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B. Une historiographie fournie

3. Pour une histoire de l’art de Brioude

Les recherches anciennes, concernant les églises d’Auvergne, ont été structurées autour d’un concept « d’œuvres majeures » qui a souvent exclu l’ancienne collégiale de Saint-Julien de Brioude car elle ne répond pas tout à fait aux critères de définitions de « l’art roman auvergnat » tel qu’il avait été défini. Cette théorie s’est imposée pendant de longues années et elle était devenue la norme. Ainsi, lorsque les anciens auteurs ont abordé la collégiale de Brioude, ils l’ont d’abord définie en comparaison ou en opposition aux édifices reconnus comme « majeurs ». Il est bien évident que « ce jugement de valeur préalable ne permet plus de répondre aux exigences de la réalité »184.

Lorsque la collégiale est mentionnée dans les anciens textes du XVIIIe siècle, elle ne fait pas

l’objet d’une description draconienne. Les auteurs de ce siècle préfèrent décrire l’histoire du chapitre. M. Andraud185, en 1766, relate la tradition de l’histoire du chapitre. Cet auteur rappelle la liste des papes et

des rois qui ont de près ou de loin côtoyé le chapitre de Brioude. Il faut attendre le début du XIXe siècle

pour que l’intérêt soit véritablement détourné de la vision exclusivement historique du chapitre et de son « cloître ». De ce fait, le baron de Talairat, maire de Brioude, conscient de la valeur historique et patrimoniale de l’église Saint-Julien, l’a décrit en 1829. Il n’en propose cependant aucune vision problématisée. Son regard correspond au goût des descriptions de son siècle : « si l’on s’arrête après avoir franchi le porche et qu'on examine la nef dans son ensemble et dans ses détails, dans sa hauteur, sa largeur et sa profondeur, l’œil est blessé de la disparité qui existe entre ces parties »186. Le vocabulaire

descriptif qu’il emploie n’est pas tout à fait assuré et les approximations chronologiques qu’il introduit sont nombreuses : « L’œil exercé de l'archéologue reconnaît et distingue facilement trois genres d'architecture qui remontent à trois époques différentes : il retrouve les traces de la plus ancienne, celle du Moyen-Âge, c'est-à-dire, des quatrième et cinquième siècles, dans le grand porche intérieur, les colonnes, leurs chapiteaux, et toute la grande apside »187. Cependant, les indications qui concernent

l’aspect formel de l’édifice, qu’il présente bien avant que les restaurations ne soient engagées, représentent un témoignage historique et archéologique important. Lorsque Taylor et Nodier, compilent toute une série de lithographies dans leur Voyages pittoresques et romantiques dans l'Ancienne France,

183 F. Vivier, « La liturgie de Saint-Julien de Brioude », Brioude aux temps féodaux (XIe – fin XIIIe siècle) :

cultes, pouvoirs, territoire et société 15-17 juin 2011, à paraître.

184 B. Phalip, « L’historien de l'Art médiéviste face à la géographie des œuvres », J.-L. Fray, C. Pérol, L'Historien en quête d'espaces, Collection histoires croisées, Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-

Ferrand, 2005, p. 60.

185 M. Andraud, Mémoire sur la noblesse du chapitre de Saint-Julien de Brioude, Riom, 1766. 186 Talairat (Baron de), Notice historique sur l'Église et le chapitre de Brioude, Le Puy, 1829, p. 22. 187 Idem, p. 23.

Auvergne188, en 1829 également, ils consacrent à Brioude quelques vues de la collégiale qui s’avèrent être

exceptionnelles. Il s’agit des plus anciens dessins perspectifs de l’édifice conservés à ce jour. La vision romantique exalte cependant quelque-peu les formes de l’édifice, conformément au goût de ce temps, de sorte que le témoignage archéologique s’en trouve être malheureusement biaisé. Prosper Mérimée, en 1838, décrit la collégiale à son tour et en appelle à l’opinion et aux autorités pour lancer des restaurations. À cette date, Saint-Julien de Brioude est définie comme une église de style « byzantin ». D’ailleurs Prosper Mérimée pense que le chœur et tout l’édifice avaient été modifiés à l’époque du duc Guillaume (Duc d'Aquitaine). Il fait également une confusion à propos des chapiteaux en disant : « plusieurs de ces chapiteaux se rapprochent tellement de l’antique, qu’ils justifient, jusqu’à un certain point, l’opinion de quelques antiquaires, qui, dans l’église actuelle, voudraient voir un monument du IVe

