RECHERCHE
ET
FORMATION
LE
JOURNAL DE CLASSE
N°9 - 1991
InstitutNationaldeRecherchePédagogique
Département"Politiques, pratiques etacteursdel'éducation"
Unité derecherche :Les professionsdel'éducationet delaformation
RECHERCHE
ET
FORMATION
LE
JOURNAL DE CLASSE
N°9 - 1991
InstitutNationaldeRecherchePédagogique
Département"Politiques, pratiques etacteursdel'éducation"
Unité derecherche :Les professionsdel'éducationet delaformation
Couverture: J.SACHS -INRP Composition P.A.O.-Maquette:N. PELLIEUX
Vouspouvezécrire dans« RechercheetFormation ».
Envoyez-nous vos articles. Ceux-ci devront être dactylographiés etnepourront dépasser 15pages (65 signes x30lignesparpage).
Ilspourront égalementêtre enregistrés sur disquette Mac Inlosh (logicielWord).
Joindre unrésuméde10lignes.
Lesfaire parvenir à:
RechercheetFormation
À l'atLeniiondeFrancineVAJVISCOTTE INRP-29,rued'Ulm-75230Pariscedex 05
Pourtousrenseignementscomplémentaires :46.34.91.19
Couverture: J.SACHS -INRP Composition P.A.O.-Maquette:N. PELLIEUX
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Pourtousrenseignementscomplémentaires :46.34.91.19
SOMMAIRE DU N° 9
ETUDESET RECHERCHES FrançoisV.TOCHON: Le
journal d'un funambule,
sonépistémologiepragmatique 3
J.BEILLEROT:
La
« recherche», essaid'analyse 15JanineHIU :
Lespremiersinstituteurslaïcs:des clercs aurabais 31
Maria-TeresaESTRELA:
Déontologieet
formation
moraledesenseignants 43ENTRETIENavecJean CARDINET 55
PRATIQUESDEFORMATION RémiHESS:
Le
journal institutionnel
65M.A. ZABALZA BERAZA,M.L.MONTERO MESA, Q.ALVAREZNUNEZ :
Unoutildeformation professionnelle:
lejournal del'élève-maître 79
C. O'HANLON:
Exploitation
dialectique dujournal
dumaître
99 PascalMARQUET:Informatique
scolaire : commentsortir
del'impasse? 103SOMMAIRE DU N° 9
ETUDESET RECHERCHES FrançoisV.TOCHON: Le
journal d'un funambule,
sonépistémologiepragmatique 3
J.BEILLEROT:
La
« recherche», essaid'analyse 15JanineHIU :
Lespremiersinstituteurslaïcs:des clercs aurabais 31
Maria-TeresaESTRELA:
Déontologieet
formation
moraledesenseignants 43ENTRETIENavecJean CARDINET 55
PRATIQUESDEFORMATION RémiHESS:
Le
journal institutionnel
65M.A. ZABALZA BERAZA,M.L.MONTERO MESA, Q.ALVAREZNUNEZ :
Unoutildeformation professionnelle:
lejournal del'élève-maître 79
C. O'HANLON:
Exploitation
dialectique dujournal
dumaître
99 PascalMARQUET:Informatique
scolaire : commentsortir
del'impasse? 103AUTOUR DESMOTS 115 NOTES CRITIQUES
Bone T.R.,Me Call J. (eds) : Teacher Education in Europe: The Challenge Ahead (Michael G. Bruce). Monteil Jean-Marc :
Eduquer etformer,perspectivespiychosociologiqùei (Gilles Ferry).
RopéFrançoise : Ensei-gnerlefrançais, Didactique dela langue maternelle (LiseDemailly). Schwanke Ulf:DerBerufdesLehrers :
ProfessionalisierungundAutonomieimhistorischenProies» (Michèle Tournier). WoodsPeter :L'ethnographiedel'école(Patrick Bou-
mard) 121
ACTUALITÉ
1. Du côtédesIUFM 139
2. Rencontresetcolloques 149
3. Prochainesrencontres 159
4. Thèses concernantlesprofessionsdel'éducation 160
AUTOUR DESMOTS 115
NOTES CRITIQUES
Bone T.R.,Me Call J. (eds) : Teacher Education in Europe: The Challenge Ahead (Michael G. Bruce). Monteil Jean-Marc :
Eduquer etformer,perspectivespiychosociologiqùei (Gilles Ferry).
RopéFrançoise : Ensei-gnerlefrançais, Didactique dela langue maternelle (LiseDemailly). Schwanke Ulf:DerBerufdesLehrers :
ProfessionalisierungundAutonomieimhistorischenProies» (Michèle Tournier). WoodsPeter :L'ethnographiedel'école(Patrick Bou-
mard) 121
ACTUALITÉ
1. Du côtédesIUFM 139
2. Rencontresetcolloques 149
3. Prochainesrencontres 159
4. Thèses concernantlesprofessionsdel'éducation 160
RechercheetFormation N°9 Avril1991
ETUDES ET RECHERCHES
Lelecteur trouveraici:
descomptesrendusd'étudesetderecherches en cours ouachevées;
desarticles de réflexion sur les problèmesdelaformation; desarticlesabordantles problèmes méthodologiques delaRecherchesurlaFormation.
