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2. Cadrage théorique

2.3. Les origines de la violence

2.3.3. La violence politique

Nous allons nous pencher sur la violence politique et les différentes causes de son émergence. Cette forme de violence regroupe les violences de type social, ethnique, idéologique et raciale et peuvent prendre pour cible l’État au même titre que les différentes communautés. La volonté derrière une violence dite politique peut être de différente nature comprenant un but économique, identitaire et/ou politique. Crettiez (2010) propose une analyse de la violence politique sur trois niveaux le niveau macro, puis méso et finalement micro. Chacun des niveaux regroupe des facteurs distincts que nous allons tenter d’expliciter dans ce chapitre. De nombreuses recherches ont mis en évidence les facteurs qui entrent en jeux dans le recours à la violence et notamment à la violence politique. Une multitude de facteurs est à prendre à considération pour essayer d’expliquer le recours et l’usage du militantisme armé ou de manière plus générale l’apparition de la violence politique.

Selon Bosi (2012) :

La recherche sur la violence s’est d’abord attachée à identifier les facteurs susceptibles d’expliquer le recours au militantisme armé. Les premières études se sont penchées sur les profils psychopathologiques des individus violents (dépendance, réaction circulaire, fragilités identitaires). Aucune d’entre elles n’a toutefois passé avec succès le test de la démonstration empirique. (p. 174)

Si, comme nous allons le voir, il existe des facteurs au niveau microsociologique, intrinsèques aux individus qui font recours à la violence, ces facteurs ne suffisent pas à eux-seuls à circonscrire l’origine des phénomènes de violence et notamment dans le militantisme armé.

Évidemment, « d’autres théorisations ont mis en relief le rôle des doléances : les[contestataires] seraient issus des segments les plus démunis des sociétés, frustrés et donc agressifs. Une fois de plus, les preuves empiriques étaient au mieux inconsistantes.» (Bosi, 2012, p. 174). Encore une fois, les doléances s’il y en a, expliquent en partie le recours à la violence mais n’est pas un facteur suffisant à l’apparition de cette dernière. Au vu de la complexité de l’exercice il est primordial d’opérer une réflexion par strates. Comme le

29 propose Crettiez (2010), nous allons nous pencher successivement sur les niveaux macro, méso et micro afin d’appréhender avec le plus d’acuité possible les différents facteurs qui entrent en jeu dans l’apparition de violence politique. Ensuite, nous verrons comment ils influent sur le processus.

Au niveau macro, Crettiez (2010) décrit trois facteurs principaux. Nous retrouvons ainsi les facteurs dits structurels, culturels puis institutionnels. Il s’agit des facteurs globaux et généraux qui sont, en partie, à l’origine de l’apparition de la violence politique. En effet, « le contexte, les événements extérieurs sont également susceptibles d’influencer les perceptions, interprétations et choix des acteurs. Les individus qui optent pour la violence politique croient généralement (quoique pas nécessairement) en l’effectivité de leur recours. » (Bosi, 2012, p. 175). Ces facteurs qui semblent se rapprocher de causes profondes dans notre société, ont donc pour effet de favoriser le recours au militantisme armé mais également de le légitimer.

Premièrement, les facteurs structurels qui selon Crettiez (2010) sont déterminants dans l’émergence de violences peu importe qu’elles soient sous la forme d’émeute telle que décrite plus tôt, désorganisées ou construites et réfléchies avec à leur base une idéologique par exemple. Ainsi, certaines recherches ont mis à jour des facteurs situationnels comme étant à la base de mouvements de violence. Par exemple, « Laurent Mucchielli ou Dave Waddington ont montré le poids déterminant des facteurs économiques comme le niveau de chômage, l’habitat déshérité ou le niveau de pauvreté au sein des quartiers ayant connu des émeutes en France depuis le début des années 1980 (30 % de chômage dans les quartiers lyonnais ou d’Île-de-France pour les émeutes rituelles des années 1980 et 1990). ». Le chômage, la précarité ou plus généralement les milieux socio-économiques bas peuvent être à l’origine d’émeutes et c’est ce qui a pu être observés dans certains quartiers populaires en France. En concordance avec ce que présentait Groenemeyer (2006) plus tôt, l’apparition de violence et plus particulièrement d’émeutes traduit une problématique sociétale plus large. En concordance avec ce que souligne Bosi (2012) dans son article, « ce qui est certain, c’est que la privation matérielle et les doléances économiques jouent un rôle dans la genèse de la conflictualité, a fortiori lorsqu’ils croisent des doléances d’ordre politique, comme l’existence de discriminations ethniques » (p. 179). En effet, l’ethnicité et le fait qu’il existe des phénomènes de discriminations peut également jouer un rôle dans l’apparition de violences sous certaines conditions. Par exemple, « au-delà de l’économie, la question démographique a également son importance.» (Crettiez, 2010, p.10). Dans cette perspective, une population

