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LE JOURNAL INSTITUTIONNEL

Dans le document JOURNAL DE CLASSE (Page 65-79)

Rémi HESS

Sommaire. Reliantsarechercheaucourantd'idéesinternational dans le domainedujournaldumaître ouinstitutionnel,Rémi Hessdémonte lastructuredecetype dedocument.

Ils'appuiesurson expérience,àlafois comme auteuretcomme formateur,pourendégager successivementlatechniqued'écriture, la fonction sociale,laplace dans l'analyse de l'éta¬

blissementet lapratique.

Cetteétudethéoriqueetdeterrain montre que lejournalestunoutilpédagogiqueutileàla formationdesenseignants;ilpouvaitêtre employé avecprofitdansle cadre des nouveaux IUFM."

Summary. "Rémi Hessascertains theessentialstructureoftheteacher's

or

institutionaldiary, as insertedintheinternationalrelatingtrend.

Hebaseshimselfonhiswideexperiencequaauthoraswellaseducator tooutlinein successionitsmain features, such aswritingtechnique,socialrole,institutionalassess¬

ment,andpractice.

Boththeoryand field-work showthediaryto be a valuabletoolin teachertraining;besides

itshouldbeanassetwithintheframeworkofthenewvfm."

RechercheetFormation N°9 Avril1991

PRATIQUES DE FORMATION

Lelecteur trouveraici:

descomptes rendusd'expérience de formation, depra¬

tiquesinnovantes, voire provocantes;

desanalysesetdes évaluations, individuellesou collec¬

tives, deprocessusdeformation;

desbilansportantsurdesfonctionnementsd'équipesou d'institutions;

desprésentations critiques depolitiquesoude straté¬

giesdeformation.

LE JOURNAL INSTITUTIONNEL

Rémi HESS

Sommaire. Reliantsarechercheaucourantd'idéesinternational dans le domainedujournaldumaître ouinstitutionnel,Rémi Hessdémonte lastructuredecetype dedocument.

Ils'appuiesurson expérience,àlafois comme auteuretcomme formateur,pourendégager successivementlatechniqued'écriture, la fonction sociale,laplace dans l'analyse de l'éta¬

blissementet lapratique.

Cetteétudethéoriqueetdeterrain montre que lejournalestunoutilpédagogiqueutileàla formationdesenseignants;ilpouvaitêtre employé avecprofitdansle cadre des nouveaux IUFM."

Summary. "Rémi Hessascertains theessentialstructureoftheteacher's

or

institutionaldiary, as insertedintheinternationalrelatingtrend.

Hebaseshimselfonhiswideexperiencequaauthoraswellaseducator tooutlinein successionitsmain features, such aswritingtechnique,socialrole,institutionalassess¬

ment,andpractice.

Boththeoryand field-work showthediaryto be a valuabletoolin teachertraining;besides

itshouldbeanassetwithintheframeworkofthenewvfm."

Certaines personnes entrentfacilement et de plain-pied dans une écriture abstraite. C'est qu'eUes héritent du code (Bourdieu). Cela est assezrarechezlespraticiens. Pour eux,Uestsouventdifficile de disso¬

cier l'écriture théorique del'expérience' vécue. Onpourrait étudier la

genèse socialede cettemaîtrisedu codeetl'inégalité qui existeentreles

individussur.leplande.l'écriture. En mettantaupointla technique du journal institutionnel, ma préoccupationpremière aété depermettre à des gens qui s'en trouvaientexclus audépart d'entrerdansle champ de l'écriture etde sa maîtrise. Maconception repose sur l'idée d'une pro¬

gressivité, dans la maîtrise de l'écriture, de l'intime au pubUc. Mon modèle (qui fonctionne dans lapratique) suppose que

l'écriture

d'un journal intimeestunepratiquepotentiellepourtoutepersonne capable demaîtriserlalangue (le langage). MonpubUc est donc supposé« alpha¬

bétisé ». Le blocage social quejeveuxtravaUlerréside dans lepassage d'uneécriture«poursoi» àuneécriture «pourlesautres ».