LE JOURNAL D'UN FUNAMBULE, SON ÉPISTÉMOLOGIE PRAGMATIQUE
FrançoisV. TOCHON
Sommaire. Enaccord aveclejournalscolaire d'une novice,citéenfin d'article, l'enseignement est définiicicomme unacte defunambulisme entre deux dimensions du temps :l'anticipation didactique et l'immédiatetépédagogique. Cesdeuxdimensions recouvrent enpartiedeux orientations bienconnues de laformationdesenseignants,l'approchepersonnelleet l'approche sociale.Lejournald'un funambuleconstitue peut-êtrel'acte synergique, compatibilisteparexcellence,provoquantleva-et-vientréflexifentrel'histoiredupasséet la conscienceduvécu,entre ledidactiqueetlepédagogique, entre lepersonnelet lesocial.
Cesdimensionsde l'enseignement,fondatricesdessciencesdel'éducation, s'avèrent dialogiquementliées à uneépistémologie pragmatique. Lejournal seraitundesinstruments decette fusionépistémologique.
Summary. Echoingthejournalofa novice teacher,Idefine teaching as anactoffunambulism on the tightropebetween twodimensionsoftime:diachronicanticipationofsubject-mattersand synchronic immediate pedagogy.Both dimensionspartially cover twoperpectives in teacher education: the personalapproachandthesocial,criticalapproach.Journalwritingis emphasized tobe aconvergence toolofpersonal andsocialpoles, didacticaland pedagogicalneeds.Injournal-keepingpractice, apragmaticfusion seems to beoperated throughpragmaticreasoning schémas. Theseschémasbelong topragmaticepistemology, andthey areofdirectuseinfieldpractice.
RechercheetFormation N°9 Avril1991
ETUDES ET RECHERCHES
Lelecteur trouveraici:
descomptesrendusd'étudesetderecherches en cours ouachevées;
desarticles de réflexion sur les problèmesdelaformation; desarticlesabordantles problèmes méthodologiques delaRecherchesurlaFormation.
LE JOURNAL D'UN FUNAMBULE, SON ÉPISTÉMOLOGIE PRAGMATIQUE
FrançoisV. TOCHON
Sommaire. Enaccord aveclejournalscolaire d'une novice,citéenfin d'article, l'enseignement est définiicicomme unacte defunambulisme entre deux dimensions du temps :l'anticipation didactique et l'immédiatetépédagogique. Cesdeuxdimensions recouvrent enpartiedeux orientations bienconnues de laformationdesenseignants,l'approchepersonnelleet l'approche sociale.Lejournald'un funambuleconstitue peut-êtrel'acte synergique, compatibilisteparexcellence,provoquantleva-et-vientréflexifentrel'histoiredupasséet la conscienceduvécu,entre ledidactiqueetlepédagogique, entre lepersonnelet lesocial.
Cesdimensionsde l'enseignement,fondatricesdessciencesdel'éducation, s'avèrent dialogiquementliées à uneépistémologie pragmatique. Lejournal seraitundesinstruments decette fusionépistémologique.
Summary. Echoingthejournalofa novice teacher,Idefine teaching as anactoffunambulism on the tightropebetween twodimensionsoftime:diachronicanticipationofsubject-mattersand synchronic immediate pedagogy.Both dimensionspartially cover twoperpectives in teacher education: the personalapproachandthesocial,criticalapproach.Journalwritingis emphasized tobe aconvergence toolofpersonal andsocialpoles, didacticaland pedagogicalneeds.Injournal-keepingpractice, apragmaticfusion seems to beoperated throughpragmaticreasoning schémas. Theseschémasbelong topragmaticepistemology, andthey areofdirectuseinfieldpractice.
J'aborde dans cet article le
journal
scolaire selon ses orientations anglo-saxonnes ; j'évoque ensuite un conceptpragmatique de la forma¬tion,dans lequelle
journal
scolairejoueun rôleimportant. Deuxorien¬tations reflexives,en formation desenseignants, prônentl'utilisation du journal : l'orientation personnelle et l'orientation sociale critique. Une troisième approche
pourrait
constituer leur synthèse dialogique, prag¬matique.
L'APPROCHEPERSONNELLE
L'orientation
personnelle place l'enseignant(e) entant
qu'appre¬nante)aucentredu processusformateur. L'apprentissage del'enseigne¬
mentest compris dans le développement d'une compréhension de soi- même
visant
le plein usage de sonpotentiel.
Dans cetteoptique,
l'enseignant(e) est avant toutune personne, une personnalité unique cherchant à se réaliser (Feiman-Nemser, 1990). L'enseignant(e) ne cherche pasà prescriremais semetàdispositionpourfaciliterl'appren¬tissage. En cela,
il
ou elleentrelient
des relations personnelles et profondes avecl'élève en tant qu'individu (Combs, 1982). La formation professionnelleestalors conçueentermes de devenirsoi-même, concept apparemmentparadoxal puisqueledevenirestundevenir présent.Dans cettequête de responsabilité au sens humaniste, lejournal joue le rôled'outil
de réflexion, d'élargissement de la conscience (Jonn-Steiner,1985).
n
permet uncertain recul parrapportauxévénements de laclasse, uneréflexion surlesinteractionsetsurlescontenus danslebut
d'appro¬fondir desrapports individuels.
