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Une introduction à la modélisation des préférences

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Une introduction `

a la mod´

elisation

des pr´

ef´

erences

1

Denis Bouyssou

2

CNRS – LAMSADE

Philippe Vincke

3

ULB – SMG

mai 2002 – r´

evis´

e octobre 2002

1Cet article est une version r´evis´ee et augment´ee de Bouyssou et Vincke (1998).

Nous tenons `a remercier les arbitres anonymes de cette revue pour leurs com-mentaires constructifs. Nous restons toutefois seuls responsables des erreurs ou omissions qui pourraient subsister.

2LAMSADE, Universit´e Paris Dauphine, Place du Mar´echal de Lattre de

Tas-signy, F-75775 Paris Cedex 16, France, tel : +33 1 44 05 48 98, fax : +33 1 44 05 40 91, courriel : bouyssou@lamsade.dauphine.fr.

3SMG, Universit´e Libre de Bruxelles, CP 210/01, Boulevard du Triomphe,

B-1050 Bruxelles, Belgique, tel : +32 2 650 58 89, fax : +32 2 650 59 70, courriel : pvincke@smg.ulb.ac.be

(2)

R´esum´e

L’objet de cet article est de proposer un bref tour d’horizon de la litt´erature sur la mod´elisation des pr´ef´erences. Le point de d´epart de cette analyse est la « th´eorie classique » de la mod´elisation des pr´ef´erences caract´eris´ee prin-cipalement par la conjonction d’un langage et d’une syntaxe sp´ecifiques. On montre ensuite comment cette th´eorie aborde un certain nombre de ques-tions fondamentales et tire parti de structures particuli`eres. On aborde enfin diverses extensions possibles de la th´eorie classique.

Mots-cl´es : Mod´elisation des pr´ef´erences, Relation binaire, Pr´ef´erence, Indiff´erence, Incomparabilit´e, Choix, Agr´egation.

(3)

1

Introduction

Des chercheurs venant d’horizons vari´es (´economistes, math´ematiciens, philosophes, chercheurs op´erationnels, informaticiens, psychologues, etc.) ont abord´e le th`eme de la mod´elisation des pr´ef´erences. On ne s’en ´etonnera pas. D`es lors que l’on accepte l’id´ee que des d´ecisions sont prises et que ces d´ecisions ne sont pas ind´ependantes de « goˆuts » ou « valeurs » particuliers, s’int´eresser `a la mod´elisation des pr´ef´erences semble in´evitable.

Selon les disciplines, cette question sera abord´ee sous divers angles. Ainsi, un psychologue ´etudiera le processus conduisant `a la formation d’un jugement de pr´ef´erence et les facteurs pouvant l’influencer. Un ´economiste s’int´eressera `

a des mod`eles de pr´ef´erence pour des participants `a un march´e permettant d’obtenir des r´esultats d’´equilibre ou de statique comparative. Un philosophe englobera l’´etude des pr´ef´erences dans une interrogation plus g´en´erale sur la question de la rationalit´e. Un chercheur op´erationnel d´eveloppera des ou-tils permettant, dans un contexte donn´e, d’aider un individu ou un groupe d’individus `a prendre une d´ecision et `a l’argumenter.

En d´epit de cette diversit´e de pr´eoccupations, on peut sch´ematiquement, mais utilement, structurer l’ensemble de ces travaux autour de trois perspec-tives fondamentales :

– une perspective normative dans laquelle la question centrale est de savoir ce que signifie « agir rationnellement » dans un contexte donn´e et quels sont les mod`eles de pr´ef´erence permettant d’atteindre cet objectif, – une perspective descriptive pla¸cant au cœur de son analyse la mani`ere

dont, en pratique, les d´ecisions sont prises et

– une perspective prescriptive visant `a fournir des outils permettant d’ai-der `a la d´ecision dans une situation donn´ee.

Ces trois perspectives, si elles correspondent `a des questions et des ap-proches diff´erentes, ne sauraient ˆetre compl`etement ind´ependantes. Ainsi, concevoir une aide `a la d´ecision supposera g´en´eralement une r´ef´erence `a un « agir rationnel » et impliquera de s’interroger sur la mani`ere dont les indivi-dus prennent leurs d´ecisions. De fait, que l’on se situe dans l’une ou l’autre de ces perspectives, on sera souvent amen´e `a utiliser les mˆemes outils et concepts de base. Le but de cet article introductif est d’en donner une pr´esentation synth´etique et non technique qui, nous l’esp´erons, permettra au lecteur de replacer les d´eveloppements r´ecents de la litt´erature dans un cadre unifi´e et simple.

