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La formation d’une nouvelle union depuis les années

CHAPITRE 5 F ACTEURS SOCIOCULTURELS ET ECONOMIQUES DE REMISE EN COUPLE

3. Contrastes sociaux de la remise en couple

3.2. Remises en couple et milieu social

3.2.1. À première vue, plus d’inégalités sociales chez les hommes que chez les femmes

Sans aucun contrôle, nous présentons les « courbes de survie » calculées par la méthode Kaplan-Meyer (Figure 5.2). Elles représentent à chaque durée depuis la

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On considère que les enfants sont en garde alternée lorsque le parent a répondu qu’ils étaient « avec nous deux en garde alternée » l’année qui a suivi la rupture au moins une fois (la question offrait la possibilité de donner plusieurs réponses)

séparation la proportion de personnes qui ne se sont pas encore remises en couple. Nous sélectionnons uniquement les personnes séparées avant 50 ans entre 1980 et 2005. Le défaut de ces courbes est que plus on avance en durée depuis la séparation, moins il y a de personnes représentatives de cohortes récentes. Si on veut les analyser, on doit donc faire la supposition que les comportements relatifs de remise en couple ne se sont pas trop modifiés depuis les années 1980 entre les classes sociales. Les biais de structure seront de toute façon corrigés dans le modèle toutes choses égales par ailleurs exposé par la suite.

D’après ces courbes descriptives (Figure 5.2), les hommes affichent des contrastes significatifs selon leur appartenance sociale dans leur rythme de remise en couple, ce qui n’est pas le cas des femmes. Bien que très peu nombreux, les hommes qui n’ont pas de PCS au moment de l’enquête6, sont les plus à l’écart de la reconstruction conjugale, tout comme ils étaient plus à l’écart de toute vie de couple. Parmi les personnes qui déclarent une catégorie socioprofessionnelle, les hommes en profession intermédiaire et cadres se distinguent par une remise en couple plus rapide. Les différences significatives n’apparaissent pas au cours des premières années, mais plutôt quatre ou cinq ans après la séparation. Ensuite l’écart reste prononcé. Chez les femmes, les tendances sont très similaires selon l’origine sociale, même si dans l’ensemble les employées semblent plus lentes à se remettre en couple que les cadres et les femmes artisans, commerçantes et cheffes d’entreprise.

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29 hommes n’ont pas déclaré de PCS, dont 15 en invalidité, quelques retraités et une dizaine qui n’ont pas non-plus donné leur type de situation d’activité (annexe 5.3.). Les femmes sont bien plus

nombreuses (74) à ne pas avoir de PCS, presque la moitié sont au foyer et un quart en congé maladie. Là encore 10 n’avaient pas non plus déclaré leur situation d’activité. Nous les avons regroupés dans une catégorie « non-concernés ».

Figure 5.2 : Courbes de probabilité de survie de Kaplan-Meyer – intervalle de confiance à 95 % Hommes

durée en années Femmes

durée en années

Probabilité de survie =nombre de personnes pas encore remises en couple à chaque durée pour 100 personnes séparées

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 49 ans à la séparation, qui se sont séparés après 1980, par la séparation d’une union libre ou d’un mariage, hors rupture par décès du conjoint

3.2.2. Ouvriers et employés toujours désavantagés par rapport aux cadres et aux hommes exerçant une profession intermédiaire

Tableau 5.7 : Estimation des risques relatifs de remise en couple, tous contrôles

calculée dans un modèle de durée linéaire par morceau

estimation erreur std estimation erreur std

niveau de référence -0,51 0,49 -0,51 0,38

Durée (risque de base)

0 à 1 ans (pentes) -5,61*** 1,12 -6,48*** 1,1

1 à 3 ans (pentes) 0,4 0,26 0,65** 0,25

3 à 5 ans (pentes) -0,14*** 0,03 -0,12*** 0,03

5 à 7 ans (pentes) 0,1 0,19 0,39** 0,16

7 ans et plus (pentes) -0,14* 0,09 -0,05 0,08

Age à la séparation

20 à 25 ans (pentes) 0,09 0,09 0 0,07

25 à 30 ans (pentes) 0 0,04 -0,14*** 0,04

30 à 35 ans (pentes) -0,14*** 0,04 0 0,04

35 à 40 ans (pentes) -0,05 0,04 -0,12*** 0,04

40 ans et plus (pentes) -0,02 0,02 -0,11*** 0,02

Année de séparation 1980 à 1984 1,15 0,16 1,01 0,15 1985 à 1989 1,29* 0,15 1,1 0,14 1990 à 1994 1,09 0,14 1,19 0,13 1995 à 1999 1 1 2000 et après 0,82 0,16 0,9 0,14 Etudes à la séparation oui / non 0,96 0,17 0,96 0,14

