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o l b e r t.
moins de reproches à faire qu’au Cardinal M a za rin , fit voir qu’il n’appartient pas à tout le monde de faire les mêmes fautes. Sa perte était déjà ré fo lu e , quand le Roi accepta la fête magnifique que ce M iniftre lui donna dans fa maifon de Vaux, C e palais & les jardins lui avaient coûté dix-huit m illio ns, qui en valent au jourd’hui environ trente-cit«}. ( e ) Il avait bâti le pa lais deux fo is , & acheté trois ham eaux, dont le terrain fut enfermé dans ces jardins im m enfes, plantés en partie par le N ôtre, & regardés alors comme les plus beaux de l’Europe. Les eaux jailliflantes de V a u x , qui parurent depuis au-deffous du m édiocre après celles de V e rfa ille s, de Marti & de St. C lo u d , étaient alors des prodiges. Mais quelque belle que foit cette m aifo n , cette dépenfe de dix-huit millions dont les comptes exiftent en co re, prouve qu’ il avait été fervi avec auffi peu d’œconomie qu’il fervait le Roi. Il eft vrai qu’il s’en falait beaucoup que St. Germain & Fontaine bleau , les feules maifons de plaifance habitées par le R o i , approchaffent de la beauté de Vaux. Louis X I V le fe n tit, & fut irrité. On voit partout dans cette mai
fon les armes & la d ev ifed e Fouquet. C ’eft un écureuil avec ces paroles : Q m non afcendom ? Où ne monterai-
je p o in t? Le Roi fe les fit expliquer. L ’ambition de
cette devife ne fervit pas à appaifer le Monarque. Les courtifans remarquèrent que l’écureuil était peint partout pourfuivi par une couleuvre , qui était les armes de Colbert. La fête fut au - deffus de celles que le Cardinal M azarin avait données , non-feulement pour la magnificence , mais pour le goût. On y repré- îenta , pour la première fo is, les Fâcheux de Molière.
Pélijfon avait fait le prologue qu’on admira. Les
plai-*
(
e) Les comptes qui le
prouvent étaient à Vaux , au
jourd’hui Villa», en 1718,
& doivent y être encore.
Moniteur le Duc de
V illm,
fils du Maréchal, confirme ce
fait. Il eft moins fingulier
qu’on ne penfe. Vous voyez
dans les mémoires de l’Abbé
de
Choifique le Marquis de
Pouvais
lui difait en lui par
lant de
Meudon ;Je fuis fur
le quatorzième million.
F O U Q. U 1 T.
79 firs publics cachent ou préparent fi fouvent à la Cour des défaftres particuliers , que , fans la R ein e-m ère, le Surintendant & P éliffm auraient été arrêtés dans Vaux le jour de la fête.' Ce qui augmentait le refiem i ment du m aître, c ’eft queM adem oifelle de la Falière, pour qui le Roi commençait à fentir une vraie paffion, avait été un des objets des goûts paffagers du Sur- intendant , qui ne ménageait rien pour les fatisfaire. 11 avait offert à M adem oifelle de la Valiêre deux cent mille livres ; & cette offre avait été reçue avec indigna tion , avant qu’elle eût aucun deffein fur le cœur du Roi. Le Surintendant s’étant apperçu depuis quel puif- fant rival il a v a it, voulut être le confident de celle' dont il n’avaic pu être le poffeffeur ; & cela même irritait encore.; :
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L e R o i, qui dans un premier m ouvem ent d’indigna tion avait été tenté de faire arrêter le Surintendant au milieu même d elà fête qu’ il en re c e v a it, ufa enfuite d ’une diffimulation peu néceffaire. O n eût dit que le Monarque déjà tou t-puiffant eût craint le parti que
Fouquet s’ était fait.
Il était Procureur-Général du Parlem ent ; & cette charge lui donnaitle privilège d’être jugé par les Cham bres affemblées. M ais après que tant de P rin ces, de M aréchaux & de Ducs avaient été jugés par des Com- m iffaires, on eût pu traiter comme eux un M agiftrat, puifqu’on voulait fefe rvir de ces voies extraordinaires, qui fans êtreinjuftes laiffent toujours un foupçon d’in- juftice.
Colbert l ’ engagea par un artifice peu honorable, à
vendre fa charge. On lui en offrit jufqu’ à dix-huit cent mille livres , qui vaudraient trois millions & demi de nos jo u r s , & par un mal-entendu il ne la vendit que quatorze cent mille francs. Le prix exceffif des places au Parlem ent, fi diminué d ep uis, prouve que! refte de confideration ce corps avait confervé dansfon abaiffe-ü ë & T îT »
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i8 0 F O Ü Q . O E T .
ment même. Le D uc de G u ife , Grand-Chambellan du R o i , n’avait vendu cette charge de la Couronne au D uc de Bouillon, que huit cent mille livres.
C ’était la F ro n d e , c’était la guerre de Paris qui avait mis ce prix aux charges de judicature. Si c’était un des grands défauts & un des grands malheurs d’un gouver nement longtems o b é ré , que la France fût l’unique pays de la terre où les places de Juges fûlTent vénales ; c’ était une fuite du levain de la fé d itio n , & c’ était une efpèce d’infulte faite au Trône , qu’ une place de Procureur du Roi coûtât plus que les premières digni tés de la Couronne^
B ouquet, pour avoir diffipé les finances" de l’ E tat,
& pour en avoir ufé comme des {jeunes propres , n’ en avait pas moins de grandeur dans l ’arae. Ses dépréda- ; tions n’avaient été que des licences & des libéralités. Il fit porter
à
l’épargne le prix de fa charge ; & cette belle aétionme le fauva pas. On attira avec adreflcà
Nantes un homme , qu’ un. Exempt & deux gardes pouvaient : arrêterà
Paris. Le Roi lui fit des careffes avant fa difgrace. Je ne fais pourquoi la plûpart des Princes affectent- d’ordiilaire de trom per, parde,fauîTes b’on- t é s , ceux de leurs fujets qu’ils veulent perdre. La diffi- mulation alors, eft l’oppofé de la grandeur. Elle n’eft jamais une vertu , & ne, peut devenir un talent eftima- b le , que quand elle eft abfojurnent néceffaire. LouisX I V parut fortir de fon caractère ; mais on lui avait
fait entendre , que Bouquet faifait de grandes fortifi cations
à
Belle-lfle , & qu’il pouvait avoir trop de liaifons au dehors & au dedans du Royaume. Il parut bien , quand- il fu t arrêté & conduità
la Baftille &à
V incen nes, que fon parti n'était autre chofe que l’avi dité de quelques courtifans & de quelques fem m es, qui recevaient de lui des penfion s, & qui l’oublièrent dès qu’ il ne fut plus en état d’en donner. Il lui reftâ d’autres amis , & cela prouve qu’il en méritait. L ’illuftre Madame de Sèvignè, Pilijj'on , G ourville, Mademoifelle i pI
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8 iMademoifelle Scudêri, plufieurs gens de lettres fe dé clarèrent hautement pour l u i , & le fervirent avec tant de chaleur qu’ils luifauvèreflt la vie.
On connaît ces vers de R ainault le traducteur de
Lucrèce contre Colbert le perfécuteur de Fouquet :