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3. STRATÉGIE DE VÉRIFICATION ET MÉTHODOLOGIE

3.1. Corpus d’analyse et méthode de cueillette des données

3.1.1.RECHERCHE DOCUMENTAIRE

Dans le but d’enrichir le corpus d’analyse, de diversifier les sources d’information et de croiser les perspectives, différents types de documents ont été consultés pour cette étude : articles scientifiques de différentes disciplines (science politique, géographie, anthropologie, sociologie, etc.), rapports et publications de l’OMVS et d’autres organismes œuvrant dans le bassin du fleuve Sénégal, sites Internet, etc. Afin d’obtenir le maximum d’informations pertinentes, la recherche documentaire ne s’est pas limitée aux documents et bases de données disponibles à l’Université Laval et dans les différentes bibliothèques du Québec. En effet, lors d’un séjour sur le terrain, une partie du temps fut allouée à la recherche documentaire dans les bibliothèques des universités sénégalaises Cheikh Anta

278 Gordon MACE et François PÉTRY, Guide d’élaboration d’un projet de recherche, 2e éd., Québec : Presses de l’Université Laval, 2000, p.80.

279 Simon N. ROY, « L’étude de cas », dans Benoît GAUTHIER (dir.), Recherche sociale : De la problématique à la collecte des données, 5e éd., Québec : Presses de l’Université du Québec, 2009, p. 208.

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Diop de Dakar et Gaston-Berger de St-Louis afin d’accéder à des sources complémentaires, plus locales. Des visites ont également été effectuées au siège social de l’OMVS, situé à Dakar, ainsi qu’au Centre régional de documentation, situé à St-Louis, pour obtenir des documents exposant les politiques de l’OMVS en matière de gouvernance locale et des études sur la gestion participative des ressources du fleuve et sur les relations entre populations riveraines.

3.1.2.ENTREVUES SEMI-DIRIGÉES

L’enquête de terrain avait pour objectif de comprendre comment les politiques se rattachant à la gestion participative du fleuve Sénégal, élaborées au niveau des gouvernements et de l’OMVS, sont implémentées de part et d’autre de la frontière sénégalo-mauritanienne, de connaître comment elles sont vécues et perçues par les populations concernées ainsi que de mesurer leur incidence sur les relations entre communautés riveraines.

La cueillette des données primaires a été effectuée dans le cadre d’un séjour d’une durée de quatre mois sur le terrain au cours de l’hiver et du printemps 2012. Ce séjour a permis de recueillir des données empiriques difficilement accessibles autrement et surtout, de collecter des informations inédites. En effet, peu d’études mettant en relation l’intégration des parties prenantes dans la gestion des ressources du bassin du fleuve Sénégal et le niveau de tensions observables ont pu être recensées, d’où l’aspect crucial que revêtait l’enquête sur le terrain. Au cours de ce séjour, vingt-six entrevues ont été réalisées auprès de différents spécialistes : représentants de l’OMVS, universitaires, intervenants travaillant dans le bassin du fleuve Sénégal, etc. Le choix des personnes interrogées a été fait avec pour visée de diversifier la provenance institutionnelle et le rôle des répondants dans le processus de gestion participative afin de croiser les informations et perceptions partagées par chaque type d’interlocuteur281.

La méthodologie initiale prévoyait la comparaison de deux CLC, un situé en rive gauche et un situé en rive droite du fleuve Sénégal. Il était planifié de mener des enquêtes dans quatre villages, deux de part et d’autre de la frontière sénégalo-mauritanienne, rattachés à chacun des CLC. Or, sur le terrain, nous avons constaté que les CLC n’étaient pas assez actifs pour constituer le pivot de l’enquête. En effet, force a été de constater que nombre de spécialistes décriaient la léthargie dans

281 La liste des répondants, leur titre et l’organisation pour laquelle ils travaillent ainsi que le pays dans lequel s’est déroulé l’entretien figue à l’Annexe 1.