(4)

La section 2 sera consacr´ee `a une pr´esentation de ce que l’on appellera la « th´eorie classique » de la mod´elisation des pr´ef´erences. La section 3 montrera comment certains probl`emes classiques sont habituellement trait´es dans le cadre de cette th´eorie. La section 4 pr´esentera les principales directions dans lesquelles cette th´eorie a ´et´e ´etendue. En conclusion, nous mentionnerons quelques questions importantes n’ayant pu ˆetre abord´ees dans le cadre de ce bref article introductif. Une liste abondante de r´ef´erences permettra au lecteur d’approfondir les aspects que nous ne ferons qu’aborder.

2

Concepts fondamentaux

Une s´erie d’ouvrages fondamentaux publi´es dans les ann´ees 1970 (Fish-burn, 1970 ; Keeney et Raiffa, 1976 ; Krantz, Luce, Suppes et Tversky, 1971 ; Sen, 1970) a consolid´e un vaste ensemble de travaux men´es dans l’apr` es-guerre. Elle a donn´e corps `a ce que l’on peut appeler la « th´eorie classique de la mod´elisation des pr´ef´erences ». Cette th´eorie peut ˆetre sch´ematiquement caract´eris´ee par l’utilisation d’un langage particulier accompagn´e d’une syn-taxe sp´ecifique. On examine ci-apr`es chacun de ces deux points.

2.1

Le langage

La plupart des travaux en mod´elisation des pr´ef´erences prennent pour point de d´epart un ensemble X d’« objets » `a comparer ou `a ´evaluer. Selon le contexte, cet ensemble pourra ˆetre fini (X est un ensemble de candidats postulant `a un emploi) ou infini (X est un ensemble de paniers de biens sup-pos´es parfaitement divisibles). Consid´erons un couple (x, y) d’objets. Dans la th´eorie classique, on suppose qu’il ne peut y avoir que deux r´eponses pos-sibles `a la question « l’objet x est-il au moins aussi bon que l’objet y ? » : « oui » ou « non », ces deux r´eponses ´etant exclusives. Poser cette question pour tout couple d’objets am`ene alors `a d´efinir une relation binaire % sur X (c’est-`a-dire un sous-ensemble de X2; on ´ecrira classiquement x % y au lieu de (x, y) ∈ %) en posant : x % y si et seulement si la r´eponse `a la question « l’objet x est-il au moins aussi bon que l’objet y ? » est oui. En consid´erant une paire d’objets {x, y}, on sera alors confront´e `a une et une seule des quatre situations suivantes :

1. [x % y et y % x], not´ee x ∼ y, que l’on interpr`ete comme « x est indiff´erent `a y »,

2. [N on(x % y) et N on(y % x)], not´ee x ? y, que l’on interpr`ete comme « x est incomparable `a y »,

(5)

3. [x % y et N on(y % x)], not´ee x  y, que l’on interpr`ete comme « x est strictement pr´ef´er´e `a y » et

4. [N on(x % y) et y % x], not´ee y  x, que l’on interpr`ete comme « y est strictement pr´ef´er´e `a x ».

Par construction, il est clair que ∼ et ? sont sym´etriques ([x ∼ y ⇒ y ∼ x] et [x ? y ⇒ y ? x]) et que  est asym´etrique (x  y ⇒ N on(y  x)). Si l’on suppose de plus % r´eflexive (x % x, pour tout x), ce qui semble peu restrictif, alors ∼ est r´eflexive et ? est irr´eflexive (N on(x ? x), pour tout x). Le langage de la th´eorie classique est donc celui des relations binaires.

2.2

La syntaxe

Au sein de la « th´eorie classique » l’utilisation du langage des relations binaires s’accompagne du recours `a une syntaxe sp´ecifique. En plus de la r´eflexivit´e de la relation % (que nous supposerons toujours v´erifi´ee dans la suite de ce texte) cette syntaxe impose que la relation % soit :

– compl`ete (pour tout x 6= y, N on(x % y) ⇒ y % x) et – transitive (x % y et y % z ⇒ x % z).

