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B. Une historiographie fournie

1. Pour une histoire de l’architecture

Deux ouvrages anciens, où les références utilisées sont parfois à vérifier, sont utiles pour constituer une première liste d’ouvrages consacrés à Saint-Julien de Brioude : il s’agit de Répertoire topo-

bibliographique des abbayes et prieurés de Dom Cottineau et de Archives de la France monastique. Abbayes et prieurés de l’Ancienne France de Beaunier-Besse102. Au XVIIe siècle, quelques bribes d’une histoire du chapitre

étaient déjà établies grâce aux traditions maintenues par la liturgie et grâce au récit de Grégoire de Tour. En 1652, Jacques Branche dans sa Vie des saints et des saintes d’Auvergne et du Velay retrace l’histoire de saint Julien dans un mélange crée à partir de la légende, du culte et de l’histoire même du chapitre103. Au

XVIIIe siècle, la rédaction de récits dans un but historique mais aussi déjà « touristique » s’est répandue

en Auvergne comme en France ; ainsi en 1728, l’ouvrage intitulé Les délices de la France104 consacre

quelques lignes à Brioude. De même en 1754, Piganiol de la Force évoque Brioude dans son ouvrage

Nouvelle description de la France105. Les premiers auteurs qui tentèrent de réaliser une histoire de Saint-Julien

de Brioude sont des membres du chapitre canonial eux-mêmes. En 1768-1775, Antoine de Combres de Bressoles de Laurie reprenait l’histoire inachevée du chapitre de Brioude commencée par Nicolas de Bragelongue en 1720 nommé Recueil historique et chronologique mais il mourut avant de l’achever. Un extrait fut publié dans la Gallia Christiana106, complété par Monsieur de Combres de Laurie dès 1768, il mourut

aussi avant de pouvoir le finir107. Baluze, Mabillon et Ruinart ont commenté les cartulaires de Brioude en

1695 et 1698108. Baluze a écrit également une Histoire généalogique de la maison d’Auvergne où il est question

de Brioude109.

En 1766, M. Andraud dans son Mémoire sur la noblesse du chapitre de Saint-Julien de Brioude s’aligne globalement sur le commentaire de la Gallia Christiana. Guillaume-Michel Chabrol en 1786 parle également de Brioude dans son ouvrage Coutumes générales et locales de la province d’Auvergne110. Jacques

Antoine Dulaure dans Description des principaux lieux de France111 continue ce type de texte qui décrit

rapidement les localités diverses ; dans le même registre Monsieur Legrand d’Aussy raconte son Voyage

fait en 1787 et 1788 dans la ci-devant Haute et Basse Auvergne112.

102 E. A., Beaunier-Besse, Archives de la France monastique. Abbayes et prieurés de l’Ancienne France, Ligugé-

Paris, 1905-43, vol. 5, 272 ; L. H., Cottineau, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, Mâcon, 1935/37, 2 vol. (+ 1 suppl.).

103 J. Branche, Vie des saints et des saintes d’Auvergne et du Velay, P. Guynand, Le Puy, 1652, p. 117, 408-411,

506-518.

104 Les délices de la France, t. II, p. 237, Leide, 1728.

105 Piganiol de la Force, Nouvelle description de la France, qui contient le Lyonnois, l’Auvergne, le Limousin, la Marche et le Berry, t. XI, Paris, 1754, p. 186-189, 264-266.

106 « De nobili ecclesia collegiata sancti Juliani Brivatensis », Gallia Christiana, t. II, col. 467-497, Paris,

1720.

107 A. de Combres de Bressoles de Laurie, Histoire de l’église de Saint-Julien de Brioude, Première partie, 1775. 108 Baluze, Mabillon, Ruinart, Procès-verbal contenant l’examen et discussion de deux anciens cartulaires et de l’obituaire de Saint-Julien de Brioude, Paris, 1695 ; supplément, 1698.

109 Baluze, Histoire généalogique de la maison d’Auvergne, Paris, 1708.

110 G.-M. Chabrol, Coutumes générales et locales de la province d’Auvergne, t. IV, Riom, 1786, p. 122. 111 J.-A. Dulaure, Description des principaux lieux de France, t. V, Paris, 1789, p. 504-522.

