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DISPONIBILITÉ POUR UNE REMISE EN COUPLE EN

CHAPITRE 3 T RANSFORMATIONS DÉMOGRAPHIQUES LIÉES A LA MONTEE DES RUPTURES

2. Choix et hypothèses méthodologiques

2.3. Les variables retenues pour les études

2.3.1. Les variables explicatives

Dans ce chapitre et le suivant, les contrôles utilisés pour les résultats « toutes choses égales par ailleurs » sont ceux qui ont été remarqués comme « déterminants » des risques de remise en couple. Pour assurer la continuité dans le déroulement de la thèse, les facteurs de la remise en couple autres que les enfants et l’âge seront principalement analysés dans le chapitre 5, mais nous les introduisons dès les chapitres 3 et 4 dans les modèles.

Au vu de la littérature et des principaux facteurs susceptibles d’avoir des effets sur la vie de couple, nous construisons un modèle pour chaque sexe dans lequel nous introduisons plusieurs types de variables explicatives. D’une part des variables sur l’histoire conjugale passée : l’âge à la séparation, la durée de la première union, la cause de la rupture, le nombre d’enfants issus de la première union, leur lieu de résidence après la rupture. Nous n’introduisons pas l’âge à la première union, qui est le complémentaire de la durée de la première union et de l’âge à la séparation, mais nous le commenterons éventuellement au cours des analyses. D’autre part des variables représentant les caractéristiques individuelles, qui forment de bons indicateurs du capital culturel ou social des individus : diplôme ou PCS, pays de naissance, religion. La génération de naissance ou l’année de séparation apporteront une dimension temporelle au modèle. Nous introduirons finalement une variable qui indique si la personne avait fini ou non ses études au moment de la séparation, au cas où les comportements de remise en couple différeraient lorsque la personne est encore étudiante. Cette variable apporte également un contrôle sur la PCS ou le niveau de diplôme, puisque les plus diplômés ont le plus de chances de ne pas avoir terminé leurs études au moment de la séparation. Un tableau des effectifs présents dans chaque modalité est fourni en annexe 3.3.

Nous avons testé la pertinence d’introduire ces variables dans les modèles et leur significativité, et les modèles retenus sont optimisés (maximum de vraisemblance), même si parfois nous conservons pour information une variable non-significative qui ne biaise pas le modèle. Lors de l’analyse, plusieurs interactions ont été testées, et nous en indiquerons certaines au fur et à mesure afin de compléter les observations du modèle principal.

2.3.2. Catégorie socioprofessionnelle, niveau d’étude

Le débat sur l’utilisation dans les études rétrospectives du niveau d’étude, de la PCS de l’individu au moment de l’enquête ou de la PCS des parents (milieu d’origine) est récurrent chez les sociologues et les démographes. Chacune de ces indications de l’appartenance sociale ou culturelle des enquêtés a ses qualités et ses limites. Nous ne disposons pas de données chiffrées sur les évolutions de ces situations depuis la rupture, et nous bornons donc à récapituler les éléments connus qui prônent en faveur ou contre l’utilisation des différents indicateurs.

Retenons tout d’abord que n’importe quelle classification par PCS ou niveau de diplôme est réductrice, et regroupe des personnes à caractéristiques très disparates (Bozon et Héran, 2006 ; Groupe de réflexion sur l'approche biographique, 2009). Un tel indicateur reste néanmoins nécessaire car les comportements sont généralement hétérogènes selon le bagage social ou culturel. Face à la généralisation introduite par le regroupement en catégories très larges, les autres choix faits pour représenter la « place sociale » pourront être d’importance secondaire.

Pour l’étude des trajectoires émerge un problème supplémentaire, puisque nous ne connaissons généralement le groupe social ou culturel qu’au moment de l’enquête : celui- ci a pu évoluer au cours de la vie familiale. Une partie des personnes qui se marient –ou se séparent – n’ont pas encore terminé leurs études (Kreyenfeld, 2002), ou peuvent avoir eu un autre emploi à cette époque, ce qui pose des questions sur leur catégorie sociale d’appartenance ou sur leur niveau d’études au moment de l’événement. De plus, la mobilité sociale est fréquente, et la catégorie socioprofessionnelle est corrélée à l’âge au moment de l’enquête.

L’utilisation de la situation actuelle dans les études de trajectoires est de plus en plus rare dans la littérature récente. Pour les événements étudiés en début de vie adulte, l’utilisation de la durée des études atteinte à chaque stade de l’observation est privilégiée dans la littérature internationale (Baizan et al., 2004 ; Kantorova, 2004 ; Kravdal, 2001). Ces auteurs prennent ainsi en compte les changements de niveau d’étude avec l’âge de la personne. Néanmoins, la durée des études n’est pas forcément représentative du niveau de diplôme.

De plus, l’observation selon le niveau ou la durée d’études a ses limites, particulièrement pour l’analyse des évolutions. En effet, les niveaux d’études ont évolué très rapidement dans les dernières décennies, particulièrement pour les femmes (Prioux,

2005a), et il est difficile de s’attacher au niveau d’étude pour comparer des générations âgées aujourd’hui de 60 ans à celles âgées de 35 ans. Une solution à ce dernier problème technique consisterait à regarder le niveau d’étude relatif à la génération, méthode utilisée par Isabelle Robert-Bobée (2004) dans l’étude du passage aux premier et deuxième enfants. Cependant, cela oblige à nouveau à faire des approximations sur le niveau d’étude.

