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du mythe de l’homme-machine à celui du retour à la nature

guide sous la forme d’une voix intérieure et lui prodigue des conseils pour survivre dans une nature hostile, en affichant des interfaces graphiques ex-plicatives. Cet instrument le « régule » régulièrement : il semble ainsi gérer et paramétrer cet être humain en permanence dans une sorte de symbiose homme-machine. Malgré la perte de contact avec sa cité d’origine, J0.hn par-vient ainsi à s’adapter à son nouvel environnement grâce à cette connexion interactive. Avisé d’un danger imminent, il échappe à un animal sauvage en fuyant et en sautant dans l’océan. Or revenu sur la rive, il se met à crier… c’est l’instant précis que décrit l’affiche. Le personnage vient de perdre son instrument et retrouve soudainement des émotions humaines. En l’absence de tout contrôle, angoisse et peur surgissent violemment.

J0.hn, allongé sur la plage, se retrouve ainsi désorienté et sans repère. Il prend aussi petit à petit conscience de sa propre existence et de son libre arbitre. Il est confronté au problème du choix qui prend tout son sens dans les circonstances de cette nature inexplorée. Ses décisions et ses actions lui permettront de survivre ou au contraire le mèneront à sa perte. Cet homme choisit le retour à la nature, sans chercher à reproduire les conditions de sa vie antérieure. Il s’adapte et réapprend à vivre dans cette nouvelle situation. En l’absence d’outils techniques ou de recours à la science, l’être humain n’aurait d’autre possibilité que de suivre ses instincts.

Comme dans Robinson Crusoé de Daniel Defoe, ce court-métrage explore le mythe du retour à la nature. Mais le cheminement de Robinson est différent, affirmant le triomphe de la culture sur la nature. Dans les deux cas pourtant, la fracture entre nature et culture parait irrémédiable. Un choix manichéen s’impose entre les deux. J0.hn parviendrait-il à un état de nature non empreint de culture, dès lors qu’il renoncerait à sa vie sociale antérieure… j’en doute. Cet état relève davantage de l’utopie, voire d’après Jean Caune, d’une distinction entre les notions de nature et de culture qui se serait construite après la naissance et la diversification des sciences humaines et sociales. Le choix entre les deux, largement enchevêtrées, parait en fait impossible.

Revenons à J0.hn avant sa chute dans l’océan. L’instrument à son poignet, connecté en permanence lui permet d’être un homme augmenté. Les apports de la technique, de la science s’avèrent inestimables dans sa situation : analyses

cultures populaires, cultures informelles

de l’environnement, savoirs et connaissances sur le milieu, perceptions extra-humaines qui au final permettent une prise de décisions cohérente dans des circonstances précises. Mais à quel prix ? : en sacrifiant émotions et sensations humaines au profit d’un comportement purement approprié, voire objectif. Pourtant, dans ce monde imaginaire, il suffit que J0.hn perde accidentellement son instrument pour redevenir… humain. Se pose donc la question du sens d’un homme augmenté, entre fantasme et réalité. Bernadette Bensaude-Vincent le suggérait déjà dans Se libérer de la matière ? en 2004 : « Sommes-nous prêts à devenir des hybrides hommes-machines afin de vivre plus vieux ou de pallier quelques insuffisances ? ».

L’angoisse transparaît en regardant l’affiche : les chances de J0.hn paraissent minces sans outils. Pour survivre, il s’engage contraint et forcé dans la voie du retour à la nature. Pourtant, il apprend petit à petit à appré-cier cette situation et également sa liberté retrouvée comme un esclave dé-livré de ses chaines. Il ne laisse pas le choix à une naufragée arrivée après lui. Il lui ôte en effet son instrument de connexion avant qu’elle ne reprenne connaissance. Par ce geste, il choisit sa nouvelle vie et impose ses convic-tions. Comment expliquer une attitude aussi radicale ? La technique serait donc dominatrice au point d’inféoder l’homme, son créateur… Comment construire une relation plus équilibrée avec la technologie qui nous dévore en conservant un recul suffisant pour l’utiliser à bon escient, de manière individuelle mais aussi dans notre société contemporaine ?

La science-fiction, source de questionnements, au confluent des discours de la promesse et des angoisses sur les nouvelles technologies, reflète nos interrogations sur un monde en profonde mutation. L’homme augmenté … oui mais dans quelle mesure et surtout dans quel but ?

Visuel extrait du site www

C

ette création graphique végétale est visible sur le site marchand américain d’une poudre alimentaire et ses dérivés. Fruits et légumes méticuleusement et symétriquement rangés convergent vers un flacon bicolore noir et blanc, posé tel un totem.

La lumière naturelle révèle les couleurs vives des légumes. La dominante verte rappelle celles de la vie et de la nature, tandis que le tonifiant orange éveille les sens et stimule les émotions et la gourmandise.

L'équilibre visuel par ces masses de couleurs et lignes directrices nous propose les codes graphique d’un style : nous sommes face à une nature morte qui respire la vitalité.

Cette mise en scène souhaite contredire l’argument d’artificialité que l’on pourrait reprocher au produit.

Ainsi cette petite bouteille du nom de Coffiest au design sobre s’invite comme la métaphore du petit déjeuner sain et équilibré des gens pressés.

La recette n’est pas une idée nouvelle : il s’agit du classique Soylent auquel a été ajouté du café.

2016

soylent (site web)