L'EXPERIENCE DUJOURNALINSTITUTIONNEL (JI)

La techniquedu « Journalinstitutionnel » (jl) consiste àdécrire au jour lejour desfaits organisés autour d'un vécu dans une institution (sonmétier,sonrapportàun enfant,sonrapport àunerecherche, etc.).

R s'agit, nonpas deraconter toutce quinous arrivedans unejournée, mats chaquejour (au moins trois ou quatre fois par semaine) de noter unfait marquant (unerencontre, uneréflexion,unelecture,unconflit, etc.)ayant unrapport avecl'objetquel'ons'est donnépour cejournal.

Lefaitquecejournalne soitpasunfourre-tout, maissoit d'entréeorga¬

nisé autour d'une institution (ou plutôt autour du rapport que l'on entretientàuneinstitution) permetdelerelire ou mêmedele donner à Ure.

L'auteur d'un

journal

institutionnel recherche donc une posture d'écrivain qui le situe, commejel'ai dit, dans son rapport au lecteur, entre le rédacteur d'un

journal

intime et le rédacteur d'un article de quotidien ou d'hebdomadaire. Entrel'écritured'unjournal intime, par exemple, et la thèse universitaire ou le livre, U y a plusieurs niveaux d'écriture quiponctuent finalement les différents niveaux de rapports au monde quel'onpeut avoir. VoUà, pourmoi ettrès rapidement, plu¬

sieursniveaux de socialisationpassantpar l'écriture. Achaquesupport écrit correspond une certaine maîtrise d'un certain type de

rapport

à l'autre(derapportaucode).

Certaines personnes entrentfacilement et de plain-pied dans une écriture abstraite. C'est qu'eUes héritent du code (Bourdieu). Cela est assezrarechezlespraticiens. Pour eux,Uestsouventdifficile de disso¬

cier l'écriture théorique del'expérience' vécue. Onpourrait étudier la

genèse socialede cettemaîtrisedu codeetl'inégalité qui existeentreles

individussur.leplande.l'écriture. En mettantaupointla technique du journal institutionnel, ma préoccupationpremière aété depermettre à des gens qui s'en trouvaientexclus audépart d'entrerdansle champ de l'écriture etde sa maîtrise. Maconception repose sur l'idée d'une pro¬

gressivité, dans la maîtrise de l'écriture, de l'intime au pubUc. Mon modèle (qui fonctionne dans lapratique) suppose que

l'écriture

d'un journal intimeestunepratiquepotentiellepourtoutepersonne capable demaîtriserlalangue (le langage). MonpubUc est donc supposé« alpha¬

bétisé ». Le blocage social quejeveuxtravaUlerréside dans lepassage d'uneécriture«poursoi» àuneécriture «pourlesautres ».

L'EXPERIENCE DUJOURNALINSTITUTIONNEL (JI)

La techniquedu « Journalinstitutionnel » (jl) consiste àdécrire au jour lejour desfaits organisés autour d'un vécu dans une institution (sonmétier,sonrapportàun enfant,sonrapport àunerecherche, etc.).

R s'agit, nonpas deraconter toutce quinous arrivedans unejournée, mats chaquejour (au moins trois ou quatre fois par semaine) de noter unfait marquant (unerencontre, uneréflexion,unelecture,unconflit, etc.)ayant unrapport avecl'objetquel'ons'est donnépour cejournal.

Lefaitquecejournalne soitpasunfourre-tout, maissoit d'entréeorga¬

nisé autour d'une institution (ou plutôt autour du rapport que l'on entretientàuneinstitution) permetdelerelire ou mêmedele donner à Ure.

L'auteur d'un

journal

institutionnel recherche donc une posture d'écrivain qui le situe, commejel'ai dit, dans son rapport au lecteur, entre le rédacteur d'un

journal

intime et le rédacteur d'un article de quotidien ou d'hebdomadaire. Entrel'écritured'unjournal intime, par exemple, et la thèse universitaire ou le livre, U y a plusieurs niveaux d'écriture quiponctuent finalement les différents niveaux de rapports au monde quel'onpeut avoir. VoUà, pourmoi ettrès rapidement, plu¬

sieursniveaux de socialisationpassantpar l'écriture. Achaquesupport écrit correspond une certaine maîtrise d'un certain type de

rapport

à l'autre(derapportaucode).

