Rémi HESS
Sommaire. Reliantsarechercheaucourantd'idéesinternational dans le domainedujournaldumaître ouinstitutionnel,Rémi Hessdémonte lastructuredecetype dedocument.
Ils'appuiesurson expérience,àlafois comme auteuretcomme formateur,pourendégager successivementlatechniqued'écriture, la fonction sociale,laplace dans l'analyse de l'éta¬
blissementet lapratique.
Cetteétudethéoriqueetdeterrain montre que lejournalestunoutilpédagogiqueutileàla formationdesenseignants;ilpouvaitêtre employé avecprofitdansle cadre des nouveaux IUFM."
Summary. "Rémi Hessascertains theessentialstructureoftheteacher's
or
institutionaldiary, as insertedintheinternationalrelatingtrend.Hebaseshimselfonhiswideexperiencequaauthoraswellaseducator tooutlinein successionitsmain features, such aswritingtechnique,socialrole,institutionalassess¬
ment,andpractice.
Boththeoryand field-work showthediaryto be a valuabletoolin teachertraining;besides
itshouldbeanassetwithintheframeworkofthenewvfm."
RechercheetFormation N°9 Avril1991
PRATIQUES DE FORMATION
Lelecteur trouveraici:
descomptes rendusd'expérience de formation, depra¬
tiquesinnovantes, voire provocantes;
desanalysesetdes évaluations, individuellesou collec¬
tives, deprocessusdeformation;
desbilansportantsurdesfonctionnementsd'équipesou d'institutions;
desprésentations critiques depolitiquesoude straté¬
giesdeformation.
LE JOURNAL INSTITUTIONNEL
Rémi HESS
Sommaire. Reliantsarechercheaucourantd'idéesinternational dans le domainedujournaldumaître ouinstitutionnel,Rémi Hessdémonte lastructuredecetype dedocument.
Ils'appuiesurson expérience,àlafois comme auteuretcomme formateur,pourendégager successivementlatechniqued'écriture, la fonction sociale,laplace dans l'analyse de l'éta¬
blissementet lapratique.
Cetteétudethéoriqueetdeterrain montre que lejournalestunoutilpédagogiqueutileàla formationdesenseignants;ilpouvaitêtre employé avecprofitdansle cadre des nouveaux IUFM."
Summary. "Rémi Hessascertains theessentialstructureoftheteacher's
or
institutionaldiary, as insertedintheinternationalrelatingtrend.Hebaseshimselfonhiswideexperiencequaauthoraswellaseducator tooutlinein successionitsmain features, such aswritingtechnique,socialrole,institutionalassess¬
ment,andpractice.
Boththeoryand field-work showthediaryto be a valuabletoolin teachertraining;besides
itshouldbeanassetwithintheframeworkofthenewvfm."
Certaines personnes entrentfacilement et de plain-pied dans une écriture abstraite. C'est qu'eUes héritent du code (Bourdieu). Cela est assezrarechezlespraticiens. Pour eux,Uestsouventdifficile de disso¬
cier l'écriture théorique del'expérience' vécue. Onpourrait étudier la
genèse socialede cettemaîtrisedu codeetl'inégalité qui existeentreles
individussur.leplande.l'écriture. En mettantaupointla technique du journal institutionnel, ma préoccupationpremière aété depermettre à des gens qui s'en trouvaientexclus audépart d'entrerdansle champ de l'écriture etde sa maîtrise. Maconception repose sur l'idée d'une pro¬
gressivité, dans la maîtrise de l'écriture, de l'intime au pubUc. Mon modèle (qui fonctionne dans lapratique) suppose que
l'écriture
d'un journal intimeestunepratiquepotentiellepourtoutepersonne capable demaîtriserlalangue (le langage). MonpubUc est donc supposé« alpha¬bétisé ». Le blocage social quejeveuxtravaUlerréside dans lepassage d'uneécriture«poursoi» àuneécriture «pourlesautres ».