Ces deux propri´et´es font de % un pr´eordre complet. Elles entraˆınent de tr`es nombreuses cons´equences et, en particulier, que :

– il n’y a pas d’incomparabilit´e (? est vide), – l’indiff´erence (∼) est transitive,

– la pr´ef´erence stricte () est transitive et

– l’indiff´erence et la pr´ef´erence stricte se combinent simplement ([x  y et y ∼ z ⇒ x  z] et [x ∼ y et y  z ⇒ x  z]).

Lorsque % est un pr´eordre complet, l’indiff´erence est une relation d’´equiva-lence (relation r´eflexive, sym´etrique et transitive) et l’ensemble des classes d’´equivalence de ∼ est totalement ordonn´e par . La th´eorie classique d´ efi-nie par son langage et sa syntaxe peut ˆetre mobilis´ee pour aborder un certain nombre de « probl`emes classiques ». Nous les examinons ci-apr`es.

(6)

3

Probl`

emes classiques

3.1

Choisir `

a partir d’une relation binaire

Supposons connu un pr´eordre complet % sur un ensemble X et envisa-geons la situation (classique en ´economie) o`u un choix doit ˆetre fait dans un sous-ensemble d’objets Y ⊆ X. Comment utiliser l’information contenue dans % pour guider un tel choix ? Une mani`ere naturelle de d´efinir l’ensemble C(Y, %) des objets choisis (remarquons que, puisque nous n’imposons pas `a C(Y, %) d’ˆetre un singleton, il serait plus appropri´e de parler d’objets « sus-ceptibles d’ˆetre choisis ») dans Y sur la base de % consiste `a poser :

C(Y, %) = {x ∈ Y : N on[y  x] pour tout y ∈ Y },

un objet appartenant `a l’ensemble de choix si aucun autre objet ne lui est strictement pr´ef´er´e. Il n’est pas difficile de montrer que C(Y, %) est toujours non vide lorsque Y est fini (le cas o`u Y est infini soul`eve des difficult´es techniques sp´ecifiques, voir Bergstrom (1975)) et % est un pr´eordre complet. Remarquons cependant que, dans le cas o`u Y est fini, le fait que % soit un pr´eordre complet est une condition suffisante mais non n´ecessaire pour que C(Y, %) soit non vide.

Un r´esultat classique (voir Sen, 1970)) montre que, Y ´etant suppos´e fini, C(Y, %) est non vide d`es lors que  n’a pas de circuit dans Y (on n’a ja-mais, pour tout x1, x2, . . . , xk appartenant `a Y , x1  x2, x2  x3, . . . , xk−1 

xk et xk  x1). L’utilisation de structures de pr´ef´erences plus g´en´erales que

le pr´eordre complet permet donc ´egalement de donner une r´eponse simple au probl`eme faisant l’objet de ce paragraphe.

Mentionnons enfin qu’il existe des situations (le concours d’entr´ee `a une grande ´ecole par exemple) o`u l’on souhaite ˆetre en mesure d’ordonner tout sous-ensemble d’objets Y ⊆ X et non pas seulement d´eterminer l’ensemble C(Y, %) des objets choisis. La syntaxe de la th´eorie classique permet de don-ner une r´eponse triviale `a ce probl`eme puisque la restriction d’un pr´eordre complet sur X `a un sous-ensemble Y ⊆ X est un pr´eordre complet sur Y .

3.2

Repr´

esenter num´

eriquement une relation binaire

Manipuler une relation binaire % sur X peut se r´ev´eler fastidieux d`es lors que X comprend un grand nombre d’´el´ements. Repr´esenter l’informa-tion v´ehicul´ee par % en utilisant des nombres peut permettre de simplifier cette manipulation tout en autorisant l’utilisation de m´ethodes d’optimisa-tion classiques. Il est clair que la transitivit´e et la compl´etude de % sont des

(7)

conditions n´ecessaires pour l’existence d’une fonction u de X dans R telle que, pour tout x, y ∈ X :

x % y ⇔ u(x) ≥ u(y). (1) Lorsque X est fini ou infini d´enombrable, ces deux conditions sont ´ egale-ment suffisantes (voir Fishburn, 1970 ; Krantz et al., 1971). La situation est moins simple dans le cas g´en´eral. En effet, l’existence d’une repr´esentation de type (1) impose que la structure de X ne soit « pas trop ´eloign´ee » de celle de R et que % se comporte dans X de mani`ere « similaire » `a ≥ dans R. Nous renvoyons `a Fishburn (1970) pour la formulation d’une condition (im-posant l’existence d’un sous-ensemble d´enombrable dense dans X pour %) qui, s’ajoutant `a la syntaxe de la th´eorie classique, est n´ecessaire et suffisante pour obtenir (1).

