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1. PRÉSENTATION DES CADRES LÉGISLATIF ET INSTITUTIONNEL DE L’OMVS

1.3. Nouveaux programmes et aggiornamento institutionnel : les balbutiements d’une tangente

D’une approche très « macro », l’OMVS semble avoir opéré dans les dernières années un changement de cap pour adopter une approche plus soucieuse de l’environnement et davantage tournée vers les populations326. Le coup d’envoi de cette volteface semble être le Programme

d’Atténuation et de Suivi des Impacts sur l’Environnement (PASIE) qui prit effet de 1997 à 2001327

un programme que l’OMVS instaura en réaction aux écueils qu’elle connut en raison des conséquences non souhaitées de différents projets à grand déploiement qui visait à « prendre en charge de manière urgente, les différents problèmes liés à la réalisation des lignes électriques et d’autres besoins des populations en matière d’activités socio-économiques et de santé »328. Dans le

cadre de ce programme, l’OMVS mit en place des structures visant à permettre la participation des différentes parties prenantes dans la gestion du fleuve Sénégal, soit les CNC et les CLC. « Ces structures consultatives ont permis la coordination des activités du programme au niveau national et local et la participation des populations du bassin »329.

Toujours dans l’optique d’une gestion plus inclusive est né en 2004, d’abord pour quatre ans330, le Projet de Gestion des Ressources en Eau et de l’Environnement du Bassin du fleuve

Sénégal (GEF/BSF) dont l’une des composantes est l’information et la participation du public331.

Selon Elhadji Abdoulaye Diack, consultant en environnement, le « projet GEF/BFS vient affirmer et renforcer davantage les prérogatives des CLC/CNC en termes de participation à la mise en œuvre des actions de développement initiées par l’OMVS dans le bassin »332. Le GEF/BSF fut reconduit

pour une seconde, puis une troisième phase. La troisième phase du projet GEF/BFS a pris fin en mars 2012. Cette phase visait à mettre graduellement en place le Programme d’action stratégique (PAS) dont la lutte contre les plantes aquatiques nuisibles était l’une des priorités définies333 à la suite

de l’Analyse Diagnostique Transfrontière où les principales problématiques environnementales du

326 Entretien Dr. Sidy Mohammed Seck, op. cit.

327 Les dates effectives du PASIE varient selon les sources. Nous avons opté pour les dates indiquées dans le Rapport final

d’Analyse diagnostique environnementale transfrontalière du Bassin du fleuve Sénégal (p. 6).

328 OMVS, « PASIE », Site officiel de l’OMVS : Projets et Programmes, [En ligne], http://www.omvs.org/fr/projets/pasie.php (Page consultée le 17 novembre 2012).

329 OMVS (d), Haut-Commissariat, op. cit., p. iii.

330 OMVS, Haut-Commissariat, « Le Projet de Gestion des Ressources en Eau et de l’Environnement du bassin du fleuve Sénégal : Un nouvel outil de développement », [En ligne] Adresse URL : http://www.omvs-soe.org/presentation_gef.pdf 331 Fawzi BEDREDINE(OMVS), Exemple de gestion concertée et solidaire d’un bassin fluvial partagé (Guinée, Mali, Mauritanie, Sénégal, Document présenté à la conférence de Madrid (Espagne) en mai 2009, p. 7.

332 Elhadji Abdoulaye DIACK, Évaluation des Comités locaux de coordination (CLC) et du Comité national de coordination (CNC) au

Sénégal, Rapport final, OMVS, novembre 2005, p. 7.

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bassin avaient été identifiées. Ces défis sont la dégradation des terres, la disponibilité restreinte de l’eau et l’altération de sa qualité, la prolifération d’espèces végétales nuisibles, la prévalence de maladies hydriques ainsi que les différentes menaces à la diversité biologique du bassin334. La

prolifération de végétaux envahissants est l’un « des problèmes environnementaux les plus préoccupants dans le bassin du fleuve Sénégal, ceci non seulement du point de vue de l’ampleur du phénomène, mais aussi de ses incidences écologiques et socio-économiques et de la difficulté de son éradication »335. Ce phénomène étant principalement dû à la cessation de la remontée d’une langue

d’eau salée dans le Delta et la Basse-Vallée en raison du barrage de Diama336, les activités de cette

troisième phase du GEF/BSF se sont surtout concentrées dans cette région. Curées, activités d’enlèvement du typha et de mobilisation sociale visaient à « asseoir la Gire dans le bassin et [à] impliquer la population dans l’entretien des canaux, en plus de la formation de relais »337. Enfin, tel

que mentionné précédemment, l’OMVS a remodelé l’une de ses principales structures, la Commission Permanente des Eaux, en y octroyant le statut d’observateurs aux usagers, collectivités locales, ONG et comités de gestion décentralisée338.

Ces programmes et ajustements reflètent une reconnaissance nouvelle de l’importance d’impliquer les collectivités locales dans les projets et de préserver l’environnement, qui ne saurait être dissociée du travail d’acteurs internationaux comme l’UICN, le FEM et la Banque Mondiale ayant appuyé des programmes aux conditionnalités d’intégration de normes ou principes s’inscrivant dans la foulée de la Déclaration de Rio ou de celle de Dublin tels que la participation du public, la préservation de l’environnement et la gestion intégrée des ressources en eau339. Quelles que soient les

origines de ce virage vers une gestion participative, le discours officiel de l’OMVS intègre désormais le principe de participation du public. Il y a quelques années, le Haut-Commissaire de l’époque,

Mohamed Salem Ould Merzoug, soulignait que l’un des principaux défis de l’Organisation était « de consolider, d'amplifier les efforts de communication et de les adapter à la nouvelle démarche inclusive […] qui place, au cœur [du] dispositif, tous les acteurs du bassin »340.

334 OMVS (d), Haut-Commissariat, op. cit., p. 40 à 87. 335 Ibid., p. 73.

336 Ibid., p. 74.

337 Auteur inconnu, op. cit., p. 3.

338 BEDREDINE et FABRE, op. cit., p. 6. / OMVS, Charte des Eaux, op.cit., art. 23. 339 SÈNE, op. cit., p. 296.

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