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Réflexion introspective et expériences musicales au travers d’un prisme

indigo est absente, et que l’angle de diffraction est exagéré, en particulier à l'intérieur du prisme. La représentation se veut-elle fidèle ou simplement évocatrice ? Le prisme joue son rôle à merveille : il travestit LA vérité et sublime le côté obscur de l’illustration.

Cette image ne figure dans un aucun manuel de physique : la vérité est ailleurs et se cherche au-delà de la curiosité géométrique. Un mystère graphique savamment orchestré par le designer et photographe anglais Storm Thogerson, pour répondre à un besoin de simplicité et d’audace. Dessinée par son collaborateur George Hardie, ce dessin structuré illumine la pochette de l’Album Dark Side of The Moon des Pink Floyd, sortie le 10 Mars 1973 aux États-Unis. Œuvre musicale majeure du groupe mythique des années seventies.

Pionnier du cover art, Storm Thogerson a déjà œuvré pour les Floyd, en imaginant les pochettes des albums Ummagumma et Obscured by Clouds. Ce proche intime du guitariste David Gilmour connaît parfaitement d’autres protagonistes du groupe qu’il a côtoyé au lycée : Syd Barrett, le membre fondateur à la personnalité dévastée et trouble, et le guitariste, chanteur et compositeur Roger Waters. Il continuera sa collaboration sur les albums suivants Wish you were here, Animals ou The Division Bell.

Les morceaux de cet album ont la particularité d’avoir été joués intégralement sur scène tout au long de l’année 1972, avant d’être enregistrés en studio. Les concerts ont servi de laboratoire acoustique pour expérimenter de nouvelles sonorités et de nouveaux arrangements. Une combinaison élaborée d’effets visuels, de musiques et de messages subliminaux, qui rappellent l’image de la pochette. Science de la musique, science des lumières, science du spectacle. Toujours avec l’idée assumée que le groupe doit s’effacer derrière la musique qu’il compose. A l’image de la pochette, où le nom Pink Floyd s’efface derrière le prisme.

Quelle signification peut-on donner à Dark Side of the Moon et à cette pyramide de verre ? Cet album nous parlerait-il d’astronomie ? Quatre ans après les premiers pas des hommes d’Apollo sur la Lune, les Floyd s’interrogeraient-ils sur ce qu'il reste à découvrir de sa face cachée ? La confusion entre le côté obscur et la face cachée de la Lune est admira-blement entretenue par ses deux mots : Dark Side. Deux images, deux

cultures populaires, cultures informelles

interprétations. La réalité scientifique est plus clairvoyante : la face cachée est l’hémisphère de la Lune en permanence tournée dos à la Terre, par opposition à celle visible depuis la Terre.

Dans les cultures anciennes, le triangle représentait le symbole pour la créativité, la manifestation, la culmination, la pensée et l'ambition. Les Floyd ont semblé justifier ce dessin, en précisant qu’il représentait trois éléments : un mélange de simplicité et d’audace, les paroles de l’Album et l’éclairage de scène.

Alors quid du côté sombre ?

Dark Side of the Moon ne constitue pas un opus psychédélique sur les

étoiles et l'immensité cosmique. Cet album-concept associe science graphique, techniques musicales et réflexion sociétale. La lune revêt ici une dimension symbolique : celui du voyage de l'homme à travers la vie. Les couleurs musicales des neuf titres composant cet album nous plongent dans la psychanalyse. Les paroles soulèvent des questions existentielles autour de la naissance, du stress, du temps qui passe inexorablement, de la cupidité de l'argent, de l'aliénation, de la folie et de la mort.

Comme une évidence lumineuse, la musique révèle au grand jour le rôle de la figure de verre : le prisme représente notre propre pensée, notre langage et notre système de valeurs. Voir à travers un prisme ne signifie-t-il pas voir la réalité de façon déformée ?

Selon Pink Floyd, il n’existe pas de face cachée de la Lune.

En réalité, tout est sombre. Observer ne suffit plus : il faut écouter … ou s’écouter.

Et vous … parviendrez-vous à mettre en lumière ce que cache le prisme ?

Extrait du film « Soylent green » de R. Fleischer (1973) - scène de l’eu thanasie programmée par Sol Roth qui avoue avoir compris ce

S

ol Roth : « c’est beau n’est-ce pas ? Je te l’avais dit ! » Lieutenant Thorn : « oh oui. Je n’en avais aucune idée. » Cette scène est tirée du film « Soylent green » de R. Fleischer (1973), film d’anticipation américain dans lequel l’humanité survit tant bien que mal à une planète surpeuplée, affamée et condamnée par le réchauffement planétaire et la pollution.

L’histoire du film se situe à New York en 2022. La ville compte alors 41 millions d’habitants qui vivent dans une vague permanente de chaleur. L’eau, les plantes et les animaux sont devenus extrêmement rares. Une entreprise contrôle plus de la moitié de la production alimentaire mondiale. Elle fabrique des produits de synthèse à base de soja et de lentilles appelés « Soylent green ». Lorsque l’un de ses dirigeants est assassiné, le lieutenant Thorn, interprété par Charlton Heston, est chargé de l’enquête. Accompagné de son vieil ami et colocataire Sol Roth, interprété par Edward G. Robinson, l’investigation les mène plus loin encore que la résolution d'un simple assassinat de circonstance.