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LES VARIABLES FAMILIALES ASSOCIÉES

Dans le document temps libre (Page 86-92)

LES JEUNES ET L’ACTIVITÉ PHYSIQUE

LES VARIABLES FAMILIALES ASSOCIÉES

L’enquête Santé Québec, à laquelle nous nous référons souvent, men-tionnait que parmi les « facteurs associés » on ne pouvait déceler l’influence significative ni du milieu familial, ni du niveau de vie, ni même du niveau de pratique des parents. L’ensemble de nos résultats

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© 2007 – Presses de l’Université du Québec

Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : L’ univers du temps libre et des valeurs chez les jeunes, Gilles Pronovost, ISBN 978-2-7605-1512-3 • G1512N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

pointe pourtant vers l’influence déterminante du milieu familial chez les jeunes de 11 à 15 ans. C’est sans doute parce que nous utilisons des mesures différentes que nous obtenons des résultats significatifs.

Tableau 4.9

Avec les parents 5,3 7,4 8,4 9,0 9,8

Avec les

grands-parents 1,2 1,8 2,6 2,7 3,4

Index de soutien

des parents*** 2,2 2,8 3,1 3,2 3,3

* Index variant de 0 à 4, selon le nombre de réponses positives (activités à l’extérieur de l’école, activités physiques scolaires, équipe sportive, équipe estivale).

** Sur 16 mentions possibles.

*** Sur 4 mentions possibles.

Ainsi, le niveau d’activité des jeunes est strictement corrélé à l’indice de participation des parents et même des grands-parents ! Plus le nombre d’activités communes parents-enfants ou grands-parents-enfants s’accroît, plus le niveau d’activité physique du jeune est élevé. De même, les taux d’activité les plus élevés se retrouvent chez les enfants qui reçoivent le plus de soutien de leurs parents. De plus, les jeunes qui jugent que la condition financière de leur famille est plus favorable se retrouvent également parmi les plus actifs. Et, enfin, les jeunes qui vivent dans une famille biparentale ont généralement des taux d’activité plus élevés. Les tests statistiques sont d’ailleurs signi-ficatifs dans ces trois cas de soutien familial, de conditions financières favorables et du type de famille.

En d’autres termes, les attitudes parentales peuvent être détermi-nantes dans le fait que certains jeunes sont plus sportifs que d’autres.

Si le sport fait partie d’un projet familial d’ensemble, qui recouvre aussi, comme on le verra dans d’autres chapitres, les activités culturelles, les habitudes de lecture, la gestion du temps de l’enfant, l’hygiène

corporelle et la volonté d’apprentissage, une sorte de discipline de soi et du corps se met progressivement en place, qui suscite des attitudes favorables à la pratique sportive régulière.

On peut donc en conclure que le milieu familial, en matière de soutien et de niveau de vie, exerce une influence considérable sur la pratique d’activités physiques chez les jeunes de 11 à 15 ans. De même, le niveau d’investissement des parents favorise l’intensité de l’investissement des enfants (Octobre, 2004, p. 349). D’autant plus que la famille (au premier chef le père) constitue la principale source mentionnée comme vecteur de transmission de la passion sportive et est reconnue comme le deuxième partenaire sportif du jeune, après les amis. Dans la lignée de ce qui a été mentionné antérieurement, le rôle de la famille, comme partenaire et comme passeur de passion, s’estompe progressivement avec l’avancée en âge, sans jamais dispa-raître, laissant place à une diversification des sources d’influence.

Même à l’âge de 15 ans, le quart des jeunes de notre échantillon pra-tiquent une activité physique avec l’un ou l’autre membre de la famille, et le tiers mentionnent celle-ci parmi leurs sources d’influence.

CONCLUSION

À la lumière des résultats présentés, nous constatons que l’activité physique des jeunes de 11 à 15 ans occupe une place importante dans leur vie. Elle fait partie intégrante de leur vie quotidienne. C’est éga-lement une pratique constante : entre la 5eannée du primaire et la 2eannée du secondaire, il n’y a pas de chute significative d’activité.

Les activités sportives sont beaucoup pratiquées à l’extérieur de l’école, mais elles sont aussi les activités les plus pratiquées parmi celles organisées par l’école. Elles sont aussi largement pratiquées en équipe. Un autre indice de la grande présence des activités physiques dans la vie des jeunes de 11 à 15 ans est la forte propension pour des passions de type sportif. Presque la moitié des passions mentionnées sont de type sportif.

Comme nous l’avons démontré, en général, qu’il s’agisse de leur performance à l’école, de leurs aspirations scolaires (études secon-daires ou postseconsecon-daires) ou de leurs capacités de réussite, les élèves qui sont actifs sont beaucoup plus positifs dans ces domaines. L’activité physique est fortement corrélée à la réussite scolaire et aux perspectives

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d’avenir ; dans ce dernier cas, être actif physiquement signifie également exprimer des ambitions scolaires plus fortes et se dire plus confiants de poursuivre son activité à l’âge adulte. En règle générale, c’est le fait d’être membre d’une équipe sportive pendant la période estivale qui induit les plus fortes corrélations.