Pratiquesdeformation 69

NIVEAU TYPED'ECRITURE

intimitépersonnelle journalintime relationinterpersonnelle correspondance

groupai textedactylographiéquel'onpeut

fairecirculer

social textemultigraphie (ronéoté)

public texte édité

Commentaire du tableau : le journal intime est en principe écrit pour soi. Dans la correspondance, l'auteur choisit son interlocuteur.

Dans le texte dactylographié, U maîtrise déjà moins bienla diffusion.

Quand Upasse àla multigraphie, U est vraisemblable qu'U trouve des lecteurs qu'U ne connaît pas. Larelation inter-individueUe quiexistait encore auniveaugroupai n'existe plus. IIestdansun niveaudediffusion plus anonyme, mais plus large. Enfin, dans la publication, l'auteur se

trouve dans un contexte d'écriture sociale qu'il ne maîtrise plus au niveau des lecteurs qu'U va trouver. A chaque niveau de diffusion cor¬

respondent des formes (et des règles plus ou moins tacites) d'écriture spécifiques .

UNE ECRITURE DEPRATICIEN

Les idées qui précèdent peuventserésumerainsi: l'écritureuniversi¬

taire traditionnelle n'est pas adaptée auxmodes potentiels d'expression des travaiUeurs sociaux ou plus généralement aux praticiens sociaux (enseignants, militants, agents de développement social, administra¬

teurs, animateurs...). Pourtant, ces derniersressentent deplus en plus le besoinde maîtriser des outils « écrits » leur permettantd'entrerdans une analyse et une théorisation deleurs pratiques professionneUes et sociales. Lorsque j'ai fait ce constat au département des sciences de l'éducation de

Paris-VIII,

en 1976, on necomptaitalors qu'un étudiant salarié sur dix qui réussissait à passer sa maîtrise après la Ucence. Ce taux d'échec s'expliquait justementparle passage d'une pédagogie sur¬

tout oralelors des trois premières années universitaires à une impor¬

tanteexigenced'écrit(100 pages)enannéedemaîtrise...

En 1976-77,

j'ai

donc mené une expériencesur ungroupe témoin de douze étudiants. J'ai observé leurs difficultés à entrer dans l'écriture académique. C'està ce moment-làque

j'ai

élaboré ma théoried'un pas¬

sage progressifd'une écriture intime à une écriture sociale... A cette

Pratiquesdeformation 69

NIVEAU TYPED'ECRITURE

intimitépersonnelle journalintime relationinterpersonnelle correspondance

groupai textedactylographiéquel'onpeut

fairecirculer

social textemultigraphie (ronéoté)

public texte édité

Commentaire du tableau : le journal intime est en principe écrit pour soi. Dans la correspondance, l'auteur choisit son interlocuteur.

Dans le texte dactylographié, U maîtrise déjà moins bienla diffusion.

Quand Upasse àla multigraphie, U est vraisemblable qu'U trouve des lecteurs qu'U ne connaît pas. Larelation inter-individueUe quiexistait encore auniveaugroupai n'existe plus. IIestdansun niveaudediffusion plus anonyme, mais plus large. Enfin, dans la publication, l'auteur se

trouve dans un contexte d'écriture sociale qu'il ne maîtrise plus au niveau des lecteurs qu'U va trouver. A chaque niveau de diffusion cor¬

respondent des formes (et des règles plus ou moins tacites) d'écriture spécifiques .

