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Chapitre II. Brioude (IV e XIII e siècle)

A. Quelle réforme ?

3. Vivre de sa renommée

a) Brioude dans le Diocèse de Saint-Flour

1317

Boniface VIII songea à ériger un nouvel évêché à Brioude ou peut-être à Aurillac, mais la collégiale de Brioude et l’abbaye de Saint-Géraud d’Aurillac, exempts de la juridiction épiscopale, qui dépendaient directement du pape, n’étaient que peu enthousiaste à l’idée de recevoir cet honneur. Le pape Jean XXII, qui décida la division des évêchés les plus vastes afin d’affermir son autorité sur les évêques627. Il éleva

618 Idem, p. 35.

619 Chagny-Sève, Le chapitre cathédral de Clermont du XIe siècle à 1560, op. cit., p. 18. 620 M. Parisse, « Le redressement du clergé séculier », op. cit., p. 270.

621 J.-J. Lachenal, Une église historique d’Auvergne […], op. cit., p. 36. 622 M. Parisse, « Le redressement du clergé séculier », op. cit., p. 339. 623 J. Berger, Societas Ecclesiae Sancti Juliani Brivatensis […], op. cit., p. 16. 624 M. Estienne, Le pouvoir partagé […], op. cit., p. 488.

625 Baluze, Histoire de la Maison d’Auvergne […], op. cit., t. 2, p. 255-256. 626 J. Berger, Societas Ecclesiae Sancti Juliani Brivatensis […], op. cit., p. 9. 627 La question de l’hérésie est aussi centrale.

Saint-Flour à l’état d’évêché en 1317. L’évêque de Clermont obtint de conserver, dans son diocèse, la région de Mauriac où il avait des possessions628, tandis que Brioude fut intégrée dans ce nouveau diocèse.

En conséquence, les chanoines avaient déclaré que les évêques de Saint-Flour ne pouvaient faire à Brioude, des actes de leur prélature qu’avec la permission du chapitre629. L’archiprêtré de Brioude

comportait alors deux chapitres, celui de saint Julien et celui de saint Laurent d’Auzon. L’abbaye bénédictine de Lavaudieu fut comprise dans le territoire, ainsi que douze prieurés ou commanderies630. Au

total, 67 paroisses étaient maintenues dans l’archiprêtré. La ville de Brioude fut elle même divisée en six paroisses desservies par six édifices : Saint-Julien, Saint-Ferréol, Saint-Jean Baptiste, Notre-Dame, Saint- Pierre, Saint-Préjet631.

b) La fin de l’abbatiat et la diminution du chapitre

(XIV

e

siècle)

Grégoire XI accorda deux bulles par lesquelles la collégiale de Saint-Julien fut érigée à perpétuité en chapitre noble avec renonciation formelle du Souverain Pontife, pour lui et pour ses successeurs au droit de concéder jamais à des clercs roturiers, des lettres de grâces expectatives632. Privilège qui fut consigné

dans les statuts du chapitre. Ces statuts n’exigeaient la prêtrise que pour le prévôt parce qu’il avait seulement charge d’âmes. Une des conséquences de ces bulles fut la suppression de l’abbatiat à Brioude, car elle donnait une domination séculière trop absolue. Le chapitre fut investi de tous les droits régaliens dont les anciens comtes étaient jadis en possession. Par ce fait, le chapitre fut investi du titre nobiliaire. Après la suppression de l’abbatiat en 1342 par le pape Clément VI633, le prévôt devint définitivement la

première dignité du chapitre : le bénéfice-dignité de l’abbé qui ne rapportait alors annuellement que 50 livres est supprimé. La structure même du chapitre canonial commença à changer : le bénéfice-personnat du fordoyen rapportant 80 livres, celui du chantre rapportant 100 livres, furent supprimés. Quatre chanoines se répartissaient alors leurs tâches, c’est-à-dire la police du chœur et le service du chantre. On

628 P. Charbonnier, Histoire de l’Auvergne […], op. cit., p. 218. 629 P. Cubizolles, Le Noble […], op. cit., p. 223.

630 Il s’agit de Chassagne, les moniales de Sainte-Florine, Lempdes, Bournoncle, Vieille-Brioude, La

Mothe, Brioude, les moniales de Chassignoles, les moniales de Sainte-Croix de Sansac, Saint-Jean-Baptiste d’Azerat, Saint-Hilaire, Saint-Hilaire de Domeyrat, La Bajasse, La Trinité.

