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Bien que destiné aux enfants, ce dessin-animé est une charge acerbe contre l’industrie agroalimentaire et les OGMs. La compagnie Dolo International dépeinte dans le film ressemble à s’y méprendre à la multinationale Monsanto. Le dessin-animé fait même écho au documentaire de Marie-Monique Robin, Le monde selon Monsanto diffusé quelques années auparavant. À sa sortie en 2014, Tante Hilda ! fait couler beaucoup d’encre. Les uns se félicitent de ce plaidoyer salutaire pour la préservation de l’environnement, cependant que d’autres reprochent aux réalisateurs de faire le procès à charge de l’industrie agro-alimentaire et de faire l’apologie du combat anti-OGM.

Quel que soit le point de vue, on peut avoir l’honnêteté de constater que les auteurs distillent un avis très tranché sur la question avec manichéisme. Tout est fait pour que le (jeune) spectateur se rallie à la cause anti-OGM. Les protagonistes d’abord : Tante Hilda est une rousse pétillante, en pleine forme, alors que la cheffe de la multinationale est une grosse dame, moche, cupide et autoritaire. Le discours ensuite. Là non plus on ne fait pas dans la demi-mesure : il y a le bien et le mal. La situation aurait pu être abordée plus finement. Enfin, la forme et la couleur de l’Attilem : une plante géante et envahissante, sorte d’asperge épineuse bleue, est un rien repoussante et inquiétante. Pourtant un temps - mais un temps seulement - l’Attilem apparaît comme la panacée. L’ambivalence des OGM est alors timidement abordée : malgré les risques environnementaux qu’on leur prête, ils peuvent résoudre les problèmes de la faim dans le monde et offrir des rendements supérieurs. Mais ne nous y trompons pas, le parti pris est au final de les condamner.

Le film ne traite pas seulement des OGMs. Il aborde aussi, furtivement certes, la question des agro-carburants (ou biocarburants). Lors d’une très courte séquence (6 secondes à partir de 33 minutes et 46 secondes), on voit des automobilistes faire le plein de carburant à une station-service. Les traditionnelles pompes à essence sont inutilisées car rendues caduques par l’Attilem. Les tuyaux directement reliés à la plante miracle déversent à volonté la précieuse sève-carburant. Les voitures font patiemment la queue, attendant leur tour. Un automobiliste arbore un sourire béat. Le carburant coule à flot, gorgeant les tuyaux. Le ciel est

cultures populaires, cultures informelles

bleu. La sève de cette plante est une source infinie d’énergie. C’est en somme l’agro-carburant idéal du bonheur absolu. Tout va donc bien dans le meilleur des mondes ?

Cette séquence est singulière car c’est une des rares qui peut être vue par les enfants comme un point positif de l’usage de cette plante. Elle aurait pu équilibrer le discours. Sous le regard dépité du professeur créateur d’Attilem on comprend cependant vite qu’il est lui-même convaincu de sa dangerosité. Le tout est mené au son de notes métalliques et inquiétantes d’une Dobro (guitare acoustique). Aucun doute n’est possible : la scène ne présage rien de bon. C’est peu dire…

De fait, on sait ce que ce genre de tentative donne en grandeur nature : un désastre écologique pour un effet plus que discutable sur la pollution et les émissions de gaz à effets de serre. Au Brésil, no. 2 mondial de la production de bioéthanol, ce sont des millions d’hectares de terres arables qui sont dédiés à la culture de la canne à sucre, à partir de laquelle est produit l’éthanol. En Malaisie, des forêts primaires sont abattues pour la pousse de palmiers dont l’huile sert de base au gasoil de substitution. Plus près de chez nous en France, il a été un temps plus intéressant de cultiver de la betterave ou des céréales pour les vendre comme futur carburant que comme aliment. Donc outre le fait que les matières premières à usage alimentaire se raréfient, leur coût augmentent fatalement. Nourrir les véhicules plutôt que les humains ? La recherche se concentre maintenant sur les biocarburants dits de troisième génération. L’idée consiste à élever des micro-organismes, des micro-algues notamment, qui produiraient de l’hydrogène pour alimenter des piles à combustible. Sauf que là encore il y a des détracteurs, car ces micro-algues seront vraisemblablement génétique- ment modifiées pour fournir le rendement escompté. Les OGM seraient-ils une fatalité ?

« Des photons dans la tête » est une figurine solaire d’Einstein conçue par le designer Chris Collicott et destinée à animer nos étagères, nos méditations et nos zygomatiques.

A

u dernier étage des Galeries Lafayette de Paris Haussmann, entourée de dizaines de Reines d’Angleterre miniatures, se trouve une petite statue d’Albert Einstein (1879-1955) qui semble propager sa réflexion. A priori...

Commercialisée par Kikkerland, une société américaine fondée par le hollandais Jan van der Lande, la « Einstein Solar Figurine » est emblé- matique de la marque. Depuis sa sortie en 2014, elle connaît un suc- cès conséquent dans les rayons gadgets et objets scientifiques de ses re- vendeurs internationaux. Le fabricant lui a même dédié une vidéo officielle tourbillonnante sur YouTube, sous le slogan « Why don’t you just use your head ? » (« Pourquoi n’utilisez-vous pas simplement votre tête ? »). Les commentaires en sont cependant désactivés, allez savoir pourquoi… Du haut de ses 18 cm, cet Einstein en résine et aux cheveux hirsutes se présente en complet-cravate brun d’époque, le regard fixe et la posture