siècle »189. Lorsqu’en 1861 le baron de Guilhermy190 visite à son tour la collégiale, devenue d’ailleurs

paroissiale, il compare l’édifice à l’abbatiale d'Issoire. Ce témoignage nous permet de connaitre l’état du bâtiment à cette date : cependant aucun détail n’est donné sur les parties sculptées ou sur le mobilier. Á son tour, Amédée Martinon Saint-Ferréol décrit l’édifice, en 1880, et insère un résumé historique dont les fondements traditionnels semblent se réitérer sans se renouveler depuis la fin du XVIIIe siècle. Il

décrit l’avancée des restaurations et donne plusieurs détails à propos du mobilier qui peuvent intéresser le chercheur : « […] un jubé, où l’on montait par deux escaliers, séparait le chœur des nefs […] et des tapisseries qui entouraient le chœur, comme à la Chaise-Dieu […] »191. On apprend qu’à cette date,

Saint-Julien avait revêtu une couche « de blanc sale […] pour se rajeunir et se mettre à la mode »192. La

description générale reste encore imprécise et l’auteur n’effectue aucune analyse problématisée.

En 1868, Emmanuel Viollet-Le-Duc193 élabore une chronologie rapide du chantier de la

collégiale, et propose de dater le chœur de 1140. Il insiste surtout sur le système annulaire sans arcs doubleaux du déambulatoire. Pour lui les voûtes entièrement appareillées illustrent le changement dans le mode d’exécution plus que dans le système roman en lui-même. Il pense que l’église Saint-Julien de Brioude avait été réalisée par un architecte auvergnat.

La thèse de Noël Thiollier concernant les églises de l’ancien diocèse du Puy194 reste encore

aujourd’hui la seule approche globale pour ce territoire en matière d’histoire de l’art et d’architecture. Bien qu’il faille intégralement la reprendre, pour la remettre à jour, les nombreux documents photographiques ou dessinés forement d’incontournables témoins de l’état des monuments du Velay à la

188 J. Taylor, Ch. Nodier, A. Cailleux, Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France : Auvergne, 3

vol., A. Firmin Didot, Paris, 1829.

189 P. Mérimée, Notes d'un voyage en Auvergne et dans le Limousin, Paris, 1838, p. 207.

190 Guilhermy (Baron de), Brioude et l'église de Saint-Julien : Descriptions des localités de France, Brioude,

Imprimerie Watel, 1906.

191 A. Martinon Saint-Ferréol, Notice historique de la ville de Brioude, Imprimeur libraire à Brioude, 1880. p

110.

192 Idem, p. 135.

193 E. Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, t. I, V et IX, Éditeur

Morel, Paris 1868.

194 N. Thiollier, Architecture religieuse à l'époque romane dans l'ancien diocèse du Puy, thèse de l'école des Chartes

fin du XIXe siècle. L’approche sérieuse et archéologique n’incorpore pas Brioude, mais quelques

comparaisons lui sont prêtées. Elles se révèlent extrêmement pertinentes. Noël Thiollier établit, par exemple, une parallèle entre l’église de Saint-Paulien et celle de Brioude qui est captivante. Il stipule que le clocher de Saint-Paulien possède un arc fortifié semblable à celui de Brioude. Nous reviendrons sur ces remarques constructives. Il aura fallu attendre l’œuvre de la collection Zodiaque, en 1962, pour qu’une autre étude globale, mais loin d’être exhaustive, la complète195. Tout reste à faire pour renouveler l’étude

de l’architecture romane du Velay, si riche et si proche des inventions auvergnates.

En 1904 au Congrès archéologique de France, M.E. Lefèvre-Pontalis détermine une nouvelle chronologie du chantier de la collégiale. Pour lui, le chantier a commencé du côté de l’avant-nef et il s’est finit au chevet. Son analyse des textes et des réalités architecturales lui fait intégrer une chronologie plus précise. Il remarque que les porches ont été bâtis après les bas-côtés. Quelques suppositions ne sont pas étayées : « le chevet primitif de l’église se composait d'une abside en hémicycle flanqué de 2 absidioles, comme à Chanteuges, car on n'aurait pas reconnu la nécessité d’agrandir le chœur à la fin du XIIe siècle

s’il avait eu déjà la forme d’un rond-point »196. Il insère la collégiale dans l’air du diocèse de Clermont

grâce à des comparaisons aux édifices définis comme « majeurs ». Il révèle heureusement quelques détails archéologiques au sujet des appareillages, avant leurs restaurations au XIXe siècle : « l’étude avant

démolition de l’appareil à gros joints démontre que la tribune du narthex et la première travée du bas- côté méridional sont Homogènes […] ».