3.3

Agr´

eger des pr´

ef´

erences

Supposons que l’on ait collect´e n ≥ 2 relations de pr´ef´erence sur X, par exemple parce que les objets sont ´evalu´es selon divers points de vue (votants, crit`eres ou experts). Dans une telle situation, il est naturel de chercher `a bˆatir une relation de pr´ef´erence « collective » % agr´egeant l’information contenue dans (%1, %2, . . . , %n). En g´en´eral, on recherchera un « m´ecanisme » («

sys-t`eme ´electoral » ou « m´ethode d’agr´egation ») permettant d’agr´eger tout n-uple de relations de pr´ef´erence sur X en une relation de pr´ef´erence collective. Dans le cadre de la th´eorie classique, se donner un tel m´ecanisme revient `a d´ e-finir une fonction d’agr´egation F de W O(X)n dans W O(X), o`u W O(X) est l’ensemble des pr´eordres complets sur X. L’ouvrage classique de K.J. Arrow (1963), a mis clairement en lumi`ere la difficult´e d’un tel probl`eme. Imposer un petit nombre de conditions sur F , en apparence toutes tr`es raisonnables (respect de l’unanimit´e, absence de dictateur), conduit rapidement `a un r´ e-sultat d’impossibilit´e : aucune m´ethode d’agr´egation n’est susceptible de les v´erifier simultan´ement (pour une synth`ese tr`es riche de ce type de r´esultats, voir Sen (1986)). La m´ethode majoritaire fournit un exemple simple des diffi-cult´es mises `a jour par le r´esultat d’Arrow. Cette m´ethode consiste `a d´eclarer que « x est collectivement au moins aussi bon que y » s’il y a au moins autant de pr´eordres dans lesquels « x est au moins aussi bon que y » que de pr´eordres dans lesquels « y est au moins aussi bon que x ». Une telle m´ethode semble tr`es raisonnable et parfaitement en accord avec une id´ee intuitive de « d´ eci-sion d´emocratique » . Elle ne conduit cependant pas toujours `a une relation de pr´ef´erence collective ayant les propri´et´es d’un pr´eordre complet ni mˆeme `a une relation de pr´ef´erence stricte sans circuit. C’est le c´el`ebre « effet Condor-cet » ; X = {x, y, z}, n = 3, x 1 y 1 z, z 2 x 2 y et y 3 z 3 x fournit

(8)

l’exemple classique d’une telle situation. Utiliser une relation de pr´ef´erence collective dont la partie asym´etrique peut comporter des circuits pour choisir et/ou ranger est loin d’ˆetre une tˆache ais´ee. De tr`es nombreuses recherches y ont ´et´e consacr´ees (voir Laslier, 1997 ; Moulin, 1986 ; Schwartz, 1986).

3.4

Structures particuli`

eres de l’ensemble d’objets

Dans la th´eorie classique, la sp´ecification du langage et de la syntaxe utilis´ee peut s’op´erer ind´ependamment de la nature de l’ensemble des objets X. Dans de nombreuses situations, il est cependant naturel de supposer que la structure de X n’est pas quelconque. Ce sera par exemple le cas avec :

– la d´ecision multicrit`ere o`u les ´el´ements de X sont des vecteurs d’´ eva-luations sur plusieurs dimensions, attributs ou crit`eres ; on a alors X ⊆ X1× X2× · · · × Xn o`u Xi est l’ensemble des ´evaluations possibles d’un

objet sur la i`eme dimension,

– la d´ecision dans le risque o`u les ´el´ements de X sont regard´es comme des distributions de probabilit´e sur un ensemble de cons´equences ; on a alors X ⊆ P(Y ) o`u P(Y ) est un ensemble de mesures de probabilit´e sur un ensemble de cons´equences Y ,

– la d´ecision dans l’incertain o`u les ´el´ements de X sont caract´eris´es par des cons´equences contingentes `a l’occurrence d’« ´etats de la nature » ; on a alors X ⊆ Yn avec Y un ensemble de cons´equences en supposant

que l’on a retenu n ´etats de la nature distincts.

