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que tous le? Officiers ont fu : c'eft ce que Monfieur le Duc

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [19] (Page 41-47)

de

Villars

daigne me confir­

mer par fes lettres. Il n’op-

pofe que le mépris aux forti­

fies infolentes & caiomnienfes

de

La Meautpelle.

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mais on ft’ert craignait pas moins du côté de la Flan­ dre ; & l ’intérieur d û Royaume était dans un état fi languiffant, que le R oi demanda èncor la paix en fup- pliant. Il offrait de reconnaître l ’Archiduc pour R oi d’E fp agn e, de ne donner aucun fecours à fon petit- fils , & de l’ abandonner à fa fo rtu n e; de donner qua­ tre places en étage ; de rendre Strasbourg & Brifac ; de renoncer à la fouveraineté d e l’Alface , & d é n’en garder que la préfeéture ; de rafer toutes fes places depuis B ile jufqu’à Philipsbourg ; de combler le port fi longtems redoutable de D u n kerq u e, & d’ en rafer les fortifications ; de laiffer aux Etats-Généraux L ille , T o u rn a i, Y p res, M e n in , F u m es, Condé , Maubeuge. Voilà les points principaux qui devaient fèrvir de fon- demens à la paix q u ’i l implorait.

Les alliés voulurent encor goûter le triomphe de dïfcuter les foumiffions de Louis X I V . On permit à fes Plénipotentiaires de v e n ir , au commencement de 1 7 1 0 , porter dans la petite ville de Gertruden- b e r g , les prières de ce Monarque : il choifit le M a­ réchal d’ Uxelles, homme fr o id , tacitu rn e, d’un efprit plus fage qu’élevé & hardi ; & l ’A b b é, depuis Cardi­ nal de P olign ac, l’ un des plus beaux efprits & des plus éloquens de fon fië c le , qui impofait par fa figure & par fes grâces. L ’e fp rit, la fagefie , l’élo q u en ce, ne font rien dans des Miniftres , lorfque le Prince n ’eft pas heureux : ce font les victoires qui font les traités. L es Ambaffadeurs de Louis X I V furent plu­ tôt confinés qu’admis à Gertrudenberg, Les députés venaient entendre leurs offres , & les rapportaient à la Haye au Prince E ugène, au

Duc

de Marlborougb , au Comte de Z in zin d o rf Ambaffadeur de l’Empereur ; & ces offres étaient toujours reçues avec mépris. On leur infultait par des libelles outrageans, tous com- pofés par des réfugiés F ran çais, devenus plus enne­ mis de la gloire de Louis X I V que Marlborougb &

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C E G e e t r c d e n b e r g . 3 9 t e s Plénipotentiaires de France pouffèrent l ’humi­ liation jufqu’à promettre que le R oi donnerait de l’ar­ gent pour détrôner Philippe V , & n e furent point écoutés. O n exigea que Louis X T V , pour prélimi­ naires , s’ engageât feul à chaffer d’ Efpagne fon p etit- fils dans deux mois par la voie des armes. C ette in;- humanité abfurde, beaucoup plus outrageante qu’un- re fu s, était infpirée par de nouveaux fu ccès.

Tandis que les alliés parlaient ainfi en maîtres irri­ tés contre la grandeur & la fierté de Louis X I V également abaiffées , ils prenaient la v ille de Douai. Ils s’emparèrent bientôt après de B é th u n e , d’A ir e , de Saint-Venant ; & le Lord Stair propofa d ’en voyer des partis jufqu’à Paris.

Prefque dans le même te m s, l’armée de l’Archiduc, commandée en Efpagne par Gui de Starem berg, le Général Allemand qui avait le plus de réputation après le Prince Eugène , remporta près de Sarragoffe une victoire complette fur l’armée en qui le parti de P h i­

lippe V avait mis fon efpéranee, à la tête de laquelle

était le Marquis de Buy , Général malheureux. O n remarqua encore , que les deux Princes qui fe dif- putaient l’E fp agn e, & qui étaient l’un & l’autre à por­ tée de leur armée , ne fe trouvèrent pas à cette ba­ taille. De tous les Princes , pour qui on com battait en E u ro p e, il n’y avait alors que le D uc de Savoie qui f ît la guerre par lu i-m ê m e . Il était tr ifte , qu’il n’acquît cette gloire qu’en combattant contré fes deuxr fille s , dont il voulait détrôner l’une pour acquérir en Lombardie un peu de terrain , fur lequel l’Empereur

Jofeph lui faifait déjà des difficultés , & doût on l ’au­

rait dépouillé à la première occafion.