En 1906, Auguste Casati197 reprend les descriptions du baron de Guilhermy pour apporter

quelques précisions. Il plaide également contre les restaurations de Nodet qui projettent de restructurer le chevet et d’enlever les murs pignons des chapelles rayonnantes, et également les tuiles, les antéfixes et les crêtes, afin de couvrir leurs toitures de lauzes. Il élargit la description du baron à une plus large analyse conduite en comparaison aux édifices de l’ancien diocèse de Clermont. Les données historiques qu’il utilise et les datations qu’il propose, suivent essentiellement les avis déjà émis par M-E. Lefèvre- Pontalis en 1904. Émile Mâle en 1911, compare les arts sculpturaux de la mosquée de Cordoue198 aux

édifices d'Auvergne et du Velay. Il trouve ainsi le moyen d’expliquer l’origine des modillons à copeaux. Il entend justifier aussi l’origine des arcs tréflés et de la polychromie des jeux de pierre. Pour lui, l'art de l’Islam s’est transmis par l’Espagne et l’Andalousie : il rappelle que les moines de Cluny avaient des monastères en Aragon, en Castille et dans le Royaume d’Arles, et qu’ainsi ils ont pu transmettre les formes de l’art musulman. Cette hypothèse reste encore aujourd’hui à démontrer. En 1920, Auguste Casati199 propose une autre chronologie du chantier de la collégiale de Brioude. Pour lui l’avant-nef date

de la fin du XIe siècle, le chevet de la fin du XIIe siècle, les ogives de la nef du XIIIe siècle et les baies de

195 O. Beigbeder, Forez-Velay roman, Éditions Zodiaque, Imprimerie de la Pierre-qui-Vire, Saint-Léger-

Vauban, 1962, 291 p.

196 M.-E. Lefèvre-Pontalis, « Les dates de Saint-Julien de Brioude », Congrès Archéologique de France, LXXIe

session, Paris-Caen, 1905. p. 542.

197 A. Casati, Brioude et l'église de Saint-Julien, Baron de Guilhermy : description des localités de France, Brioude,

imprimerie Watel, 1906.

198 É. Mâle, La Mosquée de Cordoue et les églises de l'Auvergne et du Velay, archéologie et histoire, Le Puy, 1862. 199 A. Casati, « Monographie de l'église Saint-Julien de Brioude », Almanach de Brioude, t. 1, 1920, p. 65-80.

la nef du XIVe siècle. Il procède à une analyse sérieuse, et se réfère aux recherches de Lefèvre-Pontalis. Il

compare la sculpture de Brioude à celle de la Bourgogne et de Vézelay. Finalement l’auteur ne propose rien de très novateur. Louis Bréhier en 1923200, rappelle le rôle important des chanoines et des moines

pour le financement et la confection d’édifices d’exception souvent garnis d’images sculptées et peintes. Il définit l’art auvergnat et reconnaît six églises « majeurs » en Auvergne tandis que les autres sont rangées dans les édifices « aux formes altérées ». Il se réfère à Lefèvre-Pontalis également pour expliquer la chronologie du chantier de Brioude. Il répète donc la datation de 1120 pour l’avant-nef, 1130 pour les quatre premières travées, et le XIIe siècle pour le transept et le chœur. L’auteur déclare sans le justifier

que les voûtes gothiques datent de 1259, comme le pense aussi M-E. Lefèvre-Pontalis qui les suppose établies au milieu du XIIIe siècle : « travaux qui coïncident avec les indulgences d'Alexandre IV et la bulle

du 9 août 1259 »201, lui-même se réfère à Lachenal. Cette bulle d’Alexandre IV est toujours admise

comme la pièce d’archive essentielle qui permet de situer chronologiquement la construction des voûtes de la nef. Ahmad Fikry dans sa thèse Art roman du Puy et influences islamiques202, recherche les origines de

multiples formes architecturales. En parallèle à ses travaux sur l’origine des arts romans dans les arts musulmans, il établit une juste comparaison entre certains chapiteaux à entrelacs de Saint-Julien de Brioude et ceux de la cathédrale du Puy. Ces articles sur la sculpture posent des problèmes qui sont toujours d’actualité.

