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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Sciences et techniques en spectacle : quelle formation pour les metteurs en scène ?

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Academic year: 2021

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SCIENCE ET TECHNIQUES EN SPECTACLE:

QUELLE FORMATION POUR LES METTEURS EN SCÈNE?

Michel VAN-PRAËT Nicole CHEZEAU Catherine FUCHS

Muséum National d'Histoire Naturelle Université de Haute-Alsace

Université de Haute-Alsace

MOTS -CLÉS: FORMATION - MUSÉOGRAPHIE - MUSÉOLOGIE - RECHERCHE

RÉSUMÉ: De nombreuses formations se sont développées en France dans les dernières années avec pour objectif de préparer aux métiers de la Culture scientifique. La majorité d'entre elles préparent les étudiants selon un modèle universitaire qui ne prend pas encore en compte les débouchés réels et ne traitent qu'incomplètement des spécificités du média exposition au profit de connaissances utiles au futur médiateur, mais très académiques: disciplines scientifiques "mères", didactique, sociologie, communication.

SUMMARY : A few trainings to the professions of popularization of Science have been recently created in french Universities. Many of them prepare students in the french universitary tradition: they do not evaluate precisely real professional openings for students and privilegiate academic knowledge (basic scientific matters, didactics, sociology, communication ... ) more than trainings on specifie exhibition thematics.

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1.INTRODUCTION

La mise en scène de la science, hors de l'école, a une longue tradition en France, grâce au militantisme de vulgarisateurs scientifiques et à l'existence d'un réseau de plus de 300 musées scientifiques créés depuis le début du XIXe siècle.

Depuis une quinzaine d'années, cette tradition a été relayée et amplifiée par des actions institutionnelles et des volontés politiques. La création des Centres de culture scientifique, technique et industrielle (C.C.S.T.I.) en région et de la Cité des Sciences et de l'Industrie à Paris, ou encore le plan de rénovation des musées de l'Éducation nationale après une longue période "d'abandon" moral et financier (F. Héritier-Augé, 1991), voire la tenue des Journées de la Sciences sur l'initiative du Ministère de la Recherche depuis le début des années 1990, témoignent de cette nouvelle volonté politique.

Dans ce contexte des formations universitaires se sont récemment mises en place. L'hypothèse de débouchés nouveaux tenait une certaine réalité dans ce contexte d'augmentation des structures de culture scientifique, du fait de l'absence de formations aux métiers de la culture et des musées scientifiques jusqu'à une époque récente. En effet, si la France a développé il y a un siècle avec l'École du Louvre une formation à certaines professions des musées, cette "École" est toujours demeurée étrangère au système universitaire et n'a que peu considéré le domaine des musées de sciences et techniques. La récente création de l'École du Patrimoine a jusqu'ici prolongé la même démarche, plus proche des musées d'art et d'histoire que des musées et autres institutions de culture scientifique.

2. LES FORMATIONS AUX MÉTIERS DES MUSÉES SCIENTIFIQUES

2.1 Un contexte historique de rupture entre culture scientifique et culture artistique

L'absence de formation aux métiers de la culture scientifique en France, jusqu'à cette période récente, ne tient pas à l'absence d'institutions de culture scientifique ouvertes au public dans notre pays. Il est au contraire l'un de ceux où l'existence de telles institutions a une longue histoire: du Jardin Royal des Plantes médicinales et de son Cabinet ouvert en 1635, au Palais de la Découverte prolongeant l'exposition Universelle de 1935 en passant par les créations de la Révolution (extension du Jardin des Plantes sous le nom de Muséum d'Histoire Naturelle, création de sa Ménagerie, création du Conservatoire National des Arts et Métiers) et l'explosion des Musées d'Histoire naturelle en province pendant tout le XIXe siècle.

L'absence de formation aux métiers de la diffusion scientifique hors de l'école tient, pour une part, à ce que de nombreuses opérations s'appuyaient sur des actions militantes associatives et parfois individuelles, et, pour une autre part, à ce que les disciplines scientifiques "mères" ont jusqu'à présent fourni les professionnels des musées scientifiques et contrôlé leurs carrières, tandis que les musées d'art et d'histoire structuraient des filières internes de formation de leurs conservateurs.