L'EXPERIENCE DUJOURNALINSTITUTIONNEL (JI)
La techniquedu « Journalinstitutionnel » (jl) consiste àdécrire au jour lejour desfaits organisés autour d'un vécu dans une institution (sonmétier,sonrapportàun enfant,sonrapport àunerecherche, etc.).
R s'agit, nonpas deraconter toutce quinous arrivedans unejournée, mats chaquejour (au moins trois ou quatre fois par semaine) de noter unfait marquant (unerencontre, uneréflexion,unelecture,unconflit, etc.)ayant unrapport avecl'objetquel'ons'est donnépour cejournal.
Lefaitquecejournalne soitpasunfourre-tout, maissoit d'entréeorga¬
nisé autour d'une institution (ou plutôt autour du rapport que l'on entretientàuneinstitution) permetdelerelire ou mêmedele donner à Ure.
L'auteur d'un
journal
institutionnel recherche donc une posture d'écrivain qui le situe, commejel'ai dit, dans son rapport au lecteur, entre le rédacteur d'unjournal
intime et le rédacteur d'un article de quotidien ou d'hebdomadaire. Entrel'écritured'unjournal intime, par exemple, et la thèse universitaire ou le livre, U y a plusieurs niveaux d'écriture quiponctuent finalement les différents niveaux de rapports au monde quel'onpeut avoir. VoUà, pourmoi ettrès rapidement, plu¬sieursniveaux de socialisationpassantpar l'écriture. Achaquesupport écrit correspond une certaine maîtrise d'un certain type de
rapport
à l'autre(derapportaucode).Certaines personnes entrentfacilement et de plain-pied dans une écriture abstraite. C'est qu'eUes héritent du code (Bourdieu). Cela est assezrarechezlespraticiens. Pour eux,Uestsouventdifficile de disso¬
cier l'écriture théorique del'expérience' vécue. Onpourrait étudier la
genèse socialede cettemaîtrisedu codeetl'inégalité qui existeentreles
individussur.leplande.l'écriture. En mettantaupointla technique du journal institutionnel, ma préoccupationpremière aété depermettre à des gens qui s'en trouvaientexclus audépart d'entrerdansle champ de l'écriture etde sa maîtrise. Maconception repose sur l'idée d'une pro¬
gressivité, dans la maîtrise de l'écriture, de l'intime au pubUc. Mon modèle (qui fonctionne dans lapratique) suppose que
l'écriture
d'un journal intimeestunepratiquepotentiellepourtoutepersonne capable demaîtriserlalangue (le langage). MonpubUc est donc supposé« alpha¬bétisé ». Le blocage social quejeveuxtravaUlerréside dans lepassage d'uneécriture«poursoi» àuneécriture «pourlesautres ».
L'EXPERIENCE DUJOURNALINSTITUTIONNEL (JI)
La techniquedu « Journalinstitutionnel » (jl) consiste àdécrire au jour lejour desfaits organisés autour d'un vécu dans une institution (sonmétier,sonrapportàun enfant,sonrapport àunerecherche, etc.).
R s'agit, nonpas deraconter toutce quinous arrivedans unejournée, mats chaquejour (au moins trois ou quatre fois par semaine) de noter unfait marquant (unerencontre, uneréflexion,unelecture,unconflit, etc.)ayant unrapport avecl'objetquel'ons'est donnépour cejournal.
Lefaitquecejournalne soitpasunfourre-tout, maissoit d'entréeorga¬
nisé autour d'une institution (ou plutôt autour du rapport que l'on entretientàuneinstitution) permetdelerelire ou mêmedele donner à Ure.