Durée première union

moins de 4 ans 0,86 0,14 0,64*** 0,13

entre 4 et 8 ans 1 1

9 ans et plus 1,31* 0,16 1,11 0,15

Statut de la première union

cohabitation 1 1

mariage 1,11 0,12 1,44*** 0,11

Enfants antérieurs

aucun enfant 0,97 0,13 1,95*** 0,13

enfant(s ) avec soi 0,67* 0,23 1

enfant(s ) ailleurs 1 2,38*** 0,14

Catégorie socioprofessionnelle

artisan, commerçant, agri 0,88 0,21 1,76** 0,24

ouvrier 0,68*** 0,12 1,17 0,16 employé 0,66** 0,17 1,08 0,11 prof intermédiaire 1 1 cadre 1,04 0,15 1,09 0,15 non-concerné 0,36*** 0,3 0,89 0,16 Pays de naissance étranger / France 1,11 0,16 0,72* 0,18 Pratique religieuse oui / non 0,81 0,15 0,73*** 0,12 Log-vraisemblance -2657,85 -3100,2 n 27 27 hommes femmes ***, **, * : significatif à moins de 1%, 5%, 10%

Champs : hommes et femmes qui ont connu la séparation d’une première union entre 20 et 50 ans et après 1980 (hors décès du conjoint)

Note : Dans ce modèle, la durée et l’âge sont continus, et les « nœuds » marquent les changements de pente. Par exemple, l’âge à la séparation 35,0 ans est la frontière entre les intervalles [30-35[ et [35-40[.

Après les séparations récentes, un contraste se dessine entre les hommes ouvriers et employés et ceux des classes plus aisées (tableau 2). Déjà à l’écart de la vie de couple en général, les hommes qui n’ont pas fourni de catégorie socioprofessionnelle se remettent le moins fréquemment en couple. Malgré les grandes différences dans les trajectoires des femmes selon le milieu social, les risques de revivre une union sont indifférenciés dans les classes sociales même toutes choses égales par ailleurs, sauf chez les femmes qui travaillent dans l’artisanat ou le commerce, qui reforment plus vite une union. Il en est de même en contrôlant par le nombre d’enfants. En contrôlant si la personne faisait encore ses études ou non lors de la séparation, on s’assure que son coefficient de remise en couple n’est pas lié au fait qu’elle était encore en formation (donc non-active), ce qui est plus fréquent pour les cadres et professions intermédiaires. Il semble au total que ce facteur ne change rien à la vitesse de remise en couple et cette corrélation ne modifie pas les résultats concernant les PCS ici.

Les comportements de remise en couple dans les groupes sociaux contrastent avec ceux des études effectuées sur les enquêtes des années 1980-1990. Alors que dans les classes populaires on se remettait plus fréquemment en couple, cette tendance disparaît pour les femmes et s’inverse pour les hommes. Les raisons de reformer une union dans les milieux populaires, notamment la nécessité économique, n’ont pas forcément disparu, mais d’autres incitations ont pu apparaître dans les autres milieux. Rappelons cependant que dans les années récentes, les remises en couple ont globalement ralenti chez les hommes. Il est possible que ce ralentissement soit passé par la plus grande exclusion du marché conjugal des hommes à capital culturel et social réduit. Chez les femmes, chez lesquelles les remises en couple ont globalement augmenté, plutôt que le résultat d’un changement de comportement de remise en couple dans les milieux populaires, il est possible que ce soit la montée des unions multiples chez les plus diplômées qui ait aligné les comportements de remise en couple.

Alors qu’un phénomène d’anticipation7 semblait influencer les trajectoires de couple dans les milieux populaires, il est possible qu’aujourd’hui il soit moins facile à repérer car les mouvements familiaux sont devenus plus rapides dans les autres milieux. Cela ne tient cependant pas forcément à une transformation en profondeur du processus d’anticipation et de remise en couple chez les ouvrières, mais plutôt à une accélération

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Dans les années 1970, d’une part les femmes les moins diplômées et celles avec les PCS les moins élevées (au moment de l’enquête) divorcent le moins fréquemment (Desplanques, 1987). D’autre part les femmes des catégories sociales moins favorisées se remettent plus rapidement en couple. Les femmes n'ayant jamais travaillé ont très rarement divorcé, mais celles qui ont divorcé se sont bcp+ svt remises en couple – notons qu’à l'époque, les femmes n'ayant jamais travaillé n’étaient pas forcément les moins diplômées. Chez les hommes, seuls les employés divorçaient davantage que les autres.

des remises en couple chez les femmes cadres. Cela rejoindrait du moins les recherches de Catherine Villeneuve-Gokalp sur la cohabitation hors mariage : certains comportements étaient déjà structurellement présents dans les classes moins favorisées avant le développement de « nouvelles » formes de conjugalité qui touchent davantage les groupes sociaux favorisés.

Les résultats selon le milieu d’origine (PCS du père) sont présentés en annexe 5.4. Il n’y a pas de différence majeure avec ceux exposés ici. Seuls les estimateurs des variables corrélées différemment à la PCS d’ego et à celle des parents changent de valeur, par exemple le pays d’origine. De plus, les différences de niveau de remise en couple exposées selon le milieu social ne tiennent pas au décalage de calendrier conjugal lié à l’entrée plus tardive des cadres dans leur première union (annexe 5.7.).

3.3. Interaction de la PCS et de l’âge à la rupture pour la remise en

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