En 1933, Louis Bréhier décrit d’une manière plus ou moins archéologique les restes de stucs du portail nord de Saint-Julien203. Son analyse est aujourd’hui largement dépassée. D’un point de vue

archéologique son analyse est à reprendre, et ses remarques « stylistiques » ne sont pas toujours convaincantes, puisqu’il nous dit qu’il s’agit là d’un art « qui n’appartient pas évidemment au grand art ». En 1936, il s’engouffre lui aussi dans la thèse de l’origine musulmane des arts romans et décrit les relations entre l’art roman du Puy et l’art musulman204. La polychromie et les décors de mosaïques sont

pour lui semblables à ceux de Byzance et de Cordoue. Il établit une juste comparaison entre l’art de la mosaïque de pierres et l’orfèvrerie mérovingienne. Il ajoute : « c’est de la Syrie que cet art provient » et il site en exemple Kasr-el-Heir. Il établit des concordances qui se révèlent être parfois un peu rapides.

Cependant, les liens entre l’architecture romane et l’art carolingien sont mieux pris en compte dès le milieu du XXe siècle. Entre 1946 et 1950, Louis Bréhier produit une étude où Saint-Julien de Brioude

est systématiquement comparé aux modèles des églises appelées « majeures ». Cette étude appelée, L'art

200 L. Bréhier, « Les origines de l'architecture romane en Auvergne. L'œuvre des chapitres et des

monastères », Revue Mabillon, 1923, p. 8-25.

201 M.-E. Lefèvre-Pontalis, « les dates […] » op. cit. p. 545-546.

202 A. Fikry, Art roman du Puy et les influences islamiques, Thèse pour le doctorat ès lettres présentée à la

faculté des lettres de l'université de Paris, 1934.

203 L. Bréhier, « Le portail nord de Saint-Julien de Brioude et son ancien décors de stuc », Almanach de Brioude, t. 14, 1933, p. 105-111.

204 L. Bréhier, « Les influences musulmanes dans l'art roman du Puy », Journal des savants, Imprimerie

roman dans la région de Brioude205, se concentre principalement sur l’architecture de la collégiale. Il compare

également Saint-Julien de Brioude aux églises du Velay. Pour lui, Brioude possède une travée de chœur semblable à celle de Saint-Jean du Puy et à celle de Saint-Vidal. Il estime que les voûtes relèvent de l’école bourguignonne : ce fut un argument déjà évoqué par Eugène Viollet-Le-Duc. L’appareillage des voûtes de Brioude est mis en relation avec les procédés employés dans le Velay, comme à Saint-Paulien, Chamalières-sur-Loire, Polignac, Rosières, mais aussi Blesle ou Chanteuges. La forme du trilobe est expliquée par sa proximité avec les arts mozarabes. L’auteur suppose, conformément à l’étude d’Amad Fikry, que cette forme ait été relayée par les architectes du Velay. Ainsi, il juge que l'architecture de Brioude a été inspirée par les chantiers des églises du Velay : « les maîtres du Puy se font remarquablement influents [et ils se sont] inspiré[s] du mozarabe d'Espagne »206. Toutefois, il affirme que

la sculpture de Brioude relève, entre autres, d’un art « composite » qui mêle les systèmes de Clermont et du Velay. Pour lui, Brioude qui s’est d’abord inspiré de l’Auvergne s’est tourné vers les formules de la Bourgogne, de Cluny, du Languedoc et de Toulouse. Il explique que les édifices situés sur les chemins de Saint-Jacques ont bénéficié d’influences lointaines.

En 1957, Joseph Jalenques dans son article sur la collégiale paru dans l’Almanach de Brioude207,

relate tous les auteurs qui jusqu’ici ont décrit et analysé Saint-Julien. André Gybal dans L’Auvergne, berceau

de l'art roman, en 1957, suit les thèses de A. Mallay 208ou de Ranquet qui voulaient faire de « l’art roman

auvergnat », la source de l’art roman. André Gybal le fait donc remonter au Xe siècle. Il est vrai que les

thèses opposées depuis plus d’un siècle vieillissent ou rajeunissent les édifices romans d’Auvergne. Quelques pages sont accordées à Brioude : lorsqu’il décrit la lanterne, il la qualifie de formule de « pure tradition auvergnate »209. Son regard sur la sculpture reste très axé sur des notions esthétiques. Il parle

aussi de « tournure d’esprit auvergnate » à propos de Brioude. Il semble, en définitive, intégrer Brioude dans une Auvergne « éternelle » décontextualisée. Cependant, il se corrige et dit finalement : « même si la sculpture avait été entièrement auvergnate, il n’y aurait pas eu là de quoi justifier la présence et la seule présence des architectes auvergnats »210.

