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L’ÉVOLUTION DES TAUX DE LECTURE CHEZ LES JEUNES Précisons que les taux de lecture dans l’enquête ESSEA et dans l’enquête

Dans le document temps libre (Page 108-115)

LES HABITUDES DE LECTURE 1

L’ÉVOLUTION DES TAUX DE LECTURE CHEZ LES JEUNES Précisons que les taux de lecture dans l’enquête ESSEA et dans l’enquête

CRSH sont mesurés pratiquement de la même manière. Dans l’enquête

1. Ce chapitre a été rédigé dans le cadre d’une recherche subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications (Pronovost et Royer, 2006).

L’UNIVERS DU TEMPS LIBRE ET DES VALEURS CHEZ LES JEUNES

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© 2007 – Presses de l’Université du Québec

Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél. : (418) 657-4399 – www.puq.ca

Tiré de : L’ univers du temps libre et des valeurs chez les jeunes, Gilles Pronovost, ISBN 978-2-7605-1512-3 • G1512N Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés

ESSEA on commençait la question par : « Pour le plaisir, pas pour les études…»; les réponses possibles étaient «oui» ou «non». Dans l’enquête CRSH, on commençait par : « À l’extérieur de l’école, pour ton plaisir… » ; les réponses possibles étaient : « souvent », « quelquefois »,

« rarement » et « jamais ». La période de référenceétait cependant diffé-rente, puisque l’ESSEA renvoyait à la semaine dernièreet que l’enquête CRSH ne précisait pas de période de référence ; il s’ensuit que les données de cette dernière présentent sans doute des taux légèrement plus élevés ; mais, étant donné que les résultats ont été regroupés (« souvent » et « quelquefois » ont été considérés comme l’équivalent de « oui », par exemple), on peut soutenir que les écarts sont vraiment significatifs.

Figure 6.1

Lecture de livres selon l’âge, 2005

Filles

À titre d’exemple, les résultats sont pratiquement identiques pour le même groupe d’âge des 13 ans dans les deux enquêtes. Chez les filles, dans l’enquête CRSH, les taux de lecture sont légèrement plus élevés pour le livre et le magazine, mais le taux d’ensemble est pratiquement le même. Chez les garçons du même âge, seuls les taux de lecture de livres sont plus élevés, les autres taux, y compris le taux global, étant pratiquement identiques.

Les résultats obtenus confirment les tendances déjà notées par d’autres enquêtes du genre. La lecture de livres diminue à mesure que les jeunes vieillissent, le déclin étant plus prononcé chez les garçons.

Les données indiquent que c’est bien vers l’âge de 13 ans que la chute s’accentue de manière irréversible jusqu’à la quarantaine.

C’est pourtant l’inverse que l’on observe en ce qui concerne les journaux et les magazines : dans le cas des journaux, environ le tiers des jeunes autour de 15 ans, près de la moitié des jeunes de 16 ans, garçons ou filles, déclarent lire un journal ; le pourcentage quadruple donc en quelques années. Sur cette base, on peut conclure que c’est autour de 15-16 ans que s’amorce véritablement la lecture de journaux chez les jeunes.

En ce qui concerne les magazines, ils rejoignent déjà la majorité des garçons dès l’âge de 11 ans, encore plus tôt chez les filles (vers l’âge de 9 ans), celles-ci se déclarant très friandes de revues spécialisées.

Figure 6.2

Lecture de magazines selon l’âge, 2005

Filles Garçons

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90

11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans

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Étant donné la forte valorisation du livre dans notre société, les taux sont élevés dès le bas âge ; sept à huit fois plus de jeunes de 9 ans lisent des livres par rapport aux lecteurs de journaux ; à cet âge, la lecture de livres est majoritaire et la lecture des autres médias fortement mino-ritaire. Cependant, à mesure que les jeunes diversifient leurs choix de supports, les autres médias prennent plus d’importance. Ainsi, la lecture de magazines supplante le livre chez les garçons vers l’âge de 14 ans, chez les filles, deux ans plus tôt. Le journal supplantera même le livre chez les garçons dès l’âge de 15 ans.

Figure 6.3

Lecture de journaux selon l’âge, 2005

Les résultats confirment également la forte prédominance des filles dans les habitudes de lecture, à l’exception, faut-il le rappeler, de la légère suprématie des garçons pour la lecture de journaux à tous les âges, même si les écarts tendent à s’amenuiser au fil des ans.