L'auteur d'un
journal
institutionnel recherche donc une posture d'écrivain qui le situe, commejel'ai dit, dans son rapport au lecteur, entre le rédacteur d'unjournal
intime et le rédacteur d'un article de quotidien ou d'hebdomadaire. Entrel'écritured'unjournal intime, par exemple, et la thèse universitaire ou le livre, U y a plusieurs niveaux d'écriture quiponctuent finalement les différents niveaux de rapports au monde quel'onpeut avoir. VoUà, pourmoi ettrès rapidement, plu¬sieursniveaux de socialisationpassantpar l'écriture. Achaquesupport écrit correspond une certaine maîtrise d'un certain type de
rapport
à l'autre(derapportaucode).Pratiquesdeformation 69
NIVEAU TYPED'ECRITURE
intimitépersonnelle journalintime relationinterpersonnelle correspondance
groupai textedactylographiéquel'onpeut
fairecirculer
social textemultigraphie (ronéoté)
public texte édité
Commentaire du tableau : le journal intime est en principe écrit pour soi. Dans la correspondance, l'auteur choisit son interlocuteur.
Dans le texte dactylographié, U maîtrise déjà moins bienla diffusion.
Quand Upasse àla multigraphie, U est vraisemblable qu'U trouve des lecteurs qu'U ne connaît pas. Larelation inter-individueUe quiexistait encore auniveaugroupai n'existe plus. IIestdansun niveaudediffusion plus anonyme, mais plus large. Enfin, dans la publication, l'auteur se
trouve dans un contexte d'écriture sociale qu'il ne maîtrise plus au niveau des lecteurs qu'U va trouver. A chaque niveau de diffusion cor¬
respondent des formes (et des règles plus ou moins tacites) d'écriture spécifiques .
UNE ECRITURE DEPRATICIEN
Les idées qui précèdent peuventserésumerainsi: l'écritureuniversi¬
taire traditionnelle n'est pas adaptée auxmodes potentiels d'expression des travaiUeurs sociaux ou plus généralement aux praticiens sociaux (enseignants, militants, agents de développement social, administra¬
teurs, animateurs...). Pourtant, ces derniersressentent deplus en plus le besoinde maîtriser des outils « écrits » leur permettantd'entrerdans une analyse et une théorisation deleurs pratiques professionneUes et sociales. Lorsque j'ai fait ce constat au département des sciences de l'éducation de
Paris-VIII,
en 1976, on necomptaitalors qu'un étudiant salarié sur dix qui réussissait à passer sa maîtrise après la Ucence. Ce taux d'échec s'expliquait justementparle passage d'une pédagogie sur¬tout oralelors des trois premières années universitaires à une impor¬
tanteexigenced'écrit(100 pages)enannéedemaîtrise...
En 1976-77,
j'ai
donc mené une expériencesur ungroupe témoin de douze étudiants. J'ai observé leurs difficultés à entrer dans l'écriture académique. C'està ce moment-làquej'ai
élaboré ma théoried'un pas¬sage progressifd'une écriture intime à une écriture sociale... A cette
Pratiquesdeformation 69
NIVEAU TYPED'ECRITURE
intimitépersonnelle journalintime relationinterpersonnelle correspondance
groupai textedactylographiéquel'onpeut
fairecirculer
social textemultigraphie (ronéoté)
public texte édité
Commentaire du tableau : le journal intime est en principe écrit pour soi. Dans la correspondance, l'auteur choisit son interlocuteur.
Dans le texte dactylographié, U maîtrise déjà moins bienla diffusion.
Quand Upasse àla multigraphie, U est vraisemblable qu'U trouve des lecteurs qu'U ne connaît pas. Larelation inter-individueUe quiexistait encore auniveaugroupai n'existe plus. IIestdansun niveaudediffusion plus anonyme, mais plus large. Enfin, dans la publication, l'auteur se
trouve dans un contexte d'écriture sociale qu'il ne maîtrise plus au niveau des lecteurs qu'U va trouver. A chaque niveau de diffusion cor¬
respondent des formes (et des règles plus ou moins tacites) d'écriture spécifiques .
