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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Quels musées de Sciences et Techniques pour le XXIe siècle ?

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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QUELS MUSÉES DE SCIENCES ET TECHNIQUES

POUR LE XXIe SIÈCLE ?

Paulo Cezar SANTOS VENTURA CE.F.E.T.M.G., Belo Horizonte

G.H.D.S.O. - Université de Paris Sud - Orsay

MOTS-CLÉS: ÉVOLUTIONS - MUTATIONS - MUSÉES DES SCIENCES ET TECHNIQUES

RÉSUMÉ : Le texte suivant est une recherche bibliographique sur les mutations les plus remarquables des musées scientifiques et techniques de ces dernières années en quête d'une identité pour le prochain siècle. Je présente. ici, deux tendances importantes, parmi d'autres : la restructuration des musées des sciences et techniques en raison des exigences de communication et des exigences du public.

SUMMARY : The present paper is a bibliographical research about the most importants transformations of the scientific an technological museums at the last years. Towards the next century, the scientific museums are restoring themself for the communication and public's requirements.

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1. INTRODUCTION

À partir de la question: Quels musées de sciences et techniques pour le XXle siècle ?, on a construit une matrice de mots-clés qui réunit dans une colonne les mutations, les changements et les tendances des musées de sciences et techniques et, dans l'autre colonne, les projets muséographiques, les conceptions d'expositions et les architectures de musées.

Nous remarquons dans la linérature spécialisée quatre grandes mutations en cours pour les musées en général et les musées de sciences et techniques en particulier:

- une mutation en fonction de nouvelles technologies communicationnelles misesà la disposition des musées;

- une mutation au niveau d'organisation aussitôt qu'au niveau d'objectifsàla recherche de nouveaux publics;

- la transformation des musées en entreprises de culture et de loisirs pour faire face aux différents enjeux économiques;

- la recherche d'une synthèse des connaissances scientifiques et techniques pour exercer le pouvoir d'attraction des publics. Toutes ces mutations sont en fait enchaînées entre elles, l'une amèneà

l'autre.

Pour ces journées, je me restreinsàquelques aspects de ces mutations des musées de sciences et techniques, essentiellement aux aspects de présentation, d'interaction et de négociation avec leur public.

2. LES MUTATIONS ET LES TENDANCES GÉNÉRALES

La muséologie des sciences et des techniques se restructure autour de deux pôles: une exigence de communication et une exigence de public. Ces deux pôles sont stimulés par un souci de mise en perspective sociale des problématiques contemporaines comme l'environnement, la poussée démographique, la mondialisation de l'économie ou la mise de la planète en réseaux. Les seules fonctions de mémoire et de témoignage ne peuvent pas satisfaire les politiques culturelles d'aujourd'hui et de demain. 11 faut associer cette fonction aux mutations des sociétés. Les musées des sciences et des techniques doivent comprendre les changements des sociétés dans lesquelles ils se sont insérés. La question même de la définition des musées des sciences et des techniques et de l'ensemble de ses paradoxes peut être posée. Trois paradoxes sont inscrits dans la pratique muséale. Cette pratique dé<;lare montrer et pounant elle cache (Barzilay, 1995). C'est le premier paradoxe. La vocation du musée est en conflit entre la conservation dans des réserves et l'exposition au public. Le musée se donne comme lieu d'apprentissage, il s'associe étroitementàl'éducation, mais le visiteur reconstruit ce qu'il veut. Il peut critiquer et, même, s'en aller. Le rapportà cet apprentissage flottant est le deuxième paradoxe. Le troisième paradoxe se localise dans l'objectif déclaré d'entrer dans la modernité tout en conservant le passé.

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Malgré les paradoxes, on attend du musée des sciences et des techniques qu'il rende la science présente dans l'imaginaire social. L'action éducative du musée des sciences et des techniques présente quatre sous-objectifs complémentaires (Schiele, 1989) :

- présenter l'évolution des sciences et des techniques;

- diffuser la culture scientifique et technique pour la faire connaître ; - mettre en contexte l'impact des sciences et des techniques dans la société ; - démocratiser la culture et les savoirs.