112 Legrand d’Aussy, Voyage fait en 1787 et 1788 dans la ci-devant Haute et Basse Auvergne, t. I, Paris, an III, p.

Les premiers à reprendre l’histoire du chapitre en 1805 sont Dantyl et De Chavanat dans une

Chronologie du ci-devant chapitre de Saint-Julien de Brioude, qui tourne principalement autour des listes de

chanoines et de dignités du chapitre déjà publiées par la Gallia Christiana113. La Description statistique du

département de la Haute-Loire par Monsieur Deribier de Cheissac poursuit encore l’œuvre descriptive du

siècle précédent114. Le résumé de l’histoire d’Auvergne par Taillandier prend lui un accent plus léger où

se perdent quelques notes sur Brioude115. Le texte d’Auguste Trognon Manuscrits de l’ancienne abbaye de Saint-Julien de Brioude, apporte d’originaux éléments de sources traduits sans intégrer aucune approche

analytique. Michel et Mandet avec L’ancienne Auvergne et le Velay fournissent une histoire de Brioude plutôt courte116. Dans l’Histoire des villes de France que Charles Cassou publie en 1848, quelques pages sont

consacrées à Brioude sans novation117. Monsieur de Résie dans son Histoire de l’Église d’Auvergne reprend

placidement les grandes lignes de l’histoire de Brioude118. Francisque Mandet écrit une Histoire du Velay

qui raconte pareillement l’église de Brioude119.

Un véritable tournant est pris au milieu du XIXe siècle car la recherche se penche sur le cas de

Brioude, ce qui permet désormais de rencontrer des ouvrages plus rigoureux et surtout plus précis. C’est en 1861 que Henry Doniol propose une reconstitution du Cartulaire de Brioude « Liber de honoribus sancto

Juliano collatis »120. Ce recueil de 342 chartes apporte les données historiques, en relation aux possessions,

aux territoires et aux manses, aux privilèges et aux franchises. Cet ouvrage demeure une référence incontournable par son importance. En 1863, Antony Houzé dans Indications pour servir à une carte

géographique de l'Auvergne au Moyen-âge, d'après les Cartulaires de Brioude, de Sauxillanges et de Cluny121,

réalise une petite étude des possessions et des domaines en relation à Brioude. Il répertorie les lieux et exécute une carte du Comitas Brivatensis intéressante. Signalons également que Henry Doniol rédigea une

Note relative à la publication des cartulaires de Brioude et de Sauxillanges, dans les Mémoires de l’Académie de Clermont122. L’article de Monsieur de Sartiges-d’Angles à propos des sires de Mercœur et de Brioude

113 Dantyl et De Chavanat, Chronologie du ci-devant chapitre de Saint-Julien de Brioude, dressée par lui le 12

novembre 1788, Paris, 1805.

114 Deribier de Cheissac, Description statistique du département de la Haute-Loire, Paris, 1824, p. 246-247. 115 Taillandier, Résumé de l’Histoire d’Auvergne par un auvergnat, Paris, 1826, p. 415-432.

116 F. Mandet A. Michel, L’ancienne Auvergne et le Velay : histoire, archéologie, mœurs, topographie, t. I, 1843-

1847, p. 253, p. 318-319, p. 356-357, p. 423, p. 437,, t. II, p. 26, p. 44-45, p. 62, p. 185, p. 230-233, p. 242-243, p. 280, p. 464-465, t. III, p. 179 ; l’ancien Velay, p. 142, p. 177-178, p. 219.

117 C. Cassou, « Brioude », Histoire des villes de France, t. VI, Paris, 1848, p. 186-189. 118 Cte de Résie, Histoire de l’Église d’Auvergne, Clermont-Ferrand, 1855.

119 F. Mandet, Histoire du Velay, t. VI, Le Puy, p. 195-234.

120 H. Doniol, Cartulaire de Brioude ou Liber de honoribus sancto Juliano collatis, mémoire de l'Académie de Clermont,

3 t.,1861.