30 sous-représentée dans un espace géographique donné et limité peut, de part un sentiment de peur et d’insécurité, être à l’origine de violences vis-à-vis d’une communauté surreprésentée et décrite comme menaçante. Non seulement le milieu socio-économique joue un rôle dans l’apparition de violences mais la démographie également.

[Ainsi] la pression démographique dans certaines familles originaires d’Afrique subsaharienne en France, couplée avec l’absence de ressources économiques et un habitat de petite taille, conduit également les jeunes enfants mâles à occuper l’espace de la rue, favorisant des phénomènes de bande où la socialisation à et par la violence peut être importante. (Crettiez, 2010, p.10-11)

Deuxièmement, on retrouve les facteurs dits culturels. Toujours selon Crettiez (2010), les éléments et caractéristiques culturels ont une influence sur l’apparition de violences. Il différencie cependant la culture historique de la culture professionnelle, sociale, identitaire.

C’est cette forme de culture professionnelle, sociale et identitaire qui est au centre de certaines violences dans la mesure où selon lui ; « parmi les facteurs culturels, de nombreux auteurs ont souligné les effets en termes de socialisation à la violence au sein de groupes plus ou moins fermés qui développent une culture de la force et de la confrontation, à la fois physique et verbale. » (Crettiez, 2010, p.11). Dès lors, il met en évidence une culture de l’affrontement, du conflit ou de la confrontation dans certaines populations et nomme comme exemple les représentations et la culture des supporters de football ou encore des rappeurs (en lien avec les gangs notamment en Angleterre). En termes de culture professionnelle, nous pouvons utiliser l’exemple de la police pour expliciter le phénomène. Il existe notamment « [des] cultures policières propres qui conduisent les forces de maintien de l’ordre à développer de l’empathie ou à l’inverse de l’hostilité pour tel ou tel groupe en fonction de représentations collectives liées à l’origine sociale des agents. » (Crettiez, 2010, p.12). La culture d’une communauté donnée, en dehors de la culture historique d’une population, peut donc mener à des actes de violences par le fait même qu’elle valorise l’affrontement ou la confrontation ou du moins légitime le conflit entre différentes communautés.

Enfin, troisièmement, Crettiez (2010) évoque les facteurs institutionnels.

La violence est aussi fortement dépendante du cadre institutionnel qui la rend possible ou l’accepte ainsi que des structures d’opportunités. Jérôme Heurtaux [...] insiste ainsi sur la période de la transition qui ouvre des opportunités favorables à certains groupes politiques ou sociaux dans leur conquête du pouvoir ou leur volonté de maintien au pouvoir. (Crettiez, 2010, p.12)

31 Si la violence trouve ses origines dans des facteurs structurels et culturels au niveau macro, elle est permise grâce aux facteurs institutionnels qui la laissent émerger. Il faut alors concevoir les facteurs institutionnels comme des brèches et des opportunités favorables à l’apparition d’actes de violence de la part d’un groupe donné.

Plus généralement, l’ensemble des chercheurs ont mis l’accent sur les facteurs institutionnels pour comprendre la violence, analysant, soit les formes mêmes du régime (générant en général un blocage à l’action institutionnelle et donc un encouragement à la violence), soit l’importance de la couverture médiatique, du type de police mobilisé ou du rapport aux élites. (Crettiez, 2010, p.13)

Ici, l’État avec le régime qu’il gouverne permet à la violence de s’exprimer de même que les médias et les réponses données par l’État. C’est « ce que les sociologues des mobilisations ont appelé de façon un peu confuse, la structure des opportunités politiques, [et qui] détermine partiellement la plausibilité et l’intensité des violences. » (Crettiez, 2010, p.13). Ce sont également les facteurs institutionnels tels qu’ils sont appréhendés en termes de « structure des opportunités politiques » qui donnent lieu à des violences parfois porteuses d’un « sentiment de légitimité morale » selon Crettiez (2010).