La mutation la plus évidente est l'entrée des nouveaux médias, des nouvelles technologies de communication. Ces nouveaux médias ont altéré partiellement le message, mais ne l'ont pas radicalement renouvelé, la structure objective du médium principal demeurant la même, soit la séquence: isoler-annexer-montrer (Hooper-Greenhil, 1994). Selon Hooper-Greenhil, le musée est, donc, devenu un lieu interactif, agent d'une nouvelle pédagogie transactionnelle. Mais les nouveaux médias amènent un nouveau type de visiteurs: nouvelles catégories sociales, nouvelles classes d'âge, nouveau mode de comportement, nouvelle forme d'appropriation du savoir scientifique et technique. Toutes ces mutations au niveau communicationnel définissent le projet du musée scientifique et technique comme un projet coûteux, long et sujet au vieillissement qui suit la mise en exposition. Il a même déjà des remplacements potentiels: les autoroutes de l'information sont candidates à devenir des musées virtuels.

Ladeuxième mutation importante concerne le public depuis déjà une vingtaine d'années. Il faut attirer le public en mettant la science et la technique en perspective avec les dimensions historiques, économiques et artistiques. Il faut montrer la science et la technique et aussi en parler. Le public entretient une relation de confiance avec le musée. Cette relation de confiance est au cœur des stratégies de développement des musées. Et comment attirer de nombreux visiteurs? C'est la question que posent tous les directeurs des musées, surtout des sciences et des techniques. En plus les visiteurs doivent avoir des raisons de revenir plusieurs fois. L'évolution des musées scientifiques et techniques vers le public coïncide historiquement, en Angleterre (Hooper-Greenhill, 1994), avec l'introduction au curriculum scolaire d'apprentissages expérimentaux. Et les musées scientifiques et techniques étaient vus comme les institutions idéales pour délivrer les nouvelles demandes éducationnelles pour ses offres d'ateliers centrés sur les objets, avec l'emploi d'une variété de techniques actives d'apprentissage. On peut appeler cela d'ateliers et d'expositions interactives. Dans un article récent, Bernard Schiele (1997) affirme que l'interactivité offerte par les musées est vue aujourd'hui comme le moyen par excellence de réussite"de la négociation des contenus par le visiteur".

Une autre mutation remarquable que l'on constate à partir de la littérature consacrée à ce sujet, c'est celle vers la construction d'un musée capable de faire la synthèse des connaissances et des savoirs pour l'offrir au public.Le musée a un rôle d'intégration au sens de regroupement, de convergence des moyens de communication et des techniques favorables à l'approche thématique. Il doit faire

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découvrir par les visiteurs le rapport entre les diverses sciences et techniques, les diverses démarches de l'intelligence, les divers champs de la connaissance. C'est la route de la complémentarité, de la synthèse du savoir qui peut assurer l'autonomie intellectuelle, l'émerveillement face aux sciences et aux techniques et la navigation dedans et dehors, durant et après l'espace de l'exposition. La réalisation d'une synthèse innovante entre la science, la technique et l'art peut créer une exposition-spectacle unitaire et multiple, cohérent et fragmenté capable de maintenir l'intérêt des visiteurs en lui exerçant un fort pouvoir attractif. C'est l'ensemble de l'exposition, la maîtrise du temps de la visite, qui apparaissent comme les plus importants. Le travail des concepteurs est de prévoir des événements qui retiennent l'attention du visiteur et ralentissent sa déambulation (Shuitens et Peeters, 1996). Cette synthèse lui permet de vivre de façon immédiate les thèmes de l'exposition dans une structure organisatrice du visible et du sensible, el, dans un deuxième temps, de venir à l'analyse et à l'examen critique. Elle lui permet aussi de renverser son rapport traditionnel de passivité en créant une symbiose entre son espace et celui des objets présentés. C'est cette synthèse qui relie un passé des objets et du lieu de grande richesse à une modernité inventive de la technique et de la scénographie, selon Schuiten et Peeters.