La pratique d’activités physiques fait également partie d’un univers plus large. Par exemple, plus on est actif dans le domaine sportif, plus on a tendance à l’être tout autant dans d’autres domaines. Lecture, pratiques culturelles, fréquentation d’équipements culturels renvoient à un univers général plus diversifié et plus intense chez les actifs.

L’activité physique a aussi un impact positif sur certains compor-tements à risque. La consommation de stupéfiants ou de cigarettes est moindre chez les actifs. Par contre, la consommation d’alcool est légèrement plus forte.

Nos données indiquent également qu’à cet âge le milieu familial semble sinon déterminant, du moins fortement présent. La qualité du soutien familial, le niveau de vie et probablement le niveau de scolarité des parents sont liés à un accroissement de l’activité des jeunes. De plus, le milieu familial, sans être dominant, constitue une source majeure et constante d’influence ; les membres de la famille demeurent également des partenaires du jeune dans sa pratique.

ANNEXE : La transmission des passions

Le questionnaire contenait quelques questions sur les passions des jeunes. On demandait au jeune « As-tu une activité qui te passionne ? », et dans l’affirmative celui-ci était invité à dire avec qui il pratiquait cette passion et qui la lui avait transmise.

Selon les réponses obtenues, 97% des filles et 96% des garçons ont une passion de loisir. En général, la fréquence de la pratique de la passion est assez élevée : à la question « Tu pratiques cette passion souvent, fréquemment, rarement, jamais?», 79% des élèves ont répondu la pratiquer « souvent ». Quelles sont ces passions ? Au total, 92 passions différentes ont été mentionnées par les répondants, dont 49% sont des activités physiques. Si l’on fait la distinction entre des passions

« culturelles », « sportives » et « autres », les passions de type sportif sont largement majoritaires (71%), suivies du type « autres » (16%), puis de celles de type culturel (13%). Ce sont principalement les filles qui ont des passions de type culturel, alors que les garçons ont surtout des passions de type sportif. Les passions culturelles tendent à s’accroître avec l’âge (rejoignant le cinquième des jeunes à 15 ans), les sportives suivent le mouvement inverse (passant des trois quarts aux deux tiers des jeunes). Chez les filles, la croissance des passions culturelles est constante à mesure qu’elles vieillissent, le déclin des passions sportives relevant du mouvement inverse. Chez les garçons, les passions sportives suscitent le même engouement à tous les âges, mais la chute des passions culturelles est brutale à l’âge de 15 ans.

Tableau 4.10

La transmission des passions de loisir*

Passion Passion

culturelle sportive

Père 18 33

Mère 20 18

Frères ou sœurs 9 15

Total famille 29 39

Amis 22 37

Professeurs 17 5

*Plusieurs réponses possibles ; cumul des mentions.

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Les partenaires de la passion sportive sont d’abord largement des amis, suivis de membres de la famille. Dans le cas des passions cultu-relles, on les pratique soit seul, soit avec des amis. La pratique solitaire semble ainsi la norme dans le cas des activités culturelles, et la famille y est presque deux fois moins importante que dans le cas des passions sportives. Pour ce qui est des « passeurs de passions », les amis ou un membre de la famille (au premier chef le père) se retrouvent surtout dans le cas d’un sport. Il s’agit des amis, de la mère, parfois du pro-fesseur, dans le cas d’une activité culturelle. Le nombre important de passions déclarées ne permet pas de mesures fines selon diverses acti-vités. Dans une étude de plus grande envergure, Olivier Donnat a illustré que, « mis à part quelques activités dont la découverte est plus fréquente dans le cadre de la sociabilité amicale (ordinateur, marche, bénévolat), la règle est plutôt d’avoir été initié par ses parents ou une autre personne de sa famille » (Donnat, 2006, p. 17). Les entretiens qualitatifs menés à la suite de cette enquête française ont conduit Donnat à revoir à la hausse les influences familiales dans la transmis-sion des pastransmis-sions. C’est ainsi qu’il écrit :

Au final, on retiendra que toutes les personnes interrogées ancrent d’une manière ou d’une autre le point de départ de leur passion dans l’enfance ou l’adolescence et que les formes d’engagement constatées au moment de l’enquête semblent être assez largement déterminées par le contexte qui a présidé à sa découverte. L’influence du milieu familial d’origine apparaît souvent déterminante, mais elle peut prendre une très grande diversité de formes en fonction de l’histoire familiale et de la nature des liens qui unissent ceux qui la composent : relations entre parents et enfants bien sûr mais aussi entre les membres de la fratrie qui peuvent venir perturber le processus de transmission (p. 30).

Les résultats de notre recherche permettent de corroborer largement de telles conclusions.

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