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LES SIGNIFICATIONS

Dans le document temps libre (Page 165-168)

LES UNIVERS DES JEUNES Diversité et significations

LES SIGNIFICATIONS

Par « significations », j’entends ici les références symboliques auxquelles renvoie la participation à des activités culturelles. Par exemple, un jeune qui lit un roman peut le faire pour le simple plaisir de lire, par pur divertissement, pour vivre certaines émotions ou pour s’évader de ses derniers soucis quotidiens.

Or, il n’y a pas de signification univoque à la participation culturelle.

Celle-ci ne se réduit aucunement à une simple signification qui ne ferait place qu’à l’intérêt culturel. Ainsi, les amateurs de théâtre interprètent leur présence dans une salle de spectacle tout autant par le choix de l’œuvre ou de l’auteur, pour le plaisir qu’ils en tirent, que pour l’occa-sion d’y aller avec un compagnon, une compagne ou un ami, dans le contexte d’une sortie plus large qui se terminera par un bon repas, etc.

Dans des proportions variables, selon les contextes et les activités, selon les générations et les cycles de vie, on peut donc retrouver dans la participation à la culture des significations telles que :

– le plaisir et le divertissement ;

– la recherche de détente de l’esprit ou du corps ; – l’évasion par rapport aux obligations quotidiennes ;

– l’importance des activités pratiquées entre amis (sociabilité) ; – l’engagement personnel et la persévérance dans une activité ; – la recherche de solitude ;

– la volonté d’apprendre et de connaître ; – la recherche d’expériences nouvelles ; – la reconnaissance sociale.

La liste pourrait évidemment s’allonger. Elle n’est présentée qu’à titre indicatif. Mais elle a le mérite de rappeler que s’engager dans une activité culturelle peut se faire selon divers degrés, d’une simple présence dans un lieu à un engagement à moyen sinon à long terme.

Elle ne renvoie pas uniquement à une seule signification unidimen-sionnelle, qui serait la « passion culturelle », mais bien à une multitude de significations. Elle est le fait de toutes les catégories de population.

Prenons l’exemple de l’utilisation de l’Internet chez les jeunes. Les sondages démontrent clairement que ceux-ci vont d’abord sur le Net pour communiquer (courrier électronique, clavardage, messagerie instan-tanée). Ils visitent également des sites liés à leurs goûts musicaux, à des films, etc. Ils pratiquent des jeux en ligne. Ils y trouvent l’infor-mation nécessaire à leurs travaux scolaires (la majorité des étudiants américains préfèrent d’ailleurs l’Internet à la bibliothèque pour leurs travaux scolaires). Il est évident que de multiples significations entrent ainsi en jeu : sociabilité, information, divertissement, passe-temps, etc.

Et, pourtant, une partie de l’utilisation de l’Internet par les jeunes s’apparente sans l’ombre d’un doute à une certaine participation cultu-relle, puisqu’ils écoutent de la musique sinon des émissions de radio, s’informent, communiquent, visionnent des extraits de films, etc.

Rappelons encore une fois que les fonctions et les significations qui viennent d’être évoquées ne sont pas les seules, bien entendu. Elles m’apparaissent toutefois faire partie de celles que l’on ne peut passer sous silence dans le contexte de l’engagement des jeunes dans la culture et les arts.

CONCLUSION : L’ambiguïté de la participation culturelle chez les jeunes

Les comportements culturels des jeunes s’articulent généralement en fonction de leurs milieux de vie. Ils participent à l’expérience du jeune, font partie intégrante de son parcours de vie ; ils expriment le résultat provisoire de cette expérience inachevée. Ainsi, le choix d’une activité culturelle précise (lecture, musique, spectacles) peut tout autant résulter du refus du jeune d’un milieu scolaire qui lui est hostile qu’exprimer sa quête d’autonomie et sa recherche de voies alternatives.

L’UNIVERS DU TEMPS LIBRE ET DES VALEURS CHEZ LES JEUNES

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Tiré de : L’ univers du temps libre et des valeurs chez les jeunes, Gilles Pronovost, ISBN 978-2-7605-1512-3 • G1512N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

Les activités culturelles font partie de cet univers d’expériences et de comportements des jeunes. Leur ambiguïté ressort assez nettement, en ce sens que la plupart peuvent être associées à des comportements intégrateurs ou déviants, à diverses formes de conformisme ou de mar-ginalité, selon le contexte et l’intensité de la pratique. Elles peuvent autant marquer l’isolement d’un jeune que son insertion dans la société. Elles peuvent se construire en rupture avec l’école ou dans son prolongement. Elles peuvent renforcer sa marginalisation crois-sante ou encore traduire sa volonté de création.

Diverses enquêtes indiquent bien comment les activités culturelles contribuent généralement à une meilleure intégration des jeunes dans la société : permettre la participation des jeunes aux valeurs ambiantes, assurer l’expression de leurs propres valeurs dans la construction pro-gressive de leur identité. D’autres enquêtes montrent par ailleurs que les jeunes marginaux font également appel à diverses pratiques culturelles pour exprimer leur solitude, leur refus ou pour assumer leur destin (Parazelli, 2002).

Regarder la télévision, se divertir dans une salle de jeux vidéo, assister à un spectacle, aller au cinéma constituent des pratiques usuelles chez les jeunes. L’absence de ces pratiques dénote d’ailleurs une marque d’isolement, de perte d’identité et est synonyme d’intégration laborieuse au sein de la société. Une pratique forte et intense conduit pratique-ment aux mêmes résultats, avec en plus la présence presque certaine de comportements déviants associés à la violence, au tabagisme et à la consommation de psychotropes.

C’est dans l’équilibre précaire et toujours fragile entre le monde scolaire, le monde de la culture, celui des amis et une participation modérée au marché du travail que les jeunes parviennent à trouver l’équilibre de leur vie, dans une construction toujours inachevée.

Dans le document temps libre (Page 165-168)