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une machine avec des vrais morceaux de vivant dedans ?

partie 2 relation homme/femme

Quant à Caleb, jeune programmeur employé par Nathan, il perçoit Ava comme une jeune femme fébrile et ingénue, aspirant à la liberté et ignorant tout du monde extérieur. Caleb affiche dès lors ses ambitions de prince charmant pour porter secours à la demoiselle en détresse. Mais en réalité, s’il souhaite aider Ava, ce n’est pas par bonté d’âme mais parce qu’il la désire. Car une autre femme-robot est gardée prisonnière par Nathan, Kyoko. Pour autant, Caleb ne mentionne jamais son existence à Ava lorsqu’ils projettent de s’évader. C’est donc bien son désir pour Ava qui guide sa conduite de noble chevalier.

Ces deux portraits, loin d’être gratuits, sont centraux dans la narration et nous éclairent sur les relations humain-robot. Caleb a en effet pour mission de déterminer si Ava possède une conscience. Dans cette perspective, il fait partie d’un test plus large dont l’observateur est Nathan. Comment Ava va-t-elle interagir avec cet humain ? En ce sens, le choix d’un robot d’apparence féminine, jeune, jolie n’est pas anodin – « why did you give her sexuality? », « Did you program her to flirt with me? » s’interroge Caleb, alors qu’on apprend plus tard qu’Ava a été créée par Nathan selon les préférences pornographiques de Caleb, identifiées par l’historique de ses requêtes sur le web.

Pour le psychiatre Serge Tisseron, le risque existe en effet qu’une fois face aux robots, nous oublions qu’ils ont été conçus pour répondre à nos attentes. Capables de s’adapter grâce aux informations que nous laissons sur Internet, ils auront un fort pouvoir de séduction et de manipulation. Ce choix sert un objectif précis dans le film : est-ce que Ava sera capable de déceler l’intérêt de Caleb à son égard et se servir de son pouvoir de séduction pour s’échapper de la maison ? Une vision misogyne des femmes, largement véhiculée au demeurant à travers les personnages de robots féminins dans les films de SF.

Mais dans Ex machina, si Ava utilise ces codes de la féminité déterminés par les hommes, c’est pour mieux s’émanciper. Si le film suggère la nais-sance d’une idylle entre Caleb et Ava, il n’en est rien pour cette dernière qui ne compte que sur elle-même pour se libérer. En tuant Nathan, son créateur, elle s’émancipe de la tutelle patriarcale, pour découvrir un monde qui lui était jusqu’à présent inconnu et défendu. L’aide de Kokyo, qui en paiera le prix fort, valorise l’idée de solidarité entre les femmes, de sororité. A la fin du film, avant de quitter la maison, Ava se recrée, non plus à l’image de son créateur, mais à la sienne porpre. La nudité, décriée par certaines

cultures populaires, cultures informelles

critiques, symbolise pourtant la possibilité de sa renaissance : elle se choisit une nouvelle apparence physique, les différentes parties de son corps, ses vêtements. Le parallèle avec l’émancipation féminine est évident. Il est d’autant plus fort qu’elle utilise pour cela des morceaux de corps des femmes androïdes victimes de Nathan.

Dénoncer les représentations sexistes n’est pas tant l’intention du film. Son réalisateur souhaite avant tout mettre en lumière le poids des repré-sentations. Car ça marche ! Caleb tombe dans le panneau ! Séduit par Ava, c’est lui qui échoue en quelque sorte le premier au test. Alors que la mission de Caleb était de parvenir à élucider ce qui se trame dans l’esprit d’Ava, ses représentations sur les femmes court-circuitent sa réflexion – celle des spectateurs aussi ? – et affectent son jugement comme ses actions. En ce sens, Serge Tisseron rappelle que les robots feront resurgir notre attitude ambivalente envers les images. Nous serions en effet enclins à penser que les robots sont en réalité ce qu’ils représentent, ici une jeune femme d’une vingtaine d’années. Il en va de même pour Kyoko : dans quelle mesure le cliché de la femme asiatique servile, dénoncé par certaines critiques, peut éventuellement empêcher Caleb ou le spectateur d’imaginer que son comportement est davantage le signe de sa nature robotique ? Tout comme nos représentations des machines font obstacle à une véritable réflexion sur les possibles intentions d’IA fortes : voudront-elles nécessairement renverser l’humanité ? (partie 1). De fait, le film fonctionne sur ce parallèle entre relation homme-machine et relation homme-femme pour mieux étayer son propos. L’horreur à chosifier les femmes pour le plaisir masculin fait écho à l’horreur de créer des machines conscientes d’elles-mêmes et à vouloir les contrôler, telles des esclaves.

L

e 19 Avril 2015 Michel Onfray prend une photo au Rijksmuseum d'Amsterdam et la poste sur Tweeter avec le commentaire suivant : Que font ces ados rivés sur leur téléphone au musée ? (au lieu de contempler les œuvres d'art qui s'offrent à eux)

Il porte son regard critique sur les adolescents supposés incultes qui semblent préférer jouer avec leur portable plutôt que d'apprécier l'imposant tableau de Rembrandt : Ronde de nuit. Son message a été très vite partagé par des milliers d'internautes sur tous les réseaux sociaux et a suscité un vif débat. Certains y ont vu un signe de la décadence de notre société où la jeunesse préfère le jeu Candy crush à la contemplation d'un chef d'œuvre de peinture.

D'autres, par contre sont convaincus que les adolescents en question utilisent leur téléphone dans un cadre pédagogique. Il est tout à fait possible d'utiliser un téléphone de manière instructive ou éducative lors de visites de musées.

Cette photo suscite pourtant un débat sur la place des nouvelles techno-logies dans nos vies. Ecrans d'ordinateur, de tablette, de smartphone sont

2015