121 A. Houzé, Indications pour servira une carte géographique de l'Auvergne au Moyen-âge, d'après les Cartulaires de Brioude, de Sauxillanges et de Cluny, mémoire de l'Académie des Sciences, Belles lettres et Arts de Clermont,

1863, p. 79-96.

122 H. Doniol, « Note de M. H. Doniol relative à la publication des cartulaires de Brioude et de

Sauxillanges : lue à la séance académique du 10 janvier 1862, et annexée au procès-verbal de cette réunion », Mémoires de l’académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Clermont, 1862, p. 21-26.

apporte quelques faits déjà connus par ailleurs et essaye d’éclaircir des passages particuliers de l’histoire du chapitre à partir des sources123.

En 1877, Géraud Bonnefoy124, traduit le texte de la Gallia Christiana réalisé pour Brioude, ce qui

rend l’ouvrage plus accessible. Il permet une large diffusion de ce texte pourtant déjà ancien : preuve que l’étude globale du chapitre n’était pas encore renouvelée. Jean-Jacques Lachenal125 reprend le dossier et

en tire des faits intéressants, malheureusement parfois sans révéler ses sources. Il publie entre autre : les

Comtes des bailes du chapitre Saint-Julien de Brioude en 1281, le Compte de Saint-Germain-Lembron présenté au chapitre de Brioude, par Guillaume Geneis, receveur en l’année 1307, ou encore Hec sunt festa que librat scola, qui

sont éclaircis de notes originales. En 1879, Jean-Jacques Lachenal raconte Une église historique d’Auvergne ou

l’Église de Brioude, qui résume les faits connus jusqu’alors de l’histoire de Brioude auxquels il adjoint des

documents traduits, pour bonne part, de la partie Instrumenta de la Gallia Christiana : la traduction et la diffusion du Décret du Chapitre de Brioude ordonnant le retour à l’église des bénéfices détachés et supprimant le régime

des investitures […] en date de 1256, est un document important pour la compréhension du

fonctionnement interne du chapitre126. Quelques faits de la vie des chanoines du Moyen-Âge sont relatés

avec précision : finalement c’est toute une histoire du chapitre qui reprend forme avec l’appui de documents souvent expliqués et transcrits. Les faits les plus légendaires ou romantiques sont remis en question dans ce véritable travail d’historien. En 1882, B. Attaix rédige à son tour une histoire de Brioude en latin127. Le Journal de Voyage de dom Jacques Boyer, intéressant à plus d’un titre, n’apporte

pas d’élément pour l’histoire médiévale de Brioude128.

En 1890 deux articles, Une bulle du pape Alexandre IV concernant l’église de Saint-Julien de Brioude et

Voyage d’Alain Desprez à Brioude, apportent de nouvelles données129. Un nouveau point qui résume les

investigations du XIXe siècle se trouve dans l’ouvrage d’Amédée Saint-Ferréol, Notice historiques sur la ville de Brioude130. Plusieurs domaines et maints périodes sont abordés. Toutefois, les références aux

documents de sources manquent, contrairement au travail de Lachenal qui reste plus proche de la discipline historique. En 1858, l’ouvrage La vie des saints et saintes d’Auvergne et du Velay est à nouveau renseigné dans une édition qui fut complétée par l’ouvrage de l’abbé Sébastien-M. Mosnier nommé Les

123 M. de Sartiges-d’Angles, « Entre les sires de Mercœur et le chapitre noble de Brioude », Mémoires de l’académie des sciences belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, t. XI, 1869, p. 13-25.

124 G. Bonnefoy, « La noble Église collégiale de Saint-Julien de Brioude (traduit du Gallia Christiana) », Tablettes historiques de la Haute-Loire, 7e année, 1876-1877, p. 69-92 ; p.187-213, J.-M. Freydier, Le Puy,

1877 ; G. Bonnefoy, La noble Église collégiale de Saint-Julien de Brioude (traduit du Gallia Christiana), J.-M. Freydier, Le Puy, 1877, 51 p.