Les données de l’enquête CRSH offrent également un portrait de la lecture sur l’Internet. La question était ainsi posée : « Pour ton plaisir, pas pour les études, est-ce que tu lis des informations sur Internet ? » Dès l’âge de 12 ans, garçons et filles répondent majoritairement « oui »

Filles Garçons

0 5 10 15 20 25 30 35 40

11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans

à cette question. On reviendra sur la signification d’une telle « lecture » au chapitre suivant.

Cependant, quel que soit le média, le taux global de lecture demeure relativement stable. Dans l’ensemble, il se tient en haut de 90% chez les filles, régulièrement en haut de 80% chez les garçons.

Si l’on ajoute la lecture sur l’Internet, le taux global de lecture atteint 95% chez les filles et 90% chez les garçons de 11-12 ans. La lecture sur Internet ajoute 2% de lectrices chez les filles, 7% de lecteurs chez les garçons, diminuant de 3 à 4 points en moyenne les différences dans le taux global de lecture chez les uns et les autres.

Figure 6.4

Lecture sur Internet selon l’âge, 2005

Comment expliquer ces mouvements dans les choix des médias ? La plupart des ouvrages recensés font référence au caractère quelque peu obligé de la lecture du livre, par rapport au magazine surtout, qui est davantage le fait d’un choix personnel. Tout se passe comme si la lecture de livre était associée à l’obligation scolaire, le magazine à la liberté et au plaisir de lire, d’autant plus que le contenu est généralement plus

Filles Garçons

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visuel et attrayant dans le cas des magazines et qu’il rythme davantage le développement des goûts et des champs d’intérêts (en matière musi-cale, par exemple, ou encore sur le plan des centres d’intérêt «masculins»

et « féminins » qui se dessinent avec l’avancée en âge).

Quant à la lecture de journaux, elle suppose un minimum d’intérêt pour les questions de société, et donc une certaine décentration du jeune par rapport à lui-même. On a vu au chapitre trois sur la forma-tion des valeurs qu’un tel mouvement commençait à s’amorcer vers 15-17 ans, parfois un peu plus tôt dans certains cas.

En d’autres termes, les préadolescents et les adolescents présentent des taux relativement stables de lecture. Les uns ne lisent pas moins que les autres, toutes sources de lecture confondues. Ainsi, 90% des jeunes filles et 80% des jeunes garçons lisent assez régulièrement un livre, un journal ou un magazine. La lecture sur Internet permet d’ajouter de nouveaux lecteurs, particulièrement chez les garçons. Ce qui change, ce sont les supports de lecture. Trop identifié à l’obligation scolaire, le livre voit son importance diminuer régulièrement, à mesure que le jeune diversifie ses champs d’intérêt, que viennent combler les journaux et surtout les magazines.

Figure 6.5

Taux de lecture selon l’âge, 2005

Filles

Figure 6.6

Taux total de lecture selon l’âge, 2005 (incluant Internet)

Ces données rapidement présentées permettent de nuancer la notion de « lecture » chez les jeunes. On oublie généralement la diversité des médias pour se concentrer très souvent uniquement sur le livre. De plus, la très vaste majorité des jeunes lit quelque chose, que ce soit un livre, un écran d’ordinateur, une revue, un journal. Il est évident que le mode de lecture varie selon le média. Il est également évident que le choix d’un média en particulier obéit à des logiques différentes : pour le livre, prédominent l’obligation scolaire et la lecture savante pour certains, le plaisir de lire pour d’autres ; pour le journal, il s’agit sans doute d’un élément de la diversification dans les goûts des jeunes et de leur désir de s’informer ; pour le magazine, les champs d’intérêt culturels des jeunes semblent prédominer.

Tout au long de l’adolescence, il demeure un noyau dur, relativement constant, de 10% de filles, de deux fois plus de garçons, qui ne lit pas.

C’est comme si l’habitude de la lecture, le goût et le plaisir de lire étaient déjà inscrits dans l’univers culturel des jeunes, en bas âge, dès le début de l’école primaire ! Parmi les deux tiers des jeunes qui affirment prévoir lire régulièrement des livres à l’âge adulte, on retrouve majoritairement les forts lecteurs. On reviendra sur ce point.

Filles Garçons

0 20 40 60 80 100 120

11 ans 12 ans 13 ans 14 ans 15 ans

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