,
:
' 33 Aimez toujours vos parens. Souvenez-vous de la ,, peine qu’ils ont eu à vous quitter. Confervez un j, grand commerce avec eux dans les grandes chofes s, & dans les petites. D em andez-nous ce que vous ,3 auriez befoin ou envie d’avoir qui ne fe trouve pas 33 chez vous ; nous en uferons de même avec vous.
33 N ’oubliez jamais que vous êtes F ran çais, & ce 3, qui peut vous arriver. Quand vous aurez alluré la 33 fuccelïion d’ Efpagne par des enfans , vifitez vos 3, royaum es, allez à Naples & en S ic ile , pafTez à Mi- „ lan & venez en Flandre ; (A) ce fera une occafion 33 de nous revoir : en attendant vifitez la Catalogne, ,3 l’ Arragon, & autres lieux. V oyez ce qu’ il y aura à 33 faire pour Ceuta.
,3
Jettez quelque argent au peuple quand vous ferez 33 en E fpagn e, & furtout en entrant à Madrid.Y*
( h
) Cela fetil peut fervir
à confondre tint d’hiftoriens
qui fur la foi des mémoires
infidèles écrits en Hollande ,
ont rapporté ün prétendu
traité ( ligné par
Philippe V,avant Ton départ ) par lequel
traité ce f rince cédait à fon
grand - père la Flandre
&le
Milanais.
(
i ) LeRoi d’Efpagne pro
fita de ces confeils : c’était un
Prince vertueux.
L’auteur des mémoires de
JUaintenon
, Tom. V. pag.
200.
Sifuiv. l’accufe d’avoir
D E L
o d i sX I V .
I Ï 3„ N e paraiffez pas choqué des figures extraordinai- „ res que vous trouverez. N e vous en m oquez point. „ Chaque pays a fes manières particulières ; & vous „ ferez bientôt accoutumé à ce qui vous paraîtra d’a-
n bord le plus furprenant.
„ E vitez autant que vous pourez de faire des grâces M à ceux qui donnent de l’argent pour les obtenir. „ Donnez à propos & libéralem ent; & ne recevez „ guères de préfens, à moins que ce ne foit des baga- „ telles. Si quelquefois vous ne pouvez éviter d’en M recevoir , faites - e n , à ceux qui vous en auront
„ d o n n é , de plus confidérables , après avoir laiflc „ paffer quelques jours.
„ A yez une caflette pour m ettre ce que vous aurez J, de p a rticu lier, dont vous aurez feul la clef.
„ Je finis par un des plus importans avis que je 5, puiffe vous donner. N e vous laiffez pas gouverner. 53 Soyez le maître ; n’ ayez jamais de favori ni de pre- „ mier Miniftre. Ecoutez , confultez votre C o n fe il, „ mais décidez. Di e u qui vous a fait R o i , vous don- 3> nera les lumières qui vous font n éceffaires, tant 33 que vous aurez de bonnes in ten tio n s.” (i)
; , :
Louis X I V avait dans l’efprit plus de jufteffe &
de d ig n ité , que de faillies ; & d’ ailleurs on n’ exige pas qu’un R o i dife des chofes mémorables , mais qu’il
fait un fouper fcandaleux avec
la Princejfe des Urjins le lende main de la mort de fa première femme,Sid’avoir voulu épou-
fer cette Dame, qu’il char
ge d’opprobres. Remarquez
que . . . . ,de /* Trimouille
Princeffe ‘des Urjins , Dame
d’honneur de la feue R eine,
avait alors plus de foixante ans. Ces contes populaires , qui ne méritent que l’o u b li, deviennent des calomnies pu- niflables quand on les impri me , & qu’on veut flétrir les noms les plus refpeâés fans
apporter la plus légère pr«u- j t
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A N E C D Q T E S.
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eh fafie. Ce qui eft néceffaire à tout homme en p la ce , c ’eft de. ne I aider fortir perfonne m écontent de fa pré fet! ce , & de fe rendre agréable à tous ceux qui Rap prochent. On ne peut faire du bien à tout m om ent; mais on peut toujours dire des ehofes qui plaifent. IL s’en était fait une heureufe habitude. C ’ était entre lui & & Cour un commerce co n tin u el, de tout ce que la majefté peut avoir de grâces fans jamais fe dégrader, & de tout ce que l ’emprelfement de fervir & de plaire peut avoir de fineffe , fans l ’air de la baffefle. 11 éta it, furtout avec les fem m e s, d’une attention & d’ une po- liteffe qui augmentait encor celle de fes courtifans ; & il ne perdit jamais l’ occafion de d ire aux hommes de ces ehofes qui flattent l’amour-propre en excitant l ’ém ulation, & qui laiffent un long fouvenir.
Un jour Madame la Duchefle de Bourgogne encor . fort je u n e , voyant à fouper un Officier qui était très r la id , plaifanta beaucoup & très haut fur fa laid eu r; J „ Je le tro u ve, M ad am e, dit Je Roi encor plus haut, 1
„ un des plus beaux hommes de mon Royaum e ; car ; 5, c’eft un des plus braves.”
- U n Officier-Général, homme un peu b ru fq u e , & qui n’avait pas adouci fon caractère dans la Cour même de Louis X I V , avait perdu un bras dans une a ftio n ,
& fe plaignait au R o i, qui l ’avait pourtant récompen-
fé , autant qu’on le peut faire pour un bras caffé : , , Je voudrais avoir perdu auffi l’autre , d it- il, & ne ,i plus fervir V otre M ajefté : “ J 'e n ferais bien fàcbè
fo u r vous pour m o i , lui répondit le R oi : & ce
difeours fut fuivi d’une grâce qu’ il lui accorda. Il était fr éloigné de dire des ehofes défagréables , qui font des traits mortels dans la bouche d’un P rin ce , qu’ il ne fe permettait pas même les plus innocentes & les plus douces railleries ; tandis que des particuliers en font tous les jours de fi cruelles & de fi funeftes.
- Il fe plaifâit & fe cônnailFait à ces ehofes ingénieu- fes , aux im prom ptus, aux chanfons agréables; &
quel-"H ■ ... 'fr"*1 “l ... ~
A n e c d o t e s . 1 55
quefois même il faifait fur le champ de petites parodies fur les airs qui étaient en v o g u e , com m e celle-ci :