Cette même année M. Donzet, fait état des restaurations qu’il dirige dans le Bulletin monumental211.

Il entend faire « disparaître tous les ornements douteux pour faire place aux œuvres d’art authentiques, très nombreuses »212. Il découvre les traces de coupoles dans la nef. Cependant il signale que « rien dans

le plan, si ce n'est la division de la nef en carrés réguliers, n’annonce ce mode de voûtement insolite en

205 L. Bréhier, « L'art roman dans la région de Brioude (conférence faite à Brioude le 9 mars 1944) », Almanach de Brioude, t. 27-30, 1946-50, p. 7-41.

206 L. Bréhier, « L'art roman dans la région […] », op. cit. p. 39.

207 J. Jalenques, « La Basilique Saint-Julien de Brioude », Almanach de Brioude, t. 37, 1957, p. 13-22. 208 A. Mallay, Essai sur les églises romanes et romano-byzantines du diocèse de Clermont, Moulins, 1841.

209 A. Gybal, L'Auvergne, berceau de l'art roman, Clermont-Ferrand, Éditions G. de Bussac, 1957, p. 13-36,

121-157.

210 Idem, p. 127.

211 M. Donzet, « La rénovation de l'église Saint-Julien de Brioude et ses peintures murales », Les monuments historiques de la France, n° 4, octobre-décembre 1958, p. 173-177.

Auvergne […] ce qui expliquerai d’ailleurs le sort de ces voûtes »213. Cette découverte forme une

première rupture historiographique à propos du chantier roman de la collégiale. Dorénavant, le couvrement roman (projet inachevé ou abouti) est connu.

En 1959, Pierre Quarré214 reprend les analyses d’Auguste Casati, de Lefèvre-Pontalis, d’André

Gybal et de Louis Bréhier. Il insiste sur les références carolingiennes de l’architecture romane et pose la question du voûtement gothique de Brioude, il compare cette architecture à celle des églises d’Auvergne, pour ses volumes, ses formes et ses appareillages. Il voit une comparaison possible entre la sculpture de Brioude et celle de la Bourgogne, de Vézelay ou encore de Cluny. Il déclare cependant que l’architecture de Brioude, s’oppose à celle de Cluny. Pour lui, la présence de modillons figurés permet de départager l’école d’Auvergne de l’école de la Haute-Auvergne. Cette notion d’école est toujours d’actualité pour certains auteurs. Il rappelle ainsi que Pierre Quarré comme lui, rattache cette sculpture à la Bourgogne. Auguste Casati, M-E. Lefèvre-Pontalis, Louis Bréhier et A. Fikry rapprochent cette sculpture de celle du Velay. Comme A. Fikry, il voit des relations possibles avec l’Espagne et à l’art mozarabe par le biais du Velay. D’autre part, Depuis les découvertes des trompes dans la nef par l’architecte Donzet, tous les auteurs s’accordent à penser qu’il y a un lien possible entre l’architecture de Brioude et l’architecture de la cathédrale du Puy. Louis Brun215 en 1961, reprend les mêmes logiques de comparaison, et ajoute que

Brioude n’a « à peu près rien de la Basse-Auvergne ». Il maintient encore les appellations d’école romane

auvergnate à laquelle il oppose la très singulière église de Brioude.

La thèse de Guy Nicot, titrée La Basilique Saint-Julien de Brioude216, entendait renouveler le sujet.

Cette monographie de 1967, possède des plans d’élévations de l’édifice crées par l’auteur qui sont encore les seuls dessins d’architecte utilisables. Dans cet ouvrage, plusieurs paragraphes sont consacrés à la sculpture de Saint-Julien, ainsi qu’à la peinture et au mobilier. L’auteur développe une partie qui concerne les chanoines et les honoraires de droits qui nous semble intéressante mais fragile. Des erreurs historiques se glissent dans son texte. Son exposé à propos de la « milice », simple copie de la légendaire histoire des chanoines armés lancée au XVIIIe siècle, peut laissée dubitatif. L’analyse architecturale qu’il

propose est très frileuse : sa synthèse reprend principalement les auteurs tel que P. Quarré, L. Bréhier, M-E. Lefèvre-Pontalis, A. Fikry et stagne au niveau des interprétations. Il n’y a pas véritablement d’harmonie proposée, ni d’approche de l’espace du sanctuaire en relation à des données ecclésiologiques, sociales ou culturelles. Finalement, une lecture attentive de son texte révèle une multitude de