125 J.-J. Lachenal, « Documents concernant le chapitre de Brioude », Tablettes historiques de la Haute-Loire,

J.-M. Freydier, Le Puy, t. VII (1877) [p. 423-474] et t. VIII (1878) [p. 57-104 ; p. 519-559].

126 J.-J. Lachenal, Une église historique d’Auvergne ou l’Église de Brioude. Son chapitre noble, son administration, ses revenus, ses charges et fondations, son double rôle de seigneur spirituel et temporel, expliqués par les documents, avec notes, et un commentaire sur les origines, Imprimerie de J.-M. Freydier, Le Puy, 1879, p. VII-XLVIJ, p. 1-153. 127 B. Attaix, De nobili collegio Brivatensi, Toulouse, 1882, 109 p.

128 Dom J. Boyer, Journal de voyage, Éditions Vernière, Clermont-Ferrand, 1886.

129 Une bulle du pape Alexandre IV concernant l’église Saint-Julien de Brioude, Watel, Brioude, 1890 ; Voyage d’Alain Desprez à Brioude, Brioude, 1890.

saints d’Auvergne131. L’analyse du culte de Julien dévie sur une histoire assouplie de Saint-Julien de

Brioude, où quelques indications retiennent l’attention du chercheur. Ultérieurement, Henri Doniol dans

La Basse Auvergne, en 1900, consacre quelques pages à Brioude132.

En 1905, Félix Alcan133, dans sa thèse sur l’historique du « Chapitre Noble » développe quelques

aspects du chapitre intégrés à une mise en contexte plus large134. C’est à partir de 1926, qu’Anne

Lemerle135, fait part de ses recherches sur Saint-Julien dans l’Almanach de Brioude. Son essai de

reconstitution du Liber de Honoribus sancto Juliano collatis identifie distinctement le Petit cartulaire de Brioude et explique ses apports. Fâcheusement, l’investigation ne reste qu’introductive. En 1926, F. Barry commence une série d’articles consacrés aux chanoines théologaux de Brioude136. Dans les années 1930,

l’Abbé Lespinasse apporte des données nouvelles. Nonobstant ses propos ne possèdent pas de références systématiques et certains faits relèvent de la tradition « orale » : ils sont donc invérifiables. En 1931, il rédige dans l’Almanach de Brioude, un article sur les édifices religieux de la ville137. Il s’agit d’une

approche assez rationnelle qui ouvre sur la réalité médiévale de Brioude ; puis en 1934, il rédige Le culte

de Saint-Julien138. Sur une base un peu simpliste, l’article d’Aimé Brunereau appelé Deux Guillaume chefs de la milice de Saint-Julien, relate quelques faits sérieux sans pour autant être novateur139.

Dans les années 1960, un renouvellement historiographique s’est réalisé. En 1958, Paul Olivier dans un article du bulletin historique140, divulgue quelques pistes au sujet des reliques de Saint-Julien et

du mobilier de la collégiale. Il appuie son propos sur des documents de sources qui donnent de l’assurance à son propos. Il évoque, par exemple, la présence à Brioude d’une imagine aurea qui contenait des reliques du saint martyr. Une autre étude publiée dans l'Almanach de Brioude en 1959 : celle de Jeanne Lebatteux, évoque les liens entre le chapitre canonial de Saint-Julien de Brioude et les clercs des églises de Tours, en effet elle affirme que : « Les moines de tours célébraient un service solennel pour les chanoines décédés de Brioude »141. La réciproque à Brioude s’était perpétuée jusqu'en 1529. La bulle de

131 J. Branche, la vie des saints et des saintes d’Auvergne et du Velay, t. I, Clermont, 1858, p. 115, p. 390-392, p.

480-493 ; S.-M. Mosnier, Les saints d’Auvergne, t. I, p. 33, p. 655-657 ; t. II, p. 207-230.

132 H. Doniol, La basse Auvergne, Paris, 1900, p. 443-448.

133 F. Alcan, Essai historique sur le noble chapitre Saint-Julien de Brioude au moyen âge, thèse de l'université de

Paris, 1905.

