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Des situations à la rupture disparates selon la classe sociale

La formation d’une nouvelle union depuis les années

CHAPITRE 5 F ACTEURS SOCIOCULTURELS ET ECONOMIQUES DE REMISE EN COUPLE

3. Contrastes sociaux de la remise en couple

3.1. Des situations à la rupture disparates selon la classe sociale

Du fait de calendriers de construction familiale décalés selon la classe sociale (ou le niveau d’études), les trajectoires avant la rupture sont contrastées dans les différentes catégories. Cette section récapitule la situation familiale des hommes et des femmes selon

leur appartenance sociale et leur âge au moment de la rupture. Les effectifs détaillés par âge et PCS de personnes ayant vécu une rupture sont faibles, et seuls les extrêmes et les tendances sont significatifs. Les résultats détaillés dans le texte sont uniquement les résultats significatifs à 5 % par un test d’égalité des fréquences, et les cas plus limites sont précisés.

3.1.1. Âges à la mise en couple et à la rupture moins homogènes chez les femmes que chez les hommes

L’âge à la première mise en couple (sur l’ensemble des premières unions) varie selon la situation sociale, ce qui pourrait se répercuter sur l’ensemble de la trajectoire conjugale (Tableau 5.2). Or, une fois retenues uniquement les personnes qui se sont séparées, les contrastes sont moins importants que pour l’ensemble des personnes qui ont formé une union (Tableau 4.1). Les hommes ont formé leur premier couple vers 24 ans en moyenne, sauf les artisans et commerçants, plus tardifs. Chez les femmes il y a une légère disparité, des ouvrières vers 21 ans aux cadres à presque 23 ans. Les séparés ont formé leur première union jusqu’à deux ans plus tôt que l’ensemble, ce qui s’explique parce que les séparations touchent davantage des unions formées plus jeunes (chapitre 2). Ensuite, les femmes cadres se sont séparées plus vite que les autres et finalement leur âge à la séparation est plus faible que celui des femmes ouvrières ou employées. Au total, les contrastes par âge à la formation de la première union ne sont donc pas assez importants parmi les séparés pour avoir à se préoccuper d’une corrélation entre calendrier de vie en couple et PCS, comme nous l’avions fait pour le sexe.

Tableau 5.2 : âge moyen en début de première union, selon le sexe et la PCS à l’enquête Moyenne Médiane Ec art-type Moyenne Médiane Ecart-type

artisan, commerç, CE, agri 25,4 24,3 5,8 22,8 21,6 4,4

ouvrier 24,6 23,2 5,8 22,5 21,0 5,3 employé 25,0 23,7 5,3 22,6 21,6 4,5 intermédiaire 25,2 23,8 5,3 23,4 22,7 3,5 cadre 25,7 25,1 4,8 24,5 23,4 4,4 non-concerné 24,3 22,2 6,9 22,4 21,6 4,5 hommes femmes

Champ : hommes et femmes qui ont formé une union avant 50 ans Source : Ined-Insee, Érfi-GGS1, 2005

Tableau 5.3 : âge moyen en début et en fin de première union, selon le sexe et la PCS à l’enquête Moyenne Médiane Ec art-type Moyenne Médiane Ecart-type

artisan, commerç, CE, agri 25,2 22,5 5,8 32,1 31,8 7,5

ouvrier 23,9 22,9 4,5 31,0 29,7 7,2

employé 23,4 22,7 4,0 31,6 30,3 7,6

prof intermédiaire 23,9 23,3 4,2 31,5 30,2 7,3

cadre 23,8 22,8 3,8 31,8 29,7 7,3

non-concerné 24,2 22,7 5,5 30,7 30,2 8,6

Age fin 1ère union

hommes Age 1ère union

Moyenne Médiane Ec art-type Moyenne Médiane Ecart-type

artisan, commerç, CE, agri 21,9 20,8 4,4 31,8 30,8 7,6

ouvrier 21,0 20,5 2,9 31,9 29,9 7,1

employé 22,0 21,1 3,9 31,6 30,6 6,7

prof intermédiaire 22,7 21,8 3,5 30,9 29,8 6,2

cadre 22,8 22,2 3,6 30,6 27,8 7,1

non-concerné 21,2 20,3 3,6 30,0 28,8 7,4

Age 1ère union Age fin 1ère union

femmes

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 49 ans à la séparation, qui se sont séparés entre 1980 et 2002, par la séparation d’une union libre ou d’un mariage, hors rupture par décès du conjoint

Source : Ined-Insee, Érfi-GGS1, 2005

3.1.2. Des ouvrières aux cadres, de moins en moins d’enfants et de mariages à la rupture

Plus la catégorie sociale est élevée, moins les chances d’avoir un enfant lors d’une rupture avant 35 ans sont fortes, surtout chez les femmes (Tableau 5.4). Cette distribution n’est cependant pas maintenue pour les hommes et les femmes de 35 ans ou plus lors de la séparation. Les femmes ouvrières ont significativement plus souvent un enfant, mais les autres proportions ne sont pas assez contrastées pour que les différences soient significatives.