Cet Empereur était heureux p artou t, & n’ était nulle part modéré dans fon bonheur. Il démembrait de fa feule autorité la Bavière •, il en donnait les fiefs à fes parens & à fes créatures. Il dépouillait le jeune Duc

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r a n c e de la Mirandole en Italie ; & les Princes de l’Empire lui entretenaient une armée vers le R hin , fans pen- fer qu’ils travaillaient à cimenter un pouvoir qu’ils craignaient, tant était encor dominante dans les ef- prits la vieille haine contre le nom de Louis X I V , qui femblait le premier des intérêts. La fortune de

Jofepb lë fit encor triompher des mécontens de Hon­

grie. La France avait fufcité contre lui le Prince Ra-

gotski , armé pour fes prétentions & pour celles de

fon pays. Ragotski fut battu , fes villes p rife s, fon parti ruiné. Ainfi Louis X I V était également mal­ heureux au - dehors , au - dedans , fur mer & fur te r r e , dans les négociations p u b liqu es, & dans les intrigues fecrettes,

T ou te l’Europe croyait a lo r s , que l’Archiduc Char­

les , frère de l’heureux Jofepb , régnerait fans concur­

rent en Efpagne. L ’Europe était menacée d’une puif- fance plus terrible que celle de Charles - Q jdnt ; & c ’était l’Angleterre longtems ennemie de la branche d’Autriche - E fpagnole, & la Hollande fon efclave ré­ voltée , qui s’ épuifaient pour l’ établir. Philippe V , réfugié à Madrid , en fortit encor , & fe retira à Val- ladolid ; tandis que l’ Archiduc Charles fit fon entrée en vainqueur dans la capitale.

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L e Roi de France ne pouvait plus fecourir fon petit- fils ; il avait été obligé de faire en partie ce que fes ennemis exigeaient à G ertrudenberg, d’abandonner la caufe de Philippe, en faifant reven ir, pour fa pro­ pre défenfe , quelques troupes demeurées en Efpagne. Lui - même à peine pouvait réfifter vers la Savoie , vers le R h in , & furtout en Flandre , 011 fe portaient les plus grands coups.

L ’Efpagne était encor bien plus à plaindre que la France. Prefque toutes fes provinces avaient été rava­ gées par leurs ennemis & par leurs défenfeurs. Elle était attaquée par le Portugal. Son commerce périf- fait- La difette était générale ; mais cette difette fut

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plus funefte aux vainqueurs qu’aux v a in c u s , parce que dans une grande étendue de pays l’affeâion des peuples refufait tout aux A u trich ien s, & donnait tout à Philippe. Ce Monarque n’ avait plus ni troupes , ni Général de la part de la France, L e D uc d’ Orléans , par qui s’ était un peu rétablie fa fortune chancelante , loin de continuer de commander fes armées , était regardé alors comme fon ennemi, 11 eft certain , que malgré l ’affeétion de la ville de Madrid pour Philip­

p e , malgré la fidélité de beaucoup de Grands &

de toute la C aftille, il y avait contre Philippe V un grand parti en Efpagne. Tous les Catalans , nation belliqueufe & opiniâtre , tenaient obftinément pour fon concurrent. La moitié de l’Arragon était auffi ga­ gnée. Une partie des peuples attendait alors l’événe­ ment : une autre haïffait plus l ’Archiduc qu’ elle n’ai­ mait Philippe. L e Duc d’Orléans du même nom de

Philippe , m écontent d’ailleurs des M iniftres Efpa-

g n o ls, & mécontent de la Princelfe des Urjlns qui gouvernait, crut entrevoir qu’il pouvait gagner pour lui le pays qu’il était venu défendre ; & lorfque Louis

X I V avait propofé lui-même d’ abandonner fon petit-

fils, & qu’on parlait déjà en Efpagne d’une abdica­ tion , le Duc d’Orléans fe crut digne de remplir la p la c e , que Philippe V femblait devoir quitter. Il avait à cette couronne des d ro its, que le teftament du feu Roi d’Efpagne avait n églig és, & que fon père avait maintenus par une proteftation.