57 laquelle baignent les CLC une fois les subventions épuisées et la difficulté de réunir leurs membres régulièrement. Par conséquent, l’inactivité des CLC rendait laborieuse, voire impossible, l’étude de la relation entre l’implantation d’une démarche participative et les relations entre communautés riveraines. En effet, comment mesurer l’incidence d’une démarche inclusive si la structure de participation étudiée est dans un état de quasi-léthargie? Incidemment, nous avons amendé la démarche originelle, afin de cibler des villages dans lesquels des initiatives d’implication des populations avaient été mises en œuvre. Nous avons donc estimé plus intéressant de centrer notre recherche autour des associations d’usagers de l’eau (AdU), des entités situées à une échelle villageoise, plutôt que départementale. Pour ce faire, il a été jugé à propos d’augmenter le nombre de villages visités, passant de quatre à huit.

Au total, huit villages ont été visités, quatre en rive gauche et quatre en rive droite, afin de recueillir les perceptions des communautés locales, de façon à pouvoir comparer la mise en œuvre de la démarche inclusive de part et d’autre du fleuve et de respecter le caractère international intrinsèque à ce mémoire. Alors que la méthodologie initiale prévoyait des entretiens individuels, la majorité des entrevues en village se sont déroulées en petits groupes puisque cela seyait mieux aux répondants. Bien souvent, un repas communautaire succédait aux entrevues et les discussions se poursuivaient dans un cadre plus informel. Aussi, un certain nombre d’informations ont été recueillies lors de ces moments. Conformément à ce qu’exige la tradition, le chef de chacun des villages était contacté pour présenter le projet et solliciter la permission de rencontrer un certain nombre de villageois pour l’étude. Aussi, lors de ces visites, le chef du village était généralement présent, ainsi que les membres siégeant au sein du bureau exécutif de l’AdU. Dans certains villages, des gens n’occupant aucune fonction au sein de l’AdU avaient été préalablement invités aux rencontres, aussi les témoignages d’un petit nombre de femmes, de jeunes ainsi que de paysans n’étant pas directement impliqués au sein de ces associations ont également pu être obtenus. La section suivante précise les critères de sélection retenus pour le choix des villages étudiés.

Afin de mener à bien cet aspect de collecte de données primaires, un canevas d’entrevue permettant d’aborder ces lignes directrices a été élaboré. Le questionnaire servant de guide d’entretien282 pour les entrevues avec les spécialistes et celles avec les villageois était le même, mais

fut adapté en fonction de la provenance, du rôle et surtout du niveau de scolarité des répondants. Ainsi, le questionnaire fut généralement simplifié lors des visites en village pour des considérations

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pratiques (traduction laborieuse en raison de l’absence de certains termes des dialectes locaux, méconnaissance des politiques inclusives de l’OMVS par les villageois, etc.). Avant chaque entrevue, les personnes interrogées devaient donner leur consentement oral, après avoir été informées des considérations éthiques inhérentes à l’entrevue, conformément aux exigences du Comité d’éthique de la recherche de l’Université Laval. Bien que l’étudiante-chercheuse possède un niveau de wolof fonctionnel, un traducteur était toujours présent, afin de favoriser une meilleure compréhension entre la chercheuse et les répondants283.

Au cours de ces entretiens, nous avons cherché, en premier lieu, à obtenir une description de la nouvelle démarche inclusive de l’OMVS selon les différentes perspectives existantes : du point de vue des responsables de l’OMVS, des parties prenantes impliquées cette démarche (représentants des communautés locales, d’ONG, d’entreprises, etc.). En second lieu, nous avons tenté de déterminer auprès des personnes interrogées leur compréhension du rôle des différentes parties impliquées dans cette démarche inclusive et leur perception du poids accordé à chacune d’entre elles. En troisième lieu, il a été demandé à chacun des répondants de décrire, le cas échéant, l’évolution des relations qu’ils ont observée depuis la mise en œuvre de cette approche de gestion participative des ressources du fleuve. En dernier lieu, nous nous sommes enquis des effets et impacts de cette tangente inclusive prise par l’OMVS afin d’identifier les apports et les limites de ce mode de gestion.

Bien que soumise aux biais de subjectivité des chercheurs et répondants, cette méthode de cueillette des données semble la plus appropriée à notre étude. En effet, nous croyons que les entrevues semi-dirigées permettent d’explorer la complexité de la situation en faisant ressortir différentes perceptions et, conséquemment, certaines nuances, tout en permettant, de surcroît, de recueillir des informations inédites.