UNE ECRITURE DEPRATICIEN

Les idées qui précèdent peuventserésumerainsi: l'écritureuniversi¬

taire traditionnelle n'est pas adaptée auxmodes potentiels d'expression des travaiUeurs sociaux ou plus généralement aux praticiens sociaux (enseignants, militants, agents de développement social, administra¬

teurs, animateurs...). Pourtant, ces derniersressentent deplus en plus le besoinde maîtriser des outils « écrits » leur permettantd'entrerdans une analyse et une théorisation deleurs pratiques professionneUes et sociales. Lorsque j'ai fait ce constat au département des sciences de l'éducation de

Paris-VIII,

en 1976, on necomptaitalors qu'un étudiant salarié sur dix qui réussissait à passer sa maîtrise après la Ucence. Ce taux d'échec s'expliquait justementparle passage d'une pédagogie sur¬

tout oralelors des trois premières années universitaires à une impor¬

tanteexigenced'écrit(100 pages)enannéedemaîtrise...

En 1976-77,

j'ai

donc mené une expériencesur ungroupe témoin de douze étudiants. J'ai observé leurs difficultés à entrer dans l'écriture académique. C'està ce moment-làque

j'ai

élaboré ma théoried'un pas¬

sage progressifd'une écriture intime à une écriture sociale... A cette

époque,lejournal institutionneln'étaitpaslaseule techniqueproposée.

J'avais imaginé d'autres formes possibles du travaU de ce passage : la monographie d'établissement (alors assez en vogue), la correspondance amenantdes échanges réguliers entre deux personnes travaUlantdans des étabUssements àproblèmes institutionnels comparables, etenfinle romaninstitutionnel,une sorted'histoire devie centrée surlemétier, à un moment donné, ousuruneinsertiondansunétabUssement. EnjuiUet 1980, pour illustrer cette technique etponctuer le déplacement haute¬

mentsymboUquedel'UniversitédeVincennesàSaint-Denis,j'ai écrit80 pages sur mon itinéraire universitaire à Paris-VIII (il a été publié commepremièrepartiede Letemps desmédiateurs,Anthropos, 1981).

Deuxcaractéristiquesrapprochentces techniques:

ellessontconçuespouraiderdespraticiens àentrerdansl'écriture; eUes visent à permettre d'élaborerune analyse de sa pratique sociale. Onpourra dire qu'eUes étaientpensées comme outils d'analyse internedanslamesure oùàcetteépoquebeaucoupdepraticienssouhai¬

taient utiliser les concepts de l'analyse institutionnelle pour éclairer leurs engagementsinstitutionnels sanspour celafaire appelà des inter¬

venants extérieurs, comme danslemodèledel'intervention socio-analy¬

tique.

LAPLACE DECETTE PRATIQUE DANS

L'ANALYSEINSTITUTIONNELLE D'ÉTABLISSEMENT

Vers 1980, lejournal institutionnelest donc un journal individuel tenuparun acteuren étabUssementetpouvant êtredonné àUreàceux quitravaiUentaveclui. L'objectifdece travaUestd'abord pour celui quile tient de clarifier sonrapportà sonmétier, sonrapport à l'éta-bUssementou àl'institution commesupportdelarecherche. Lorsquece

travaU

fait

l'objet d'une diffusion interne àl'établissement, le

journal

devientoutild'intervention,moyend'analyseetpeut-êtredechangement dansle UeuUestainsidiscuté,voirecontesté. L'analyseinterned'éta¬

bUssementestl'effort mené par un groupe dans un étabUssement pour menerl'analyseduvécuinstitutionnel. Cetteanalyse viseàfaireémerger un conçu collectif, c'est-à-dire un projet d'étabUssement qui repose davantage sur l'explicitation des contradictions que sur leur refoule¬

ment. Rya unUenévident entreleprojetd'analyseinterne d'étabUsse¬

mentetlatechniquedujournal.

Nouspensions àl'époque quel'analyse interne d'établissement était une pratique nécessaire dans un contexte de crise des organisations.

époque,lejournal institutionneln'étaitpaslaseule techniqueproposée.

J'avais imaginé d'autres formes possibles du travaU de ce passage : la monographie d'établissement (alors assez en vogue), la correspondance amenantdes échanges réguliers entre deux personnes travaUlantdans des étabUssements àproblèmes institutionnels comparables, etenfinle romaninstitutionnel,une sorted'histoire devie centrée surlemétier, à un moment donné, ousuruneinsertiondansunétabUssement. EnjuiUet 1980, pour illustrer cette technique etponctuer le déplacement haute¬

mentsymboUquedel'UniversitédeVincennesàSaint-Denis,j'ai écrit80 pages sur mon itinéraire universitaire à Paris-VIII (il a été publié commepremièrepartiede Letemps desmédiateurs,Anthropos, 1981).