3. EXPOSITION ET NÉGOCIATION

L'espace d'une exposition est un espace de tension entre le message exposé, le savoir exposé, le sens donné par le concepteur (émetteur) à ce savoir et les connaissances préalables du visiteur (récepteur) et le sens que ce visiteur donne à ce savoir. Quand il y a un climat de tension, deux processus possibles se déroulent: une de deux parties se désiste et, dans ce cas-là, le visiteur a toujours la possibilité de tourner le dos, ou bien il y a possibilité d'enclencher une négociation qui s'achève à la d'un nouveau sens, d'une nouvelle connaissance (Raichvarg, 1997). L'exposition a toujours des finalités oscillantes: de découverte, de pédagogie, de vulgarisation, de sensibilisation, d'orientation professionnelle et d'information. Mais là-aussi plusieurs évolutions sont intervenues: la notion de thème, de décor et de scénario pour l'exposition, par exemple, est nouvelle (une dizaine d'années) ; la structuration également ne répond plus à une logique scientifique ou purement technique. Les expositions ne peuvent pas être conçues et organisées seulement par des experts scientifiques et techniques. La manière de concevoir et de réaliser des expositions évolue parallèlement aux profondes mutations des musées, à leur tournant commercial qui transforme les savoir-faire (Scrive, 1994). C'est le temps de l'équipe-projet aux responsabilités plurielles, réunissant des qualifications diverses et complémentaires:

- des spécialistes du contenu pour la confrontation et vérification du discours élaboré ; - des études préalables de public pour analyser ses représentations sur le sujet choisi;

- des chercheurs d'objets et d'images qui font appel à des experts guidant le choix des objets de collection, leur restauration et leur représentation et à des documentalistes iconographiques et audiovisuels;

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- des spécialistes de média audiovisuel et informatiques qui sont nécessaires en fonction des messages véhiculés, du budget el des possibilités d'exploitation et de maintenance ;

- des scénographes et des graphistes qui apponent la dimension conceptuelle de l'espace offenà l'exploration sensitive de chaque visiteur;

- d'une coordination avec la double capacité d'assumer une direction culturelle et de manager du projet.

La pratique de l'exposition a évolué selon deux directions. La première évolution a consistéàélargir l'espace de la communication: intégration dans la mise en espace de la présence du visiteur et prise en compte de sa déambulation. La seconde évolution consiste en la subjectivation de points de vue, avec la multiplication des expositions d'auteurs. L'exposition scientifique et technique comme une tentative de représentation de la connaissance distingue, de ce point de vue, trois espaces (Desvallées, 1995) : - l'espace d'intervention du visiteur dans la production du sens;

- l'espace synthétique conduisant le visiteur vers la connaissance; - l'espace de la représentation, la mise en scène des connaissances.

Et même un quatrième espace, l'espace-d'après-I'intervention, de construction de nouvelles connaissances, de nouveaux sens, dirait Raichvarg (1997).

À titre de conclusion je reprends les leçons offenes par Élisabeth Caillet sur l'identité du musée (1995). Le musée a un rôleà jouer comme instrumenl essentiel de la compréhension du monde dans lequel on vit. C'estun rôle politique précis. C'est dans l'échange et dans l'après-échange que réside l'avenir des musées.

BIBLIOGRAPHIE

BARZILAy M., Faire sens ou faire signe?, in Exposer, exhiber, Paris: Éditions de La Villette, 1995.

CAll..LET É., Àl'approchedumusée, la médiation culturelle, Lyon: Presses Universitaires de Lyon, 1995.

DESVALLÉES A., Recherche et muséographie, inActes du colloque Musées et Recherche, Dijon: a.C.LM., 1995.

HOOPER-GREENHIL E.,Museum and gallery education, Leicester: Leicester University Press, 1994.

RAICHVARG D.,La vulgarisation des sciences en sa poétique, Mémoire présenté pour l'obtention du diplôme d 'habilitationà diriger des recherches, Décembre 1997, Orsay, 1997.

SCHIELE B.,Le musée des sciences et des techniques est-il un genre à pan? in Schiele B. Faire voir,faire savoir: la muséologie sciemifique au présent, Québec: Musée de la civilisation, 1989.

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SCHIELE B., Les musées scientifiques: tendances actuelles de l'éducation scientifique non fannelle. Revue Internationale de l'éducation, 14, juin 1997, Sèvres: Publication du Centre International d'Études Pédagogiques, 1997.

SHUITEN F., PEETERS B.,L'aventure des images, Paris: Éditions Autrement, 1996.

SCRIVE M., Qui fait une exposition? Du comoùssaireà l'équipe projet, Publics et Musées, 1994,6, Presses Universitaires de Lyon.

Références

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