Dansl'approche personnelle, l'individuestl'unitédebase duchange¬
ment. Unchangementsocietal ouscolairenepeut êtreenvisagéque dans lechangementdeperceptionconscientedel'individu. Leprogrammesco¬
lairenesemanifesteen classe que dansetparlaconnaissancedel'ensei¬
gnante),celle-ci servantdemédiatriceentrelaplanification
cl
laréalité delaclasse (Connelly etClandinin, 1988). L'investigation de laconnais¬sancepratique, dans l'approche personnelle, peutprendre une forme rétrospective, autobiographique (elle consiste à raconter l'histoire de l'expérience) ou prospective, pour construire l'action quotidienne. Le journaldes pensées sur l'action peutremplirles deux fonctions et per¬
mettre de «déclarativer» ses procédures, de mettreen motsou de «théo¬
risersapratique», selon les termesen usage auCEPECdeLyon. Le rap¬
port
sur sa pratique,doitêtre de longue haleine pourêtre fructueux et relier efficacement îe passé au présent. La comparaison interne, dans unerelecture dujournal,contribue auprocessusformateur dela théori¬sationpersonnelle.
J'aborde dans cet article le
journal
scolaire selon ses orientations anglo-saxonnes ; j'évoque ensuite un conceptpragmatique de la forma¬tion,dans lequelle
journal
scolairejoueun rôleimportant. Deuxorien¬tations reflexives,en formation desenseignants, prônentl'utilisation du journal : l'orientation personnelle et l'orientation sociale critique. Une troisième approche
pourrait
constituer leur synthèse dialogique, prag¬matique.
L'APPROCHEPERSONNELLE
L'orientation
personnelle place l'enseignant(e) entant
qu'appre¬nante)aucentredu processusformateur. L'apprentissage del'enseigne¬
mentest compris dans le développement d'une compréhension de soi- même
visant
le plein usage de sonpotentiel.
Dans cetteoptique,
l'enseignant(e) est avant toutune personne, une personnalité unique cherchant à se réaliser (Feiman-Nemser, 1990). L'enseignant(e) ne cherche pasà prescriremais semetàdispositionpourfaciliterl'appren¬tissage. En cela,
il
ou elleentrelient
des relations personnelles et profondes avecl'élève en tant qu'individu (Combs, 1982). La formation professionnelleestalors conçueentermes de devenirsoi-même, concept apparemmentparadoxal puisqueledevenirestundevenir présent.Dans cettequête de responsabilité au sens humaniste, lejournal joue le rôled'outil
de réflexion, d'élargissement de la conscience (Jonn-Steiner,1985).
n
permet uncertain recul parrapportauxévénements de laclasse, uneréflexion surlesinteractionsetsurlescontenus danslebut
d'appro¬fondir desrapports individuels.
Dansl'approche personnelle, l'individuestl'unitédebase duchange¬
ment. Unchangementsocietal ouscolairenepeut êtreenvisagéque dans lechangementdeperceptionconscientedel'individu. Leprogrammesco¬
lairenesemanifesteen classe que dansetparlaconnaissancedel'ensei¬
gnante),celle-ci servantdemédiatriceentrelaplanification
cl
laréalité delaclasse (Connelly etClandinin, 1988). L'investigation de laconnais¬sancepratique, dans l'approche personnelle, peutprendre une forme rétrospective, autobiographique (elle consiste à raconter l'histoire de l'expérience) ou prospective, pour construire l'action quotidienne. Le journaldes pensées sur l'action peutremplirles deux fonctions et per¬
mettre de «déclarativer» ses procédures, de mettreen motsou de «théo¬
risersapratique», selon les termesen usage auCEPECdeLyon. Le rap¬
port
sur sa pratique,doitêtre de longue haleine pourêtre fructueux et relier efficacement îe passé au présent. La comparaison interne, dans unerelecture dujournal,contribue auprocessusformateur dela théori¬sationpersonnelle.
Eludes etrecherches 9
Dans unevoie plus diachronique, l'élaboration biographique peut êtrefaiteavecun(e) collègue, au
fil
d'échanges,de discussions, oud'une correspondance.Il
s'agit de se raconter etd'indiquer la construction progressive de sa pensée au cours des ans en relation directe avec ses expériences en classe. Le récapitulatifpeutprendre plusieurs séances,par
paliers d'approfondissement. Lejournal
scolaire prend alors une tournure plus phénoménologique, dans le sens où la construction d'un sens personnel naît d'une réorganisation interne, d'une représentation de l'expérientiel « pré-phénoménal » (Sharon etSantilli,
1986 ; Van Maanen,1988).Les méthodologies de l'histoire de vie (Huberman, 1990) ontelles- mêmesun rôle formateuretpeuventcontribuerau
journal
scolaire, soit dans une voie personnelle, soit dans une voie critique. Qu'ils'agisse deconstruire «l'architecture desoi> (Pinar, 1986) ou de travailleren col¬
laboration autobiographique
(Butt,
Raymond etYamagishi, 1988), le fondementdel'activitéreflexiveestlaquêted'identité, cette quêteimpli¬quantuncertaindégagementdescontingences. Lereculréflexifaccorde¬
rait
unpouvoirsur l'action(ou dans l'action), un accroissementdu pro¬fessionnalisme.
