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B. Une historiographie fournie

4. Les découvertes et les analyses archéologiques à Brioude

Un apport essentiel a été donné par Marie Grenier en 1931, via son article sur les pierres qui ont

servi à édifier l'église Saint-Julien de Brioude239. Elle reprend la trame historique et l’analyse de ces

contemporains et ajoute une vision archéologique des appareillages et des maçonneries de Saint-Julien. Elle adjoint à cela un repérage des différentes carrières utilisées dans le chantier de la collégiale240. Une

telle étude devrait aujourd’hui être entièrement reprise, car plusieurs points approximatifs laissent le lecteur circonspect. L’auteur suppose également que les ouvriers du chantier de Brioude avaient été en lien avec ceux de Cluny : « peut- être y travailla-t-on sous les ordres de quelques moines de la célèbre

aux temps carolingiens. Actes du colloque international organisé par la ville de Brioude 13-15 septembre 2007, Éditions

de la Société académique du Puy et de la Haute-Loire, le Puy, 2010.

236 J. Porte, « Pierre à pierre : de la “basilica” à la basilique d’aujourd’hui », [p. 64-76] ; « De la

sédimentation architecturale par addition plutôt que par rupture », [p. 80-82], Brioude. La basilique Saint-

Julien dans la lumière de Kim en Joong, C. Keller, J. Damase (dir.), Éditions du Cerf, Paris, 2009.

237 F. Vivier, « L’architecture romane à l’épreuve du choix : la collégiale de Saint-Julien de Brioude », Recherches en histoire de l’art, n°8, 2009, p. 71-98.

238 A. Timbert, « Brioude, les débuts gothiques et la France du nord » ; D. Morel, « Approche du chantier

de la collégiale » ; F. Vivier, « La collégiale : architecture, images sculptées et espaces », Brioude aux temps

féodaux (XIe siècle – fin XIIIe siècle). Cultes, pouvoirs, territoire et société, 15-17 juin 2011, à paraître.

239 M. Grenier, « Étude sur les pierres qui ont servi à édifier l'église Saint-Julien de Brioude », Almanach de Brioude, t. 12, 1931, p. 123-131.

240 M. Grenier, « La carrière de granulite de Vieille Brioude et ses abords », Almanach de Brioude, t. 12,

abbaye de Cluny, qui se souvenait que Pierre le vénérable, de la Maison de Montboissier-Caniliac, avait été abbé du chapitre de Brioude »241.

Les années 1970 marquent un nouveau tournant. Entre 1972 et 1973, les fouilles exécutées dans la basilique ont apporté d’importantes données. Le rapport de fouille réalisé par Gabriel Fournier, publié sous forme d’articles dans l’Almanach de Brioude,242 fait état des découvertes. Les sols redécouverts,

permettent de discerner un ensemble complexe de murs et de vestiges médiévaux. Il met en relation les textes de Grégoire de Tours avec la découverte du mausolée et des édifices antérieurs, il propose une chronologie relative aux différents édifices qui se sont succédés à Brioude sur l’emplacement de la basilique. Enfin, il suppose également que le mausolée ait été érigé à l’emplacement de la tombe de saint Julien. Cette découverte permet de repenser intégralement les chronologies des chantiers des différents monuments qui ont précédé la collégiale. Dorénavant, des réponses concrètes sont apportées et l’histoire de Saint-Julien de Brioude s’en trouve enrichie. Gabriel Fournier rédige alors Les plus anciens sanctuaires

élevés sur le tombeau de Saint Julien de Brioude (contribution à l’étude de l’architecture et de la piété aux époques paléochrétienne et mérovingienne) en 1967, ainsi que Les plus anciens sanctuaires élevés sur le tombeau de saint Julien de Brioude (note complémentaire) en 1968, puis Fouilles dans l’église de Saint-Julien de Brioude en 1974. Ces trois

articles constituent encore des référents important pour l’histoire de Brioude. Aucune autre fouille intérieure n’a été effectuée depuis. Seuls les rapports des fouilles de 1970 nous permettent de connaître les agencements anciens du chœur et des autels243.

D’autre part, les rapports des fouilles extérieures menées de 1987 à 2003244, nous apportent de

précieux renseignements à propos des ruelles, des places (espaces funéraires et cimetières) et des abords de la collégiale. Son « complexe basilical » composé d’un baptistère et de plusieurs annexes prend toutes ses dimensions. Désormais, les réalités du cimetière médiéval, ainsi que celles du chantier, nous sont connues.

La série de colloques de Brioude commencée en 2004 permet de faire le point sur plusieurs aspects archéologiques. Bien que certains aspects restent dans l’ombre, faute de documentation, les deux premiers colloques ont permis de raviver des travaux anciens intéressant le culte de Julien et sa diffusion, ainsi que la lente structuration du chapitre de Brioude. Pour l’histoire de l’art et la redéfinition de la place de Brioude, quelques interventions comme celle de Christian Sapin nommée Archéologie des tombeaux des

grands sanctuaires de Gaule aux Ve-VIe siècles : état des recherches et réflexions, ou encore celle de Pascale

Chevalier, La crypte de Saint-Julien de Brioude “memoria” de la première basilique ?, ouvrent de nouveaux horizons. Pascale Chevalier réoriente les réalités décrites par Gabriel Fournier et jette des hypothèses saisissantes à propos de la disposition médiévale du chœur et de la memoria médiévale de Saint-Julien. Les

241 M. Grenier, « Étude sur les pierres […] », op. cit. p. 131.

242 G. Fournier, Fouilles dans l'église Saint-Julien de Brioude 1972-1973, SRA Auvergne (CA)/RAP00923. 243 G. Fournier, « Les plus anciens sanctuaires élevés sur le tombeau de saint Julien de Brioude