Dans toutes ces situations, il est tentant de particulariser la th´eorie clas-sique en utilisant des conditions syntaxiques additionnelles pour tenter de tirer parti de la structure de X. Parmi les conditions les plus fr´equemment utilis´ees, mentionnons :

– l’ind´ependance mutuelle au sens des pr´ef´erences dans le cas de la d´ e-cision multicrit`ere impliquant que la pr´ef´erence entre deux objets ne d´epend pas d’une ´evaluation commune sur un sous-ensemble d’attri-buts :

(xI, z−I) % (xI, w−I) ⇔ (yI, z−I) % (yI, w−I)

o`u I est un sous-ensemble de l’ensemble des dimensions {1, 2, . . . , n} et o`u (xI, z−I) d´esigne l’objet t ∈ X tel que ti = xi si i ∈ I et ti = zi

(9)

– l’ind´ependance vis-`a-vis de m´elanges probabilistes dans le cas de la d´ eci-sion dans le risque impliquant que la pr´ef´erence entre deux distributions de probabilit´e n’est pas affect´ee par une mˆeme combinaison probabiliste avec une tierce distribution :

x % y ⇔ (xαz) % (yαz)

o`u (xαz) d´esigne la combinaison convexe des mesures de probabilit´e x et z avec le coefficient α ∈ ]0; 1[,

– le principe de la chose sˆure dans le cas de la d´ecision dans l’incertain impliquant que la pr´ef´erence entre deux objets ne d´epend pas d’une ´

evaluation commune sur un sous-ensemble d’´etats de la nature : (xI, z−I) % (xI, w−I) ⇔ (yI, z−I) % (yI, w−I)

o`u I est un sous-ensemble d’´etats de la nature et o`u (xI, z−I) d´esigne

l’objet t ∈ X tel que ti = xi si i ∈ I et ti = zi sinon.

Lorsque ces conditions syntaxiques additionnelles sont appliqu´ees `a des ensembles d’objets « suffisamment riches » (et que l’on impose `a % de se comporter de mani`ere coh´erente avec cette structure riche, voir Fishburn (1970) ; Wakker (1989)), on obtient alors des mod`eles c´el`ebres particularisant celui de la th´eorie classique :

– le mod`ele d’utilit´e additive dans le cas de la d´ecision multicrit`ere :

x % y ⇔ n X i=1 ui(xi) ≥ n X i=1 ui(yi)

o`u uiest une fonction de Xi dans R, en notant xi l’´evaluation de l’objet

x sur la i`eme dimension,

– le mod`ele de l’utilit´e esp´er´ee dans le cas de la d´ecision dans le risque,

x % y ⇔X t∈Y px(t)u(t) ≥ X t∈Y py(t)u(t)

o`u u est une fonction de Y dans R et px(t) d´esigne la probabilit´e

d’oc-currence de l’´el´ement t ∈ Y avec l’objet x,

– le mod`ele de l’utilit´e esp´er´ee subjective dans le cas de la d´ecision dans l’incertain :

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x % y ⇔ n X i=1 piu(xi) ≥ n X i=1 piu(yi)

o`u u est une fonction de Y dans R et les pi sont des nombres non n´egatifs

sommant `a 1 pouvant s’interpr´eter comme les probabilit´es subjectives des divers ´etats de la nature.

Un des int´erˆets majeurs de ces mod`eles est de fournir une repr´ esenta-tion num´erique de % beaucoup plus sp´ecifique que celle donn´ee par la th´eorie classique. Si une fonction u v´erifie (1), toute transformation strictement crois-sante appliqu´ee `a u fournit une autre repr´esentation num´erique de % v´erifiant (1) (u d´efinit ce qu’il est convenu d’appeler une « ´echelle ordinale »).

Les conditions additionnelles qui viennent d’ˆetre mentionn´ees impliquent que u peut ˆetre d´ecompos´ee de mani`ere additive lorsque la structure de X est suffisamment riche (on suppose g´en´eralement par exemple que X = X1×

X2× · · · × Xn dans le cas multicrit`ere et que chacun des Xi a une structure

« riche », voir Wakker (1989)). On obtient alors une repr´esentation num´erique qui d´efinit une « ´echelle d’intervalle » (unique au choix de l’origine et de l’unit´e pr`es). On peut dans ce cas mettre en œuvre des techniques sp´ecifiques pour bˆatir u et ainsi structurer un mod`ele de pr´ef´erence (voir Keeney et Raiffa, 1976 ; Krantz et al., 1971).