Deuxcaractéristiquesrapprochentces techniques:

ellessontconçuespouraiderdespraticiens àentrerdansl'écriture; eUes visent à permettre d'élaborerune analyse de sa pratique sociale. Onpourra dire qu'eUes étaientpensées comme outils d'analyse internedanslamesure oùàcetteépoquebeaucoupdepraticienssouhai¬

taient utiliser les concepts de l'analyse institutionnelle pour éclairer leurs engagementsinstitutionnels sanspour celafaire appelà des inter¬

venants extérieurs, comme danslemodèledel'intervention socio-analy¬

tique.

LAPLACE DECETTE PRATIQUE DANS

L'ANALYSEINSTITUTIONNELLE D'ÉTABLISSEMENT

Vers 1980, lejournal institutionnelest donc un journal individuel tenuparun acteuren étabUssementetpouvant êtredonné àUreàceux quitravaiUentaveclui. L'objectifdece travaUestd'abord pour celui quile tient de clarifier sonrapportà sonmétier, sonrapport à l'éta-bUssementou àl'institution commesupportdelarecherche. Lorsquece

travaU

fait

l'objet d'une diffusion interne àl'établissement, le

journal

devientoutild'intervention,moyend'analyseetpeut-êtredechangement dansle UeuUestainsidiscuté,voirecontesté. L'analyseinterned'éta¬

bUssementestl'effort mené par un groupe dans un étabUssement pour menerl'analyseduvécuinstitutionnel. Cetteanalyse viseàfaireémerger un conçu collectif, c'est-à-dire un projet d'étabUssement qui repose davantage sur l'explicitation des contradictions que sur leur refoule¬

ment. Rya unUenévident entreleprojetd'analyseinterne d'étabUsse¬

mentetlatechniquedujournal.

Nouspensions àl'époque quel'analyse interne d'établissement était une pratique nécessaire dans un contexte de crise des organisations.

Pratiquesdeformation 71 Longtemps, l'analyseinstitutionnelleavait privilégiél'intervention socio-analytique (l'appel

fait

par unétabUssementàdespersonnesextérieures pourlesaideràvoir clairdansleurs contradictions etdansleursconflits institutionnels). Cependant, de telles interventions n'étaientpossibles queparce que, dansdesétabUssements, desgens voulaientfaire l'effort

detravaUleràuneclarificationduvécu. Ceteffort,commentse structure-t-Ulorsqu'Unedébouchepas sur un appelà des personnesextérieures, comments'organise-t-Ulorsqu'U apour objectifdepermettre auxforces instituantes d'un établissement de se développer, de se réaliser ? Commentsedéveloppel'analyseinterne ?Est-eUetoujourspossible,sou¬

haitable ? Ces questions entrentau centrede nosréflexions. Nous ten¬

tons d'y répondre actuellement en confrontant les formes de la recherche-actionquenous avonspupratiquerà ceUesd'autres courants psychosociologiqueset/ousociologiques...

La technique du journal institutionnel comme outil d'intervention apparaît, dans ce questionnement, tout à fait originale. EUe permet la synthèse entrele courantpsychosociologique de l'intervention institu¬

tionnelle, le courant qui se développe en littérature autour d'une réflexion sur la démarche autobiographique (voir l'école de PhiUppe Lejeune à Nanterre), le courant sociologique qui travaille depuis long¬

temps maintenantsurleshistoiresdevieetenfinle courant quisedéve¬

loppe en sciences del'éducation surl'utilisation des écrits personnels en

formation. On voitl'intérêtquepeut représentercette démarche dans le travaU social qui est toujours d'une façon ou d'une autreune pratique ancrée dans l'intervention et dans l'analyse de situations complexes et conflictueUes, mais aussi lesperspectives que ce typederecherchepeut ouvrir danslecadred'uneréformedelaformationdesenseignants.

