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raide. Un détail rompt avec l’ensemble statique vertical : la main droite est animée d’un léger mouvement horizontal de va-et-vient qui conduit l’index à la tempe et l’en éloigne… Cette action est déclenchée par une cellule à énergie solaire, localisée sur un support plat aux pieds du physicien. Elle est surmontée de l’inscription « E=mc2 », formule consacrée pour l’évocation des travaux d’Einstein. Il est toutefois cocasse que cette égalité ne s’applique pas telle quelle à l’énergie produite par la barrette photovoltaïque. En effet, celle-ci réceptionne des photons, lesquels ont une masse nulle, donc une énergie nulle si l’on en croit l’équation. Or, la main d’Albert s’agite bel et bien en plein soleil ! Pour tenter de résoudre ce mystère, ne comptez pas sur les calculs griffonnés à l’arrière-plan de l’étui contenant le person- nage… Il vaut mieux chercher du côté de l’effet photoélectrique, théorisé par le même Einstein en 1905 et sujet de son Prix Nobel, mais curieusement non-mentionné sur ce bibelot !

Là n’est pas la moindre des facéties du designer britannique Chris Collicott (1953-2016). Respecté pour son souci du détail, il confectionne tous ses prototypes à la main, avec l’objectif de toujours surprendre et faire sourire. Ainsi, au dos de l’emballage du physicien, quelques lignes précisent que, grâce à l’élan de son index, « Einstein réfléchira sans cesse [et] vous rappellera gentiment qu’il faut réfléchir avant d’agir ». Concédons tout de même que ce geste possède une seconde interprétation connue et d’ailleurs soulignée par l’un des détaillants français de l’objet : « Vous êtes fou, non ? ». Ou se pourrait-il autrement que le bonhomme soit touché par des crises de migraines saugrenues ? Pourquoi pas ? La postérité du personnage a bien de quoi donner le tournis. Notre statuette s’inscrit dans cette longue lignée de gadgets, tirelires, chansons, films à l’effigie de celui qui fut la personnalité du 20e siècle selon le Time.

La justesse d’analyse et l’humour de Collicott se révèlent dans les concor- dances entre la créature et son modèle. Par exemple, le signe équivoque de l’index sur la tempe témoigne d’un paradoxe. Einstein a révolutionné notre appréhension du monde, quelle que soit l’échelle concernée. Son don pour l’explication imagée et drôle confère à ses théories un certain sens commun tout en redéfinissant de façon subtile des concepts aussi courants que la masse ou le temps. L’enthousiasme dévolu à la connaissance scientifique devient, à travers le physicien allemand, conciliable avec une perplexité

cultures populaires, cultures informelles

assumée devant l’exotisme séditieux d’un formalisme quasi-incompréhen- sible mais dont on devine la portée. Cette extravagance de génie l’a rendu familièrement attrayant dès l’entre-deux-guerres. Sans oublier que ses thèses correspondent à un changement de paradigme, en phase avec les turbulences de son temps. D’une façon similaire, le mouvement spontané de la figurine intercepte l’attention du passant pour lui manifester son impertinente dualité, sérieuse et burlesque, et l’interroger à son tour par effet de miroir.

D’autre part, Chris Collicott a choisi de représenter le savant avec ses cheveux gris-blancs ébouriffés des années de vieillesse à Princeton. Or, les contributions scientifiques les plus remarquables d’Albert datent d’avant son quarantième anniversaire ! Ce ne sont donc pas elles seules que l’on célèbre. Une pseudo-incohérence répandue puisque la majorité des produits dérivés promeut cette image d’un homme ridé et amical, dont on ne peut douter.

Sous sa forme iconique, Einstein se fait l’incarnation paternaliste et masculine de l’intelligence, de la créativité et, peut-être surtout, d’une sagesse humaniste un tantinet rebelle. Issu du monde scientifique, son rayonnement a fait de lui une autorité morale et sociétale. C’est à cet équilibre construit pour inspirer le public que se rapporte la statuette. Un Einstein pondéré par le poids des ans, au regard franc, aux traits expressifs, à la stature ancrée, presque au garde-à-vous, dominant formules et théories scientifiques, dont la moustache dissimule peut-être un sourire et dont la main appelle, en même temps, à la rationalité et à l’originalité. Un Einstein universel, une figurine ingénieuse et impertinente, qui prétend réfléchir mais profite de nos réflexions !

Arrêt sur image de la scène d'action finale du film X-Men "Days of Future Past", réalisé par Bryan Singer et sorti en 2014.

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ci un arrêt sur image d'une scène de Days of Future Past (ou Jour d'un avenir passé en français), du genre des super-héros américains, réalisé par Bryan Singer. Sorti en 2014, ce film fait partie de la série américaine des X-Men, inspiré des comics créés par Stan Lee et Jack Kirby et publiés par Marvel Comics.

Que voit-on ? Un individu à l’apparence étrange, tout au moins pour nous autres êtres humains parmi les communs des mortels. Bleu avec des poils sur la tête, il possède de grandes mains poilues avec des griffes et ressemble à un loup garou. Il s’agit en fait d’un être génétiquement modifié. Dans la saga des X-Men, c’est Fauve, un mutant bienveillant qui veut croire en la cohabitation harmonieuse entre les humains et les mutants. C’est un des élèves du Professeur Charles-Xavier. Dans l'univers des X-Men, ce dernier apprend à ceux qui le veulent à maîtriser leurs pouvoirs afin de vivre pacifiquement et en harmonie avec les humains non modifiés. Sur cette image, Fauve semble pourtant au contraire agressif. En effet, il attaque

X-Men (film)