UNE ECRITURE DEPRATICIEN
Les idées qui précèdent peuventserésumerainsi: l'écritureuniversi¬
taire traditionnelle n'est pas adaptée auxmodes potentiels d'expression des travaiUeurs sociaux ou plus généralement aux praticiens sociaux (enseignants, militants, agents de développement social, administra¬
teurs, animateurs...). Pourtant, ces derniersressentent deplus en plus le besoinde maîtriser des outils « écrits » leur permettantd'entrerdans une analyse et une théorisation deleurs pratiques professionneUes et sociales. Lorsque j'ai fait ce constat au département des sciences de l'éducation de
Paris-VIII,
en 1976, on necomptaitalors qu'un étudiant salarié sur dix qui réussissait à passer sa maîtrise après la Ucence. Ce taux d'échec s'expliquait justementparle passage d'une pédagogie sur¬tout oralelors des trois premières années universitaires à une impor¬
tanteexigenced'écrit(100 pages)enannéedemaîtrise...
En 1976-77,
j'ai
donc mené une expériencesur ungroupe témoin de douze étudiants. J'ai observé leurs difficultés à entrer dans l'écriture académique. C'està ce moment-làquej'ai
élaboré ma théoried'un pas¬sage progressifd'une écriture intime à une écriture sociale... A cette
époque,lejournal institutionneln'étaitpaslaseule techniqueproposée.
J'avais imaginé d'autres formes possibles du travaU de ce passage : la monographie d'établissement (alors assez en vogue), la correspondance amenantdes échanges réguliers entre deux personnes travaUlantdans des étabUssements àproblèmes institutionnels comparables, etenfinle romaninstitutionnel,une sorted'histoire devie centrée surlemétier, à un moment donné, ousuruneinsertiondansunétabUssement. EnjuiUet 1980, pour illustrer cette technique etponctuer le déplacement haute¬
mentsymboUquedel'UniversitédeVincennesàSaint-Denis,j'ai écrit80 pages sur mon itinéraire universitaire à Paris-VIII (il a été publié commepremièrepartiede Letemps desmédiateurs,Anthropos, 1981).
Deuxcaractéristiquesrapprochentces techniques:
ellessontconçuespouraiderdespraticiens àentrerdansl'écriture; eUes visent à permettre d'élaborerune analyse de sa pratique sociale. Onpourra dire qu'eUes étaientpensées comme outils d'analyse internedanslamesure oùàcetteépoquebeaucoupdepraticienssouhai¬
taient utiliser les concepts de l'analyse institutionnelle pour éclairer leurs engagementsinstitutionnels sanspour celafaire appelà des inter¬
venants extérieurs, comme danslemodèledel'intervention socio-analy¬
tique.
LAPLACE DECETTE PRATIQUE DANS
L'ANALYSEINSTITUTIONNELLE D'ÉTABLISSEMENT
Vers 1980, lejournal institutionnelest donc un journal individuel tenuparun acteuren étabUssementetpouvant êtredonné àUreàceux quitravaiUentaveclui. L'objectifdece travaUestd'abord pour celui quile tient de clarifier sonrapportà sonmétier, sonrapport à l'éta-bUssementou àl'institution commesupportdelarecherche. Lorsquece
travaU
fait
l'objet d'une diffusion interne àl'établissement, lejournal
devientoutild'intervention,moyend'analyseetpeut-êtredechangement dansle UeuoùUestainsidiscuté,voirecontesté. L'analyseinterned'éta¬bUssementestl'effort mené par un groupe dans un étabUssement pour menerl'analyseduvécuinstitutionnel. Cetteanalyse viseàfaireémerger un conçu collectif, c'est-à-dire un projet d'étabUssement qui repose davantage sur l'explicitation des contradictions que sur leur refoule¬
ment. Rya unUenévident entreleprojetd'analyseinterne d'étabUsse¬
mentetlatechniquedujournal.
Nouspensions àl'époque quel'analyse interne d'établissement était une pratique nécessaire dans un contexte de crise des organisations.
époque,lejournal institutionneln'étaitpaslaseule techniqueproposée.
J'avais imaginé d'autres formes possibles du travaU de ce passage : la monographie d'établissement (alors assez en vogue), la correspondance amenantdes échanges réguliers entre deux personnes travaUlantdans des étabUssements àproblèmes institutionnels comparables, etenfinle romaninstitutionnel,une sorted'histoire devie centrée surlemétier, à un moment donné, ousuruneinsertiondansunétabUssement. EnjuiUet 1980, pour illustrer cette technique etponctuer le déplacement haute¬
mentsymboUquedel'UniversitédeVincennesàSaint-Denis,j'ai écrit80 pages sur mon itinéraire universitaire à Paris-VIII (il a été publié commepremièrepartiede Letemps desmédiateurs,Anthropos, 1981).