Il fit par fes agens une ligue avec quelques Grands ■ d’E fpagne, par laquelle ils s’engageaient à le mettre fur le trô n e , en cas que Philippe V en defcendit. Il aurait en ce cas trouvé beaucoup d’ Efpagnols èmpref- fés à fe ranger fous les drapeaux d’ un Prince qui fa- vait combattre. Cette entreprife , fi elle eût r é u ffi, pouvait ne pas déplaire aux PuiflTances maritimes , qui auraient moins redouté alors de voir l’ Éfpagne & la France réunies dans une même main ; & elle aurait apporte moins d’obftacles à la paix. L e projet fut dé- i ï

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couvert à Madrid , vers le commencement de 1709 » tandis que le D uc d’ Orléans était à Verfailles. Ses agens furent emprifonnés en Efpagfie. Philippe V ne pardonna pas à fon parent, d ’avoir cru qu’il pouvaitab- d iquer, & d ’avoir eu la penfée de lui fuccéder. La France cria contre le D uc d’Orléans. M onfeigneur , père de Philippe V , opina dans le Confeil » qu’on fît lé procès à celui qu’il regardait comme coupable : mais le R oi aima mieux enfevelir dans le filence un projet informe & excu fable, que de punir fon neveu dans le tems qu’il voyait fon petit-fils toucher à fa ruine.

E n fin , vers le tems de la bataille de Sarragoffe, le Confeil du Roi d’ Efpagne, & la plupart des G rands, voyant qu’ils n’avaient aucun Capitaine à oppofer à

Staremberg, qu’on regardait comme un autre Eugè­ ne , écrivirent en corps à Louis X I V pour lui de­

mander le D uc de Vendôme. Ce P rin ce , retiré dans A n e t, partit alors ; & fa préfence valut une armée. La grande réputation qu’il s’était faite en Ita lie , & que la malheureufe campagne de L ille n’avait pu lui faire p e rd re, frappait les Efpagnols. Sa popularité, fa libé­ ralité qui allait jufqu’à la profufion, fa franchife , fon amour pour les fold ats, lui gagnaient les cœurs. Dès (ju’il mit les pieds en E fp agn e, il lui arriva ce qui était arrivé autrefois à Bertrand du Guefclin. Son nom feul attira une foule de volontaires. Il n’avait point d’argent: les Communautés des v ille s, des villa­ ges & des re ligie u x , en donnèrent. Un efprit d’en- toufî iftne faifit la nation. Les débris de la bataille de Sarragofle fe rejoignirent fous lui à Valladolid. T o u t s’ empreffa de fournir des recrues. L e D uc de Ven­

dôme, fans laifler ralentir un moment cette nouvelle

ardeur , pourfuit les vainqueurs , ramène le Roi à M a d rid , oblige l’ennemi de fe retirer vers le Portu­ gal , le f u î t , paffe le T age à la nage , fait prifonnier dans Brihuega Stanbope avec cinq mille A n gla is, at­ teint le Général Staremberg, & le lendemain lui livre la bataille de V illaviciofa. Philippe F , qui n’avait . ■

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point encor combattu a v e c fes autres G é n érau x , ani­ mé de l’efprit du Duc de Vendôm e, fe m et à la tête de l ’aile droite. L e Général prend la gauche. Il rem­ porte une viétoire entière ; de forte qu’en quatre mois de tein s, ce P rin ce , qui était arrivé quand tout était défefpéré , rétablit tout , & affermit pour jamais la couronne d’Efpagne fur la tête de Philippe, ( a )

Tandis que cette révolution éclatante étonnait les a lliés, une autre plus fourde & non moins décifive fe, préparait en Angleterre. Une Allemande avait par fa mauvaife conduite fait perdre à la M aifon d'A utriche toute la fucceffion de Cbarks-Quint, & avait été ainfi le premier mobile de la guerre ; une Anglaife par fes im­ prudences procura la paix. Sara Jennïngs, Ducheffe de Marlborough, gouvernait la Reine Anne ; & le Duc gouvernait l’Etat. Il avait en fes mains les finances , par le grand Tréforier Godolpbin , bèau-père d’une de fes filles. Sunderlm d Secrétaire d’E ta t, fon g e n d r e , lui foumettait le cabinet. Toute la M aifon de la R ein e r où commandait fa femme , était à fes ordres. Il était maître de l ’arm ée, dont il donnait tous les emplois. Si deux p a rtis, les IVbigs & les Taris , divifaient l ’An- gle terre, les IVbigs , à la tête defquete il é t a it , fai- îaient tout pour fa grandeur ; & les Taris avaient été forcés à l’admirer & a fe taire. Il n’eft pas indigne de Phiftoire, d’ajouter que le Duc & la Ducheffe étaient les plus belles perfonnes de leur tems ; & que cet avan­ tage féduit encor la m ultitude » quand il eft jo in t aux dignités & à la gloire,

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Il avait plus de crédit à la Haye que le grand Penfion- n a ire , & il influait beaucoup én Allemagne, N égocia­ teur & Général toujours h e u re u x , nui particulier n’eut jamais une puiffance & une gloire fi étendues. Il

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