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3. STRATÉGIE DE VÉRIFICATION ET MÉTHODOLOGIE

3.2. Villages étudiés

3.2.1.SÉLECTION

La démarche prévue a été ajustée afin de visiter des villages vivant, ou ayant vécu, une transition vers une gestion participative. Conséquemment, la grande majorité des enquêtes ont été effectuées dans des villages appartenant à une zone d’intervention d’un projet-pilote de lutte contre

283 Les traducteurs nous ayant gratifiés de leurs services se sont engagés à garder confidentiel le contenu des entrevues en signant un Formulaire d’engagement à la confidentialité.

59 le typha, puisque dans le cadre de ce projet, des associations d’usagers ont été créées ou redynamisées, ce qui indique une volonté d’impliquer les populations dans la gestion de l’eau. Pour ce faire, nous avons pris contact avec des bureaux d’assistance technique de l’OMVS, en l’occurrence les Services de l’Énergie en Milieu Sahélien (SEMIS) au Sénégal et le Mauritanian Consulting Group (MCG) en Mauritanie, qui appuient les communautés locales dans leur démarche d’autonomisation. En collaboration avec ceux-ci, nous avons visité un certain nombre de villages dans lesquels de telles démarches avaient été entamées.

Les villages retenus ont été choisis avec pour but de constituer un échantillon diversifié. Aussi, un soin particulier a été accordé au fait de mener des enquêtes tant dans des villages sis à proximité du fleuve que dans les villages situés plus loin, qui dépendent des axes hydrauliques. Également, nous avons retenu certains villages où la composition ethnique est homogène et certains villages où plusieurs ethnies cohabitent. Afin de permettre une comparaison la plus pertinente entre l’application de la politique de gestion participative en Mauritanie et au Sénégal, nous avons tenté de respecter une certaine symétrie longitudinale, de part et d’autre de la frontière. Évidemment, des considérations pratiques – l’accessibilité, des contacts préétablis au sein du village et la disponibilité des répondants – ont également influé sur la composition finale de l’échantillon.

La présente recherche se limite à la portion occidentale du fleuve, soit le Delta et la Basse- Vallée. Bien qu’il eut été intéressant d’étendre l’étude à l’ensemble de la frontière sénégalo- mauritanienne, des considérations sécuritaires et financières, ainsi que des contraintes de temps ont également fait pencher la balance vers la zone occidentale. Le choix des départements de St-Louis et Dagana, en sol sénégalais, et de Keur Macène et R’Kiz, en sol mauritanien, se justifie également par la présence du barrage de Diama : selon le Dr Seck, les populations sises à proximité du barrage auront tendance à être davantage impliquées et actives puisqu’elles sont fortement touchées et concernées par les effets néfastes du barrage et qu’elles font face à des défis particuliers liés à la gestion de l’eau284.

3.2.2.PRÉSENTATION DES VILLAGES ÉTUDIÉS

La carte ci-dessous présente l’ensemble des villages visités dans le cadre du séjour sur le terrain, à l’exception de Gouelit pour lequel nous n’avons pu obtenir les coordonnées géographiques.

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Les villes de St-Louis (Sénégal) et Rosso-Mauritanie y sont également situées étant les villes ou la majorité des intervenants œuvrant sur le terrain ont été rencontrés.

Carte 2 : Villages étudiés lors du séjour sur le terrain

Birette

Village mauritanien sis en face du barrage de Diama, dans le département de Keur Macène, à la sortie du pont reliant la rive gauche à la rive droite. Lors de la visite, une réunion du comité intervillageois avait lieu et regroupait les chefs de villages et les présidents des AdU de villages avoisinants.

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Gouelit

Petit village mauritanien sis à proximité de R’Kiz où les Peuls constituent l’ethnie dominante (65 %285) et les Wolofs forment le reste de la communauté. Aux yeux de Mohammed Sow, consultant

indépendant responsable de l’animation pour le PGIRE de l’OMVS au MCG, ce village est très intéressant, puisqu’on y retrouve les trois principales activités de subsistance, soit l’agriculture, l’élevage et la pêche. Les habitants de Gouelit n’ont pas accès à l’eau potable – selon leurs dires, l’eau de l’axe qui borde le village est stagnante depuis sept ans – et sont confrontés à d’énormes problèmes da bilharziose, une maladie qui a décimé la majeure partie de leur bétail.

