Cours Fonctions de deux variables
par Pierre Veuillez
1 Support th´ eorique
1.1 Repr´ esentation
Plan et espace : Grˆace `a un rep`ere cart´esien
O,~i,~j
du plan, les couples (x, y) de R2 peuvent ˆetre repr´esent´e par des points M de coordonn´ees (x, y)du plan.
Pour une fonction f deR2 dans R, grˆace `a un rep`ere
O,~i,~j, ~k
de l’espace, l’image de (x, y) sera repr´esent´ee par un point d’altitude z =f(x, y).
L’ensemble de ces points formera une surface repr´esentative.
Pour mieux appr´ehender cette surface, on pourra chercher des courbes de niveaux, des coupes verticales (comment les caract´eriser),ou des perspectives.
Exemple : f(x, y) = x2−y2
Courbes de niveau
Coupes x constant Coupes y constant
Repr´esentation fil de fer Surface ombr´ee
1.2 Distance
Probl`ematique : Les extrema de fonctions ne se caract´erisent pas de la mˆeme fa¸con suivant que la fonction est ou n’est pas d´erivable ”autour” d’eux
Sif est deux fois d´erivable sur [a, b] et qu’elle est extremum enx∈]a, b[,que peut-on dire de f0(x), def00(x) ?
En est-il de mˆeme ena et en b?
D’o`u la n´ecessit´e pour une fonction de R2 dans R de d´efinir l’alentour d’un point A= (x, y), la proximit´e ou la distance entre points.
D´efinition : La distance -euclidienne- entreA= (x, y) etB = (x0, y0) estd(A, B) = q
(x−x0)2+ (y−y0)2 Propi´et´es : d(A, B) = 0 ⇐⇒A=B
d(A, C)≤d(A, B) +d(B, C) in´egalit´e triangulaire.
1.3 Topologie (lieu d’utilisation des th´ eor` emes)
Repr´esentation : Pour repr´esenter un ensemble donn´e par intersection, on hachure les parties refus´ees.
Pour repr´esenter un ensemble donn´e par r´eunion, on hachure les parties accept´ees.
Exercice 1 : Repr´esenter
D={(x, y)∈R2 / x2+y2 ≤1 et x≥0}
E ={(x, y)∈R2 / x2+y2 >1 ou x >0}
Exercice 2 M´ethode : F ={(x, y)∈R2 / x−y≤1}
On trace la fronti`ere puis on teste `a x ouy constant : y fix´e, si x est plus grand est-on encore dans l’ensemble ?
Boules : Laboule ouverte de centreA et de rayon r est le disque sans son bord : B˚(A, r) =
M ∈R2 / d(A, M)< r
La boule ferm´ee de centre A et de rayon r est le disque avec son bord : B(A, r) =
M ∈R2 / d(A, M)≤r Ouvert : D est un ouvert de R2 si tout point de D est `a l’int´erieur de D.
Enonc´e math´ematique : pour tout pointA de D, il existe r >0 tel que ˚B(A, r)⊂ D.
L’´enonc´e devra pr´eciser si l’ensemble consid´er´e est un ouvert ou pas.
Ferm´e : D est un ferm´e de R2 si son compl´ementaire est un ouvert.
L’´enonc´e devra pr´eciser si l’ensemble consid´er´e est un ferm´e ou pas.
Born´e : D est un born´e dans R2 s’il existe r >0 tel que D ⊂B˚(O, r), L’´enonc´e devra pr´eciser si l’ensemble consid´er´e est born´e ou pas.
Fronti`ere (hors programme) : Comment caract´eriser la fronti`ere d’un ensemble ?
Id´ees g´en´erales (hors programme) • les ensembles donn´es par des in´egalit´es strictes ”conti- nues” sont des ouverts ;
En effet, une in´egalit´e stricte reste vraie `a proximit´e d’un point o`u elle est v´erifi´ee (... si la condition est continue)
• Les produits cart´esiens d’intervalles ouverts deR sont des ouverts de R2. Exemple : D= ]0,1[×]0,+∞[ ={(x, y) / x∈]0,1[ et y ∈]0,+∞[}
• Une intersection finie d’ouvert est un ouvert. Une r´eunion quelconque d’ouvert est un ouvert Contre exemple : T+∞
n=1B˚ O,1n
={O} est un ferm´e.
2 Limite et continuit´ e
2.1 D´ efinition
Limite : Soit D ⊂ R2 etf :D →R.