Ces conditions additionnelles ont ´et´e soumises `a de tr`es nombreux tests. En particulier, dans le domaine de la d´ecision dans le risque et dans l’incer-tain, on a montr´e que les conditions `a la base du mod`ele de l’utilit´e esp´er´ee (axiome d’ind´ependance et principe de la chose sˆure) ´etaient falsifi´ees de ma-ni`ere reproductible et pr´evisible dans de nombreux sch´emas exp´erimentaux (voir Allais, 1953 ; Ellsberg, 1961 ; Kahneman et Tversky, 1979 ; McCrim-mon et Larsson, 1979). Cette remise en cause a engendr´e de tr`es nombreuses ´

etudes cherchant `a affaiblir ces conditions tout en continuant `a exploiter la structure particuli`ere de X (voir Fishburn (1988) ; Machina (1982) ; Quiggin (1982, 1993) ; Yaari (1987) pour la d´ecision dans le risque et Gilboa (1987) ; Gilboa et Schmeidler (1989) ; Schmeidler (1989) ; Wakker (1989) pour la d´ecision dans l’incertain).

Des arguments de type « Dutch book » (l’adh´esion `a ces mod`eles pouvant transformer un individu en « pompe `a argent ») ont souvent ´et´e utilis´es pour critiquer ces mod`eles ´etendus (voir Raiffa, 1970). La validit´e de tels arguments soul`eve cependant des questions d´elicates (voir Machina (1989) et McClennen (1990) pour une critique des ces arguments dans le cas de la d´ecision dans le risque).

Mentionnons enfin que de nombreuses autres structures particuli`eres pour X peuvent ˆetre utilement ´etudi´ees. Par exemple, lorsque X est muni d’une

(11)

structure topologique, on pourra chercher `a obtenir des repr´esentations nu-m´eriques de type (1) ayant de bonnes propri´et´es de continuit´e. De mˆeme si X est muni d’une loi de composition interne permettant de combiner ses ´el´ e-ments (c’est, en particulier, le cas avec la d´ecision dans le risque lorsque l’on envisage des « loteries » sur les ´el´ements de X), on pourra chercher `a bˆatir une repr´esentation num´erique qui soit « compatible » (souvent additivement) avec cette loi de composition interne (voir Krantz et al., 1971).

4

Extensions de la th´

eorie classique

4.1

Changer de langage ?

Le langage de la th´eorie classique utilise les relations binaires. Bien que l’utilisation d’un tel langage puisse sembler naturelle, voire in´evitable, elle soul`eve des questions d´elicates. Parmi les plus importantes, mentionnons :

– une question d’observabilit´e. Si les pr´ef´erences doivent ˆetre ´etudi´ees, il doit ˆetre possible de les « observer » de mani`ere fiable. Poser une question du type « l’objet x est-il au moins aussi bon que l’objet y ? » am`ene `a fonder l’ensemble de la th´eorie sur une base purement d´ ecla-rative sans lien direct ´evident avec un comportement observable. La r´eponse classique `a cette objection consiste `a prendre comme primitive les choix faits entre des objets appartenant `a divers sous-ensembles Y de X. Ce changement de primitive est `a la base de la th´eorie dite des « pr´ef´erences r´ev´el´ees » dans laquelle la relation % est inf´er´ee `a partir de choix, en th´eorie, observables. Une telle inf´erence suppose cepen-dant que les choix sont essentiellement « binaires » au sens o`u les choix faits sur des paires d’objets permettent de pr´edire les choix faits dans des ensembles plus vastes. Les conditions de « rationalisation » d’une fonction de choix qui formalisent cette observation sont classiques (voir par exemple Sen (1970, 1977)). Elles ont ´et´e r´ecemment soumises `a de virulentes critiques (voir Malishevski, 1993 ; Sen, 1993 ; Sugden, 1985) qui affaiblissent l’attrait du langage utilis´e dans la th´eorie classique. – une question informationnelle. Sans remettre en cause la d´efinition de

% via la r´eponse `a une question du type « l’objet x est-il au moins aussi bon que l’objet y ? » il est possible d’envisager des r´eponses `a une telle question autres que oui ou non », par exemple :

(12)

– des r´eponses incluant une information sur l’intensit´e de la pr´ef´ e-rence, par exemple, « x est fortement — faiblement, mod´er´ement — pr´ef´er´e `a y » ;

– des r´eponses incluant une information sur la cr´edibilit´e de la pro-position “x est au moins aussi bon que y”, par exemple « la cr´ e-dibilit´e de la proposition “x est au moins aussi bon que y” est sup´erieure `a la cr´edibilit´e de la proposition “z est au moins aussi bon que w” » ou mˆeme « la cr´edibilit´e de la proposition “x est au moins aussi bon que y” est α ∈ [0; 1] ».