Tableau 5.4 : proportion d’hommes et de femmes avec au moins un enfant à la séparation,

selon l’âge à la séparation et la PCS au moment de l’enquête (en %)

av. 25 ans 25-34 ans ap. 35 ans av. 25 ans 25-34 ans ap. 35 ans artisan, commerç, CE, agri 26,7 50,0 78,1 16,7 63,2 77,3

ouvrier 24,0 52,3 77,1 46,2 81,6 98,1 employé 16,7 44,4 83,9 25,0 68,0 81,8 intermédiaire 3,4 42,5 75,3 12,5 46,7 84,1 cadre 13,6 33,9 80,0 3,1 35,9 85,7 non-concerné 5,9 52,6 50,0 47,7 75,5 88,2 ensemble séparé 206 429 299 284 543 464 homme femme

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 49 ans à la séparation, qui se sont séparés après 1980, par la séparation d’une union libre ou d’un mariage, hors rupture par décès du conjoint

Source : Ined-Insee, Érfi-GGS1, 2005

À tous les âges, les unions rompues sont plus fréquemment des mariages chez les femmes des classes populaires que chez les autres femmes (Tableau 5.5). Ayant fait des études moins longues, elles se mettent plus tôt en couple et ont le plus de chances d’avoir

déjà transformé leur union libre en mariage par exemple avant la trentaine. De plus les femmes cadres se séparent plus rapidement (chapitre 2), et donc en ayant eu moins de temps pour se marier. Nous avons vu que les premières unions « éphémères » se développaient davantage chez les femmes les plus éduquées, ce qui peut expliquer un nombre plus élevé de ruptures sans mariage.

À l’opposé des femmes cadres, les hommes cadres qui rompent après 25 ans sont plus fréquemment mariés que dans les autres milieux sociaux, et d’autant plus après 35 ans (Tableau 5.5). Les hommes les plus qualifiés ont en effet plus de chances de se marier dans les trois premières années de l’union si celle-ci dure au moins trois ans, alors qu’il n’y a pas de différence significative chez les femmes (Prioux, 2009). Régnier-Loilier (2007a, chapitre 3) montrait également dans une enquête régionale (Ined-Clersé, 2000, Pas-de-Calais), que les cadres et les personnes qui exerçaient une profession intermédiaire étaient plus souvent mariés au moment d’une naissance. De plus, l’âge des hommes à la première union est plus homogène que celui des femmes par groupe social (Tableau 4.1), et donc le temps qu’ils ont eu pour se marier à un âge donné à la séparation plus homogène.

Tableau 5.5 : proportion d’hommes et de femmes mariés pendant l’union rompue,

selon l’âge à la séparation et la PCS au moment de l’enquête (en %)

av. 25 ans 25-34 ans ap. 35 ans av. 25 ans 25-34 ans ap. 35 ans

artisan, commerç, CE, agri 6,7 40,0 56,3 16,7 57,9 86,4

ouvrier 8,0 36,4 61,5 26,9 61,2 90,4 employé 11,1 38,9 71,0 19,2 47,5 74,8 intermédiaire 3,4 30,1 63,5 6,9 32,7 70,1 cadre 4,6 40,3 80,0 6,3 30,2 71,4 non-concerné 5,9 36,8 80,0 11,4 49,1 88,2 ensemble séparé 206 429 299 284 543 464 homme femme

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 49 ans à la séparation, qui se sont séparés après 1980, par la séparation d’une union libre ou d’un mariage, hors rupture par décès du conjoint

Source : Ined-Insee, Érfi-GGS1, 2005

3.1.3. Moins de résidences alternées dans les milieux modestes

Caractérisant des situations de transition, Le Gall et Martin (1993) distinguent deux logiques d’« après divorce ». La tendance dominante serait à la substitution (rupture totale avec l’ancien conjoint puis remise en couple pour le remplacer) dans les milieux où les partenaires du couple sont d’appartenance sociale modeste et ont des niveaux d’études très bas. Dans les milieux favorisés et dotés d’un fort capital culturel, la tendance globale serait à la pérennité (régulation, concertation). Ces deux extrêmes sont modulés par l’âge

des conjoints et des enfants, le temps passé en famille monoparentale, mais aussi par le nouveau conjoint qui peut imprimer un autre mode de comportement. L’utilisation de la résidence alternée après la séparation peut être un indicateur de ces contrastes dans la réaction à la rupture.

D’après les hommes, la résidence alternée est utilisée de manière relativement équivalente dans les différentes PCS, légèrement moins chez les ouvriers et légèrement plus chez les cadres (Tableau 5.6). Chez les femmes le contraste est plus net, et la garde alternée est utilisée deux fois plus chez les cadres et les femmes de profession intermédiaire que chez les ouvrières et les employées. D’autres facteurs entrent en compte lors de la séparation, comme le partage des biens et l’entente des parents, qui conditionnent en plus du milieu social le choix du type de résidence des enfants. Cependant, les tendances notées par Le Gall et Martin (1993) rappellent que c’est plutôt dans les milieux à capital culturel élevé que les arrangements autour des enfants se font en bonne entente. Au total, les liens des enfants avec le père sont bien plus affaiblis que ceux avec la mère par une rupture, et ils sont plus fréquents et moins souvent complètement interrompus chez les plus diplômés (Villeneuve-Gokalp, 1999).

Tableau 5.6 : Proportion d’hommes et de femmes qui ont adopté la résidence alternée5 pour leurs enfants l’année après la rupture selon la PCS (d’après le déclarant) (en %)

hommes femmes

artisan, commerç, CE, agri 7,3

ouvrier 10,6 4,8

employé 12,2 4,8

intermédiaire 12,5 10,5

cadre 14,8 9,5

non-concerné 1,3

Effectif avec enf 433 672

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 49 ans à la séparation, qui se sont séparés après 1980, par la séparation d’une union libre ou d’un mariage, hors rupture par décès du conjoint

Source : Ined-Insee, Érfi-GGS1, 2005

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