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Ce corpus est constitué d’éléments aux formes diverses qui en font sa richesse : articles, documents sonores ou audiovisuels, dépliants... Cette diversité de documents ne va pas sans poser de problèmes pour les analyser avec un seul et même regard, une seule et même grille, afin de pouvoir éventuellement les comparer. Nous en reparlerons au moment de la mise en œuvre de l’analyse thématique.

En contrepartie des difficultés méthodologiques, la richesse de ce corpus permet de multiplier les directions d’analyse :

- Le volume de documents médiatiques est intéressant pour analyser la structure du débat public autour du problème de la pollution de l’air (cf. chapitre F-THÈMES DU DÉBAT PUBLIC).

- Les documents édités par les associations, les institutions et les industriels seront utiles pour comparer les différents points de vue sur ce problème (cf. chapitre G-RÔLE DES ACTEURS).

- L’étalement des documents sur toute l’année 2000 permettre de mettre en évidence la forme du traitement médiatique, les pics médiatiques et le bruit de fond (cf. chapitre H-POLLUTION ET MÉDIATISATION).

- Le volume et la variété de documents permettent aussi de multiplier les chances de tisser des liens entre le traitement par les médias de la pollution de l’air et les personnes susceptibles de regarder, apercevoir, lire, parcourir, entendre ou écouter ces documents. (cf. chapitres K-FACTEURS DISPOSITIONNELS).

7- CONCLUSION : MULTIPLICITÉ DES SOURCES,

DES FORMES ET DES PUBLICS VISÉS

Le corpus multimédiatique est donc constitué de nombreux documents diffusés rapidement et à grande échelle par la télévision, la radio et la presse (médias de masse). Il comprend aussi des brochures, des dépliants et des affiches édités par les associations, les institutions et les

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industriels distribués à des échelles et dans des lieux divers (voie publique, mairie, station essence, exposition…). La multiplicité des sources, des formes et des publics visés sont les caractéristiques principales de ce corpus, avec les difficultés méthodologiques que cela engendre mais aussi la multiplication des directions d’analyse.

Les émissions de télé, de radio et les articles de presse ont été sélectionnés en utilisant les services de l’Institut National de l’Audiovisuel et le Service Documentation de la Direction de la Protection de l’Environnement (DPE) de la ville de Paris. Quant aux autres documents, ils ont été obtenus par contact direct auprès des associations, institutions et industriels concernés. Tous les éléments du corpus abordent de près ou de loin la question de la pollution de l’air par les gaz d’échappement, que se soit au niveau local ou planétaire. Finalement, ce sont plus de 1500 documents qui ont été recueillis. Ils vont nous permettre d’analyser sous plusieurs angles le « traitement multimédiatique » de la pollution atmosphérique : analyse thématique de contenu, rôle et points de vue des différents acteurs, mise sur agenda médiatique… Cependant, l’analyse des liens entre l’information et le passage à l’action nécessite de s’intéresser également au deuxième pôle de la communication, celui de la réception. Nous allons justement définir notre travail de terrain.

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Je prétends [...] que nos poumons sont sensibles à l’inspiration poétique, pensante, affective (quand on nous soulage d’un soucis, nous disons : je respire…). Et c’est tout cela que certains techniciens appellent : imprédictible. Cela dit, l’argument technique sur ce thème est alarmant. On nous dira : les appareils n’ont rien détecté d’anormal, si vous sentez que c’est anormal, et bien c’est dans votre tête… Comme si de sentir des choses anormales « dans sa tête » était anodin. Des amis médecins-gynécos me disent sur quoi ils butent : sur ceci que certaines femmes ont des douleurs, on les analyse en tous sens – prélèvements, échographies… – et « elles n’ont rien ». Sauf qu’elles ont des douleurs. L’irréductible à la technique peut prendre la forme de la douleur, ou de l’air mauvais. Un compte rendu technologique, c’est en fait très modeste, c’est : abstraction faite de l’homme, voici ci qu’on peut vous dire…

Daniel SIBONY « Du rapport à la nature », Cosmopolitiques, n°1, 2002, p.62

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E. CORPUS D’ENTRETIENS

Dans ce travail de recherche, nous nous intéressons aux liens entre l’information, les perceptions et le passage à l’acte. Le chapitre précédent a permis de définir le corpus multimédiatique qui nous permettra d’étudier « l’information ». Il est désormais nécessaire de définir le corpus d’entretiens, indispensable pour étudier les perceptions et le passage à l’action.

Le définition du travail de terrain se fera en trois étapes :

- la réflexion sur le choix de la méthode et la comparaison avec les dispositifs d’enquête existants,

- la description du corpus obtenu avec notamment le lieux des entretiens et les profils des personnes interrogées,

- la discussion à propos d’éventuels biais liés à la période et aux lieux d’enquête, à la méthode choisie et à l’enquêteur.

1- MÉTHODOLOGIE D’ENQUÊTE

Dans son rapport Pollution atmosphérique due aux transports et santé publique, l’Académie des Sciences émet la recommandation suivante : « améliorer l’information des usagers et

leur perception des problèmes pour les amener à modifier leur comportement : réduction

du nombre des petits parcours, surtout en période hivernale, style de conduite, choix du mode de transport »175.

Comment les Franciliens perçoivent-ils le problème de la pollution de l’air ? Que pensent-ils de l’information sur le sujet ? Quels sont leurs comportements au quotidien et en cas d’alerte ? Quels regards portent-ils sur les actions des pouvoirs publics et des individus ?

L’enquête de terrain permet d’apporter des éléments de réponse à ces questions. L’objet de ce paragraphe est d’expliquer le choix de notre méthodologie d’enquête. Nous allons tout d’abord examiner les dispositifs d’enquête existants pour pouvoir ensuite discuter notre approche.

175 Académie des Sciences – Conseil pour les Applications de l’Académie des Sciences, Pollution atmosphérique

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