Cities », Paul A. Haslam, Jessica Schafer, and Pierre Beaudet, eds.

Introduction to International Development : Approaches, Actors, Issues and Practices, 3nd. Ed. Don Mills : Oxford University Press.

3 La population urbaine exprime le rapport entre la population urbaine et la population totale du pays.

4 Selon la définition la plus courante tirée du Dictionnaire de la ville et de l’urbain (2006) dirigé par Denise Pumain et al, la mégapole est une agglomération urbaine de 10 millions d’habitants et plus.

5 Par ailleurs, il est rassurant de savoir que le nombre d’heures de travail qui a connu une diminution radicale a par la suite rapidement remonté. https ://cmm.qc.ca/wp- content/uploads/2021/06/Capsules_PMDE.pdf

6 https ://cmm.qc.ca/wp-content/uploads/2021/06/Capsules_PMDE.pdf

7 Montréal a été désignée comme la ville à la meilleure réputation des Amériques et, sur la base d’une liste de 20 grandes villes du Canada et des États-Unis, Montréal arrive en première place en tant que ville la plus sécuritaire. https ://www.montrealinternational.com/fr/

8 https ://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/2021-01-14/un-nombre-record-de-montrealais-quittent-l-ile.php

9 Site de la CMM consulté le 10 novembre 2021. https ://cmm.qc.ca/a-propos/la-cmm-en-chiffres

En guise de conclusion

Comme on vient de le voir, depuis plus d’une soixantaine d’années environ, les villes et les métropoles ne correspondent plus aux critères classiques autour desquels il semblait y avoir un consensus pour définir ce qu’est une ville. Pour l’historienne de l’urbanisme européen Françoise Choay, nous sommes entrés dans l’ère des réseaux, un monde de l’après-ville, un monde où le flux l’emporte sur le lieu, où le règne de l’urbain accompagne la mort de la ville (Mongin, 2003).

Pour reprendre les propos du Certu : « Ces mutations obligent à abandonner le vieux paradigme qui consistait à décrire les villes comme des systèmes centralisés et hiérarchisés10 » (2013 : 8). Cette lecture partagée par d’autres chercheur.e.s incite à revoir nos lectures et outils conceptuels pour mieux saisir les villes et les métropoles en se penchant notamment sur l’organisation économique et politique des espaces urbanisés et des territoires dans lesquels elles s’insèrent, leur morphologie, leurs rôles dans l’espace national, voire dans les réseaux transnationaux. Dès lors, les notions de métropole, de « région métropolitaine » ou d’« agglomération métropolitaine » semblent plus appropriées pour désigner ces vastes superficies de territoire aujourd’hui urbanisées qui recouvrent plusieurs noyaux d’activités, d’où le fait qu’on dise qu’elles sont « polynucléaires ».

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