L'APPROCHESOCIALECRITIQUE
L'orientationcritique combine vision sociale progressiste et critique radicale de la scolarisation. Elleprône avec optimisme un renouveau éducatifetsocial, dont l'avènementprocéderait d'une meilleure compré¬
hension des mécanismes de normalisation qui font de l'école un instru¬
ment d'inégalité. Dans cette optique, la formation des enseignants fait partied'une vaste stratégiequi viselacréation d'une sociétéplus démo¬
cratique. L'enseignant(e)jouele rôle d'éducateurpolitique ausens où
il
ouelle véhiculedes valeurs etdespratiques démocratiquesdanslaréso¬
lution
de problèmes de groupe et dans la cogestion des programmes (Ginsburg, 1988). La formationestconçue en termes d'éducation «pro¬gressiste», «émancipatoire».
La traduction de ces théories en formation pratique pose quelque problème, à cause des paradoxes inhérents à la généralisation de pra¬
tiques d'individualion, àl'organisationprogrammée dela liberté sociale etdel'autonomie. L'enseignant(e)peut,parexemple, écrirelejournalde
sa communauté localeetfaire de cet agendahistoriqueuncollectifbio¬
graphique etlibérateur en classe (Giroux etMcLaren, 1986). Zeichner (1987) propose cinq stratégies d'instruction en formation critique, dont
Eludes etrecherches 9
Dans unevoie plus diachronique, l'élaboration biographique peut êtrefaiteavecun(e) collègue, au
fil
d'échanges,de discussions, oud'une correspondance.Il
s'agit de se raconter etd'indiquer la construction progressive de sa pensée au cours des ans en relation directe avec ses expériences en classe. Le récapitulatifpeutprendre plusieurs séances,par
paliers d'approfondissement. Lejournal
scolaire prend alors une tournure plus phénoménologique, dans le sens où la construction d'un sens personnel naît d'une réorganisation interne, d'une représentation de l'expérientiel « pré-phénoménal » (Sharon etSantilli,
1986 ; Van Maanen,1988).Les méthodologies de l'histoire de vie (Huberman, 1990) ontelles- mêmesun rôle formateuretpeuventcontribuerau
journal
scolaire, soit dans une voie personnelle, soit dans une voie critique. Qu'ils'agisse deconstruire «l'architecture desoi> (Pinar, 1986) ou de travailleren col¬
laboration autobiographique
(Butt,
Raymond etYamagishi, 1988), le fondementdel'activitéreflexiveestlaquêted'identité, cette quêteimpli¬quantuncertaindégagementdescontingences. Lereculréflexifaccorde¬
rait
unpouvoirsur l'action(ou dans l'action), un accroissementdu pro¬fessionnalisme.
L'APPROCHESOCIALECRITIQUE
L'orientationcritique combine vision sociale progressiste et critique radicale de la scolarisation. Elleprône avec optimisme un renouveau éducatifetsocial, dont l'avènementprocéderait d'une meilleure compré¬
hension des mécanismes de normalisation qui font de l'école un instru¬
ment d'inégalité. Dans cette optique, la formation des enseignants fait partied'une vaste stratégiequi viselacréation d'une sociétéplus démo¬
cratique. L'enseignant(e)jouele rôle d'éducateurpolitique ausens où
il
ouelle véhiculedes valeurs etdespratiques démocratiquesdanslaréso¬
lution
de problèmes de groupe et dans la cogestion des programmes (Ginsburg, 1988). La formationestconçue en termes d'éducation «pro¬gressiste», «émancipatoire».
La traduction de ces théories en formation pratique pose quelque problème, à cause des paradoxes inhérents à la généralisation de pra¬
tiques d'individualion, àl'organisationprogrammée dela liberté sociale etdel'autonomie. L'enseignant(e)peut,parexemple, écrirelejournalde
sa communauté localeetfaire de cet agendahistoriqueuncollectifbio¬
graphique etlibérateur en classe (Giroux etMcLaren, 1986). Zeichner (1987) propose cinq stratégies d'instruction en formation critique, dont
la rédaction d'un
journal
scolaire. Lejournalpossède alors une valeur instrumentale, extérieure à l'individu, dans un «programme de libéra¬tion». Les apprentis enseignants réfléchissent systématiquement, dans leurjournal, àleur propre croissanceprofessionnelleetàleur actionen classe.