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Cette "logique universitaire" de contrôle des carrières se retrouve d'ailleurs dans les nouvelles formations qui contestent aux disciplines scientifiques le monopole des formations aux métiers de la culture scientifique, mais offrent souvent des programmes structurés par les disciplines "mères" de leurs initiateurs.

Le caractère extra-universitaire de l'École du Louvre explique, probablement autant que son désengagement vis-à-vis de la culture scientifique et technique, le peu de cas qui ait été fait de son expérience, tant au plan de ses acquis que de ses carences.

2.2 La mise en place de formations universitaires au milieu des années 1980

Les nouvelles formations universitaires se créèrent en France à partir de la seconde moitié des années 1980, d'ailleurs plus souvent sur l'initiative d'universitaires soucieux de trouver d'éventuels débouchés à leurs étudiants, que d'une réelle demande des institutions culturelles nouvellement créés ou en rénovation.

Les trois plus anciennes: "Médiation culturelle et sociale" à l'I.U;T. de Tours en 1986, "Mécadocte, option Muséologie" à l'Université de Haute-Alsace à Mulhouse en 1987 et le "D.E.A. d'histoire des Techniques, option muséologie des techniques" au Conservatoire National des Arts et Métiers en 1988, offrent une diversité de

curricu/wn,

qui perdure dans les formations plus récentes.

Cette diversité résulte, d'une part des approches différentes de la culture scientifique qu'ont les initiateurs de ces formations, et d'autre part de la nature et du niveau des débouchés envisagés ("Bac+2 /Bac+3" à Tours; "Bac+4" à Mulhouse; "Bac+5" et doctorat au C.N.A.M.).

3. TROIS APPROCHES DISTINCTES DES MÉTIERS DES MUSÉES

Au-delà des niveaux: différents des débouchés visés par les trois formations considérées,il convient de préciser les métiers différents auxquels elles préparent, du moins selon leurs intentions originelles.

3.1 Les métiers de l'animation

La formation créée à l'I.U,T. de Tours répond à son origine au sentiment que les musées au sens large, C.C.S.T.I. inclus, ne disposent pas des personnels nécessaires à une animation permanente de leurs activités vis-à-vis du public. Le sentiment prévalait chez les initiateurs de ce type de formation qu'entre le public et les concepteurs (conservateurs, scientifiques ou concepteurs muséologues, selon les types de musées), un corps de professionnels en prise directe avec le public, devrait permettre d'optimiser l'action des institutions de culture scientifique.

Une telle attitude se retrouve en partie dans des formations récentes, comme la "M.S.T. de Médiation culturelle" de Paris VIII, dont le coordinateur Denis Guedj se donne pour objectif de former des "passeurs de culture" qui soient "des créateurs".

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3.2 Les métier de l'exposition conçue commeunmédia spécifique

La formation "Mécadocte" de l'Université de Haute-Alsace s'insère dans cette seconde approche. Ici ce n'est pas l'animateur qui est considéré comme "le passeur de culture" privilégié, mais l'ensemble de la structure d'exposition. La filière vise à former un personnel polyvalent capable de gérer et d'animer ces structures. Elle s'insère dans le mouvement de la "muséologie nouvelle" qui a reconsidéré tant le rôle culturel et social des musées, que le statut des objets dans le musée et l'exposition (D. Cameron, 1968).

De ce point de vue l'information rédigée par B. Jacqué, pour les étudiants désireux de s'inscrire est explicite : "... le programme part de la muséologie traditionnelle : statut des organismes et des collections, administration du musée, conservation, classification, ce qui est indispensable comme base de départ ; une attention particulière est portée aux modes de représentation" .

Mais il est clair que le renouveau actuel des musées, en particulier dans ce que l'on nomme depuis quelques années "musée de société" impose une optique différente. Ceci d'autant plus que la formation "Mécadocte" ne destine pas les étudiants à travailler de prime abord dans des musées de beaux-arts.