[Ainsi, par exemple] il importe [...] dans le cas des violences émeutières [...] de prendre aussi en compte le rapport entre les populations violentes et les élites morales, politiques et économiques du pays. Mucchielli parle d’un « sentiment de légitimité morale » de la violence lorsque celle-ci répond à une injustice d’État [...]. (Crettiez, 2010, p. 15)

De part des structures politiques jugées inappropriées et comme étant à l’origine d’injustice, la violence devient alors une réponse de la part de la population face à un gouvernement, une réponse violente jugée légitime et morale.

Au niveau méso - comme au niveau macro - on retrouve selon Crettiez (2010) trois types de facteurs principaux comme influençant voire favorisant l’apparition de phénomènes de violence. Il s’agit des facteurs situationnels, communicationnels et finalement organisationnels. Selon Bosi (2012), on dénombre au moins quatre facteurs distincts que voici : (1) les changements d’environnement politique, (2) les concurrences entre mouvements sociaux, (3) les contre-mouvements et enfin (4) la répression étatique. Le point commun entre les facteurs décrits par Crettiez (2010) et ceux de Bosi (2012) reste néanmoins que ces phénomènes de violence politique « naissent de dynamiques relationnelles déployées

32 au niveau des systèmes politiques, des mouvements d’opposition ou encore à l’intersection entre militants, appareil répressif et contre-mouvements. » (p.177). Il s’agit dès lors d’un processus dynamique et non statique avec des jeux d’opposition et de contre-mouvements.

Les changements politiques, étatiques et les interactions entre les différents mouvements sont donc en partie responsables de l’apparition de violence politique.

[En effet] chaque émergence de violence politique, inscrite dans des configurations politiques et historiques spécifiques, présente des caractéristiques singulières. [...] La violence résulte d’un arbitrage effectué au regard des opportunités et des contraintes apparues dans les épisodes de controverses, et ce afin d’atteindre des objectifs politiques de court et de long terme. (Bosi, 2012, p.177)

Voici les trois facteurs décrits par Crettiez (2010).

Premièrement, l’auteur décrit les facteurs situationnels. « On entend par là les facteurs déclencheurs de la violence qui naissent des interactions entre les acteurs contestataires et la police ou entre acteurs politiques d’obédience opposée. » (Crettiez, 2010, p. 15). Il donne à titre d’exemple les actes de violences des Hooligans ou des jeunes de quartiers déshérités, qui cherchent à obtenir des zones géographiques dans certains quartiers en opposition à la police du pays. Ainsi, « nombre de violences proviennent souvent des rivalités spéculaires entre police et jeunesse prolétarisée pour l’accaparement de ces lieux/symboles. » (Crettiez, 2010, p. 16). Les représentations et stéréotypes de la police concernant les jeunes d’un quartier peuvent également être à l’origine de violence, notamment quand les contrôles d’identité augmentent en fonction de différents critères telles que la tenue vestimentaire. En effet, certains chercheurs ont remarqué un taux de contrôle d’identité plus élevé chez les jeunes avec des tenues jugées subversives (training, tenue de sport, pull à capuche, etc.) par les policiers. Les interactions entre les différents acteurs dans ces exemples, ici la police et les jeunes, sont à l’origine de certaines violences.

En deuxième lieu, on retrouve les facteurs communicationnels. « On entend par là la recherche de facteurs liés à des défauts de communication qui peuvent engendrer des incompréhensions et des heurts ou à l’inverse, à des excès de communication mal vécus par les personnes à qui ils s’adressent. » (Crettiez, 2010, p.16). Il s’agit ici de ce que l’on appelle communément les malentendus et le quiproquo. Comme leur nom l’indique, ce sont les éléments qui relèvent de la communication qui interviennent dans l’apparition de phénomènes de violence. L’auteur donne l’exemple des violences de type raciste et antisémite. « Didier Lapeyronnie pointe du doigt les déficiences langagières des jeunes issus de familles

33 défavorisées, en situation de précarité économique et souvent déscolarisés.» (Crettiez, 2010, p.17). Un manque de communication ou une communication différente peut donc être à la base d’actes de violence. Ici, « la violence peut être comprise comme une forme d’expression prenant le pas sur une incapacité à exprimer oralement ses opinions. » (Crettiez, 2010, p.17).

