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dès danfes efpagnoles , com­ me la farabande , la pavane ,

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [19] (Page 77-80)

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la majeflé de fa fig u re , & qui ne bleflaient pas celle de Ion rang. Les courfes de bagues , qu’on faifait quelquefois, & où l’on étalait déjà une grande ma­ gnificence , faifaient paraître avec éclat fon adreffe à tous m exercices. T o u t refpirait les plaifirs & la magnificence qu’ on connaiffait alors. C ’était peu de chofe en comparaifon de ce qu’ on v it quand le Roi régna par lu i-m ê m e ; mais c’était de quoi éto n n er, après les horreurs d’une guerre civile , & après la trifteffe de la vie fom bre & retirée de Louis X I I I . Ce P rin ce , malade & chagrin , n’avait été ni fe r v i, ni lo g é , ni meublé en R oi. Il n’y avait pas pour cent mille écus de pierreries appartenantes à la Couronne. L e Cardinal M azarin n’en laiffa que pour douze cent mille ; & aujourd’hui il y en a pour environ vingt millions de livres.

T o u t p r i t , au mariage de Louis X I V , un caractère ; plus grand de magnificence & de g o ù c, qui augmenta toujours depuis. Quand il fit fon entrée avec la Reine ' fon ep o u fe, Paris vit avec une admiration refpeétueufe § te n d re , cette jeune R eine qui avait de la b eau té, portée dans un char fuperbe d’une invention nou­ velle ; le Roi à cheval à côté d’e llë , paré de tout ce que l ’art avait pu ajoutêr à fa beauté mâle & héroï­ que , qui arrêtait tous les regards.

On prépara au bout des allées de V in c e n n e s , un arc de triomphe dont la bafe était de pierre ; mais le tems qui p re ffa it, ne permit pas qu’ on l’achevât d’ une matière durable : il ne fut élevé qu’en plâtre ; & il a été depuis totalement démoli. Claude Perrault en avait donné le deffein. La porte St. Antoine fut rebâtie pour la même cérémonie ; monument d’un goût moins n o b le , mais orné d’affez beaux morceaux defcuipture. Tous ceux qui avaient v a , le jour de la ba­ taille de St. A ntoine, rapporter à P aris, par cette porte a alors garnie d’une herfe , les corps morts ou mou-

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fi d ifférente, béniffaient le c i e l , & rendaient grâces d’un fi heureux changement.

L e Cardinal M a z a r in , pour foletnnîfer ce m ariage, fit repréfenter au Louvre l ’opéra italien , intitulé Er-

cole amante. Il ne plut pas aux Français. Ils n’y vi­

rent avec plaifir que le R oi & la R eine qui y dan- fèrent. L e Cardinal voulut fe fignaler par un fpec- tacle plus au goût de la nation. L e Secrétaire d ’E ­ tat de Lionne fe chargea de faire compofer une ef- pèce de tragédie allégorique , dans le goût de celle de l’ E urope, à laquelle le Cardinal de Richelieu avait travaillé. Ce fut un bonheur pour le grand Corneille, qu’ il ne fût pas choifi pour remplir ce mauvais ca­ nevas. L e fujet était Lifts & Hefpérie. Lifts lignifiait la F ra n ce , & Hefpérie l’ Efpagne. Q tdnault fut chargé d ’y travailler. Il venait de fe faire une grande ré­ putation par la pièce du F a u x Tiberinus , q u i , quoi­ que m au vaife, avait eu un prodigieux fuccés. Il n’en fu t pas de même de Lifts. O n l’exécuta au Louvre. Il n’y eut de beau que les machines- L e Marquis de Sourdiac du nom de R ieux , à qui l’on dut depuis i’établiffement de l’ opéra en F ra n ce , fit exécuter dans ce tems-là même à les d é p e n s, dans fon château de N e u b o u rg , la Toifon d’or de Pierre Corneille , avec des machines. Q td n a u lt, jeune & d ’une figure agréa­ ble , avait pour lui la Cour : Corneille avait fon nom & la France. Il en réfulte que nous devons en France l’opéra & la com édie à deux Cardinaux.

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C e ne fu t qu’ un enchaînement de fêtes , d e plai- fir s , de galanterie depuis le mariage du R o i. Elles redoublèrent à celui de Monfteur frère du R o i , avec

Henriette d’ Angleterre fœur de Charles I I ,• & elles

n’ avaient été interrompues qu’en 1661 par la mort du Cardinal M azarin.

Quelques mois après la mort de ce Miniftre , il ar­ riva un événem ent qui n ’a point d’exem ple ; & ce

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qui eft port moins étra n g e , c’eft que tous les hifto- riens Font ignoré. On envoya dans le pins grand fe- cret au château de l ’ifle Sainte-M arguerite dans la mer de P ro ven ce, un prifonnier in co n n u , d’ une taille Su- deffus de l’ordinaire, jeune & de la figurera plus belle & la plus noble. Ce prifonnier dans la route portait un mafque , dont la mentonnière avait des refforts d’acier, qui lui lailTaient la liberté de manger avec le mafque fur fon vifage. On avait ordre de le f u e r , s’il fe découvrait. Il refta dans l ’iüe , jùfqu’ à-ce qu’un offi­ cier de confiance nommé S aint-M ars, Gouverneur de P ig n e ro l,-ayant été fait Gouverneur de la Baftille l ’an 1690, l ’alla prendre à l ’ifle Sainte-M argu^ âte, & le conduifit à la Baftille toujours mafqué. ' L e ftla r- quis-de Lonvois alla le voir dans cette ifle avant la tranflation, & lui parla debout & a vec une confidé- ration qui tenait du refpeét. C et inconnu fut mené à la Baftille , où il fut logé auffi-bien qu’on peut l’ê ­ tre dans le château. On ne lui refufait rien de ce qu’il demandait. Son plus grand, goût était pour le linge d’une fineffe extraordinaire , & pour les den­ telles. 11 jouait de la guitarre.. On lu F faifait la plus grande c h è r e , & le Gouverneur s’afféyait rarement devant lui. . Un vieux médecin de la Baftille , qui avait fouvent traité cet homme fihgulier dans fes m aladies, a dit qu’il n’avait jamais vu fon vifage , quoiqu’il eût fouvent examiné fa langue & le refte 'd e fon corps. Il était admirablement bien fa it, difait ce m éd ecin ; fâ ’ peau était un peu brune ; il, intéreffait par le feul ton de fa v o i x , ne fe plaignant jamais de fon é t a t, & ne laiifant point entrevoir- ce qu’il pouvait être. ( à )

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| Cet inconnu mourut en 1 7 0 4 , & fut enterré la nuit à I la paroiffe de St. Paul. Ce qui redouble l’étonnem ent,

j c ’eft que quand on l’envoya aux ifles Sainte-M arguerite,

( d)

Un fameux chirur­

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