(contribution à l’étude de l’architecture et de la piété aux époques paléochrétienne et mérovingienne) »,

Almanach de Brioude, 1967, p. 13-28 ; G. Fournier, « Les plus anciens sanctuaires élevés sur le tombeau de

saint Julien de Brioude (note complémentaire) », Almanach de Brioude, 1968, p. 9-29 ; G. Fournier, « Fouilles dans l’église de Saint-Julien de Brioude », Almanach de Brioude, p. 11-19.

chercheurs ont été unanimes lors de ces échanges ; ils déclarèrent que les hypothèses ne pouvaient être aujourd’hui infirmées ou confirmées que par la reprise des fouilles du chœur. Bernadette Fizellier-Sauget a résumé l’ensemble des fouilles exécutées à Brioude depuis plus de cinquante ans : « La synthèse des résultats livrés par les investigations archéologiques, réparties sur une décennie, reste donc à faire, tout comme leur confrontation avec les données historiques »245. Fabrice Gauthier évoque les résultats des

dernières fouilles effectuées dans son article Le baptistère de Saint-Julien de Brioude et son environnement : étapes

et résultats préliminaires d’une recherche en cours : une occasion de découvrir l’architecture d’un élément

important pour la christianisation du brivadois246. Cet article reprend pareillement l'éditorial du même

auteur paru dans Hortus artium medievalium qui se concentre également sur les épitaphes qui permettent de dater et de découvrir la réalité des inhumations aux temps paléochrétiens247.

L’article Découverte de la statue d’une divinité antique remployée dans le baptistère de Brioude (Haute-Loire) : une représentation de Cernunos, en 2007, réalisé par Fabrice Gauthier, s’intègre dans l’analyse des éléments remarqués lors des dernières fouilles248. Cet élément sculpté renseigne sur le passé

gallo-romain de Brioude. Lors du colloque de 2007, d’autres mises au point concernant les découvertes archéologiques ont été évoquées. L’exposé de Fabrice Gauthier et Aline Thomas a permis de comprendre l’organisation spatiale du quartier canonial et de découvrir des bâtiments jusqu’alors inconnus249. Le colloque qui se déroula en 2011 permit au même archéologue, dans un exposé sur les

fouilles du chevet de la basilique Saint-Julien et du quartier canonial, de déterminer leurs importances et de révéler une inédite chronologie des différents états du quartier canonial. Cet exposé est en relation directe avec le rapport de fouille de Fabrice Gauthier déposé aux services de la DRAC Auvergne250. De

même, quelques articles relatent les fouilles de Brioude dans l’ouvrage dédié à Kim en Joong (2009). L’article nommé Les vitraux mérovingiens du baptistère, réalisé par Fabrice Gauthier, est sans doute l’article le plus innovant de cet ouvrage, en matière d’archéologie251.

245 G. Fournier et B. Fizellier-Sauget, « Saint-Julien de Brioude (Haute-Loire) : approche archéologique », L’Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours, Histoire et archéologie, 13e Journées internationales

d'archéologie mérovingienne, Clermont-Ferrand, 3-6 oct. 1991, p. 154.

246 F. Gauthier, « Le baptistère de Saint-Julien de Brioude et son environnement : étapes et résultats

préliminaires d’une recherche en cours », Saint Julien et les origines de Brioude. Actes du colloque international

organisé par la ville de Brioude du 22 au 25 septembre 2004, CERCOR, p. 288-306.

247 F. Gauthier, « Inscriptions paléochrétiennes découvertes dans le baptistère de Saint-Julien de Brioude

(Haute-Loire) », Hotus artium medievalium, vol. 10, 2004, p. 211-215.

248 F. Gauthier, « Découverte de la statue d’une divinité antique remployée dans le baptistère de Brioude

(Haute-Loire) : une représentation de Cernunos », Revue archéologique du Centre de la France, t. 45-56, 2006- 2007.

249 F. Gauthier, A. Thomas, « Réorganisation spatiale et transferts fonctionnels dans le sanctuaire de

Saint-Julien de Brioude au début du VIIe siècle », Brioude aux temps carolingiens. Actes du colloque international organisé par la ville de Brioude 13-15 septembre 2007, Édition de la Société académique du Puy et de la Haute-

Loire, Le Puy, 2010, p. 369-384.

250 F. Gauthier, « Les fouilles du chevet de la basilique Saint-Julien et du quartier canonial », Brioude aux temps féodaux (XIe siècle – fin XIIIe siècle) : Cultes, pouvoirs, territoires et société, à paraître ; F. Gauthier, Baptistère

Saint-Julien de Brioude – fouilles programmées, Rapport 2005, RAP 01422, DRAC ; F. Gauthier, Le sanctuaire de Saint-Julien, Document final de synthèse 2006. Opération 2002-85, 2003-97, 2003-191, DRAC.

Terminons par quelques mots à propos de l’archéologie du bâti. D’abord, la thèse de Laura Foulquier a permis de montrer l’importance des remplois dans les édifices médiévaux. Elle consacre particulièrement quelques lignes aux remplois de Brioude (déjà dans son mémoire de DEA, elle décrivait quelques éléments intéressants)252. Mais l’aspect le plus neuf dans ce domaine est certainement

l’approche de David Morel qui a montré l’importance de l’analyse des matériaux pour comprendre la mise en place des chantiers253. Quelques pages dédiées à Saint-Julien de Brioude permettent de prolonger

le texte de Bruno Phalip, qui avait déjà, en 2001, fourni des informations concernant les tâcherons254.

David Morel propose, grâce à l’analyse des signes lapidaires, une fourchette de datation attachée à la construction de l’édifice. L’intervention précédemment citée de David Morel au colloque de Brioude (2011) apporte un ultime rapport analytique du chantier de la collégiale de Brioude255.