Admettre de telles r´eponses implique d’abandonner le langage de la th´eorie classique. Parmi les nombreux autres langages possibles, men-tionnons

– le langage des ensembles flous (voir Doignon, Monjardet, Roubens et Vincke, 1986 ; Fodor et Roubens, 1994 ; Perny et Roy, 1992) chaque assertion du type x % y ´etant alors munie d’un degr´e de cr´edibilit´e,

– des langages utilisant l’id´ee d’intensit´e de pr´ef´erence (voir Bana e Costa et Vansnick, 1994 ; Doignon, 1987), chaque assertion du type x  y ´etant alors munie d’un qualificatif (pr´ef´erence faible, forte ou extrˆeme, par exemple) ou encore

– des langages utilisant des logiques non classiques (voir Tsouki`as et Vincke, 1992, 1995, 1997)) permettant de mod´eliser l’absence d’information ou, au contraire, la pr´esence d’informations contra-dictoires, la valeur de v´erit´e d’une assertion du type x % y pouvant ˆetre alors non seulement « vrai » ou « faux » mais aussi « inconnu » ou « contradictoire ».

– une question de stabilit´e. Le langage de la th´eorie classique ne place pas au cœur de son analyse la question de l’´evolution des pr´ef´erences dans le temps. Son utilisation entraˆıne souvent l’hypoth`ese implicite selon laquelle la r´eponse `a la question « l’objet x est-il au moins aussi bon que l’objet y ? » est stable dans le temps. Lorsque cette hypoth`ese semble inad´equate, il est possible de recourir `a d’autres pr´emisses. Par exemple, on pourra utiliser la fr´equence avec laquelle chacune des r´ e-ponses possibles est obtenue lorsque la question est r´ep´et´ee (voir, par exemple, la r´ef´erence classique Luce (1959)). Le langage utilis´e est alors celui des probabilit´es de choix. Le point de d´epart est une fonction P de X2 dans [0; 1] associant `a chaque couple (x, y) ∈ X2 un nombre P (x, y)

(13)

mod´elisant, par exemple, la fr´equence avec laquelle on a observ´e que x ´

etait au moins aussi bon que y.

4.2

Changer de syntaxe ?

On a d´ej`a ´evoqu´e le fait que la syntaxe de la th´eorie classique ´etait inutile-ment restrictive du point de vue du probl`eme du choix `a partir d’une relation binaire et qu’elle ne se prˆetait que difficilement `a l’exercice de l’agr´egation. Parmi les autres difficult´es importantes, mentionnons :

– la possibilit´e d’obtenir exp´erimentalement des violations reproductibles de la transitivit´e de l’indiff´erence (voir Luce, 1956) ou mˆeme de la pr´ef´erence stricte (voir May, 1954 ; Tversky, 1969) dans des contextes non directement li´es `a l’agr´egation de pr´ef´erences ;

– l’occurrence fr´equente de situations d’incomparabilit´e dans des situa-tions r´eelles d’aide `a la d´ecision (voir Roy, 1985, 1991 ; Vincke, 1989). Modifier la syntaxe de la th´eorie classique tout en conservant son langage am`ene `a deux types distincts d’extensions :

– des extensions classiques (quasi-ordres, ordres d’intervalles, ordres par-tiels, sous-ordres, voir Roubens et Vincke (1985)) autorisant une rela-tion d’indiff´erence non transitive et/ou la pr´esence d’incomparabilit´e mais interdisant la pr´esence de circuits dans . Dans ces mod`eles, le lien entre pr´ef´erence et choix reste simple. La repr´esentation num´erique de type (1) est modifi´ee soit par l’introduction d’un seuil soit en consi-d´erant des repr´esentations num´eriques `a « sens unique », par exemple telles que x  y ⇒ u(x) > u(y) (sur ces extensions classiques, on consultera Fishburn (1985) ; Pirlot et Vincke (1997) ; Roberts (1979) ; Roubens et Vincke (1985)). `A titre d’exemple, la repr´esentation num´ e-rique d’un quasi-ordre (sur un ensemble fini) am`ene `a consid´erer qu’`a chaque objet n’est plus associ´e un nombre unique mais un intervalle de la droite r´eelle de longueur fixe. On a ainsi :

x % y ⇔ u(x) ≥ u(y) − q

o`u u est une fonction de X dans R et o`u q est une constante non n´egative.