Dansl'orientation personnelle et dansl'orientation sociale critique,
lespratiques dujournalscolairesont fondéessuruneidéologieéducative forte. Une approcheplus pragmatique dujournal scolaire, directement centrée surles tâches concrètes de la planification de l'enseignement, coexistetoutefoisavec ces autrespratiques. Hs'agitpourI'enseignant(e), àl'aidedujournaldeses expériences scolaires,demieuxcomprendresa
pratiqueetdetenir comptedesesréflexionsdanssesplanifications ulté-
LAPPROCHE PRAGMATIQUE
Cetteapproche n'estpasincompatible avec lesprécédentes ;ellelais¬
sel'enseignant(e)libred'étendresaréflexion versl'unoul'autre courant et constitue probablementune réponse dialogique aux pôles du person¬
neletdu socialqui, endernièreanalyse, peuvent difficUementêtrescin¬
dés. La recherche sur la planification des enseignants indique que le journal peut être simultanément un excellentmoyen de formation, un moyen d'améliorerles plans de cours, un instrument de la recherche cognitive, une aide à l'innovation etune modalité du perfectionnement professionnel (ClarketYinger, 1985 ; O'Connell-Rust, 1987 ; Hundleby etBreet, 1988 ;Cooper, 1989;Tochon,1990,aetb).
J'utilise depuis deux ans lejournal scolaireenformation initiale, en tâchantd'indiquerauxstagiaireslavoied'uneimprovisationbienplani¬
fiée.Laplanificationrésultemoins d'unemaîtriseséquentielledesconte¬
nus que d'une réflexion surles contingences quel'apportdesdits conte¬
nus va déclencher (Tochon, 1990c).
Par
exemple,il
ne s'agit pas seulementdeprévoirun cours bien construitsurle monde ducirque,il
fautanticiperles questions desélèves etlamanière d'intégrerces ques¬tions dans un développementsouple qui réponde à la fois au reste du programme et àla motivation des élèves. L'enseignant(e) va de l'avant par tâtonnements successifs. La perception des connexions entre divers aspects duprogrammelui permetdepréserver lalignefondamentale de progression. Mais cette perception des connexions est absente chez les enseignants débutants. A cet égard,
j'ai
remarqué que le «journal
debord» établitdesconnexionsutilesentreles aspectsdidactiques,c'est-à- direlescontenustraités, etles aspectspurementpédagogiques,relatifs à
la rédaction d'un
journal
scolaire. Lejournalpossède alors une valeur instrumentale, extérieure à l'individu, dans un «programme de libéra¬tion». Les apprentis enseignants réfléchissent systématiquement, dans leurjournal, àleur propre croissanceprofessionnelleetàleur actionen classe.
Dansl'orientation personnelle et dansl'orientation sociale critique,
lespratiques dujournalscolairesont fondéessuruneidéologieéducative forte. Une approcheplus pragmatique dujournal scolaire, directement centrée surles tâches concrètes de la planification de l'enseignement, coexistetoutefoisavec ces autrespratiques. Hs'agitpourI'enseignant(e), àl'aidedujournaldeses expériences scolaires,demieuxcomprendresa
pratiqueetdetenir comptedesesréflexionsdanssesplanifications ulté-
LAPPROCHE PRAGMATIQUE
Cetteapproche n'estpasincompatible avec lesprécédentes ;ellelais¬
sel'enseignant(e)libred'étendresaréflexion versl'unoul'autre courant et constitue probablementune réponse dialogique aux pôles du person¬
neletdu socialqui, endernièreanalyse, peuvent difficUementêtrescin¬
dés. La recherche sur la planification des enseignants indique que le journal peut être simultanément un excellentmoyen de formation, un moyen d'améliorerles plans de cours, un instrument de la recherche cognitive, une aide à l'innovation etune modalité du perfectionnement professionnel (ClarketYinger, 1985 ; O'Connell-Rust, 1987 ; Hundleby etBreet, 1988 ;Cooper, 1989;Tochon,1990,aetb).
J'utilise depuis deux ans lejournal scolaireenformation initiale, en tâchantd'indiquerauxstagiaireslavoied'uneimprovisationbienplani¬
fiée.Laplanificationrésultemoins d'unemaîtriseséquentielledesconte¬
nus que d'une réflexion surles contingences quel'apportdesdits conte¬
nus va déclencher (Tochon, 1990c).
Par
exemple,il
ne s'agit pas seulementdeprévoirun cours bien construitsurle monde ducirque,il
fautanticiperles questions desélèves etlamanière d'intégrerces ques¬tions dans un développementsouple qui réponde à la fois au reste du programme et àla motivation des élèves. L'enseignant(e) va de l'avant par tâtonnements successifs. La perception des connexions entre divers aspects duprogrammelui permetdepréserver lalignefondamentale de progression. Mais cette perception des connexions est absente chez les enseignants débutants. A cet égard,
j'ai
remarqué que le «journal
debord» établitdesconnexionsutilesentreles aspectsdidactiques,c'est-à- direlescontenustraités, etles aspectspurementpédagogiques,relatifs à
Étudesetrecherches 11
la gestion des interactions. D'où l'hypothèse de l'émergence, par la réflexion, d'uneconnaissancestratégique, intermédiaireàlapratiqueet àlathéorie.