Par ailleurs, une trop grande communication peut également devenir source de violence.

L’auteur donne l’exemple de rumeurs ou de fausses informations de la part de l’État comme provoquant de la violence. Dès lors, un excès ou un manque de communication peut favoriser l’apparition de violence de même qu’une communication altérée.

Enfin, troisièmement, l’auteur nous présente les facteurs dits organisationnels.

On entend par là l’ensemble des facteurs liés au dispositif organisationnel des groupes violents. Il s’agira d’insister principalement sur la concurrence entre organisations violentes, souvent à la source des conflits ainsi que sur l’importance des réseaux de sociabilité qui encouragent la violence en la légitimant, voire en l’organisant. (Crettiez, 2010, p.18)

Il nomme comme exemple les mouvements politiques clandestins mais également institutionnalisés.

[En outre] c’est [...] la question des réseaux et des effets de la socialisation qui nécessite d’être étudiée. [...] La violence n’intervient que rarement comme un basculement soudain et inattendu. Elle est le produit d’une carrière spécifique marquée à la fois par une socialisation singulière et par des rencontres et mises en réseau susceptibles de favoriser l’entrée dans un activisme à haut risque. Elle insiste ainsi sur les lieux de socialisation (quartiers, bars, associations, squats…) qui peuvent favoriser l’acceptation de la violence ou même la préparer. (Crettiez, 2010, p. 18)

Au niveau micro, l’auteur mentionne les facteurs psychologiques qu’il dénombre à cinq mais également des facteurs cognitifs. Cependant, pour comprendre les mécanismes de radicalisation, et notamment de militantisme radicalisé, il est fondamental de se pencher sur la notion et le concept de carrière. Crettiez (2010) présente la carrière et plus spécifiquement la carrière violente dans son article comme une notion où « [...] c’est l’itinéraire biographique du militant qui est pris en compte, fait d’avancée dans la radicalité et de recul, de temps morts, de rencontres décisives et d’errements plus ou moins longs. » (p. 18)

[Dans cette perspective] l’engagement dans la violence est ainsi compris comme un long (ou progressif) processus dans lequel l’acteur apprend à être violent, opère des

34 choix qui déterminent en retour ses engagements à venir, se familiarise avec une organisation qu’il pénètre peu à peu et l’initie à la radicalité. (Crettiez, 2010, p.19)

Il s’agit donc d’un processus sur le long terme et qui suppose un changement chez le sujet social qui le vit.

[Ainsi] la représentation du monde évolue au fur et à mesure de l’engagement et peut parfois conduire à le radicaliser. On pourra parler de l’importance des « chocs moraux » qui peuvent accélérer brusquement le processus de radicalisation, lorsque l’acteur vit très mal une injustice pratique ou subit un choc visuel et psychique fort (mort d’un proche, répression sauvage, vision d’un massacre…). La carrière pratique s’accélère alors en offrant une vision noire de la situation qui renforce les stéréotypes de l’autre adversaire (« il est le mal absolu, il veut notre perte »…) et facilite une entrée en clandestinité ou une radicalisation. (Crettiez, 2010, p.20).

Le processus de radicalisation est progressif mais peut faire l’objet d’une accélération s’il s’avère que le sujet vit un choc moral. Le choc agit dès lors comme un facilitateur légitimant la radicalisation de l’individu. Le choc moral peut être de plusieurs natures mais il garde comme propriété transversale le fait que l’évènement doit être mal vécu et perçu comme injuste et/ou subit par la personne qui le vit.

Les facteurs psychologiques jouent également un rôle déterminant dans l’apparition de phénomènes violents dans le vécu d’un tiers. Crettiez (2010), en dénombre cinq.

