snowboard violet éclatant et à propulsion. L’infinité du numérique ouvre la voie d’une évasion totale du monde réel, de la morosité de son quotidien pour accéder à un univers où il devient en quelque sorte « le créateur ». C’est une proposition qui interpelle cependant les traditions artistiques.
Pour beaucoup encore, le monde virtuel et celui de l’imaginaire numérique sont associés à l’enfance, portés par un esprit empli de candeur et de crédulité. De fait, le jeu vidéo est encore perçu comme une activité néfaste, amalgamant de façon suspicieuse le réel et le virtuel chez le jeune consommateur. Néanmoins, il est difficile de nier que la création numérique demeure une source incroyable d’expression, où chacune de nos pensées peut être réalisée. Certaines productions virtuelles peuvent même transmettre un message précis à l’usager, mais aussi comporter une dimension technique et sociale au-delà du simple temps passé à manipuler la manette ou la souris. L’image de LEGO Dimension est sans nul doute un prétendant à ce registre de communication.
Elle est bien l’image publicitaire d’un jeu vidéo, mais qui que nous soyons, on reconnaît facilement la marque de fabrique de la firme octogénaire au petit cube monochrome. Comme dans l’ensemble du monde de LEGO Dimension, l’image ci-dessus donne à voir un panel très éclectique de personnages connus d’époques et d’univers très différents : Gandalf, Batman, Scoubidou, Golum, Wonder Woman et bien d’autres encore. Par contre, ceux-ci ne se déplacent pas du tout avec des machines propres à leur monde. Scoubidou et Sam sont dans un tank, Golum semble apprécier cette grosse machine métallique et Batman dans… le van de Scoubidou ! Les personnages et véhicules sont bien le fruit de l’imaginaire de Lego dont témoigne leur as-pect très cubique. Encore faut-il comprendre ce qu'il se passe dans cette scène. L’ensemble des personnages provient d’un même point d’origine. Ils semblent avoir été éjectés de l’arrière-plan, comme lors d'une explosion.
L’image pourrait au premier abord simplement illustrer un paysage cybernétique et numérique sans fond avec quelques formes imprécises. Les questions que l’on se pose habituellement du type « imagine si tel personnage rencontrait tel personnage… » (appelé communément « crossing over »), ou encore « as-tu déjà pensé si tel personnage avait ce pouvoir/arme dans l’histoire ? » deviennent réalité… enfin, possible dans le jeu vidéo. En se réappropriant l’histoire de Lego, depuis sa création avec les tous premiers cubes, en passant par l’émergence de ses personnages puis
cultures populaires, cultures informelles
les jeux vidéo depuis les années 1997, cette image signifie que le leitmotiv de la multinationale reste toujours le même : l’imaginaire est le royaume et vous êtes son roi.
Le fond de l’image contient cet autre message suggéré par Lego : tout est possible. Ce fond bleu lumineux est la représentation de notre imaginaire, que l’on peut se figurer par les milliards de connexions nerveuses formant notre cerveau. Les formes imprécises nous ramènent aux origines de Lego avec les cubes, comme un clin d’œil. En outre, le choix des personnages n’est pas anodin. De l’univers du seigneur des anneaux aux héros de DC comics, ce ne sont pas des protagonistes du XXIe siècle mais pour certains bien antérieurs. La volonté de Lego n’est donc pas de ras-sembler seulement les enfants de la génération « 2000 » et suivantes, mais de couvrir une gamme d’âge bien plus étendue encore. Ce n’est pas parce que l’on est né dans la seconde moitié du XXe siècle que l’on n’a pas accès à l’imaginaire, à la création infinie.
LEGO Dimension sur cette image est aussi celle d’une adaptation de l’industrie à la société actuelle. A l’époque où le numérique n’était encore qu’en devenir dans les esprits, les éléments Lego étaient essentiellement confectionnés pour les enfants afin de développer et de déployer leur univers de pensée. Aujourd’hui, à l’ère du numérique et du tactile, la production matérielle à partir de cubes n’est plus autant appréciée par le jeune public, beaucoup plus attiré par la lumière des écrans. LEGO Dimension conserve les principes de construction à partir de l’imaginaire et souligne la transition entre le réel et le virtuel du XXIe siècle.
P
ixels est un blockbuster qui montre deux facettes des jeux-vidéos. D'un côté destiné aux joueurs et donc à une communauté de passionnés, il souhaite aussi attirer un public plus large. Ce qui témoigne du passage des jeux-vidéo dans la culture populaire de masse. Cette dualité, l'affiche du film la montre très bien.Attardons-nous dans un premier temps aux écrits. Le titre semble appeler les joueurs. "Pixels", ce mot impacte l'esprit de tous les gamers. En effet ce simple mot suffit à évoquer les premiers jeux-vidéos. Or de nombreux
gamers sont aujourd'hui nostalgiques de cette époque où la créativité et la
diversité des jeux étaient encore peu développées. Il est néanmoins notable que cette vague d’intérêt pour le rétrogaming ne touche pas seulement les joueurs passionnés mais attire aussi de nouvelles personnes vers cet univers.
Le slogan « jouer pour sauver la planète » quant à lui répond à une envie profonde et ancienne des joueurs de montrer que les heures nombreuses passées devant un écran n'ont pas été inutiles comme on a pu leur répéter de nombreuses études démontrant depuis quelques années l'utilité des jeux-vidéo.