MA PRATIQUE DUJOURNALINSTITUTIONNEL J'aitenuàplusieursoccasionsmonjournalinstitutionnel.

Récemment,j'ai publié undecesjournaux. Le Lycéeaujour lejour estl'expérienced'unjournal écritenpériode deconflits entrele mois de septembre 1982 et la fin juin 1983 dans le lycée ouj'enseignais alors.

DanscetravaU,je croisavoirpratiquémoi-mêmecequej'avais concep-tuaUséjusqu'alorsà traversles recherchesmenéesparles étudiants que j'avaispoussés depuis longtemps dans cette voie. Ma maîtrisethéorique dela techniquenem'enapasépargnélesdifficultésconcrètesàvivreau

jour lejour. Rm'aurafallucinqanspourassumercetexte, m'en distan-cier, et le réécrire pour le rendre vraiment « lisible » par un grand nombredelecteurs. Dansunpremiertemps,Un'était lisiblequepourles gensquivivaientles«événements» avecmoi.

Pratiquesdeformation 71

Longtemps, l'analyseinstitutionnelleavait privilégiél'intervention socio-analytique (l'appel

fait

par unétabUssementàdespersonnesextérieures pourlesaideràvoir clairdansleurs contradictions etdansleursconflits institutionnels). Cependant, de telles interventions n'étaientpossibles queparce que, dansdesétabUssements, desgens voulaientfaire l'effort

detravaUleràuneclarificationduvécu. Ceteffort,commentse structure-t-Ulorsqu'Unedébouchepas sur un appelà des personnesextérieures, comments'organise-t-Ulorsqu'U apour objectifdepermettre auxforces instituantes d'un établissement de se développer, de se réaliser ? Commentsedéveloppel'analyseinterne ?Est-eUetoujourspossible,sou¬

haitable ? Ces questions entrentau centrede nosréflexions. Nous ten¬

tons d'y répondre actuellement en confrontant les formes de la recherche-actionquenous avonspupratiquerà ceUesd'autres courants psychosociologiqueset/ousociologiques...

La technique du journal institutionnel comme outil d'intervention apparaît, dans ce questionnement, tout à fait originale. EUe permet la synthèse entrele courantpsychosociologique de l'intervention institu¬

tionnelle, le courant qui se développe en littérature autour d'une réflexion sur la démarche autobiographique (voir l'école de PhiUppe Lejeune à Nanterre), le courant sociologique qui travaille depuis long¬

temps maintenantsurleshistoiresdevieetenfinle courant quisedéve¬

loppe en sciences del'éducation surl'utilisation des écrits personnels en

formation. On voitl'intérêtquepeut représentercette démarche dans le travaU social qui est toujours d'une façon ou d'une autreune pratique ancrée dans l'intervention et dans l'analyse de situations complexes et conflictueUes, mais aussi lesperspectives que ce typederecherchepeut ouvrir danslecadred'uneréformedelaformationdesenseignants.

MA PRATIQUE DUJOURNALINSTITUTIONNEL J'aitenuàplusieursoccasionsmonjournalinstitutionnel.

Récemment,j'ai publié undecesjournaux. Le Lycéeaujour lejour estl'expérienced'unjournal écritenpériode deconflits entrele mois de septembre 1982 et la fin juin 1983 dans le lycée ouj'enseignais alors.

DanscetravaU,je croisavoirpratiquémoi-mêmecequej'avais concep-tuaUséjusqu'alorsà traversles recherchesmenéesparles étudiants que j'avaispoussés depuis longtemps dans cette voie. Ma maîtrisethéorique dela techniquenem'enapasépargnélesdifficultésconcrètesàvivreau

jour lejour. Rm'aurafallucinqanspourassumercetexte, m'en distan-cier, et le réécrire pour le rendre vraiment « lisible » par un grand nombredelecteurs. Dansunpremiertemps,Un'était lisiblequepourles gensquivivaientles«événements» avecmoi.

Dans le document JOURNAL DE CLASSE (Page 65-79)