En conséquence, les étudiants sont appelés à s'interroger sur le statut de "l'objet de musée", (tel que Jacques Hainard l'a remis en cause dans ses récentes expositions) ; à partir de là, les expériences développées dans la collecte, la conservation et la présentation de ces objets sont au coeur de l'enseignement, que ce soit la démarche des écomusées français, l'approche réaliste des musées de plein-air anglais jusqu'au provocateur Yorvik, en matière d'archéologie ou les formules interactives des musées scientifiques... Ces cas font l'objet d'études critiques aussi concrètes que possible. une attention particulière est portée aux différents publics et

à

leur réactions ... "

Peu de formations vont en France dans la même direction.y compris le récent D.E.S.S. de "Communication et ingénierie culturelle" de l'Université de Nice qui développe des thèmes de communication qui dépassent largement les musées, sans pour autant totalement intégrer les spécificités de l'exposition comme média.

Cette tendance à dépasser le cadre des musées scientifiques, voire les institutions de culture scientifique au profit d'autres champs en particulier la communication et parfois la didactique, existe dans la majorité des formations, qu'elles soient à finalité professionnelle ou à finalité de recherche comme nous allons le voir avec le 3è type de formation, celles ouvertes sur la recherche.

3.3 Les métiers dela recherche étudiant la Culture scientifique

Un dernier type de formation relève d'une troisième approche, celle de la recherche sur la Culture scientifique.

Cinq formations de ce type existaient en France en 1992. Chacune d'elles a ses particularités car il s'agit, dans les cinq cas, d'options organisées dans des D.E.A. développant d'autres thématiques. Néanmoins deux tendances sont identifiables.

Dans les cas des options du C.N.A.M., de Paris XI, de Paris VII et de Lyon 1, la muséologie est abordée à travers le champs dominant du D.E.A. : l'histoire des sciences au C.N.A.M. et à Paris

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XI, la communicationà Paris VII, ou la didactique à Lyon 1. De manière sensiblement différente, dans l'option de muséologie du D.E.A. en Sciences de l'Éducation de Paris V, la muséologie est introduite comme une sensibilisation de futurs chercheurs en sciences de l'éducation, tout en considérant la muséologie comme une discipline en soi, selon les mêmes principes que ceux définis dans la formation "Mécadocte" (M. Van-Praët et B. Poucet, 1992).

Ces options de D.E.A. devraient être complétés à la rentrée 1993-94 par un nouveau D.E.A. de muséologie ("Publics, Expositions, Musées" ; D.E.A. multi-sceaux entre l'Université de Saint-Étienne, le Muséum national d'Histoire naturelle et le C.N.A.M.) reprenant également cette même définition de la muséologie comme un champ de recherche particulier. L'effort de réflexion actuel sur la muséologie, traduit par la création récente de ces 5options de D.E.A. et le lancement du programme de recherche REMUS, se manifestera probablement par des modifications rapides des formations ouvertes dans les années à venir.

Ilconvient de remarquer que par nature les D.E.A. ne visent pasà la formation de metteurs en scène, mais de chercheurs, et qu'un débat pourrait être ouvert pour préciser si la fonction de créateur nécessite une part de recherche, en muséologie ou dans la discipline mère de la thématique d'exposition (physique, biologie ...).

4. DISCUSSION

En considérant le titre de cet atelier: "Quelle formation pour les metteurs en scène 7", il convient de préciser d'emblée, que la discussion ne portera que sur les formations des acteurs de la culture scientifique intervenant dans les expositions et les actions culturelles hors de l'école et que les formations des architectes et des designers ne sont pas traitées ici, même si une formation plus complète à la muséologie devrait être mise en place dans leur cycle de fonnation.

4.1 Repenser les métiers de l'animation en fonction de la conception des expositions

Parmi ces métiers, la séparation initiale entre animateurs et concepteurs, telle qu'elle existait il y a encore cinq ans avec les formations de Tours et de Mulhouse semble devoir s'estomper pour deux raisons principales.

D'une part l'animation apparaît comme une profession transitoire dans la vie d'un individu et d'autre part la médiation est de plus en plus prise en compte dès le début de la conception des expositions. Elle n'est plus considérée comme le complément (parfois le palliatif de réalisations médiocres) de l'exposition, mais comme un élément constitutif du média exposition.