En dernier lieu, l’étude selon l’origine sociale (PCS du père à 18 ans) peut elle aussi être discutée, puisque les changements intergénérationnels de classe sociale sont fréquents (Peugny, 2008) (voir aussi l’annexe 5.2). La situation dans laquelle vit l’individu au moment de l’événement sera faiblement rendue en contrôlant l’origine sociale. Ce type d’indicateur peut néanmoins être particulièrement utile pour expliquer les événements du début de la trajectoire familiale. La PCS actuelle a des atouts puisqu’elle est plus descriptive de l’individu lui-même, et elle a aussi un avantage par rapport au niveau d’étude, qui est de traduire un « milieu » plutôt qu’une « qualification ». Lorsqu’on étudie des événements qui ont plutôt lieu dans une phase intermédiaire ou tardive, comme la remise en couple et les naissances dans les deuxièmes unions, la PCS a eu moins de chances de se modifier. Cependant, en plus du « bruit » inhérent aux changements de situation professionnelle, la PCS actuelle est souvent influencée par les événements conjugaux eux-mêmes, ce qui rend délicate son utilisation. L’arbitrage pour l’utilisation de ces indicateurs est donc d’intérêt : qu’est-ce qui sera le plus précis, entre l’origine sociale, dont on a largement eu le temps de s’éloigner et la PCS actuelle, qui a plus ou moins pu se modifier depuis le début de l’observation (la séparation, la remise en couple) ?

L’étude que nous menons, outre la trajectoire globale, analyse des événements qui ont eu lieu à des stades déjà avancés de la vie adulte, alors que la première étape d’entrée dans la conjugalité a déjà eu lieu. De plus, les analyses des ruptures et des trajectoires conjugales auxquelles nous nous référons dans la littérature française étant menées soit à partir du niveau d’étude, soit à partir de la classe sociale de l’individu, il sera utile dans la continuité de celles-ci de s’intéresser à ces facteurs, ne serait-ce que pour avoir des éléments de comparaison (Köppen et al., 2007 ; Le Gall et Martin, 1993 ; Martin, 1997 ; Mazuy, 2002 ; Villeneuve-Gokalp, 1994b).

Nous avons donc pris trois décisions :

- Dans les études globales de trajectoire par âge à l’enquête, nous utilisons simplement la PCS de l’individu au moment de l’enquête, et nous complétons en annexe avec le niveau d’étude, puisqu’on se positionne de toute façon au moment de l’enquête.

- Pour le modèle rétrospectif dans lequel nous étudions l’influence du milieu social en référence à l’article de Villeneuve-Gokalp (1994b), par soucis de comparabilité nous utilisons nous aussi la PCS actuelle (découpées en six groupes) en mettant en annexe le modèle avec le niveau d’éducation (nous verrons que sur des classes aussi larges, il n’y a pas de problème de cohérence des résultats selon ces deux indicateurs).

Cette décision est la plus contestable, mais nous sommes bien conscients des biais possibles : il y a du "bruit" dans les indicateurs lié à l’âge à l’enquête (changements plus ou moins importants selon le temps entre l’événement fondateur et l’enquête) ; les changements dans la trajectoire sont éventuellement corrélés avec la remise en couple (par exemple, la séparation peut entraîner un changement d’emploi et de PCS…). Cependant, du fait de la taille très large des catégories, les chances de connaître un mouvement d’une catégorie à l’autre sont affaiblies par rapport à des catégories plus précises. De plus, la comparaison des estimations du modèle avec celles réalisées en utilisant les niveaux d’éducation montrent que le modèle n’est pas biaisé par ce contrôle, et que la tendance est similaire pour la PCS et le niveau d’éducation.

- Pour les autres modèles nous tenons compte du niveau d’éducation, qui a rarement changé depuis la séparation, sauf pour les personnes qui n’avaient pas terminé leurs études.

Dans Érfi, nous savons si la personne est encore étudiante au moment de la première séparation : 10 % des hommes et 12 % des femmes âgés de 20 à 49 ans n’avaient pas terminé leur formation initiale à ce moment là. Le fait que les études ne soient pas toujours terminées au début de la vie conjugale pourra avoir une influence sur les comportements, mais aussi sur l’indicateur de niveau d’études. Cette question est généralement résolue dans les modèles de durée en introduisant une variable dépendante du temps qui indique si la personne est en cours d’étude ou non à chaque durée d’observation. Puisque nous utilisons aussi bien des modèles de régression que des modèles de durée, nous avons décidé ici d’introduire dans les modèles constitués avec Érfi une variable binaire qui indique si la personne étudie encore ou non au début de la période d’observation (au moment de la séparation par exemple). Puisqu’un dixième des personnes séparées dont on modèle les comportements de remise en couple fait encore ses études lors de la séparation, cela pourrait avoir de l’importance. Nous verrons cependant que l’introduction de cette variable n’est généralement pas significative, et ne modifie qu’à la marge les estimations sur la PCS ou le niveau d’étude.

La plupart des modèles ont donc été testés avec chacune des variables socioprofessionnelles : diplôme le plus élevé + variable binaire indiquant si l’enquêté fait

encore ses études au début de la période d’observation ou non ; PCS de l’individu au moment de l’enquête + études au début de la période d’observation ou non ; PCS du père. Nous préciserons les résultats au cours de l’étude et les mettrons éventuellement en annexe.

Finalement, Érfi apportait une mine d’informations sur les conditions financières, le niveau de vie et les prestations reçues au moment de l’enquête. Ces situations étant totalement dépendantes de la situation de couple, nous n’avons fait aucun usage de ces variables.

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