134 Nous ne possédons pour l’instant que quelques parties de son texte.

135 A. Lemerle, « Essai de restitution du “Liber de honoribus sancto Juliano” », Almanach de Brioude, 1926,

p. 20-54.

136 F. Barry, « Les chanoines théologaux du chapitre de Saint-Julien de Brioude (1579-1789) », Almanach de Brioude, t. 7, 1926, p. 87-105 ; 1927, p. 73-94 ; 1928, p. 153-170.

137 Abbé Lespinasse, « Les églises de Brioude avant la Révolution », Almanach de Brioude, t. 12, 1931, p.

61-86.

138 Abbé Lespinasse, « Le culte de Saint-Julien de Brioude », Almanach de Brioude, t. 15, 1934, p. 25-57. 139 A. Brunereau, « Deux Guillaume chefs de la milice Saint-Julien », Almanach de Brioude, t. 27, 1950, p.

33-40.

140 P. Olivier, « Julien (saint) de Brioude », Bulletin historique, t. XXXVII, 1958, p. 5-9

141 J. Lebatteux, « Saint-Julien de Brioude et les églises de Tours », Almanach de Brioude, t. 39, 1959, p. 15-

Calixte II, du premier juin 1119, utilisée par Madame Lebatteux142 confirme également que l’abbaye de

Brioude possédait dans ses biens et ses privilèges, l’abbaye de Saint-Julien de Tours.

L’étude véritablement novatrice de Gabriel Fournier nommée Le Peuplement rural en basse Auvergne

durant le haut Moyen-Âge143, en 1962, permet d’ouvrir d'autres perspectives de recherches en ce qui

concerne l’Auvergne et plus particulièrement Brioude. L’auteur analyse méticuleusement les documents de sources et mentionne invariablement ses références. Il montre les liens qui existent entre l’architecture seigneuriale et l’habitat civil. Par le biais des vestiges matériels, il ouvre son analyse à l’archéologie, pour étudier « l’empreinte de l’homme dans le sol ». Il établit les liens entre l’impact du parcellaire et les conditions de juridictions des terres, de propriété et d'exploitation ; il distingue la grande et la petite propriété. Il aide à concevoir les « permanences et les impermanences des répartitions humaines et […] du bâtiment » pour la période médiévale. Grâce à lui, nous comprenons l’évolution du

vicus gallo-romain de Brioude qui est devenu un bourg médiéval sous l’action du chapitre canonial.

L’analyse de la mise en place du cadre paroissial dans un milieu rural, qu’il propose, permet de réévaluer l’impact de la basilique de Brioude au sein du paysage, du parcellaire de la ville, de la paroisse elle-même ou du diocèse.

En 1962 Claudius Tavernier réalise une critique hagiographique de Saint-Julien144. Puis en 1965,

il raconte le pèlerinage de Saint-Julien de Brioude attesté à la fin du VIe siècle145. Il s’agit de deux analyses

sérieuses qui semblent aujourd’hui être un peu dépassées. Toujours dans le même élan décrivant les relations entre les cités, il existe l’article de Pierre-François Fournier dénommé Anciennes routes de Clermont

au Gévaudan par la région de Brioude146. En 1963, Michel Colonna Ceccaldi décrit le Concile de Brioude.

Quelques documents sources sont exploités par Bossuat, en 1964, pour écrire quelques lignes à propos du Chapitre de Saint-Julien et les habitants de Brioude au XVe siècle147.

À cette date, Anne Lemerle-Baudot, relance une étude sur le Liber Viridis148, le petit cartulaire de

Brioude. Elle exprime son contenu dans l'Almanach de Brioude. Puis, en 1971, Luc Tixier écrit dans les

Cahiers de la Haute-Loire une partie de son travail de mémoire ayant pour sujet La Seigneurie du chapitre de Brioude, VIIIe-XIe siècles149. Cette très séduisante analyse appuyée sur l’étude du Grand cartulaire examine

point par point l’organisation de la seigneurie, la répartition sectorielle, les possessions ou les capitulaires.

142 Idem, p. 23.

143 G. Fournier, Le peuplement rural en basse Auvergne durant le haut Moyen âge, Presse universitaire de France,

1962.