Deuxcaractéristiquesrapprochentces techniques:
ellessontconçuespouraiderdespraticiens àentrerdansl'écriture; eUes visent à permettre d'élaborerune analyse de sa pratique sociale. Onpourra dire qu'eUes étaientpensées comme outils d'analyse internedanslamesure oùàcetteépoquebeaucoupdepraticienssouhai¬
taient utiliser les concepts de l'analyse institutionnelle pour éclairer leurs engagementsinstitutionnels sanspour celafaire appelà des inter¬
venants extérieurs, comme danslemodèledel'intervention socio-analy¬
tique.
LAPLACE DECETTE PRATIQUE DANS
L'ANALYSEINSTITUTIONNELLE D'ÉTABLISSEMENT
Vers 1980, lejournal institutionnelest donc un journal individuel tenuparun acteuren étabUssementetpouvant êtredonné àUreàceux quitravaiUentaveclui. L'objectifdece travaUestd'abord pour celui quile tient de clarifier sonrapportà sonmétier, sonrapport à l'éta-bUssementou àl'institution commesupportdelarecherche. Lorsquece
travaU
fait
l'objet d'une diffusion interne àl'établissement, lejournal
devientoutild'intervention,moyend'analyseetpeut-êtredechangement dansle UeuoùUestainsidiscuté,voirecontesté. L'analyseinterned'éta¬bUssementestl'effort mené par un groupe dans un étabUssement pour menerl'analyseduvécuinstitutionnel. Cetteanalyse viseàfaireémerger un conçu collectif, c'est-à-dire un projet d'étabUssement qui repose davantage sur l'explicitation des contradictions que sur leur refoule¬
ment. Rya unUenévident entreleprojetd'analyseinterne d'étabUsse¬
mentetlatechniquedujournal.
Nouspensions àl'époque quel'analyse interne d'établissement était une pratique nécessaire dans un contexte de crise des organisations.
Pratiquesdeformation 71 Longtemps, l'analyseinstitutionnelleavait privilégiél'intervention socio-analytique (l'appel
fait
par unétabUssementàdespersonnesextérieures pourlesaideràvoir clairdansleurs contradictions etdansleursconflits institutionnels). Cependant, de telles interventions n'étaientpossibles queparce que, dansdesétabUssements, desgens voulaientfaire l'effortdetravaUleràuneclarificationduvécu. Ceteffort,commentse structure-t-Ulorsqu'Unedébouchepas sur un appelà des personnesextérieures, comments'organise-t-Ulorsqu'U apour objectifdepermettre auxforces instituantes d'un établissement de se développer, de se réaliser ? Commentsedéveloppel'analyseinterne ?Est-eUetoujourspossible,sou¬
haitable ? Ces questions entrentau centrede nosréflexions. Nous ten¬
tons d'y répondre actuellement en confrontant les formes de la recherche-actionquenous avonspupratiquerà ceUesd'autres courants psychosociologiqueset/ousociologiques...
La technique du journal institutionnel comme outil d'intervention apparaît, dans ce questionnement, tout à fait originale. EUe permet la synthèse entrele courantpsychosociologique de l'intervention institu¬
tionnelle, le courant qui se développe en littérature autour d'une réflexion sur la démarche autobiographique (voir l'école de PhiUppe Lejeune à Nanterre), le courant sociologique qui travaille depuis long¬
temps maintenantsurleshistoiresdevieetenfinle courant quisedéve¬
loppe en sciences del'éducation surl'utilisation des écrits personnels en
formation. On voitl'intérêtquepeut représentercette démarche dans le travaU social qui est toujours d'une façon ou d'une autreune pratique ancrée dans l'intervention et dans l'analyse de situations complexes et conflictueUes, mais aussi lesperspectives que ce typederecherchepeut ouvrir danslecadred'uneréformedelaformationdesenseignants.