On dit quef a pour limite`enA= (a, b)∈ Det on note limM→Af(M) = `ouf(M)→f(A) quand M →A si :
f(x, y) est aussi proche de ` que l’on veut pourvu que M = (x, y) soit suffisamment proche de A..
Formalisation :
pour toutε >0 (la proximit´e que je veux) il existe α >0 (il existe une proximit´e) tel que, si d(A, M)≤α (en de¸c`a de laquelle)
alors |`−f(M)| ≤ε (aussi proche que je veux) Continuit´e : Soit D ⊂ R2 etf :D→R.
On dit que f est continue en A∈ D si f(M)→f(A) quand M →A.
2.2 Op´ erations
R´ef´erences : les fonctions coordonn´ees (x, y)→x et (x, y)→y sont continues sur R2
Op´erations : Les sommes, produits quotient et compos´ees de fonctions continues sont continues, sous les r´eserves habituelles :
- d´enominateur non nul, pour les quotients.
- image par la premi`ere dans l’ensemble de continuit´e de la seconde, pour les compos´ees.
Exercice 3 : D´eterminer les ensembles de continuit´e de :
f(x, y) = x+y est la somme de (x, y)→x et (x, y)→y continues sur R2 g(x, y) = ln (x+y) est la compos´ee de f et de ln.
h(x, y) = x·y
x+y est le quotient de (x, y)→x·y et de (x, y)→x·y k(x, y) =p
x2 +y2−1 est la compos´ee de √
et de la somme des compos´ees (x, y)→x→x2 et de (x, y)→y →y2
2.3 Extremum
Th´eor`eme : f continue sur un ferm´e born´e de R2 alors f a un minimum et un maximum (absolu).
Le th´eor`eme ne pr´ecise pas comment le trouver !
3 D´ eriv´ ees partielles
3.1 D´ erivation
D´efinition : La d´eriv´ee partielle de f(x, y) par rapport `ax est la d´eriv´ee de x→f(x, y) o`u y est consid´er´e comme param`etre.
Elle est not´ee p= ∂f
∂x ou fx0. De mˆeme pourq = ∂f
∂y =fy0 o`u xest consid´er´e comme un param`etre.
r= ∂2f
∂x2 =fx002 est la d´eriv´ee de x→ ∂f
∂x(x, y) o`uy est consid´er´e comme param`etre, s= ∂2f
∂x∂y =fx,y00 est la d´eriv´ee de x→ ∂f
∂y (x, y) o`u y est consid´er´e comme param`etre, s= ∂2f
∂y∂x =fy,x00 est la d´eriv´ee de y→ ∂f
∂x(x, y) o`u x est consid´er´e comme param`etre, t= ∂2f
∂y2 =fy002 est la d´eriv´ee de y→ ∂f
∂y (x, y) o`u x est consid´er´e comme param`etre, p, q, r, s, ett sont les ”notations de Monge”
M´ethode : pour calculer les d´eriv´ees secondes, il faut d’abord calculer la d´eriv´ee premi`eres en (x, y) et c’est cette expression que l’on re-d´erive alors.
Exercice 4 : D´eterminer sur quel ensemble f estC2 est calculer ses d´eriv´ees partielles premi`eres et secondes, avec :
f(x, y) = x
y et f(x, y) = ln (x+y) y
Classe C1 : f fonction de R2 dans R est de classe C1 si elle est d´erivable par rapport `a chaque variable et si ses d´eriv´ees partielles sont continues.
Classe C2 : f fonction de R2 dans R est de classe C2 si elle est d´erivable par rapport `a chaque variable et si ses d´eriv´ees partielles sont d´erivable et si les d´erives partielle secondes sont conti- nues.
Op´erations : Les sommes, produits, quotients et compos´ees de fonctions de classe C1 (resp C2) sont de classe C1 (resp C2) (sous les hypoth`eses habituelles)
- Si h(x, y) = g(f(x, y)) alors ∂h
∂x(x, y) = g0(f(x, y))∂f
∂x(x, y) (comme les compos´ees de fonctions de R dans R )
- Nouveaut´e : g(x) =f(u(x), v(x)) alors
g0(x) = ∂f
∂x(u(x), v(x))·u0(x) + ∂f
∂y (u(x), v(x))·v0(x)
N.B. il faut d’abord calculer les d´eriv´ees partielles de f avant del es appliquer `a (u(x), v(x)) Th´eor`eme (Schwarz) : Sif est de classe C2 sur un ouvert O alors
∂2f
∂x∂y = ∂2f
∂y∂x en tout point de O.
