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que nul n’entre sur le terrain s’il n’est géomètre

façon de penser la science, de la vivre sans le faux respect qu’accompagne trop souvent le culte voué aux grands hommes. Il n’y a pas d’usage noble ou ig-noble des sciences, voilà ce que semble nous dire, sous sa casquette de baseball, cette pugnace première de la classe. Ne manque même pas le chat de Schrödinger, à la fois vivant, mort, figure de la physique quantique la plus abstruse et icône de la culture ordinaire des sciences : « Schrödinger’s cat » est devenu « Schrödinger’s bat », la batte de Schrödinger.

Alors, totalement loufoque, cette pile de livres compulsée dans une cabane ? Rien n’est moins sûr. Peut-être nous faut-il au contraire voir en Lisa la digne héritière d’une pensée mathématique vieille de plus de deux millénaires, celle qui s’efforce de dompter le réel, de lui imposer la forme mathématique. Comme Thales dans le Théètète de Platon, qui, lassé d’apparaître comme un rêveur inapte à la vie pratique, spécule avec talent sur le commerce des grains, Lisa Simpson donne à ses contemporains, et d’abord à sa classe, une leçon sur la portée réelle du corpus scientifique. Vous pouvez montrer peu d’aptitude à la pratique des sports ; votre caractère peut vous situer en porte-à-faux avec les goûts plus simples de vos semblables ; vous pouvez être femme et mal à l’aise dans un univers viril ; vos compétences intellectuelles vous rendent précieuse, irremplaçable, elles vous réintroduisent dans le jeu social à une place de choix, celle du chef !

Les savoirs auxquels notre jeune érudite fait appel peuvent en effet paraître inattendus. Ils n’en appartiennent pas moins au champ de la science la plus classique. Les statistiques ? Comme si elles n’avaient pas justement vu le jour avec Pascal pour penser la sphère du jeu. Comme si les notions d’espérance du gain, de pari et de martingale n’avaient pas trouvé dans le sport un champ de prédilection... La physique ? Les lois de Newton s’appliquent autant à la chute d’une balle qu’aux trajectoires célestes. Depuis longtemps, les sports sont une occasion de réflexion pour les sciences qui, en retour, proposent aux sportifs des stratégies et des concepts simples. En quoi le cas de Lisa est-il différent ?

La réponse tient dans cet ordinateur qui, chapeautant l’ensemble, permet à l’héroïne de proposer une synthèse des différentes disciplines convoquées. L’âge informatique voit l’avènement d’un nouveau régime des savoirs. La science ne propose plus seulement d’analyser et de formaliser, mais de penser l’interaction de données diverses. Partant, elle permet de prévoir, de modéliser. Le big data autorise une gestion fine, efficace et dénuée d’affect du collectif sportif, où la métaphore guerrière cède le pas à la gestion

managé-cultures populaires, managé-cultures informelles

riale. Le « coaching Lisa », est l’exemple paroxystique, parce qu’ayant trait à une équipe amateur, de surcroît composée d’enfants, d’une nouvelle gou-vernance des bancs de touche. Michael Lewis, dans son livre annon-ciateur « Moneyball » où il réclamait une analyse plus fine du jeu grâce aux statistiques, avait compris que cette gouvernance placerait l’accent, non sur les performances individuelles mais sur la contribution individuelle au collectif, non sur la moyenne du joueur à la batte, mais sur la performance de l’équipe lorsqu’il est sur le terrain. Ce nouveau management fondé sur la connaissance épouse parfaitement les valeurs que porte le personnage de Lisa dans les Simpsons : respect pour la science, mais aussi esprit de sérieux, dévouement au collectif, sens du devoir…

Mais où est le plaisir dans cette pratique des sports qui évacue le plaisir, la gratuité, comme autant d’atavismes puérils ? Quelle joie nous promet ce visage d’enfant tourmenté ? Umberto Eco avait défini les héros des Peanuts comme des monstres, des enfants aux soucis d’adultes. Effet, nous ne manquons pas d’être un peu mal à l’aise face à cette forte en thème. Face à Lisa, c’est donc à son frère Bart, à ses fanfaronnades improvisées et sublimes, d’incarner l’intuition, le plaisir de jouer, d’exister sur le terrain, bref autant de catégories peut-être étrangères à la science mais fondamentales à nos existences…

C

oordonnées géographiques présumées : 48°52’36’’ S, 123°23’36’’W. Située au point Nemo, point le plus éloigné de toute terre émergée, l’île dévoilée sur la pochette du disque apparaît presque idyllique. Elle semble être le lieu d’une société organisée et prospère.

Cependant, l’île baigne dans une atmosphère aux lueurs inquiétantes. La forme de l’île elle-même a une ressemblance frappante avec un champignon atomique. On est aussi interpellé par ces mots « Plastic Beach », dont la blancheur contraste avec l’atmosphère ambiante et qui semblent flotter sur l’océan. L’aspect mystérieux et les paradoxes de l’image invitent à découvrir l’univers et les intentions de ses créateurs.

Gorillaz est un groupe britannique virtuel formé en 1998 par Damon

Albarn - musicien poly-instrumentiste révélé au grand public par Blur - et Jamie Hewlett, dessinateur et graphiste. Il est composé de quatre membres fictifs : 2D (chant, clavier), Murdoc (guitare basse), Russel (batterie, percussions) et Noodle (guitare, clavier et chant). En réalité, la musique est le fruit d’une collaboration entre de nombreux musiciens