MA PRATIQUE DUJOURNALINSTITUTIONNEL J'aitenuàplusieursoccasionsmonjournalinstitutionnel.
Récemment,j'ai publié undecesjournaux. Le Lycéeaujour lejour estl'expérienced'unjournal écritenpériode deconflits entrele mois de septembre 1982 et la fin juin 1983 dans le lycée ouj'enseignais alors.
DanscetravaU,je croisavoirpratiquémoi-mêmecequej'avais concep-tuaUséjusqu'alorsà traversles recherchesmenéesparles étudiants que j'avaispoussés depuis longtemps dans cette voie. Ma maîtrisethéorique dela techniquenem'enapasépargnélesdifficultésconcrètesàvivreau
jour lejour. Rm'aurafallucinqanspourassumercetexte, m'en distan-cier, et le réécrire pour le rendre vraiment « lisible » par un grand nombredelecteurs. Dansunpremiertemps,Un'était lisiblequepourles gensquivivaientles«événements» avecmoi.
Pratiquesdeformation 71
Longtemps, l'analyseinstitutionnelleavait privilégiél'intervention socio-analytique (l'appel
fait
par unétabUssementàdespersonnesextérieures pourlesaideràvoir clairdansleurs contradictions etdansleursconflits institutionnels). Cependant, de telles interventions n'étaientpossibles queparce que, dansdesétabUssements, desgens voulaientfaire l'effortdetravaUleràuneclarificationduvécu. Ceteffort,commentse structure-t-Ulorsqu'Unedébouchepas sur un appelà des personnesextérieures, comments'organise-t-Ulorsqu'U apour objectifdepermettre auxforces instituantes d'un établissement de se développer, de se réaliser ? Commentsedéveloppel'analyseinterne ?Est-eUetoujourspossible,sou¬
haitable ? Ces questions entrentau centrede nosréflexions. Nous ten¬
tons d'y répondre actuellement en confrontant les formes de la recherche-actionquenous avonspupratiquerà ceUesd'autres courants psychosociologiqueset/ousociologiques...
La technique du journal institutionnel comme outil d'intervention apparaît, dans ce questionnement, tout à fait originale. EUe permet la synthèse entrele courantpsychosociologique de l'intervention institu¬
tionnelle, le courant qui se développe en littérature autour d'une réflexion sur la démarche autobiographique (voir l'école de PhiUppe Lejeune à Nanterre), le courant sociologique qui travaille depuis long¬
temps maintenantsurleshistoiresdevieetenfinle courant quisedéve¬
loppe en sciences del'éducation surl'utilisation des écrits personnels en
formation. On voitl'intérêtquepeut représentercette démarche dans le travaU social qui est toujours d'une façon ou d'une autreune pratique ancrée dans l'intervention et dans l'analyse de situations complexes et conflictueUes, mais aussi lesperspectives que ce typederecherchepeut ouvrir danslecadred'uneréformedelaformationdesenseignants.
MA PRATIQUE DUJOURNALINSTITUTIONNEL J'aitenuàplusieursoccasionsmonjournalinstitutionnel.
Récemment,j'ai publié undecesjournaux. Le Lycéeaujour lejour estl'expérienced'unjournal écritenpériode deconflits entrele mois de septembre 1982 et la fin juin 1983 dans le lycée ouj'enseignais alors.
DanscetravaU,je croisavoirpratiquémoi-mêmecequej'avais concep-tuaUséjusqu'alorsà traversles recherchesmenéesparles étudiants que j'avaispoussés depuis longtemps dans cette voie. Ma maîtrisethéorique dela techniquenem'enapasépargnélesdifficultésconcrètesàvivreau
jour lejour. Rm'aurafallucinqanspourassumercetexte, m'en distan-cier, et le réécrire pour le rendre vraiment « lisible » par un grand nombredelecteurs. Dansunpremiertemps,Un'était lisiblequepourles gensquivivaientles«événements» avecmoi.