3.2 D´ eveloppements limit´ es
Th´eor`eme admis : Si f est de classe C1 en (a, b) alors il existe une fonction ε qui tend vers 0 en (0,0) telle que
f(a+h, b+k) = f(a, b) + ∂f
∂x(a, b)·h+∂f
∂y (a, b)·k+√
h2+k2 ε(h, k)
Economie : En n´egligeant le reste, on ´ecrira (notation diff´erentielle) df = ∂f
∂xdx+ ∂f
∂ydy
avecdx =h, dy=k etdf =f(a+h, b+k)−f(a, b) les variations de x, y et de f(x, y). G´eom´etrie : La surface repr´esentative de la partie principale du d´eveloppement limit´e
(x, y)→f(a, b) +∂f∂x(a, b)·(x−a) +∂f∂y (a, b)·(y−b) est le plan tangent `a celle def en (a, b). Approcher les variations de f par la partie principale du d´eveloppement limit´e, revient `a ap- procher la surface repr´esentative par le plan tangent.
Th´eor`eme : Si f est de classe C2 en (a, b) alors il existe il existe une fonction ε qui tend vers 0 en (0,0) telle que
f(a+h, b+k) = f(a, b) + ∂f
∂x(a, b)·h+∂f
∂y (a, b)·k +h2∂2f
∂x2 (a, b) + 2hk ∂2f
∂y∂x(a, b) +k2∂2f
∂y2 (a, b) + h2+k2
ε(h, k)
4 Extrema
4.1 Extrema locaux
D´efinition : (a, b) est un extremum local (ou relatif) def surDs’il existe un ouvertO tel que (a, b) est extremum absolu surO ∩ D.
Th´eor`eme (Condition n´ecessaire) : Soit f de classeC1 sur un ouvertO deR2. Si f a un extremum local en (a, b)∈ O alors p= ∂f∂x(a, b) = 0 et q= ∂f∂y(a, b) = 0
Preuve : Si f a un extremum local en (a, b), c’est aussi un extremum local pour les fonctions (x, b)→f(x, b) et (a, y)→f(a, y), sur un intervalle ouvert !
D´efinition : (a, b) est un point critique de f si ∂f∂x(a, b) = 0 et ∂f∂y(a, b) = 0
G´eom´etrie : Un point critique est un point en lequel le plan tangent `a la surface repr´esentative de f est horizontal.
Ce peut ˆetre un sommet, un col, ou autre chose...
Les extrema locaux sont donc `a chercher parmi les point critiques (pour les fonctions C1).
Th´eor`eme (Condition suffisante) : Soit f de classeC2 sur un ouvertO deR2, et (a, b)∈ O.
p, q, r, s, ett notations de Monge.
Si p=q= 0 et rt−s2 >0alors f a un extremum relatif en (a, b). C’est un maximum si r <0 (ou t <0) et un minimum sir >0 (ou t >0) Si p=q= 0 et rt−s2 <0alors f n’a pas d’extremum relatif en (a, b). C’est un ”col” (selle de cheval)
Si p=q= 0 et rt−s2 = 0 alors on ne sait pas.
Exercice : f(x, y) =x2+ 2xy+my2
D´eterminer, suivant la valeur de m, les points critiques et les extrema locaux de f.
4.2 Extrema absolus
M´ethode : Le ou les extrema absolus seront parmi
- les extrema locaux de l’int´erieur qui est un ouvert (m´ethode ci–dessous)
- ou parmi les extrema de la fronti`ere (que l’on cherche en param`etrant la fronti`ere, xfonction dey ou y fonction de x ).
Exercice 5 : D´eterminer les maxima de f(x, y) =x2−y2 sur le ferm´e born´e D= [0,1]×[0,1]. M´ethode g´en´erale : f ´etant continue, on sait qu’elle a un maximum global.
On recherche les maxima locaux sur ]0,1[×]0,1[ qui est un ouvert.
Puis sur les bords :I ={(0, y) / y ∈[0,1]},J ={(1, y) / y ∈[0,1]},K ={(x,0) / x∈[0,1]}
etL={(x,1) / x∈[0,1]}.
Plus directement : On a f(1,0) = 1. Si y 6= 0 ou alors f(x, y) < x2 ≤ 1 et si x < 1 alors f(x, y) ≤x2 <1. Donc pour tout (x, y)6= (1,0) on a f(x, y)<1 et (1,0) est le maximum de f sur D