144 C. Tavernier, « La passion de Saint-Julien de Brioude et la critique hagiographique », Almanach de Brioude, t. 42, 1962, p. 175-185.

145 C. Tavernier, « Le pèlerinage de Saint-Julien de Brioude à la fin du VIe siècle », Almanach de Brioude, t.

45, 1965, p. 171-195.

146 P.-F. Fournier, « Anciennes routes de Clermont au Gévaudan par la région de Brioude », Almanach de Brioude, 1970, p. 85-102.

147 Bossuat, « Chapitre de Saint-Julien et les habitants de Brioude au XVe siècle », Almanach de Brioude,

1964, p. 45-67.

148 A. Lemerle-Baudot, « Liber Viridis : le petit cartulaire de Brioude », Almanach de Brioude, t. 47, 1967, p.

9-12.

149 L. Tixier, « La seigneurie du Chapitre de Brioude, VIIIe-XIe siècle », Cahiers de la Haute-Loire, 1971, p.

Les quelques cartes qu’il propose restent exploitables. En 1975 Nicole Hermann-Mascard, dans Les

reliques des saints : formation coutumière d'un droit150, intègre Saint-Julien de Brioude. L’étude très sérieuse,

toujours analysée à partir des sources reste un référent inévitable. Il en est de même dans l’article de 1978, écrit par Élisabeth Magnou-Nortier dont le sujet porte sur le faux diplôme de Louis le Pieux (825)151. Cette explication du Rædificatio ecclesial Brivatensis exprime les enjeux de l’abbatiale Brivadoise qui

entendait se débarrasser de sa tutelle laïque, alors que parallèlement se développait dans la chrétienté occidentale l’idée de liberté de l’Église.

En 1980, l’abbé Cubizolles écrit son Histoire du Noble Chapitre Saint-Julien de Brioude152. À partir

des textes d’Élisabeth Magnou-Nortier, mais également précédemment de Léon Levillain et de Georges Tessier, son analyse des faux documents falsifiés, révèle une nouvelle réalité du chapitre. L’abbé a eu recours aux recherches de ses contemporains, à de multiples sources, et a réussi à en faire une critique objective : il fit le tri entre la légende, la dénaturation des faits, les falsifications et les réalités des sources. Pour Marcel Baudot son travail est la « démonstration de la mainmise des familles de haut rang sur tous les pouvoirs spirituels autant que temporels et sur les rivalités qui en découlent »153. La vie du chapitre et

son histoire sont révélés avec un sens critique aigu mais parfois trop expérimental. S’il faut parfois se méfier des transcriptions qu’il a établies, ce travail est resté jusqu’à aujourd’hui un référent primordial.

Les années 1980 sont marquées par de nouvelles études universitaires. En 1986, Michel Estienne dans Le Pouvoir partagé, 1150-1350, la basse Auvergne au Moyen-Âge classique154, étudie plusieurs fois

le chapitre de Saint-Julien et ses relations aux rois de France, à l’évêque de Clermont et aux familles nobles du Brivadois. Cette thèse établie avec assurance, renseigne les relations entre Brioude et l’Aquitaine, mais également avec l’évêque du Puy et pareillement avec Bernard Plantevelue. Sa rigoureuse étude est écrite à partir des sources, elle apporte une analyse brillante des réseaux de relations du chapitre. Cet exercice solide appuyé pareillement sur des documents de la Gallia Christiana est un texte important pour l’histoire de l’Auvergne. Cette thèse inégalée, et malheureusement restée à l’état dactylographié, mériterait une édition complétée. Seul l’article du même auteur résume les résultats de cette thèse dans Le pouvoir partagé : la basse Auvergne de 1150 à 1350155.Puis en 1987, l’étude imposante de

Christian Lauranson-Rosaz156, englobe l’histoire de Brioude dans celle de l’Auvergne. L’espace du

diocèse ainsi que ses marges est pris en compte. Son récit concernant le haut Moyen-Âge, décrit avec

150 N. Hermann-Mascard, Les reliques des saints : formation coutumière d'un droit, Paris, Klincksieck, 1975.