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de l’ouvrage. Dans les deux tiers supérieurs sont représentées des scènes extraites des autres ouvrages de la collection. On y voit le ballon, l’obus lancé en direction de la Lune ou encore le Great Eastern. Les moulures dans les coins supérieurs font échos aux débuts de l’auteur dans le domaine du théâtre. Au bas de l’illustration s’accumule un fatras doré d’instruments techniques et scientifiques : sextant, compas à pointe sèche, longue vue, ancre, cordage, barre à roue, scaphandre… ainsi que des livres sur lesquels reposent l’encrier, la plume et la mappemonde. Tous ces objets témoignent des passions de l’auteur pour le voyage, l’exploration, la géographie, la connaissance.

Cette couverture fait partie de ce qu’on appelle, dans le jargon de la reliure, un cartonnage. Il est constitué de deux plats réunis par le dos. C’est ce qu'on appelle une reliure industrielle, méprisée à l'époque par les bibliophiles élitistes. S'intéresser à elle c’est se pencher sur une période peu connue. Cette notion apparait en 1840. Engel et Lenègre sont en charge de la reliure des « Voyages extraordinaires » de Jules Verne pour les éditions Hetzel. Ils sont considérés comme les précurseurs de la reliure industrielle. Afin de cibler le lecteur grand public, de relier moins cher, ils remplacent le cuir par du papier de toile, la main du relieur et du doreur par un procédé mécanique. Arrivent dans les ateliers le massicot, la machine à coudre ou encore la presse à balancier. Près de 400 ans après la découverte de la typographie par Gutenberg, ces innovations révolutionnent le monde de l’impression et le travail de l’ouvrier. Les livres sont alors édités par millions d'exemplaires, principalement à destination des jeunes publics, comme cadeaux offerts lors des communions ou des étrennes. Ils investissent massivement le cadre scolaire. Les maisons d’édition proches de l’Église déclinent au profit d’éditeurs laïques, comme Hetzel ou Hachette, aux objectifs pédagogiques plus scientifiques.

Le roman 20 000 lieues sous les mers ici proposé est tout d'abord diffusé en feuilleton dans le Magasin d'éducation et de récréation, revue littéraire française destinée à l'enfance. Le tome I parait en octobre 1869 aux éditions Hetzel, durant ce qui est encore l’âge d’or de l’édition. L’éditeur qui n’est plus fabricant de papier, imprimeur, distributeur et libraire devient un médiateur entre l’auteur et son public. Hetzel porte un projet, celui de concrétiser la collaboration entre savants, écrivains et illustrateurs, celui de réconcilier la

cultures populaires, cultures informelles

science et la fiction, de mettre l’imaginaire au service de la pédagogie. C’est ainsi qu’Hetzel signe avec Jules Verne un contrat qui les lie pour 20 ans. La collection « Voyages extraordinaire » est créée. Elle comptera 62 romans. Plus de 100 ans après la création de la collection, ce fac-similé de 1981 peut être vu comme une compilation ou un puzzle des 14 couvertures parues aux éditions Hetzel tout au long du 19e siècle. On prend ci et ça et on remet ça et là. Souvenir, nostalgie ou hommage, l'illustrateur emprunte l'éventail et le cartouche déjà présents en 1876 dans le « type au deux éléphants ». Il recompose le fatras d'outils scientifiques présents en 1890 dans le « type au portrait ». Il n'oublie ni éléphant ni dromadaire, quoique s'offrant le luxe de les inverser. Les éditions de l’Agora utilisent un cartonnage et un format 12 pouces plutôt que le livre de poche à couverture souple. Leur choix s’est porté sur une toile rouge aux dorures factices, mais aussi sur une polychromie sur fond bleu océan. En 1981, la ligne éditoriale d’Agora est claire : coller au plus proche des éditions originales.

Avec le livre de poche qui a déjà fait ses preuves et les livres numériques qui débutent leur carrière avec le projet Gutenberg, les éditions de l’Agora publient en 1981 en fac-similés l'une des derrières rééditions modernes des « Voyages extraordinaires » hetzeliens. Dernière lutte contre la suprématie du livre de poche ou nostalgie des chefs-d’œuvre en reliure ? Stratégie commerciale visant les esthètes de la fin du 20e siècle qui peuvent s’offrir pour quelques euros de plus un fac-similé de collection ? Ou conservatisme anticipé face aux changements des goûts pour l’objet-livre vers sa dématérialisation numérique ?

Arrêt sur image extrait du film

La guerre du feu

de Jean-Jacques

L

a Guerre du feu est une œuvre franco-canadienne de Jean-Jacques Annaud, sortie en 1981. Ce n’est pas un documentaire scientifique mais bien un film de fiction, un récit romanesque comme le précise son réalisateur. Quasi sans paroles, il donne néanmoins lieu à quelques échanges dans une langue inventée pour les besoins du film à partir de racines indo-européennes et de grec ancien. A l'époque, le film comptabilise 5 millions d'entrées en France. Il est classé 6e au Box office (21 millions de dollars US). Ce film a marqué l'imaginaire de toute une génération. Des termes employés dans le film sont repris, réemployé par la culture populaire, tel le fameux Atra qui signifie feu. Le titre du film devient même une expression pour qualifier un objet, une situation ou un individu considéré comme d'un autre âge, daté, complètement dépassé.

Trois néandertaliens – Naoh, Amouka et Gaw – partent à la reconquête du feu qui leur a été dérobé lors d'une attaque d'hominidés primitifs. Au cours de leur périple, tous s’éveillent au contact d’un monde inconnu. Ils

1981