Les consignes de rédaction données à I'enseignant(e) sont d'écrire autantqu'ilestpossible, dansungroscahierrelié, sonactionet tous les sentimentsreliésà sapratique. Sesévaluations internes,sonanalysedes événements delaclasseetsesjugements moraux ontlamêmeimportan¬
ce, dans celte optique, queles contenus etmatières abordés. De fait, la connaissance de la discipUne est généralement peu distincte de l'événe¬
mentiel : lesconditions deviennent fonctionnelles ; en classe, la rationa¬
lité évolue vers une pragmatique. La rédaction des pensées sur l'ensei¬
gnement doitêtre régulière, sans être obligatoirement quotidienne par crainte de lassitude. On lui consacre, pendantles stages par exemple, quatremomentschaque semaine, àheures précises. Lejournal peutêtre rédigé soit après une leçon, soitau coucher ou au réveil, à un moment tranquille. La rédaction est suivie de relectures fréquentes qui permet¬
tent d'ajouteren marge des « mémos techniques » : des pensées sur les idéesdu texte, descodesrelatifsauxsignificationsrécurrentes.
Unapport majeurdujournalscolaire,grâceàla réflexion qu'ilsusci¬
te, semble être de permettre de catégoriserl'événementiel de même que ses propres réactions, et d'en inférer des schémas de raisonnement pragmatique (Chenget Holyoak, 1985) directement applicables sur le
terrain. Lejournal ne sesituepasen pleineabstraction ;il n'estpas non plus totalement spécifique au domaine d'enseignement. 11 se situe dans un tertium médian qui favorise sans doute l'élaboration de règles infé- rentielles pragmatiques. Son pouvoir synergique peut paraître essentiel àplusieurségards :
lejournal rapproche la connaissance de la matière des cas vécus concrets ;
saproductioninduit uneépistémologieparticulière: la manièrede penser «pratique » ;
celteproductionintroduit des éléments de comparaison du passé etduprésent, del'anticipation duvécuet du vécurétrospective ;
elle « réfléchit » la négociation éducative et confronte le projet didactiqueàl'interactionpédagogique.
En voici des exemples, tirés des journaux scolaires d'enseignants novices :
Novice1 : Suite àla préparationpuisàla présentationdemanégociation, j'ai réaliséqu'ilfaut avoirpenséauprojetavantdeleprésenter. Touten laissant l'opportunitéaux élèvesdeproposerdesélémentsd'organisation,
Étudesetrecherches 11
la gestion des interactions. D'où l'hypothèse de l'émergence, par la réflexion, d'uneconnaissancestratégique, intermédiaireàlapratiqueet àlathéorie.
Les consignes de rédaction données à I'enseignant(e) sont d'écrire autantqu'ilestpossible, dansungroscahierrelié, sonactionet tous les sentimentsreliésà sapratique. Sesévaluations internes,sonanalysedes événements delaclasseetsesjugements moraux ontlamêmeimportan¬
ce, dans celte optique, queles contenus etmatières abordés. De fait, la connaissance de la discipUne est généralement peu distincte de l'événe¬
mentiel : lesconditions deviennent fonctionnelles ; en classe, la rationa¬
lité évolue vers une pragmatique. La rédaction des pensées sur l'ensei¬
gnement doitêtre régulière, sans être obligatoirement quotidienne par crainte de lassitude. On lui consacre, pendantles stages par exemple, quatremomentschaque semaine, àheures précises. Lejournal peutêtre rédigé soit après une leçon, soitau coucher ou au réveil, à un moment tranquille. La rédaction est suivie de relectures fréquentes qui permet¬
tent d'ajouteren marge des « mémos techniques » : des pensées sur les idéesdu texte, descodesrelatifsauxsignificationsrécurrentes.
Unapport majeurdujournalscolaire,grâceàla réflexion qu'ilsusci¬
te, semble être de permettre de catégoriserl'événementiel de même que ses propres réactions, et d'en inférer des schémas de raisonnement pragmatique (Chenget Holyoak, 1985) directement applicables sur le
terrain. Lejournal ne sesituepasen pleineabstraction ;il n'estpas non plus totalement spécifique au domaine d'enseignement. 11 se situe dans un tertium médian qui favorise sans doute l'élaboration de règles infé- rentielles pragmatiques. Son pouvoir synergique peut paraître essentiel àplusieurségards :
lejournal rapproche la connaissance de la matière des cas vécus concrets ;
saproductioninduit uneépistémologieparticulière: la manièrede penser «pratique » ;
celteproductionintroduit des éléments de comparaison du passé etduprésent, del'anticipation duvécuet du vécurétrospective ;
elle « réfléchit » la négociation éducative et confronte le projet didactiqueàl'interactionpédagogique.
En voici des exemples, tirés des journaux scolaires d'enseignants novices :
Novice1 : Suite àla préparationpuisàla présentationdemanégociation, j'ai réaliséqu'ilfaut avoirpenséauprojetavantdeleprésenter. Touten laissant l'opportunitéaux élèvesdeproposerdesélémentsd'organisation,
il faut soi-mêmeréfléchir àplusieursélémentspossibles.D'unepart, afin desefaire uneidée,dedéterminersi onaccepterateléléments'ilestpro¬
posé et, d'autre part, afin d'avoir des suggestionspour les élèves dans l'éventualitéoù ilsnepensent à rien. Celapeut éviter dessituations où on perd le contrôle. En tant que nouvelle enseignante, je crois qu'il vaut
mieuxau débutlimiter un peulechampdenégociation.