Khor

Village sénégalais également sis à quelques kilomètres à l’ouest de Rosso-Sénégal. Selon les intervenants du SEMIS, l’AdU de Khor est plutôt active. Même avant de constituer une association organisée, déjà les citoyens de Khor prenaient plusieurs initiatives pour nettoyer le fleuve et les espaces publics. Les habitants de Khor bénéficient d’un certain nombre de structures d’irrigation, mais certaines terres sont éloignées de celles-ci et l’eau ne s’y rend pas.

Ndiago

Commune sise sur la côte atlantique au sud-ouest de la Mauritanie qui appartient au département de Keur Macène (région du Trarza). L’économie de Ndiago, un village majoritairement wolof, tourne principalement autour de la pêche.

Ndombo

Village situé dans les terres du Sénégal, non loin de Richard-Toll, dans le département de Dagana (région de St-Louis). Les habitants de Ndombo se heurtent à la prolifération des plantes aquatiques envahissantes et de maladies hydriques, en contrepartie des aménagements hydroagricoles que le barrage de Diama a permis. De surcroît, l’omniprésence de la Compagnie sucrière sénégalaise dans la

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région laisse présager certaines tensions liées au foncier, puisque l’entreprise acquiert fréquemment de nouveaux casiers pour étendre la superficie de ses terres286.

R’Kiz

R’Kiz est une commune de Mauritanie située dans le département de R’Kiz, dans la région du Trarza. Dans ce village, les Beydanes constituent l’ethnie dominante (≈90 %287). L’agriculture et l’élevage y

sont pratiqués.

Ross-Béthio

Ross-Béhio, le chef-lieu de la communauté rurale et de l’arrondissement de Ross-Béthio (département de Dagana, Sénégal), est située dans les terres à plusieurs kilomètres du fleuve. Cette communauté est réputée très dynamique. Il est à noter que, contrairement aux enquêtes dans les autres villages, les enquêtes à Ross-Béthio ont pris la forme d’entretiens individuels avec le maire ainsi que deux animateurs d’une ONG très active dans les domaines de l’agriculture, de l’hydraulique et de l’éducation-formation quant aux ressources naturelles.

Thiagar

Village sénégalais érigé près du fleuve à quelques kilomètres à l’ouest de Rosso-Sénégal (département de Dagana). D’importants changements ont eu lieu récemment dans cette localité avec l’installation d’un château d’eau. L’AdU de Thiagar est toute jeune : au moment des enquêtes, sa création datait de trois ou quatre mois. Aux dires des villageois, tous les acteurs y sont impliqués : organisations paysannes, femmes, associations socioculturelles, chefs de village et de quartiers, imams, etc.

3.2.3.DÉROULEMENT DES RENCONTRES

Dans tous les villages, à l’exception de Ross-Béthio, notre visite était jumelée avec une intervention du bureau d’assistance technique, soit le MCG en rive droite et le SEMIS en rive

286 Information recueillie auprès des intervenants du SEMIS. 287 Chiffres approximatifs fournis par le MCG.

63 gauche. De cette façon, nous pouvions avoir une idée des personnes réellement impliquées dans les activités de gestion participative des villages, tout en évitant aux villageois de devoir se déplacer une seconde fois en peu de temps pour les entrevues. Originellement, il était prévu que les entrevues se fassent individuellement, ce qui a été fait avec les spécialistes. Or, dans les villages, nous avons constaté que des entrevues de groupe, qui leur apparaissaient moins intimidantes, seyaient mieux aux villageois. Conscients du fait que certaines déclarations ne seraient pas faites en raison de la présence du groupe, nous avons tenté de minimiser l’impact de ce mode d’entrevue en prenant à part certains sous-groupes pour approfondir certains thèmes lorsque cela était possible. À Ross-Béthio, il ne nous a pas été donné d’assister à une réunion d’AdU ou d’Union hydraulique, mais nous avons pu mener des entretiens individuels avec des acteurs-clés de la communauté.

Du côté mauritanien, les villageois présents étaient tous des hommes. Généralement, une dizaine de personnes étaient présentes lors des entrevues. En sol sénégalais, en moyenne une vingtaine de personnes étaient présentes lors des visites et une proportion considérable de femmes (≈30-40%) assistaient aux rencontres. Mis à part Birette, où il s’agissait d’une réunion du comité intervillageois, et de Ndombo, où étaient réunis des représentants des AdU des villages avoisinants à l’occasion d’une réunion de l’Union des AdU, les autres visites étaient dans le cadre d’une réunion entre l’AdU et le bureau d’assistance technique. Dans tous les cas, le but de la rencontre était de faire le point sur les activités de l’association en question, sur les besoins du ou des villages, de prioriser les prochaines actions à prendre et de répondre aux interrogations des villageois quant à certains aspects techniques, juridiques ou financiers.