V l L L A R S S A U V E L A F R A N C E . 1 blés refforts le s grandes affaires de c e inonde fon t fou vent dirigées. Le Févre donna fon avis à l ’Inten dant de la province; c e lu i- c i, au M aréchal de M on-
tefquiou, qui commandait fous le M aréchal de Villars;
le Général l’approuva, & l’exécuta. C ette a d io n fu t en effet le falot de la F ra n ce , plus encor que la paix a vec l’Angleterre, t e M aréchal de Villars donna le change au Prince Eugène. Un corps de dragons s'a vança à la vue du camp en n em i, comme fi on fe pré parait à l’attaquer ; & tandis que ces dragons fe reti rent enfuite vers G u ife , le M aréchal marche à Dé nain avec fon armée fur cinq colonnes. On force les retranchemens du Général Albem axle, défendus par d ix -fe p t bataillons ; tout eft tu é , ou pris. L e Géné ral fe rénd prifonnier avec deux Princes de Naffau , un Prince de H o lftein , un Prince d’A n h a lt, & tous les Officiers. L e Prince Eugène arrive à la h â t e , mais à la fin de l’ad io n , avec ce qu’il peut amener de troupes ; il veut attaquer un pont qui conduifait à D én ain , & dont les Français étaient maîtres ; il y perd du monde , & retourne à fon camp après avoir été tém oin de cette défaite.
T ous les p o lie s, vers Marchiennes le long de la Scarpe, font emportés l’un après l ’autre avec rapidité. O n pouffe à M archiennes défendue par quatre m ille hommes ; on en preffe le fiége avec tant de v iv a c ité , qu’au bout de trois jours on les fa it prifonniers, &
I
f a ) Le Maréchal de
Vil-hrs
eut à Verfailles une par
tie de l’appartement qu’avait
occupé
Monfeigneur ,& le
Roi vint l’y voir. L’auteur des
mémoires de
Maintenait,qui
eonfond tous les tems, dit
Tom. V. pag.
119,de ces mé-
môires, que le Maréchal de
ViUurs
arriva dans les jar
dins de Marli,
&que le Roi
lui ayant dit qu’il était
triscontent de lu i
, le Maréchal
fe tournant vers les courtïfans,leur dit,
MeJJSturs,
au moinsvous F entendez. Ce
conte, rap
porté dans cette occafion fe
rait tort à nn homme qui ve
nait^ de rendre de fi grands
férvices. Ce n’eft pas dans ces
momens de gloire qu’on fait
ainfi remarquer aux
T
r a i t é d’ U
t r e c h ï. 53
qu’on fe rend maître de toutes les m unitions de guerre & de b o u ch e , amaffées par les ennemis pour la cam pagne. Alors toute la fupériorité eft du cô té du M a réchal de Villars. L ’ ennemi déconcerté lève le fiége de L an d reci, & voit reprendre Douai , le Q u ê n o i, Bouchain. Les frontières font en fureté. L ’arm ée du Prince Eugène fe r e tir e , diminuée de près de cin quante bataillons, dont quarante furent p r is , depuis le combat de Dénain jufqu’ à la fin de la campagne. La viétoire la plus fignalée n ’aurait pas produit de plus grands avantages.
Si le Maréchal de Villars avait eu cette faveur po pulaire qu’ont e.u quelques autres G én érau x, on l ’eut appelle à haute voix le Reftaureur de la France ,• mais on avouait à peine les obligations qu’on lui avait ; & dans la jo ie publique d’un fuccès in e fp é ré , l ’en vie prédominait encore, ( a )
Chaque progrès du M aréchal de Villars hâtait la paix d’Utrecht. Le M iniftère de la R eine A n n e , ref- ponfable à fa patrie & à l’ Europe , ne négligea ni les intérêts de l ’Angleterre, ni ceu x des a llié s , ni la fureté publique. H exigea d’ abord , que Philippe V affermi en Efpagne, renonçât à fes droits fur la couronne de F ra n ce , qu’ il avait toûjours confervés ; & que le D uc de Berri fon fr è r e , héritier préfom ptif de la France après l ’unique a r r iè re -p e tit-fils qui reliait à Louis fans que le Roi eft content.
Cette anecdote défigurée eft de l’année 1711. Le Roi lui avait ordonné de 11e point at taquer le Duc de MarOto-
rougfi.
Les Anglais prirentBouchain. On murmurait contre le Maréchal de Villars. Ce fiit après cette campagne de I7H , que le Roi lui dit qu'il était content, & c’eft
alors qu’il pouvait convenir
i
un Général d’impofer filence aux reproches des courtifans, en leur difant que fon Sou verain était fatisfait de fa conduite , quoique malheu- reufc.
Ce fait eft très peu impor tant } mais il faut de la vérité dans les plus petites chofes.
u
» .» u a » i a
-P
A I XMU
X I V , renonçât auffi à la couronne d’Efpagne en cas
qu’il devînt R oi de France. O n voulut que le D uc d’Orléans f î t la même renonciation. On venait d’é prouver , par douze ans de guerre ^combien de tels àétes lient peu les hommes. 11 n’ ÿ a point encor de loi reconn ue, qui oblige les defcendans à fe priver du droit de régner , auquel auront renoncé les pères.
Ces renonciations ne font efficaces , que lorfque l’ intérêt commun continue de s’accorder avec elles. M ais enfin elles calmaient pour le moment préfent une tempête de douze années : & il était prob ab le, qu’un jour plus d’une nation réunie foutiendrait ces reno nciatio ns, devenues la bafe de l’équilibre & de la tranquillité de l’Europe.
»
î
On donnait par ce traité au D uc de Savoie l ’ ifle de S ic ile , avec le titre de Roi ; & dans le continen t, Feneftrelles , E x ile s , & la vallée de Pragelas. Ainfi on prenait pour l ’agrandir, fur la M aifon de Bourbon. '
O n donnait aux Hollandais une barrière confidé- rable , qu’ils avaient toujours défirée; & fi l ’on dé pouillait la Maifon de France de quelques domai nes en faveur du D uc de Savoie , on prenait en effet fur la M aifon A1 Autriche de quoi fatisfaire les
Hollandais , qui devaient devenir à fes dépens , les çonfervateurs & les maîtres des plus fortes villes de la Flandre. On avait égard aux intérêts de la Hollan de dans le commerce ; on Hipulait ceux du Portugal.
I
O n réfervait à l’ Empereur la fouveraineté des huit provinces & demie de la Flandre Efpagnole , & le domaine utile des villes de la barrière. On lui affu- rait le Royaume de Naples & la Sardaigne, avec tout ce qu’il pofledait en Lombardie , & les quatre ports fur les côtes de la Tofcane. Mais le Confeil de V ien ne fe croyait trop léfé , & ne pouvait foufcrire à ces conditions.
A l’égard, J e JA n gleterrA * f e , ^ p i ^ Ç c s intérêts étaient en fôreté. Elle faiîait démydH & com bler ,1« port de D unkerque, objet de tant de jaloûfies. L