Novice2 :C'est tellement difficile d'être objective... Je crois queje suis moins nerveuse etplusàl'aise qu'au débutde l'annéescolaire, maisj'ai quandmême des trépidations.Je dois travailler plus surlesgestes et les variationsdevoix. Laleçon aétédonnéedefaçon tropmonotone. Je dois essayer defaire preuve d'énergie et de vivacité même sije me sens fatiguée. J'aurais dûfaire participer lesélèves même sije donne des consignes,ilsontdroit aussi àdonner leursopinions, leursidées. Sinonje nedonne qu'un cours magistral etles élèvesne sont que des récepteurs passifs.
Novice3 :Jen'hésitepasàintervenir lorsqu'unélèvedérangelaclasse, ni ne me laisseintimider par ces situations. Maisil me semblequemon ins¬
tinctde*maman» intervient: « Tunevaspasjouer !». Est-ce lamenace la meilleure, la façon laplus constructive de composer avec cette situa¬
tion déséquilibrante ? Sic'était à refaire, je m'yprendrais d'une autre façon. J'auraispeut-êtredûamener l'élève àcomprendrequ'ildérangela
classeetlui donnerunstimuluspositif plutôt quenégatif.
Novice4 : Echec complet de mapart. Les élèves n'ont pas compris mon objectif. Il s'agissaitdedécomposerpetit àpetit lecorpsdel'article pour démontrer les étapes d'un déroulement, et donc deprendre conscience des aspects significatifs de l'histoire. Mon approche était contradictoire, caraulieude centrerlaconnaissancepédagogique surles élèves,je l'ai centrée sur moi. Ce quej'aurais dû faire, c'est distribuer l'article aux élèves, leur demanderde trouver les points saillants du déroulement.
Promouvoirpar desquestions appropriéeslaconnaissancedes élèvespar l'opérationpropre de leur intelligence. Mais l'intelligence nefonctionne pasàvide, il faut fournir desobjetsàconnaîtreet dela matière sur quoi
s'exercer.
Lamanière depenser « pratique » seraitune épistémologie de synthèse lentementconstruite par la réflexion surlesévénements professionnels.
Les schémas de raisonnementpragmatiquesnerépondentpasauxrègles de la logique formelle, ilssontétroitementreliés à leurcontexte d'appli¬
cation. En éducation, leur élaboration poseproblème à cause des infe¬
rences complexes nécessaires sur un terrain souvent contradictoire : le tempsplanifiéseheurte au temps d'apprentissage,lepersonnel affronte le social, le pédagogique immédiat peut contrecarrer les prévisions didactiques.Lacroissanceprofessionnellesembles'expliquerparl'élabo¬
ration d'heuristiquespermettant de garder un constant équilibre entre il faut soi-mêmeréfléchir àplusieursélémentspossibles.D'unepart, afin desefaire uneidée,dedéterminersi onaccepterateléléments'ilestpro¬
posé et, d'autre part, afin d'avoir des suggestionspour les élèves dans l'éventualitéoù ilsnepensent à rien. Celapeut éviter dessituations où on perd le contrôle. En tant que nouvelle enseignante, je crois qu'il vaut
mieuxau débutlimiter un peulechampdenégociation.
Novice2 :C'est tellement difficile d'être objective... Je crois queje suis moins nerveuse etplusàl'aise qu'au débutde l'annéescolaire, maisj'ai quandmême des trépidations.Je dois travailler plus surlesgestes et les variationsdevoix. Laleçon aétédonnéedefaçon tropmonotone. Je dois essayer defaire preuve d'énergie et de vivacité même sije me sens fatiguée. J'aurais dûfaire participer lesélèves même sije donne des consignes,ilsontdroit aussi àdonner leursopinions, leursidées. Sinonje nedonne qu'un cours magistral etles élèvesne sont que des récepteurs passifs.
Novice3 :Jen'hésitepasàintervenir lorsqu'unélèvedérangelaclasse, ni ne me laisseintimider par ces situations. Maisil me semblequemon ins¬
tinctde*maman» intervient: « Tunevaspasjouer !». Est-ce lamenace la meilleure, la façon laplus constructive de composer avec cette situa¬
tion déséquilibrante ? Sic'était à refaire, je m'yprendrais d'une autre façon. J'auraispeut-êtredûamener l'élève àcomprendrequ'ildérangela
classeetlui donnerunstimuluspositif plutôt quenégatif.
Novice4 : Echec complet de mapart. Les élèves n'ont pas compris mon objectif. Il s'agissaitdedécomposerpetit àpetit lecorpsdel'article pour démontrer les étapes d'un déroulement, et donc deprendre conscience des aspects significatifs de l'histoire. Mon approche était contradictoire, caraulieude centrerlaconnaissancepédagogique surles élèves,je l'ai centrée sur moi. Ce quej'aurais dû faire, c'est distribuer l'article aux élèves, leur demanderde trouver les points saillants du déroulement.
Promouvoirpar desquestions appropriéeslaconnaissancedes élèvespar l'opérationpropre de leur intelligence. Mais l'intelligence nefonctionne pasàvide, il faut fournir desobjetsàconnaîtreet dela matière sur quoi
s'exercer.