Mentionnons enfin que ces extensions ne contribuent que tr`es margina-lement `a r´esoudre le probl`eme li´e `a l’agr´egation des pr´ef´erences r´ev´el´e par le th´eor`eme d’Arrow (voir Sen, 1986).

(14)

– des extensions non classiques tol´erant les circuits dans la relation de pr´ef´erence stricte. Contrairement `a l’intuition, il n’est pas impossible de parvenir `a une repr´esentation num´erique de tels mod`eles, voire mˆeme `

a lier pr´ef´erences et choix sur des ensembles X ayant une structure particuli`ere (voir Bouyssou, 1986 ; Bouyssou et Pirlot, 1999, 2002 ; Fishburn, 1982, 1988, 1991a,b, 1992 ; Tversky, 1969 ; Vind, 1991)). Dans les mod`eles ´etudi´es par Bouyssou et Pirlot (2002), on a ainsi pour des ensembles X ayant une structure de produit cart´esien (comme dans le cas de la d´ecision multicrit`ere ou de la d´ecision dans l’incertain) :

x % y ⇔ F (p1(x1, y1), p2(x2, y2), . . . , pn(xn, yn)) ≥ 0

o`u les pi sont des fonctions de Xi2 dans R, F est une fonction de

Qn

i=1pi(Xi2) dans R et o`u, par exemple, F est croissante en chacun

de ses arguments.

De mˆeme, dans les mod`eles ´etudi´es par Fishburn (1982) dans le cas de la d´ecision dans le risque, la repr´esentation num´erique est du type :

x % y ⇔X

t∈Y

X

s∈Y

px(t)py(s)φ(t, s) ≥ 0

o`u φ est une fonction de Y2 dans R et p

x(t) d´esigne la probabilit´e

d’occurrence de l’´el´ement t ∈ Y avec l’objet x.

Une critique fr´equente de ces mod`eles est que la pr´esence d’intransitivit´e (de l’indiff´erence ou de la pr´ef´erence stricte) laisse la porte ouverte `a un grand nombre de comportements « irrationnels » et `a l’application d’arguments de type « Dutch Book »(Raiffa, 1970). Comme dans le cas de la d´ecision dans le risque d´ej`a ´evoqu´e, il n’est pas certain que la port´ee de ces arguments soit d´ecisive (on consultera `a ce sujet Fishburn, 1991b).

5

Conclusion

Ce tr`es rapide tour d’horizon de la th´eorie classique aura, nous l’esp´erons, permis au lecteur non-sp´ecialiste de se forger des points de rep`ere dans une litt´erature tr`es vaste et souvent technique. Notons cependant que notre bref tour d’horizon a laiss´e de cˆot´e bien des questions. Toutes les caract´eristiques de la th´eorie classique n’ont pas ´et´e abord´ees. Par exemple, celle-ci apparaˆıt essentiellement comme une th´eorie :

– statique, c’est-`a-dire ne pla¸cant pas au cœur de ses pr´eoccupations la question de la formation et de la transformation des pr´ef´erences (voir

(15)

Kreps (1979) pour une contribution classique, ou, plus r´ecemment, Fal-magne et Doignon (1997)),

– individuelle, c’est-`a-dire ne donnant pas une place centrale `a des in-teractions strat´egiques entre individus et/ou groupes et `a leur impact ´

eventuel sur la formation et la transformation des pr´ef´erences,

– abstraite, c’est-`a-dire n’accordant que peu d’attention au processus de mod´elisation de l’ensemble d’objets et/ou `a la d´efinition de la nature des objets.

De mˆeme, nous avons laiss´e de cˆot´e un certain nombre de questions im-portantes au sein de la th´eorie classique, en particulier :

– la mani`ere de recueillir et de valider une information pr´ef´erentielle dans un contexte donn´e (voir von Winterfeldt et Edwards, 1986),

– les liens entre le probl`eme de la mod´elisation des pr´ef´erences et la ques-tion de la signifiance dans la th´eorie du mesurage (voir Roberts, 1979), – l’analyse statistique de donn´ees de pr´ef´erences (voir Coombs, 1964 ;

Green, Tull et Albaum, 1988),

– des interrogations plus fondamentales sur les liens entre pr´ef´erences et syst`eme de valeurs ainsi que la nature mˆeme de ces valeurs (voir Broome, 1991 ; Cowan et Fishburn, 1988 ; Tsouki`as et Vincke, 1992 ; von Wright, 1963).

ef´

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