4.2 Une multitude de formations, mais quelle adéquation aux besoins?

Les formations existantes sont en cours d'inventaire par la "Direction des Publics et l'Action culturelle" de la D.M.F. Près de 300 existeraient si l'on étend la définition aux fonnations qui offrent des débouchés au-delà de la culture scientifique vers l'ensemble du domaine culturel, y compris le tourisme culturel. Pour se restreindre au domaine de la culture scientifique et aux filières

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professionnelles (qui excluent les D.E.A.) c'est une dizaine de maîtrises et magistères (formations à "Bac+4") et 3 D.E.S.S. (formation à "Bac+S") qui semblent exister.

Plusieurs questions demeurent de l'ordre du débat sur l'adéquation de ces formations par rapport aux besoins et aux débouchés existants.

La réforme de la fonction publique (d'état et territoriale) qui a introduit un recrutement privilégié sur concoursà "Bac+3", pose la question de la pertinence de formations s'achevant à "Bac+4", voire à "Bac+5" et de la prise en compte dans les enseignements des programmes des concours existants ( École du Patrimoine, concours d'attachés ...).

Le potentiel de débouchés demeure quantà lui devoir être l'objet d'études plus approfondies.

4.3 Repartir de la définition des musées et des expositions dans les formations

La spécificité du média exposition est seulement paniellement prise en compte. S'il apparaît que celte attitude est parfois justifiée pour garantir des débouchés aux étudiants au-delà du domaine des musées, eeS.T.L., en particulier vers les métiers du journalisme et le milieu de la communication, cette attitude semble parfois aussi être liée à une sous-estimation des spécificités de l'exposition comme média.

4.4 Deux secteurs sinistrés quant aux manque de formation

à

la muséologie: les architectes et

les enseignants

L'absence de formation à la muséologie dans des filières professionnelles pouvant conduire au travail en musée, comme concepteur ou comme médiateur, semble particulièrement criante dans deux secteurs où les professions sont très structurées. Il s'agit des formations d'architectes et de celles d'enseignants.

Dans cet esprit, une citation de D. Cameron pourrait être soumise à la réflexion des responsables des formations en LU.F.M. : "Il ne faut pas oublier que la tâche principale de l'éducation au musée est d'enseigner à chacun le langage propre au musée afin que chacun puisse par la suite l'utiliser à son meilleur avantage. il est de la plus haute importance d'offrir des expositions muséales significatives pour les individus et par lesquelles une communication efficace devient possible ( ... ). Ce qui est innovateur c'est de reconnaître que le système de communication du musée dépend du langage non verbal et que d'enseigner l'utilisation formelle et organisée d'un tel langage devrait faire partie de tout programme éducatif. Les implications d'une telle innovation sont nombreuses autant pour l'individu, que pour la société dans laquelle il vit".

4.5 La formation initiale est-elle la solution pertinente?

Une dernière réflexion devrait enfin porter sur l'origine des professionnels de la culture scientifique.

Elle devrait mettre l'accent, d'une part :

- sur la mise à contribution accrue et directe des scientifiques, ingénieurs et techniciens : celle-ci est indispensable et insuffisante (si l'on veut passer d'un militantisme restreint au professionnalisme),

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et d'autre pan :

- sur la formation scientifique préliminaire, nécessaire ou non, des étudiants inscrits dans les formations considérées ici.

La formation des "passeurs" de culture se résoudra-t-elle exclusivement en terme de formation initiale? L'exposition, par sa nature même, ne justifie-t-elle pas un large recrutement de professionnels déjà expérimentés venant de secteurs aussi divers que l'éducation ou l'architecture, la communication, la physique ou la biologie. Il s'agirait alors de mettre en place des formations complémentaires, pour des professionnels déjà expérimentés et de reconnaître institutionnellement leur effort de réorientation professionnelle.

BIBLIOGRAPHIE

CAMERON (D.), A view point: the museum as a communication system and implication for museum education,Curator, 1968, Il, p. 33-40.

HÉR1TIER-AUGÉ(F.),Les musées de l'Éducation nationale. Mission d'étude et de réflexion, La documentation française, 1991.

VAN-PRAËT (M), POUCET (B), Les musées lieux de contre-éducation et de partenariat avec l'École,Éducation et pédagogies, 1992, 16, p.2l-29.

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