Lamanière depenser « pratique » seraitune épistémologie de synthèse lentementconstruite par la réflexion surlesévénements professionnels.
Les schémas de raisonnementpragmatiquesnerépondentpasauxrègles de la logique formelle, ilssontétroitementreliés à leurcontexte d'appli¬
cation. En éducation, leur élaboration poseproblème à cause des infe¬
rences complexes nécessaires sur un terrain souvent contradictoire : le tempsplanifiéseheurte au temps d'apprentissage,lepersonnel affronte le social, le pédagogique immédiat peut contrecarrer les prévisions didactiques.Lacroissanceprofessionnellesembles'expliquerparl'élabo¬
ration d'heuristiquespermettant de garder un constant équilibre entre
14 RechercheetFormation Entre l'envol etla chutelibre, le
journal, libre
contrainte etliberté dirigée, donneà quis'ensertunéquilibre médian. Balancier dufunam¬bule, perpendiculaire àla ligne suivie, il situe l'enseignant(e) dans sa mouvanceparadoxale,portant sonattention sur tout égarementsuscep¬
tibled'êtrefatal.
FrançoisV.TOCHON Ph.D.en Sciences del'Education, Professeuragrégé Université du Manitoba CollègeUniversitairedeSt-Boniface
BIBLIOGRAPHIE
BUTT (R.), RAYMOND (D.), YAMAGISHI (L.). 1988. Autobiographical praxis: Studying the formation ofteachers' knowledge. Journal of Curriculum Theorizing, 7(4),pp.87-164.
CHENG (P.W.), HOLYOAK(K.J.). 1985. Pragmaticreasoningschémas.
Cognitive Psychology,17,pp. 391-416.
CLARK (CM.), YINGER (R.J.). 1985. Usingpersonal documents to study teacherthinking. Occasional Paperno. 84. EastLansing, MI:
MichiganStateUniversity.
COMBS (A.). 1982. Apersonal approach to teaching. Boston, MA:
Allyn &Bacon.
CONNELLY(E.M.),CLANDININ (D.J.). 1988. Teachers ascurriculum planners. Toronto,ON:OISE Press.
COOPER (J.E.). Mars 1989. Telling our own stories: Theprocess of journal writing. Articleprésenté au congrès annuel del'Association
américainederechercheenéducation(AERA), SanFrancisco,CA.
FEIMAN-NEMSER (S.). 1990. Teacher preparation: Structural and conceptuel alternatives. In W.R. Houston (éd.), Handbook of researchonteachereducation (pp.212-233). NewYork:McMillan.
GINSBURG (M.). 1988. Contradictions in teacher education and society:acritical analysis. Philadelphia: Farmer.
GIROUX (H.), McLAREN(P.). 1986. Teachereducationand thepolitics ofengagement: Thecase for democratic schooling. Harvard Educa¬
tionalReview,56,pp.213-238.
GRAHAM (R.J.). 1989. Autobiography and education. The Journalof EducationalThought,23(2),pp.92-105.
14 RechercheetFormation
Entre l'envol etla chutelibre, le
journal, libre
contrainte etliberté dirigée, donneà quis'ensertunéquilibre médian. Balancier dufunam¬bule, perpendiculaire àla ligne suivie, il situe l'enseignant(e) dans sa mouvanceparadoxale,portant sonattention sur tout égarementsuscep¬
tibled'êtrefatal.
FrançoisV.TOCHON Ph.D.en Sciences del'Education, Professeuragrégé Université du Manitoba CollègeUniversitairedeSt-Boniface
BIBLIOGRAPHIE
BUTT (R.), RAYMOND (D.), YAMAGISHI (L.). 1988. Autobiographical praxis: Studying the formation ofteachers' knowledge. Journal of Curriculum Theorizing, 7(4),pp.87-164.
CHENG (P.W.), HOLYOAK(K.J.). 1985. Pragmaticreasoningschémas.
Cognitive Psychology,17,pp. 391-416.
CLARK (CM.), YINGER (R.J.). 1985. Usingpersonal documents to study teacherthinking. Occasional Paperno. 84. EastLansing, MI:
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CONNELLY(E.M.),CLANDININ (D.J.). 1988. Teachers ascurriculum planners. Toronto,ON:OISE Press.
COOPER (J.E.). Mars 1989. Telling our own stories: Theprocess of journal writing. Articleprésenté au congrès annuel del'Association
américainederechercheenéducation(AERA), SanFrancisco,CA.
FEIMAN-NEMSER (S.). 1990. Teacher preparation: Structural and conceptuel alternatives. In W.R. Houston (éd.), Handbook of researchonteachereducation (pp.212-233). NewYork:McMillan.
GINSBURG (M.). 1988. Contradictions in teacher education and society:acritical analysis. Philadelphia: Farmer.
GIROUX (H.), McLAREN(P.). 1986. Teachereducationand thepolitics ofengagement: Thecase for democratic schooling. Harvard Educa¬
tionalReview,56,pp.213-238.
GRAHAM (R.J.). 1989. Autobiography and education. The Journalof EducationalThought,23(2),pp.92-105.