631 P. Cubizolles, Le Noble […], op. cit., p. 357.

632 F. Mandet, « Monuments historiques de la Haute-Loire et du Velay. Archéologie-histoire », t. 6, Histoire du Velay, M.-P. Marchessou, Le Puy, 1862, p. 229-230.

633 Domni Dionysii Sammarthani, presbyteri & monachi Ordinis Sancti Benedicti, e Congregatione sancti

mauri, « De nobili ecclesia collegiata S. Juliani Brivatensis », Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa ; qua

series et historia archiepiscoporum episcoporum et abbatum franciæ vicinarumque dictionum ab origine ecclesiarum ad nostra tempora deducitur, & probatur ex authenticis instrumentis ad calcem appositis, t.2, Parisiis, ex typographia regia, 1720,

col. 475 : « Ultimus Brivatensis abbas fuit Geraldus noster, anno enim 1342. abbatia cum forisdecanatu, praecentoria et

ecclesia S. Ferreoli, supprassa fuerat, auctoritate Clementis VI. bulla data Avenioni III. Idus Julii pontificatus anno primo, quam inter probationes retulimus »,

les appelle les chabiscots. Ils assuraient des fonctions renouvelables et gagées. Les revenus du fordoyenné, de l’abbaye et de la chantrerie avaient été reportés sur la manse générale634.

Les crises de la guerre de cent ans avaient considérablement affaibli la communauté. À cause de la pauvreté de ce temps, Charles V en 1369, avait ordonné de retarder le dénombrement des biens de l’Église. Son successeur, renouvela cette ordonnance en 1396635. Charles V participa au relèvement de

Brioude, en 1370. Il envoya 50 francs en or pour les réparations de la ville636. En 1388, Gilbert de Roffiac

et Jean Radulphe ont donné procuration générale afin que les chanoines investissent dans la réhabilitation de Saint-Julien637. Le pape Martin V, avait constaté le peu de ressources des chanoines. Il avait aussi

reconnu qu’une prébende ne rapportait même plus 30 livres par an. Pour ce motif, il aurait réduit le nombre de prébendes du chapitre638. La bulle pontificale, datée du 2 des ides de janvier 1423, réduisit les

chanoines (non sacerdotaux) à 48 en y comprenant les prébendes honorifiques (4), et les bénéfices des deux dignités et du théologal. Les prébendes sacerdotales furent augmentées et atteignirent le nombre de dix639.

Il y eut des joies : la venue de Charles VI de France à Brioude en 1394, fut un succès. En effet, le jeune Charles était atteint d’hydropisie lorsque son père Charles V le voua à saint Julien de Brioude. Il fut rétabli miraculeusement. Quelques années plus tard, Charles VI se rendit à Brioude avec le seigneur de Bourbon pour remercier Julien640. Depuis, chaque année pour l’Ascension, un enfant de chœur portait lors

de la procession, le manteau rouge du jeune dauphin, parsemé de figures de dauphins ainsi que ses gants641. Le 23 juillet de chaque année le miracle était célébré642.

Après la guerre de cent ans, les chanoines ont commencé à se lancer dans une course aux titres de noblesse. En 1462, l’official brivadois collationnait les extraits prouvant la noblesse de la communauté. Dès le XVIe siècle, le chapitre fut vraiment coupé en deux, entre les prébendes décrites désormais comme

nobles non sacerdotales et les prébendes hebdomadières. Les procès allaient désormais se succéder à un rythme effréné en opposant les deux corps.

634 J.-J. Lachenal, Une église […], op. cit., p. 37.

635 A. de Combres de Bressoles de Laurie, op. cit., ch. VI. 636 P. Cubizolles, Le Noble […], op. cit., p. 399.

637 Ibidem.

638 J.-J. Lachenal, Une église […], op. cit., p. 38. 639 Ibidem.

640 A. de Combres de Bressoles de Laurie, op. cit., ch. VI.

641 Ibidem ; Talairat, Notice historique sur l’église et le chapitre de Brioude, Le Puy, Imprimerie de P. Pasquet, 1829,

p. 17.

642 Abbé Soulignoux, Vie et miracles de saint Julien patron de l’église paroissiale de Brioude suivis d’une neuvaine et de méditations pour chaque jour de l’octave, Brioude, L. Gallice imprimeur-Libraire, 1855, p. 60-61.

B. Brioude et ses espaces