Premièrement, l’auteur nous présente les facteurs psychologiques qui« revient à penser les conditions psychosociales qui favorisent l’oubli des barrières morales et encouragent le versement dans la violence. » (Crettiez, 2010, p.21). Comme exemple, l’auteur présente le cas de mouvements clandestins. En effet, « à ce titre, l’insistance sur les effets de la clandestinité [...] est cruciale. Lorsque celle-ci est totale [...] les conséquences psychologiques de l’isolement et de la pression induite par le sentiment de traque, peuvent être redoutables en matière de violence. » (Crettiez, 2010, p.21). Les conséquences d’un isolement prolongé et stricte, de même que le sentiment de persécution et d’être pourchassé a pour effet d’induire la violence à celui qui les vit. Les barrières morales qui sont ignorées ou bafouées de par les conditions de vie des sujets intégrant des mouvements clandestins - des conditions psychosociales extrêmes - jouent le rôle de facilitateurs dans l’apparition de phénomènes de violence. Deuxièmement, l’auteur présente le facteur psychologique que constitue « le sentiment d’humiliation et de rabaissement qui peut être à l’origine de la violence. » (Crettiez, 2010, p.21). Une étude a ainsi démontré que les jeunes issus de l’immigration dans

35 des quartiers populaires en France, ressentaient et vivaient des humiliations de manière répétée et quotidienne et avaient une tendance à recourir plus facilement à la violence en réponse à ces humiliations. Ce deuxième point nous amène donc directement au troisième, qui stipule et démontre qu’il existe un rapport entre la violence de manière générale et le niveau d’estime de soi. Le troisième facteur psychologique peut donc se résumer au niveau de l’estime de soi d’un individu. Ici « la violence va servir à « transformer l’inégalité en réussite sociale, l’exclusion en reconnaissance sociale. » (Crettiez, 2010, p.21). Puis, quatrièmement on retrouve comme facteur psychologique le genre. En effet, certaines études ont mis en exergue un lien qui existerait entre la violence et l’affirmation masculine autrement dit virile.

Des émeutes ayant eu lieu dans les années 1990 en Grande-Bretagne peuvent trouver leurs origines dans cette recherche d’affirmation virile.

Cette violence menée par des jeunes hommes discriminés et au chômage s’explique partiellement par un sentiment de déclassement viriliste face à des jeunes femmes [...]

plus diplômées, relativement insérées dans la vie professionnelle et souvent mères de famille, disposant ainsi d’une forte estime d’elles-mêmes. (Crettiez, 2010, p.22)

Dans cette vision, la violence devient un phénomène ayant trait à la virilité et à sa réaffirmation. Enfin, le cinquième facteur psychologique peut se résumer aux effets dits de groupe. Des recherches tendent à démontrer la forte influence des effets de groupe et notamment dans l’activisme violent. « Le groupe uni force à un respect de sa dynamique qui interdit tout phénomène de free riding individuel. » (Crettiez, 2010, p.22). Un groupe devient alors une entité avec ses valeurs et ses propres normes constituant une conscience collective où l’individu ne peut se détacher. L’individu faisant parti de ce groupe doit accepter et suivre ses valeurs puisque« non seulement le groupe produit du consensus pratique mais il produit également une pensée groupale (groupthink) qui légitime la violence et rend complexe sa contestation. » (Crettiez, 2010, p.22). Non seulement le recours à la violence est utilisé par l’entièreté du groupe, mais elle est également légitimée. Dans cette perspective, l’individu n’a d’autres choix que de se plier à la majorité, car la violence devient incontestable.

Enfin, l’auteur décrit et présente ce qu’il nomme les facteurs cognitifs.

[Pour lui et pour d’autres auteurs] la violence profite bien souvent de l’instauration [d’un] « cadre cognitif de crise », proposant une vision de la réalité sociale fondée sur la peur, la crainte de l’autre, la mise en avant de la menace faite au groupe et l’impérieuse nécessité de réagir avant de disparaître. (Crettiez, 2010, p.22)

36 Les phénomènes de violences favorisent donc l’apparition de cadres cognitifs de crise. Ces cadres se basent sur des représentations de la réalité sociétale à un moment donné mettant en jeu les peurs et les craintes d’une communauté se sentant alors menacée. Dans cette optique, l’individu revendiquant son appartenance à tel ou tel groupe se voit pressé de réagir en fonction des menaces qui lui sont présentées.

Au vu de ces différents éléments il s’avère que la violence politique lorsqu’elle apparait est

Au vu de ces différents éléments il s’avère que la violence politique lorsqu’elle apparait est